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Tistou 04/09/2004 @ 10:30:08
3615 RETAPE
J'espère que Saule ne m'en voudra pas, d'ailleurs ça pourrait aussi s'adresser à lui, une pause pour ses petits petons!
Vous avez vu?

http://critiqueslibres.com/i.php/forum/…

Lucien
avatar 04/09/2004 @ 18:28:04
Salut, Saule! Salut à toi qui cherches le Salut.
Rappelle-toi : "Il était une foi sur la terre..." Grâce à ta foi, tu as vaincu ta peur. Tu as un peu oublié tes racines, Saule, tu t'es senti pousser des ailes. Tu as trouvé la force de faire le premier pas, qui est déjà un passage. Et tu arpentes ton chemin solitaire, entre sol et soleil. Moi aussi, je t'envie un peu, Saule. Je t'envie car tu es très en vie. En voie. En chemin. Je t'envie car tu as trouvé une belle ligne droite à parcourir, alors que nous tournons en rond, si souvent. Profite bien du camino, cueille bien les joies qu'il te tend. Profite bien des moments solitaires; profite bien des moments solidaires. Hâte-toi lentement vers le bout, vers le but. Hâte-toi lentement vers toi-même, vers cet autre toi-même qui reviendra dans quelques semaines avec un peu moins de corps - car tu auras maigri, minci, fondu -, mais avec un peu (beaucoup) plus d'esprit (d'Esprit).
Ultreia, Saule.
Ultreia e suseia!

Saule

avatar 08/09/2004 @ 11:34:46
Vraiment tout vos messages me touchent et me portent. Voici les nouvelles de Vézelay.

« Dieu, personne ne l’a vu » dit l’écriture. Mais à Vézelay on peut deviner sa présence plus que nulle part ailleurs. Ou, si comme le dit Etty Hillesum, il y a un peu de Dieu dans la neuvième symphonie de Beethoven, il y en a aussi dans cette EXCEPTIONNELLE basilique de Vézelay.

Me voici donc à Vézelay et mon arrivée hier midi restera le moment le plus fort de mon pèlerinage. Pourtant la journée avait mal commencée : parti à 7 heure de Joux-la-ville, à 25 km de Vézelay, ou j’étais hébergé par des agriculteurs, j’avais mal aux épaules, des courbatures dans les jambes et je marchais sur une nationale fréquentée par les camions sous une chaleur de bêtes. J’ai fait les 25 km quasi d’une traite, en maugréant. Au pied de la butte je me suis arrêté pour prendre un café, j’ai discuté un peu au bar-tabac. En repartant, la basilique en point de mire, j’ai éprouvé une très grande joie et j’ai eu les larmes aux yeux.

Après la riche champagne viticole (on dit que à Epernay se trouve la rue qui paie le plus d’impôts en France), après les mornes plaines cultivées de la Champagne crayeuse, je suis donc en Bourgogne et ses collines boisées. Près de Chablis j’ai passé quelques heures avec un couple d’enseignants avec lesquels le courant passait très bien (j’ai remarqué que les enseignants étaient souvent les plus sympas et les plus ouverts) : on a bu des bières à l’ombre d’un pommier en mangeant des pèches de leur jardin. Après les avoir quittés, j’ai pensé à eux pendant quelques jours, mais je ne les reverrai sans doute jamais et c’est un peu frustrant. J’ai logé chez un paysan retraité qui a fait le pélé deux fois avec un âne. Il m’a dit qu’il logeait souvent à la belle étoile. Quand j’ai parlé du problème de la douche il m’a dit qu’à son époque il n’y avait pas de douches et puis qu’en France on trouvait toujours un ruisseau pour se laver. J’ai discuté aussi avec un paysan, copie conforme de Pierre Beckers (pour ceux qui ne le connaisse pas, imaginez un paysan profondément gentil et simple, tout droit sorti d’un roman de Tolstoi), et finalement toutes ces rencontres sont des plus enrichissantes.

« Quel profit tire l’homme de ses œuvres sous le soleil ? », demande le Qohélet. En pensant à ce texte (Qohélet 1), qui en quelque sorte m’a fait partir, j’ai compris que c’était un appel au détachement. Sans dédaigner le bonheur terrestre, le Qohélet nous encourage à vouloir plus. C’est aussi ce qu’exprime Tolstoï, avec son génie littéraire, dans la terrible nouvelle « La mort de Ivan Illitch ». A lire absolument.

Ici à Vézelay j’ai rencontré mes premiers pèlerins, deux hollandais arrêtés ici depuis quelques jours pour raison de santé (problèmes au dos pour un, au ventre pour l’autre). Ils m’ont bien aidé pour mon problème d’épaules, qui serait du à un mauvais réglage du sac, et de fait tout le poid du sac reposait sur mes épaules.

Aujourd’hui repos, je suis comme un coq en pâte chez les frères et sœurs de Jérusalem. Demain départ après les laudes et la bénédiction de frère Patrick, vers le Puy. Je dois me procurer de nouvelles cartes et préparer un itinéraire, bien qu’en gros ce sera encore plein sud.

Voilà pour les dernières nouvelles. Comme d’habitude, Ultreia !. Et que l’apôtre Jacques, fils de Zébédée et frère de Jean, disciple de Jésus et Saint patron de l’Espagne vous garde et vous protège.

Alandalus
avatar 08/09/2004 @ 12:06:34
Je n'ai pas eu l'occasion de te souhaiter "bon voyage". Je suis en admiration face à ton périple. Je me joins à tous pour te souhaiter un excellent trimestre.

Enhorabuena, buen viaje y cuidate.

Karl glogauer 08/09/2004 @ 13:26:11
bonjour saule, bravo et bon courage !
comme tu as l'air de faire ton itineraire au fil de l'eau, je te recommande chaudement Conques et son abbatiale ou l'acceuil par l'ordre des premontres est a la hauteur du lieu, ou le recital d'orgue d'apres diner, baigne par la lumiere nacree des vitraux fait toujour vibrer mon coeur.
Ainsi que l'hospitalite d'estaing, veritable incarnation de l'esprit de compostelle
ULTREIA !

Tistou 09/09/2004 @ 08:10:12
Tu ne serais pas équipé d'une puce permettant de suivre ton cheminement au jour le jour par GPS, par hasard?
Non? Tu as raison, c'est plus poétique ainsi et tes nouvelles ponctuelles sont toujours des bouffées de fraîcheur dans notre monde de brutes.
Soignes ta forme.

Darius
avatar 09/09/2004 @ 10:46:43
Bonjour Saule !
Je suis vrailment contente que tu aies décidé de faire ce pélérinage. Pas mal de mes amis randonneurs l'ont fait, mais par épisode, juste le temps des vacances. Ensuite, ils reprenaient là où le temps les avait laissés.
Mais toi, tu t'es lancé dans ce voyage d'une traite, ce qui est bien plus enrichissant encore car on reste en permanence connecté sur soi.
Et bien, je ne te connaissais pas ces qualités de randonneurs.. Moi qui suis une fervente randonneuse (avec une moyennne de 25km/jour et des pointes de 40...) je ne t'ai jamais rencontré au rythme de mes ballades..
Bonne route.. et merci pour ton carnet de route..

Zoom
avatar 11/09/2004 @ 12:13:52
Bonjour Saule
Tes récits de voyage m’enchantent et je suis comme Lucien : je t’envie. Je t’envie de toutes ces rencontres, ces découvertes et les plus précieuses qui sont de toi-même.
Tu nous fais un sacré beau cadeau en nous donnant de tes nouvelles, et j’espère que ça va continuer. Sacré au sens propre.
J’espère que tu tiens un carnet de bord quotidien . Peut-être lirons-nous un jour tes mémoires de voyage ? Intérieur , j’entends…
En tout cas, bravo, courage, merci , et à bientôt pélerin.

Saint Jean-Baptiste 11/09/2004 @ 12:27:23
Bravo Saule ! C'est bien, tu sais où tu vas !
Si la vie humaine ne mène nulle part, nous sommes des vagabonds.
Puisses-tu trouver en marchant, le chemin intérieur où se trouve ce que tu cherches !
Allez, bonne route, soigne bien tes pieds et tes épaules ; et ne te laisse quand-même manquer de rien !

Sottovoce
avatar 11/09/2004 @ 15:12:59
Merci Saule de nous faire partager si gentiment tes émotions et tes expériences.

Porte-toi bien, j'espère te revoir à ton retour.

Gilou
avatar 16/09/2004 @ 16:39:36
Bonjour Saule,
Je te souhaite BONNE ROUTE pour Compostelle.
Quel beau cadeau tu nous fais en partageant tes impressions de voyage sur notre site.
Lorsque tu parles de "Vézelay" je rêve car c'est une étape sur notre chemin à chaque descente dans le sud de la France.
Et n'oublies pas, si tu es fatigué, chantes...
un km à pied ça use, ça use... un km à pied ça use les... souliers...
Bon vent et félécitations!

Saule

avatar 17/09/2004 @ 12:33:10
Bonjour à tous !

Je suis maintenant en Rhone-Alpe, une courte incursion dans cette région avant de revenir en Auvergne. Je suis dans le massif central, en moyenne montagne. Les montagnes ça donne directement une autre dimension, je nage dans le bonheur ces derniers jours.

Par contre il fait froid (il a gelé la nuit) et l'hébergement devient plus difficile car les gens ici sont un peu méfiants vis-à-vis des gens de passage. J'ai quand même chaque fois trouvé un hébergement gratuit (mais parfois aléatoire).

J'ai rencontré des gens vraiment formidables, je vous raconterai plus en détail car il y en avait des vraiment pitoresques. J'ai dormi dans un hopital aussi, avec infirmières aux petits soins et repas servis en chambre.

Je profite du PC d'une secrétaire de Mairie très sympa mais je n'ai droit qu'à 10 minutes.

Plus de nouvelles plus tard.

Sibylline 17/09/2004 @ 12:55:32
Bonjour Saule, que je dois avoir raté de peu.
Est ce que tu prends des notes? Des croquis?
Ton équilibre mental manque un peu ici. On est en déficit de cette denrée en ce moment.

Alandalus
avatar 17/09/2004 @ 14:38:23
On attend de tes nouvelles avec impatience. Porte-toi bien.

Tistou 18/09/2004 @ 10:09:25
Content de voir que tu tiens la forme et que tu supportes la fatigue. Bravo, on est avec toi!

Saint Jean-Baptiste 19/09/2004 @ 23:44:16
C'est bien, Saule, monte, monte, prends de la hauteur et ramène-s'en un peu pour nous !
Ici ça dégringole !
Bon courage et bonne route et prends bien soin de toi.

Saule

avatar 22/09/2004 @ 13:19:02
Bonjours à tous,

Vraiment merci de tout coeur pour vos encouragements et tout les messages de sympathie. Alors je continue mon petit récit, avec des nouvelles un peu plus longues.

Mais avant tout je dois vous dire que, chose étonnante, la lecture ne me manque pas du tout ! Quand je ne marche pas, je reste sans rien faire, à vivre simplement, je regarde, je me repose, je me recueille parfois, je vais parler avec les gens,... bref je n'ai pas du tout le temps de lire.

Voici les dernières nouvelles du pèlerin, un pèlerin qui doit bien faire attention à ne pas se transformer en randonneur ou en touriste dans cette ville grouillante d'animation et remplie de touristes qu'est le Puy !

« Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme ! ». Telle la vision de Saint Jean dans l’Apocalypse, l’immense statue de la vierge dressée sur un pic rocheux et qui surplombe toute la vallée a de quoi émerveiller celui qui arrive au Puy-en-Velay.

Après juste un mois de marche me voici donc au Puy, au fond de l’Auvergne, à 830 kilomètres au sud de Bruxelles. 1600 kilomètres m’éloignent toujours de la tombe de l’apôtre, c'est beaucoup et peu à la fois. Ce premier mois restera tout à fait spécial pour moi car je suis resté livré à moi-même, beaucoup plus que je ne le serai dans la suite.

Un peu de géographie : j'ai traversé les régions de Champagne-Ardenne, de Bourgogne (précisement le pays du Morvan, c-à-d la partie occidentale de la Bourgogne, région couverte de forêts), l'Auvergne et j'ai fait une courte incursion de deux jours en Rhone-Alpe. Pour les départements, ça donne, depuis le début : Champagne, Aisne, Marne, Aube, Yonne, Nièvre, Allier, Loire, Puy-de-dome, Haute-Loire.

L’arrivée hier au Puy en fin d’après-midi fut complètement ratée : avec mon gros sac, en sueur après une journée de 40 kilomètres, je suis tombé dans une petite ville grouillante de touristes tout pimpants et je me suis senti complètement déplacé. Arrivé chez les sœurs de Saint-Jean, la sœur me dit que c’est complet et elle m’envoie au séminaire. Au séminaire on me dit que c’est plein, je m’apprête à sortir mon discours habituel comme quoi je demande juste un endroit pour mettre mon matelas et mon sac mais la dame s’occupe déjà de la personne suivante dans la file qui, elle, a réservé. Bref rien à voir avec l’accueil sympa des mairies dans le nord et la débrouille des jours d’avant. Ici il faut payer. C’est d’autant plus râlant qu'en fait je n’avais pas de raisons de passer ici et qu’à hauteur de Clermont-Ferrand j’avais hésité à bifurquer vers l’ouest (mais je ne l’ai pas fait à cause de la poste restante).

Je pense qu’un autre pèlerinage commence ici et que la solitude du premier mois, pendant lequel j’ai fait mon propre chemin sans passer par les GR, va me manquer. L’avantage de faire sa propre route c’est qu’on est mieux accueilli et plus facilement hébergé vu qu’on reste une curiosité. Je suis passé dans des villages ou le dernier pèlerin était passé il y a trois ans, alors qu’ici au Puy il en démarre chaque jours plusieurs. Enfin je verrai bien comment ça se passe, rien ne m’empêchera de quitter le GR si je veux et de reprendre mes bonnes vieilles cartes routières.

Retour en arrière : à Vézelay, ou je suis resté deux jours complets, profitant de la semaine monastique qui permet aux jeunes qui le désirent de vivre une semaine au rythme des moines. Je me suis procuré les quatre cartes IGN au 100 millième qui couvre la région entre Vézelay et le Puy, je les ai mises côte à côte et j’ai tracé une ligne droite entre ces deux villes. Je me suis efforcé pendant les deux semaines suivantes de suivre cette ligne, au gré des aléas et des rencontres bien sur.

Première étapes à Lormes : après quelques tentatives je trouve refuge dans un hôpital pour vieux, on me donne une chambre dans le pavillon des malades. Voir tout ces vieux en mauvais état m’a fait un choc, ça m’a renvoyé à ma propre finitude et à ma mort prochaine (je pense souvent à la mort ces derniers temps !). Par contre le service en chambre, y compris un service spécial pour le petit déjeuner à 6H30, et la gentillesse des infirmières, ça c’était formidable. Le soir j’ai discuté avec une petite vieille, Marie, qui m’a raconté de manière confuse les événements marquants de sa vie : à 12 ans on la met dans le train à Paris pour travailler à la ferme, en Bourgogne. Plus tard une dame vient la chercher pour être sa bonne, puis cette dame meurt et le papy la reprend à la ferme, … bref une vie digne d’un roman de Zola ce qui ne l’empêche pas de resplendir de joie de vivre et de me parler avec joie de son dernier repas de Noël ou elle a bu un verre de vin blanc. Quand je lui ai dit qu’elle était bien gentille elle m’a donné deux gros baisers et je suis devenu tout rouge devant l’infirmière qui rigolait.

Quelques collines et forêts plus au sud, je suis tombé sur un homme bon et pittoresque. Cet homme avait aménagé des gîtes pour touristes dans sa ferme mais sa mère avant de mourir lui avait reproché de faire des gîtes pour riches et de ne rien prévoir pour les pauvres. Du coup il a aménagé une cabane supplémentaire, la part du pauvre. Un hollandais voulait lui louer cette cabane à l’année, mais m’a-t-il dit : " Si je peux essuyer quelques larmes ça aura plus de valeur que les quelques milliers de francs du hollandais ".

J’ai été reçu très souvent dans cette région de Bourgogne appelée le Morvan : des grand-parents que mon passage a rendu heureux notamment. Je les ai rendu heureux simplement en les laissant s’occuper de moi, en buvant du rouge avec le vieux (il m’a dit qu’il buvait deux litres par jour), en discutant d’arbres avec cet homme amoureux de la nature et en discutant de ses enfants et petits-enfants avec la grand-mère. Le lendemain elle s’est levée à 6 heures pour me faire le café, me préparer un pique-nique et m’embrasser avec émotion ! En la quittant, je me suis trouvé à l’aube naissante dans un champ, et je me suis senti pris d’allégresse au contact de la nature, à tel point que j’aurais voulu embrasser chaque vache et caresser les arbres sur mon chemin ! Dans la nature, que ce soit le matin à l’aube ou après quelques heures de marche, il m’arrivera encore des vrais moments d’allégresse. Le contact avec la nature, le bonheur de se sentir vivre, la grâce de vivre pleinenement dans le moment présent. Et puis en fin d'après-midi, quand l'hébergement est assuré, après la douche et la lessive et que je trainasse sur la place dui village : c'est des moments de vrai bonheur.

Il y a eu beaucoup d’autres de ces rencontres formidables, notamment deux couples de limbourgeois qui ont tout vendu en Belgique pour acheter une ancienne colonie de vacance et y faire des gîtes. Une soirée inoubliable avec ces gens vraiment ouverts et très intéressés par ma démarche. Et j’ai eu le plaisir de voir les enfants galoper avec des sacs à dos et des cartes en me disant fièrement qu’ils jouaient aux pèlerins !

Après la Bourgogne et sa succession de collines boisées et giboyeuse (pour les arbres : du chêne principalement, un peu de sapin aussi, douglas et pins), j’ai traversé la Loire et je me suis retrouvé en Auvergne. Une nuit dans la très grande trappe de Sept Fonts ou pas moins de 80 moines ont bercés ma nuit de leurs chants lors de l’office de 3H30 du matin auquel je n'ai pas eu le courage d'assister. Après les laudes le frère hôtelier m’a fait le privilège de me laisser assister à une prise d’habit, cérémonie sobre et émouvante.

Après quelques jours de plaine, je m’attaque aux montagnes du massif central, exaltation des sommets et temps superbe. Il fait froid mais ensoleillé, le ciel est bleu et l’air pur. Je marche mes trente kilomètres sans fatigue. Immenses forêts de sapins (épicéa surtout), et aussi des hêtres qui commencent à déballer leur livrée d’automne. Les premières gerbes du grand feu d’artifice qui s’annonce et dont je devine la magnificence prochaine. A signaler aussi en montagne : dans un petit village ravissant ou je suis logé sur le terrain de foot, après quelques verres de vin bu avec un couple qui m’avait retenu à manger, je décide de dormir sous le superbe ciel plein d’étoiles. Mais à 3 heures du matin, mon sac de couchage est transpercé par le vent glacial et je rentre bien vite dans mon petit local de l'arbitre. Partie remise j’espère.

Il y a quelques jours j’ai rencontré Pascal, un randonneur de Bruxelles qui fait Vézelay – Le Puy. On a fait un bout de route ensemble, on a discuté tout le tempsr. La journée est passée à toute vitesse. On s'est quitté le lendemain car je faisais un crochet pour passer à la chaise Dieu dans la communauté de Saint Jean et j’étais content de retrouver ma solitude. En fait depuis le début je chéri et béni la solitude qui est la mienne sur la route et j’appréhende un peu la suite ou fatalement je vais rencontrer plein d’autres pèlerins. On verra.

« Quand bien même j’aurais une foi à déplacer les montagnes, si je n’ai pas la charité je n’ai rien » dit Saint Paul. A ce niveau j’ai tout vu ! Le meilleur souvent, je suis même tombé sur un type qui voulait me donner de l’argent, mais parfois le pire. Comme les frères religieux qui m’ont éconduit sèchement alors que j’avais fait un détour pour passer chez eux. Et puis la grande masse, ceux qui discutent, qui m’offrent à boire, parfois le thé et les biscuits mais qui ne vont pas jusqu’à proposer l’hébergement (je ne demande pas explicitement, sauf à la Mairie évidemment). Ou qui se ferment quand la question du logement se pose : ainsi un couple de retraité hollandais bien sympa, je parle en flamand avec eux, puis quand j’explique mon mode d’hébergement l’homme se tourne vers ses fleurs et coupe court à la discussion. Je pense qu’ils ont du regretté après l’occasion de m’avoir hébergé mais je n’en sait rien. En tout cas les plus ouverts et charitables sont aussi les plus épanouis, ça saute aux yeux. Et souvent chez ces gens j’ai le plaisir de sentir que ma présence leur a apporté quelque chose. Et qu’on parlera encore de moi, dans trois ans, lorsque le prochain pèlerin passera.

Bon, j’en reste là, je me rends compte que j’ai été beaucoup trop long. Je vous ferai peut-être part de mes méditations qui tournent le plus souvent autour du bonheur dans un autre mail. En marchant parfois les choses s'éclairent, c'est étonnant.

Alors comme d’habitude : Ultreia! Et que le bon Apôtre Jacques nous garde et nous protège. Bonne route à tous.

Sahkti
avatar 22/09/2004 @ 14:01:38
C'est bon de te lire, Saule!

Tophiv
22/09/2004 @ 14:03:42
Merci Saule pour ces nouvelles qui nous permettent aussi de nous évader quelques instants.

Ghislaine 22/09/2004 @ 16:23:10
Merci Saule de nous faire partager ces moments d'exception que tu vis si intensément. Cela est bon de voir des gens heureux.

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