Direction Quai des bulles en compagnie de Pierre-Denis Goux !

En juin 2015, sortait en librairie le premier album d’une série particulière, « Nains ». Particulière car d’une part, elle sortait dans un univers spécifique, Les Terres d’Arran, monde fantastique dans lequel il y avait déjà « Elfes », d’autre part, chaque album pouvait être lu indépendamment des autres et même de la série « Elfes ». D’ailleurs, au moment de la sortie du tome 1, personne ne pouvait encore imaginer combien d’album allaient sortir…

Un concept particulier car un seul scénariste, Nicolas Jarry, et un dessinateur différent pour chaque ordre des nains. En effet, Nicolas Jarry explique que les nains sont divisés en ordres, chaque ordre ayant une fonction spécifique sur l’ensemble du territoire du peuple des nains. Il y aura donc les ordres suivants :

  • le Bouclier,
  • la Forge,
  • le Temple,
  • le Talion,
  • les Errants.

Chaque ordre a son dessinateur et ainsi la série va raconter des épisodes de vie ciblés par ordre. Le premier album va au Bouclier avec Pierre-Denis Goux au dessin ; le second à la Forge avec Stéphane Créty au dessin ; le troisième au Temple avec Paolo Deplano au dessin ; le quatrième aux Errants avec Jean-Paul Bordier au dessin ; le cinquième au Bouclier avec Nicolas Demare au dessin.

La série ayant assez rapidement trouvé son lectorat (pour ne pas dire ses lecteurs inconditionnels), la série s’est prolongée avec des séries de cinq albums, un par ordre, et nous en sommes maintenant au tome 21 !!!

Alors, si je vous parle de cette série c’est que, durant le festival Quai des bulles 2021, je vais rencontrer Pierre-Denis Goux qui non seulement a dessiné le premier album, s’est consacré à l’ordre de la Forge, a dessiné le dernier album sorti, Ulrog de la Forge, mais est aussi un artiste qui participé au design de certains autres albums de la série… Une belle occasion de suivre notre guide au pays des nains…

Alors, puisque Pierre-Denis est l’expert de l’ordre de la Forge, il semble quand même bon de préciser ce qu’est cet ordre. L’ordre de la Forge comprend, en plus des forgerons, les mineurs, fondeurs, orfèvres, raffineurs et médecins du peuple Nain, ainsi que les Maîtres de forges qui forgent les armes runiques les plus puissantes. On est donc bien au cœur des traditions des nains !

Nicolas Jarry utilise pour les nains un langage imagé qui nécessite un décodage qui est en fin d’album avec un glossaire en fin du premier album avec les traductions de bavette gueuloir, viandar, queutar… Vocabulaire que peuvent utiliser entre eux les fans de la série !

Etant depuis très longtemps amateur d’histoires de nains, ayant même commis un petit ouvrage sur la question (malheureusement plus disponible en librairie, il ne s’agit donc pas de publicité clandestine), je ne peux donc que me réjouir de rencontrer Pierre-Denis Goux à Saint-Malo…

Petite anecdote en passant… En fait, même si j’ai bien lu dès le départ Pierre-Denis Goux dans cette série, je n’ai pas eu souvent l’occasion de l’interviewer car à chaque fois, un de mes étudiants se précipitait pour diriger la rencontre… C’est cela la notoriété, les profs en font les frais…

« 31 rue Vandenbranden » à l’Espace des arts de Chalon-sur-Saône

Hier soir, j’ai été voir « 31 rue Vandenbranden », pièce jouée par les danseurs de l’Opéra de Lyon. Dans un premier temps, après avoir simplement dit que j’ai adoré et profité pleinement de cet instant artistique (1h20), je voulais juste m’arrêter un instant sur certaines remarques entendues en sortant de l’Espace des arts de Chalon-sur-Saône…

Si j’admets volontiers, et sans aucune réserve, que certains spectateurs aient pu être déçus ou n’aient pas apprécié, j’ai été surpris d’entendre des adultes se plaindre du spectacle car trop violent, pas assez dansé, n’ayant rien à voir avec un ballet et j’en passe et des meilleurs…

J’ai entendu une dame dire que si elle avait su elle ne serait pas venue avec ses deux jeunes petits-enfants. Mais j’ai envie de lui dire qu’avant d’accompagner deux jeunes adolescents au spectacle, on doit (c’est un devoir) se renseigner sur ce que l’on va voir… Non ?

Or, si on se renseigne un tant soi peu, on peut lire :

« Dans cette œuvre au décor hyperréaliste, les corps sont cassés, les mouvements disloqués, les histoires brisées et les esprits fêlés. Pourtant, tout est d’une beauté sauvage ? »

Je suis désolé, ce n’est peut-être pas totalement explicite mais je n’emmène pas une jeunes fille de 10 ans voir ce spectacle… sauf à prendre des précautions, à regarder au préalable des extraits sur Internet (et il y en a), bref ce spectacle pour les plus jeunes mérite effectivement une préparation et un accompagnement !

Il faudrait aussi rappeler à tout un chacun que le mot « ballet » ne signifie pas « danse enfantine » et que l’on ne peut pas choisir ses spectacles sur juste le mot qui les catégorise : danse, théâtre, cirque, chanson, musique…

Ceci étant dit, il s’agissait pour moi d’un magnifique spectacle, un moment fort et de qualité ; et tant mieux s’il a fait réagir car l’art est aussi fait pour cela !

Le spectacle est encore joué ce soir et il reste quelques places…

https://www.espace-des-arts.com/

Exposition sur les loups à Autun

Hier, nous sommes allés visiter le muséum d’histoire naturelle d’Autun avec deux enfants, 7 et 3 ans. Certes, il ne s’agit pas d’un grand musée, d’un moment qui marquera leur vie pour des décennies mais il s’agit d’un petit lieu bien sympathique, agréable et nous avons passé un très bon moment (environ 1 heure pour être précis).

L’exposition sur les loups, exposition temporaire que l’on peut visiter jusqu’au 17 décembre 2021, permet de voir quelques beaux spécimens, de comprendre l’organisation sociale de ces mammifères si présents dans notre imaginaire, les différentes espèces de loups, leur langage… C’est présenté avec goût même s’il manque peut-être une animation spécifiquement jeunesse, avec un jeu, un parcours…

Les collections permanentes ne manquent pas d’intérêt avec trois passages qui ont retenu l’attention de nos lascars : dinosaures, collection de pierres et salles spécifiquement consacrées à la mine !

Si vous passez par Autun, si la météo est moyenne et vous dissuade de passer l’après-midi au grand air dans les ruines romaines, n’oubliez pas ce musée d’histoire naturelle et son exposition sur les loups…

Nature et poésie…

« O vous dont le travail est joie,
Vous qui n’avez pas d’autre proie
Que les parfums, souffles du ciel;
Vous qui fuyez quand vient décembre,
Vous qui dérobez aux fleurs l’ambre
Pour donner aux hommes le miel… »

 

Victor Hugo

Angoulême nous envoie son message…

Cette année, 2021, il n’y aura pas eu de véritable festival international de la bande dessinée à Angoulême… Mais il y aura quand même un Grand Prix qui vient enrichir les différents pris déjà distribués en janvier dernier…Et c’est pour moi un véritable bonheur car je considère que Chris Ware est un grand qui a beaucoup influencé d’auteurs du monde entier…

J’aime écouter les belles et grandes histoires…

Est-ce qu’écouter une histoire est équivalent à la lire ? Est-ce que l’été est aussi fait pour écouter des histoires ? On pourrait même se demander où sont passer les disques de notre enfance, ceux que l’on écoutait avec beaucoup d’attention, religieusement presque…
Je ne me prononcerai pas sur le fond mais affirmerai avec pragmatisme, qu’importe le flacon pourvu que l’on ait l’ivresse, l’ivresse du récit, la magie des mots qui nous transportent et nous font rêver…
Interdire les récits écoutés ce serait comme vouloir interdire les contes racontés à la veillée, demander de se boucher les oreilles au moment où maman nous raconte une histoire et, surtout, faire comme si tout le monde pouvait lire, savait lire, avait des livres…
Pour moi, certains de ces grands récits sont en plus associés à de grandes voix, de grands acteurs et j’aime les écouter encore et encore…

Abondance de biens ne nuit jamais ?

Sans que l’on sache bien si on sort de la crise sanitaire, si on en est sorti ou si on y restera – car tout est bien fragile et on manque d’éléments fiables pour assurer quoi que ce soi – force est de constater que de nombreux Français veuillent se comporter comme si tout était terminé… Et ne comptez pas sur moi pour aller dans un sens comme dans un autre… Non, je souhaite juste réfléchir sur certains aspects de cette « reprise » de la vie ordinaire, celle d’avant… ou pas.

Parlons tout d’abord des spectacles vivants. J’appartiens à ceux qui ont souffert de la diminution drastique des spectacles depuis plus d’un an… De février 2020 à juin 2021, je n’ai pu assister qu’à six spectacles et cela fait bien longtemps que cela ne m’était pas arrivé… Aussi, depuis la reprise progressive, je suis de très près tous les éléments positifs qui sont donnés, en particulier l’annonce des saisons à venir à Chalon-sur-Saône, Dijon, Lyon, Paris… Certes, on ne peut pas tout s’offrir mais choisissons ce qui nous convient le mieux…

Seulement voilà, le choix est surabondant !!! Pour ne pas dire plus… Les artistes ont travaillé l’écriture de nouveaux spectacles et tous ceux qui auraient du jouer depuis février 2020 sont prêts à venir présenter leurs spectacles… Les théâtres, les scènes nationales et autres institutions font tout pour rattraper le temps perdu et continuer à aller de l’avant… Du coup, par exemple à l’Espace des arts de Chalon-sur-Saône, une programmation qualitative et quantitative de septembre à décembre 2021 ! Du cirque, du théâtre, de la danse, de la musique… Qu’il devient difficile de faire son choix tout en gardant un œil sur son porte-monnaie… En écoutant Nicolas Royer, directeur de l’Espace des arts, présenter la future saison, on ne pouvait qu’être pris d’une sorte de malaise des cimes…

Un directeur de scène nationale annonçant la future saison 2021-2022

Côté édition, le même vertige s’empare du lecteur qui découvre le catalogue des sorties à venir, par exemple de la maison Delcourt en bande dessinée… Impossible de tout lire, tout acheter et, pourtant, tout ou presque fait envie… C’est terrible ! Je dis bien terrible c’est-à-dire que la peur de manquer le meilleur s’empare de nous…

Certes, je souris un peu aussi et j’apprécie de voir cette surabondance dans les domaines que j’aime. Mais je m’interroge aussi… Quand tout était normal, dans le monde d’avant, les jeunes auteurs, les nouvelles compagnies, les nouveaux spectacles et autres ouvrages de bédé avaient bien du mal à se faire connaitre et trouver leurs publics, leurs lecteurs… Comment cela va-t-il se passer maintenant ? Combien de jeunes artistes resteront sur le carreau ? Combien de chefs d’œuvre ne passeront pas dans mes mains, combien de spectacles ne vais-je pas voir ? Combien de créateurs n’arriveront-ils pas à vivre de leur travail pourtant remarquable ?

Alors, bien sûr, ici en particulier, je viendrai régulièrement vous parler de tout ce que j’aurai pu voir et apprécier mais je sais bien qu’il y aura des oublis, des ratés, des créations artistiques qui disparaitront avant d’avoir pu exister… Mais nous tenterons de nous réjouir avec ce qui ne nous aura pas échappé car dans tous les cas Show must go on !