Encore des ouvrages et des idées de lecture à l’occasion du centenaire du début de la première guerre mondiale !

Je sais que certains se lassent des célébrations de la grande guerre, la préférée de Georges Brassens, la grande tuerie qui a saigné à blanc l’Europe, mis à mal les grands empires coloniaux tout en provoquant de nouvelles relations mondiales. Il faut bien comprendre que pour beaucoup cet anniversaire, cette célébration n’est pas l’occasion de chanter la guerre et les conflits armés. C’est plutôt l’occasion de provoquer à la réflexion sur l’histoire, la guerre en général et les relations entre les hommes. Comprendre ce qui s’est réellement passé en 1914, c’est peut-être – espérons-le – se donner des armes pour éviter les guerres aujourd’hui ou demain. Les évènements en Ukraine démontrent, si besoin était, que les guerres ne sont jamais loin de nos vies… les dernières années l’ont illustré de Sarajevo à Bagdad, de Kaboul à Bangui, de Tbilissi à Grozny…

Présenter des livres, c’est inviter à lire et à réfléchir sur cette grande guerre en compagnie des auteurs qui ont pu vivre ce conflit, qui ont rencontré les témoins, qui ont senti le conflit à travers une terre, une région, une ville, ou, enfin, d’auteurs qui ont plongé leurs fictions dans cet univers guerrier. Tout existe et chaque résultat est différent et mérite notre attention…

La guerre 1914-1918 par ceux qui l’ont faite

En 1968, lors de l’anniversaire des cinquante ans de la fin de cette guerre, Jacques Suffel, spécialiste de la littérature du dix-neuvième siècle, a proposé un choix de textes d’auteurs qui avaient participé à ce conflit. Le choix est essentiellement réalisé sur des qualités littéraires indiscutables et du coup la plus part de ces textes sont d’auteurs reconnus par ailleurs : Apollinaire, Barbusse, Dorgelès, Genevoix, Giraudoux, Mac Orlan, Maurois, Péguy, Kessel… Certes, on retrouve aussi quelques textes de ces grands militaires qui écrivaient aussi comme Pétain, Galliéni ou Foch, mais ce ne sont pas les meilleurs.

La présentation des textes est organisée de façon chronologique est c’est plutôt une bonne chose pour tous ceux qui n’ont pas entièrement les idées claires sur l’ordre des batailles de la Marne à Verdun, de la Somme à la Champagne…

Textes rassemblés par Jacques Suffel, préface de Maurice Genevoix, introduction de Pierre Gaxotte, présentation d’Henri Duvillard, editions Plon, 1968

Les Poilus, lettres et témoignages des français dans la Grande Guerre (1914-1918)

Dans cette anthologie très touchante, Jean-Pierre Guéno, historien réputé, nous offre de très nombreux textes qui font revivre de l’intérieur la guerre. Dans de très nombreux cas, il s’agit de lettres, délivrées en totalité ou pas, qui donnent directement la parole aux Poilus, c’est-à-dire aux soldats, connus ou pas, écrivains ou pas, qui parlent de leur guerre. Certes, on sait bien qu’il y avait une censure qui empêchait la liberté d’expression totale, mais dans l’ensemble on est immergé instantanément dans ce conflit avec une multitude de petits détails qui rendent les sensations encore plus fortes…

« On est dans une boue faite d’eau, de terre et de cadavres putréfiés »

« Il y a beaucoup de Poilus qui se font encore évacuer aujourd’hui pour pieds gelés. Quant aux miens, ils ne veulent pas geler malheureusement car je voudrais bien une évacuation aussi… »

« Je voudrais vivre pour vous tous, mais si je devais tomber, Dieu pourvoirait à votre bonheur »

« Je reste le seul commandant de ma compagnie »

Édifiant, tout simplement, et cela rappelle à qui en besoin que la guerre n’est pas un jeu vidéo, elle est sale, violente, sanglante, dramatique…

Lettres choisies et présentées par Jean-Pierre Guéno, Mission centenaire 14-18, Document Librio, ISBN : 9782290074633

Le feu

Si je prends le temps de vous parler de ce roman c’est tout simplement parce qu’il est représentatif de plusieurs évènements et réactions liés à cette guerre. Tout d’abord, Henri Barbusse est un homme de lettres qui a déjà une quarantaine d’années au début de la guerre. Il est volontaire pour intégrer les troupes malgré des problèmes de santé bien réels. Il rejoint difficilement son unité et passe vingt-deux mois comme soldat d’escouade. De cette expérience il s’inspire pour écrire son roman, Le feu. Le texte est publié en feuilleton quotidiennement dans l’Œuvre. Quelques mois plus tard, après une parution chez Flammarion, il obtient le prix Goncourt 1916.

Au-delà de l’expérience, des sensations décrites, n’oublions pas qu’il s’agit d’une guerre romancée et donc qu’il ne faut pas prendre le roman pour un récit strictement historique. De nombreux combattants s’y retrouvèrent tandis que d’autres déclenchèrent quelques polémiques pour rectifier quelques faits historiques. Son texte n’en demeure pas moins un excellent roman de guerre, un témoignage humain de ce grand conflit de 1914-1918.

Comme de nombreux anciens combattants de cette guerre, Henri Barbusse devint pacifiste et adhéra au parti communiste. Il est mort en 1935 lors d’un voyage à Moscou et Staline fut suspecté de l’avoir fait empoisonné…

Le feu suivi de Carnet de guerre est édité en livre de poche, ISBN : 9782253047414

La guerre des autres, numéro spécial de Courrier international (2014)

A force de toujours voir l’histoire par notre lunette française, nous finissons par oublier que ce fut une guerre mondiale impliquant des dizaines de pays d’une façon ou d’une autre. Ce numéro spécial de la revue Courrier international va participer à changer notre regard sur le conflit en prenant deux axes différents. D’une part, en parlant de très nombreux pays différents, d’autre part en le faisant avec des articles de la presse internationale et non spécifiquement française. Pour ceux qui pratiquent la revue, c’est assez classique, pour les autres, c’est assez décapant !

Citons les grands chapitres de ce numéro spécial : La guerre des grands, la guerre des petits, la guerre des empires… Enfin, n’oublions pas un portfolio final très émouvant avec des petits articles sur les acteurs de cette guerre dont les descendants sont au comité de rédaction de la revue…

Au bilan, un regard très pertinent sur les petits pays qui ont vécu cette guerre entrainés par les puissants sans avoir à y gagner ou y perdre et qui ont souffert de cette guerre et l’effort consenti par les colonies des grands européens, régions du monde qui furent souvent cruellement marquées par un conflit qui ne les concernait pas du tout… Indiens, Pakistanais, Marocains, Sénégalais, Australiens… ils furent bien nombreux à donner leur vie dans la Somme, dans les Dardanelles ou du côté de Verdun…

Hors-série juin-juillet-août 2014

Apocalypse, La 1ère guerre mondiale

Un album illustré documentaire de qualité qui accompagne la série de cinq épisodes de 52 minutes qui a été réalisée pour France 2. De nombreuses archives ont été utilisées, mises en couleur et le tout est assez édifiant et instructif. L’ouvrage, lui, est porté par plus de 150 documents visuels et cartes, le tout nous permettant de mieux percevoir l’ampleur et la violence de ce conflit.

Ce documentaire, du moins la version livre, est accessible à un très large public, à partir de 12 ans environ. La division en grands chapitres – Furie, Peur, Enfer, Rage et Délivrance – permet une approche progressive, pédagogique et historique. Comme tous les outils de vulgarisation, certains lui reprocheront de trop simplifier et d’autres d’être parfois trop pointu pour le grand public. Moi, je pense qu’il est juste comme il faut pour participer à ce centenaire, c’est-à-dire pour aider tout le monde à bien comprendre ce qui est arrivé, pourquoi et comment, et, surtout, percevoir les façons dont on pourrait éviter des récidives guerrières dont les peuples ont fini par se lasser même si…

Documentaire d’Isabelle Clarke et Daniel Coste, éditions Flammarion, ISBN : 9782081329942

Des enfants de maternelles à la rencontre d’un auteur de bandes dessinées

Pierre Bailly vient de passer presque deux jours à Chalon-sur-Saône, Châtenoy-le-Royal et Granges. Il a rencontré quatre classes dont trois avaient suivi un atelier d’écriture bande dessinée avec Michel Bonnet, pédagogue et critique de bandes dessinées. Chaque classe a créé une histoire, dessiné les différentes séquences de cette histoire, mis en couleurs… Toutes les étapes de la création d’une bande dessinée ont été ainsi abordées. Il ne manquait plus que le regard du professionnel ! Il est venu !

Pierre Bailly a été plus qu’un spectateur, il a prodigué ses conseil, écouté chaque créateur, inauguré l’exposition de tous les travaux à la bibliothèque de Châtenoy-le-Royal… Il a même dessiné pour montrer à ces jeunes talents en herbe, le chemin à suivre…

En fait, il n’a pas hésité à aider ceux qui dans quelques années, n’en doutons pas, seront tout simplement des concurrents sur le marché de la bande dessinée !Pierre Bailly a ainsi étonné les parents présents (nombreux, plus nombreux qu’attendus, bravo !), les enseignants et bibliothécaires… Mais les enfants, ont ainsi mesuré que dessinateur professionnel était un beau métier… A vous de jouer Camille, Zoé, Julie, Bruno, Jean et tous les autres !!!

Travail de Camille (5 ans)

Direction Belle-Ile en mer !

C’est par hasard que j’ai découvert cet antre livresque et accueillant. J’avais une heure à attendre au port de Belle-Ile, au Palais. Les bateaux ont leurs horaires et ils ne correspondent pas exactement à ceux de la marche à pied touristique. Attendre oui, mais où ? Et voilà un petit panneau qui indique : à 200 mètres au-dessus du port, café littéraire ! Sitôt lu, sitôt en marche pour ce havre de paix. Les 200 mètres sont franchis avec difficulté car après une journée de marche – et de gastronomie, soyons honnêtes – les derniers dénivelés pour accéder aux hauteurs du port se font sentir dans les mollets. Enfin, nous voilà devant Liber & Co, une librairie atypique, un café étonnant, une aire de repos hors norme.Ici on peut acheter du livre neuf, boire un café, trouver du livre d’occasion, se délecter d’un thé vert, écouter une lecture de Proust, admirer le port, l’océan, la citadelle… certains soirs, il y a spectacles, débats ou échanges. Ici tout est possible dans la plus grande liberté, celle qui est portée par le livre, objet de culte, de respect, de vénération…Une heure va passer si vite qu’il faudra revenir pour tout découvrir… En rentrant, j’en parle à une amie qui fréquente régulièrement Belle-Ile, elle me dit que l’été il y eut même un temps des séances de yoga qui finissaient autour des livres…

Une magnifique construction Vauban d’un côté…

Ne serait-ce point cela les vacances absolues : liberté, échanges, lectures ? D’ailleurs, ici on ne fait pas que café et thé, il y a même une chambre d’hôtes, de quoi donner des idées pour artiste en création ou écrivain en cours d’écriture… Non ?

L’Océan aux pieds, Quiberon à l’horizon…

Pour découvrir ce lieu idyllique : http://www.liberandco.com/index.php

Bandes dessinées et guerre de 14-18, entre anniversaire, célébrations et lectures !

Le magazine Beaux-Arts propose régulièrement des numéros hors-série sur des thèmes qui ne peuvent que passionner les lecteurs que nous sommes. Au moment où nous entrons dans les grandes célébrations de la Grande Guerre, celle que Brassens chantait à sa façon pour pointer du doigt ce qui restera dans les mémoires comme le plus grand carnage humain, voici un ensemble exceptionnel pour nous plonger dans la Guerre de 14-18 à travers la bande dessinée…

Trois points forts pour ce travail éditorial et phylactérien, trois clefs de voute pour un édifice sérieux qui, si besoin était, prouvera que la bédé est capable d’être aussi témoin de son temps, de la guerre elle-même à son souvenir, des faits à leur célébration, de l’histoire aux histoires…

Tout d’abord, on va se faire plaisir en découvrant – pour ceux qui ne l’auraient pas encore fait – que les Poilus étaient aussi des artistes. Certains diraient même avec raison qu’ils étaient artistes avant d’être soldats puisque leur statut de combattant n’était arrivé que malencontreusement, soudainement et sans préparation. On oublie trop souvent que plusieurs feuilles de choux ont été éditées par les combattants eux-mêmes avec textes et dessins. Une de ces feuilles de combattants deviendra le Canard enchainé, indépendant et caustique, tandis que la plus dessinée, La Baïonnette, disparaîtra après la guerre (parution entre 1915 et 1920). L’excellent article de Maël Rannou vous éclairera sur cette parution, sur le style des caricatures de l’époque, sur une des grandes signatures de la revue, Gus Bofa, soldat blessé dès la première année du conflit. Cet homme survivra à cette guerre et fera une grande carrière d’illustrateur. Il décèdera en 1968. Cet artiste oublié est remis en lumière par une exposition et un ouvrage… Pourquoi ne pas le découvrir dès maintenant au moment de cette commémoration guerrière ?

[http://www.bdangouleme.com/344,gus-bofa-l-adieu-aux-armes]

Mais ce hors-série met aussi l’accent sur tous ceux qui ont mis en images les textes des combattants, à commencer par ces Poilus anonymes ou presque qui ont écrit de façon régulière à leurs familles, à leurs épouses, à leurs enfants… Il faut dire que l’on possède tant de lettres de ces combattants, tant de témoignages sur ce qu’ils ont vécu, tant de souffrances racontées… que les dessinateurs ont le choix pour trouver celle qu’ils pourront mettre en images. Pour illustrer ces démarches qui souvent se retrouvent dans albums collectifs, le magazine nous présente en quatre planches une lettre du soldat Martin à sa femme. C’est Cyril Pedrosa qui met des traits et des couleurs…

Mais quand il faut donner la parole aux combattants, comment ne pas évoquer Jacques Tardi et son grand-père ? Tardi est connu pour ses différents albums qui traitent directement ou indirectement de cette Grande Guerre, celle que lui avait racontée son grand-père. De cette évocation familiale, le dessinateur fera des bandes dessinées qui mettent en scène des combattants, anonymes mais représentatifs de toute la souffrance d’un peuple entrainé dans cette boucherie sans fin. Que dis-je, un peuple ? Non, une humanité car quand il parle d’un soldat français ou d’un soldat allemand, la souffrance, l’incompréhension, le calvaire… tout est identique !

Enfin, on découvrira un certain nombre de travaux d’auteurs qui ont décidé d’incarner des histoires avec pour cadre cette guerre. Il ne s’agit pas d’une opportunité éditoriale avec l’anniversaire car dans la grande majorité de ces histoires on retrouve des personnages profonds, des scénarii parfaitement construits, des dessins et une narration graphique efficaces, bref, souvent de grandes bandes dessinées avec la guerre en toile de fond. Les grands auteurs n’avaient pas attendu 2014 pour raconter ces destins sanglants et profondément humains… Le der des ders, Le sang des Valentines, Ambulance 13, Tendre Violette, Quintett, Les Champs d’honneur… Oui, 14-18 est dans la bande dessinée depuis si longtemps…

Un numéro incontournable pour les amateurs de bandes dessinées, les passionnés de la guerre de 14-18, les lecteurs d’histoire, les bibliothèques, les centres de documentation scolaires… Bref, tout le monde devrait le lire et en profiter pour découvrir les albums du neuvième art qu’il ne connaîtrait pas encore…

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La Grande Guerre en bande dessinée

Beaux Arts Hors-série

Pourquoi des têtes au Carnaval ?

Petite question à chacun des Cliens, vous qui aimez tant rechercher des explications à toutes les questions de la vie… Pourquoi lors des défilés de Carnaval – nous sommes bien entrés dans la période – voit-on défiler autant de « têtes » ? Quelle est l’origine de cette tradition ? A vous de donner votre version…

Où en est la bédé ?

Le festival international de la bande dessinée d’Angoulême s’est tenu il y a quelques semaines pour le plus grand plaisir des lecteurs, collectionneurs et curieux du septième art. Avant de parler de rencontres, de découvertes, de lectures ou de dédicaces, il est indispensable de parler du marché de la bande dessinée et des difficultés rencontrées par certains auteurs, certains éditeurs sans oublier les libraires dont certains disparaissent au fil des ans…

Dans un monde culturel où tout est en baisse, y compris le jeu vidéo qui accuse une chute de 7%, la bande dessinée s’en sort plutôt bien avec une légère hausse de 1,4%. Bien sûr, on peut se réjouir de cette situation et se contenter d’annoncer les 37 millions d’albums vendu en un an ! Mais ce serait oublier ou passer sous silence que les ventes de bandes dessinées en 2013 ont été boostées par un nouvel Astérix, un nouveau Blake et Mortimer, sans oublier l’année anniversaire de Spirou avec de nombreuses rééditions… Oui, le chiffre final masque de grandes inégalités dans les ventes mais rassure un tant soi peu quand on regarde le chiffre global du livre qui est de -2,9% !

Les éditeurs sont en train de se remettre, les uns et les autres, des restructurations, réorganisations et autres ventes de départements qui ont marqué ces derniers mois. Rue de Sèvre prend ses aises – département BD de l’École des Loisirs – tandis que Delcourt continue sa montée en puissance avec l’absorption de Soleil. Casterman tente de survivre, mais on peut s’inquiéter de voir ses éditeurs et auteurs travailler avec d’autres noms comme Gallimard, Rue de Sèvre, Delcourt… Enfin, la nouvelle est maintenant définitive, Emmanuel Proust rejoint Paquet… Le paysage de l’édition de bandes dessinées se dessine sous nos yeux et il semblerait que pour la première fois depuis longtemps le nombre de nouveautés dans l’année soit en baisse. Pourquoi autant de prudence pour l’affirmer ? Tout simplement parce qu’il est très difficile de distinguer les véritables nouveautés des rééditions dans d’autres formats, avec des bonus, des compléments, des systèmes d’intégrales…

Et les auteurs ? Cette année, on a entendu un collectif d’auteurs manifester son mécontentement devant la situation des auteurs. La menace est même simple et forte : si rien n’est fait d’ici le festival de 2015, ce sera un festival sans auteur ! Les auteurs ont de plus en plus de mal à survivre, le salaire moyen est au-dessous du SMIC, les tirages sont en baisse malgré les ventes totales en hausse. Le mécanisme est simple : beaucoup plus de parutions ces dernières années et un pouvoir d’achat des lecteurs en baisse, donc moins d’argent pour chaque auteur. C’est une évidence mathématique et économique… Espérons qu’un mécanisme de solidarité sera mis en place et que les choses rentreront dans l’ordre…

Enfin, saluons l’engagement qu’à pris Guy Delcourt de participer à la création d’une école de la bédé à Paris. C’est d’ailleurs plus qu’une simple participation car il a décidé de s’impliquer fortement dans cette aventure, de mettre à la disposition de cette formation sa force d’éditeur, donc l’ensemble de son équipe, des auteurs aux éditeurs en passant par tous les professionnels. Mais nous reviendrons sur cet aspect innovant avec une interview de Guy Delcourt lui-même nous a accordé lors du festival…

Voilà pour le panorama général, pas la joie délirante, pas la morosité désespérante, juste une situation préoccupante comme d’ailleurs l’ensemble de la vie économique… Heureusement, cela n’a pas trop affecté la nature des rencontres durant le festival et c’était bien l’essentiel pour l’ensemble des lecteurs qui attendent tout au long de l’année ce rendez-vous hors-normes…

Tous à Saint Rémy !!!

Le week-end prochain, les amateurs de bandes dessinées du sud de la Bourgogne se donneront tous rendez-vous à côté de Chalon-sur-Saône, à Saint-Rémy, pour le 1er festival de la bande dessinée et de de la jeunesse avec un programme alléchant qu’il ne faudra manquer sous aucun prétexte…

Quelques noms ont retenu notre attention dans une liste assez impressionnante pour une première édition. Voici quelques exemples pour vous donner envie de nous rejoindre…

Francois Corteggiani : Le scénariste bien connu de la Jeunesse de Blueberry sera là en personne et pour beaucoup de lecteur de cette série parallèle à Blueberry ce sera l’occasion de se souvenir de ce chef d’œuvre de Charlier et Giraud. On pourra aussi discuter avec François de son album reprise des aventure d’Alix, L’ombre de Sarapis, ou de tous les autres ouvrages qu’il a écrit et ils sont très nombreux (L’école Abracadabra, Marine, Tatiana K…). Georges Ramaioli : Pour moi, que de souvenirs ! Tous les collégiens de Saint Dominique – Chalon-sur-Saône – doivent se souvenir de la série Zoulouland que je tentais, presque désespérément de mettre en valeur. Il faut dire qu’elle n’est pas facile à classer… Une sorte de western sud africain, avec une pointe d’humour, de drame, d’histoire, d’aventure, d’amour, de nature… Bref, du grand art et une série qui restera pour moi mythique ! On peut aussi intéresser à ses autres productions que je ne minimise pas comme ColoradoAlesio Lapo : J’ai découvert il y a quelques années Alesio Lapo à Angoulême alors qu’il venait dédicacer son premier album publié en France, le tome 1 de la série Antoine de Sèvre, un polar historique scénarisé par Laurent Rullier. C’était en janvier 2006 et j’avais beaucoup aimé son dessin e, surtout, la personne. Depuis, je revois très souvent Alesio et sa femme Simona… Je suis très heureux de les voir arriver dans notre région et ce d’autant plus qu’Alesio vient de dessiner un remarquable album chez Delcourt, le premier tome de Cagliostro avec un scénario d’Arnaud Delalande et Hubert Prolongeau… Surtout à ne pas manquer !

Pascal Croci : je le qualifierais bien, sans aucune connotation négative, d’auteur atypique. Pour beaucoup, son œuvre est tout simplement inclassable. Il est l’auteur reconnu d’Auschwitz, album pertinent et parfaitement réalisé qui a été mis à l’honneur par la critique et les politiques… Aujourd’hui, il faut découvrir l’ensemble de son travail et en particulier Adolphe, même si la maison d’éditions a connu quelques déboires…Francis Bergèse : Pour beaucoup de lecteurs de bandes dessinées, il est associé définitivement aux séries Buck Danny et Biggles. Sa reprise du dessin de la série phare de l’aventure aérienne militaire, Buck danny, a été salué en son temps et il continue à être un des meilleurs dessinateurs d’aéronefs en bédé…. Euh, il aime aussi dessiner les femmes…Vincent Wagner : Voici un excellent dessinateur de bandes dessinées que pas assez de lecteurs connaissent. Pourtant, ses séries Mysteries et Wild river sont de très bonne qualité – pour ne pas dire plus – mais elles sont arrivées au mauvais moment chez Casterman et n’ont pas été défendues comme elles auraient dû l’être. Il n’est donc que grand temps d’aller le rencontrer et de le lire… En plus, il est très sympathique, fait de belles dédicaces, et ses derniers albums méritent eux aussi le déplacement comme Venise hantéeFrançois Plisson et ses Korrigans seront là aussi. N’oublions pas cet album chez Casterman, Taanoki qui était passé un peu inaperçu mais que j’avais beaucoup aimé et sa série légendaire Tristan. Les albums de sa série Les Korrigans d’Elidwenn ne sont pas réellement des bandes dessinées mais plaisent indiscutablement à toute la famille, y compris les plus jeunes. Avec Plisson, il y en a pour tous les âges… Simona Mogavino : Simone, spécialiste de restaurations archéologiques et historiques, est devenue, à la suite d’une blessure sur un chantier, une scénariste de bandes dessinées. Elle s’est lancée, elle l’Italienne, dans le récit d’une grande reine de France, Aliénor d’Aquitaine. Ceux qui ont peu de l’histoire, de la religion, des guerres… n’ont rien à craindre car la vie d’Aliénor c’est de l’aventure à l’état pur, du brut de chez brut avec sexe et amour de surcroît ! Prenez le temps de parler de l’histoire de France avec cette femme qui la regarde et l’étudie de l’extérieur… Passionnant ! D’ailleurs quand on regarde Simona, on se demande… elle n’aurait pas été Aliénor dans une autre vie ?

Johannes Roussel et Roger Seiter : Un scénariste et un dessinateur pour une magnifique série à la fois historique, maritime, policière et aventures. HMS est vraiment une série extraordinaire qui plait à presque tous les âges car elle parle à tous…. Si, on peut même dire de 7 à 77 ans ! Ces deux auteurs qui travaillent depuis longtemps ensemble ont maintenant décidé de quitter un peu la mer pour la route avec une nouvelle série, Trajectoires.

 

Voilà, plein de bonnes raisons d’aller à Saint Rémy le week-end prochain à ce premier festival de la bande dessinée!

 

 

 

Avant Angoulême, découvrez la bande dessinée en famille…

Fin janvier, de façon traditionnelle, les auteurs, spécialistes, amateurs de bandes dessinées se retrouvent à Angoulême pour fêter leur neuvième art. Trop souvent, cette bande dessinée a mauvaise réputation. On lui donne encore, à tort, des effets négatifs sur la pratique de la lecture, sur la richesse du vocabulaire, sur l’état d’esprit de la jeunesse… Il est grand temps de rectifier le regard sur ces bulles qui enchantent à défaut d’enivrer !

Marie Pavlenko et Teresa Valero

Marie Pavlenko et Teresa Valero

Une lecture difficile

Ne nous voilons pas la face, la lecture de la bédé n’est pas si aisée que cela car il s’agit bien d’un art narratif hybride qui oblige le lecteur à maitriser le texte et l’image tout en exigeant qu’il soit capable, par son imaginaire, de mettre en place une bande son d’accompagnement.

En effet, les albums sont truffés de codes qui donnent au lecteur les éléments indispensables à la compréhension comme les idéogrammes, les pictogrammes et les onomatopées. La lecture est enrichie par les vides et creux laissés par l’auteur dans les nombreuses ellipses, à commencer par ces traits blancs qui séparent deux cases…medium_onomatopees

Lire une bande dessinée n’est donc pas une lecture simple et elle doit être accompagnée au départ. C’est pour cela que les adultes qui n’ont pas eu l’occasion d’en lire jeunes ont autant de mal à s’y mettre !

Un genre, des styles, des catégories…

S’il est légitime de parler de bande dessinée, il est impossible d’affirmer que la bédé est bonne ou mauvaise, qu’on l’aime ou pas. Comme pour tous les autres arts narratifs, par exemple le cinéma, il y a de nombreuses bandes dessinées, des styles graphiques forts différents, des catégories pour les uns et les autres. Ne généralisons donc pas trop vite et apprenons à trouver la bonne bande dessinée pour un individu donné à un moment précis de sa vie…article_spidey

Il faut aussi distinguer la bande dessinée franco-belge, les comics américains, les mangas japonais, les manhuas chinois ou manhwas coréens… Chaque pays a sa culture, ses traditions, ses récits…

Quartier lointain de Jiro Taniguchi

Quartier lointain de Jiro Taniguchi

Pour les parents qui veulent acheter des bandes dessinées, je ne vois qu’une solution, prendre le temps de lire ce que l’on va mettre dans les mains de ses enfants. C’est probablement là le chemin de la sagesse et de la responsabilité. Non ?

Le graphisme, le scénario

Le problème, dans un récit avec texte et image, c’est que le lecteur peut se laisser influencer par l’aspect formel du graphisme. Or, dans une bande dessinée, l’image peut être belle – encore faudrait-il définir avec précision ce que l’on appelle beau – et l’histoire peut décevoir, voire même agacer, irriter ou révolter. On dit souvent que le graphisme fait acheter, le scénario fait aimer !

On peut aussi trouver de très beaux récits saccagés par un dessin bâclé et négligé. On se dit alors que l’auteur aurait dû trouver un autre dessinateur ou écrire un roman…

Attention, le graphisme peut avoir un aspect générationnel et certains parents doivent être prudent avant de décréter que telle bédé est bonne pour leur enfant ou pas. Enfin, méfions-nous toujours de nos lectures d’enfance. Certaines ont bien vieilli, d’autres pas et nous ne sommes pas toujours les meilleurs visionnaires pour porter un jugement sur ces albums qui ont enchanté nos lectures d’autrefois…

De la bédé, oui ! Mais pas seulement…

Si la bande dessinée doit bien être présente dans les bibliothèques familiales, elle doit être accompagnée par toutes les autres formes de lecture : album pour enfant, roman, poésie, documentaire, livre d’art…

C’est alors que chaque enfant pourra trouver ce dont il a besoin, au bon moment, et qu’il pourra en tirer le plaisir qui fera de lui, plus tard, un lecteur !

Voici quelques ouvrages qui pourraient bien prendre place dans votre bibliothèque de bandes dessinées…

100 cases de Maîtres100-cases-de-maitresCommençons par un magnifique livre qui permettra de retrouver les plus grands auteurs de bandes dessinées avec, à chaque fois, une case – un dessin – qui donnera toute l’ampleur de son talent graphique et narratif. Certes, c’est toujours frustrant de ne voir qu’un seul dessin de chaque auteur, mais cela donnera envie de découvrir les albums des uns et des autres dans un second temps.100-cases-page-3_thumb

Plusieurs spécialistes de la bande dessinée se relaient pour donner les explications sur chaque auteur, sur son œuvre, sur son art, sur sa biographie. Cela constitue une des meilleures introductions possible à la bédé et comme il y a des auteurs d’époques différentes, l’ouvrage sera aussi une bonne invitation au partage et à la discussion en famille…100-cases-maitres-5_2

On y trouvera donc les pères fondateurs de la bande dessinée, comme Wilhem Busch, Christophe, Benjamin Rabier ou Rodolphe Töpffer, on croisera les grands auteurs américains qui ont mis en place les codes des Comics, comme Dick Calkins puis Alex Raymond, on prendra beaucoup de plaisir avec le fondateur de Tintin, Hergé avant de retrouver les grands noms de la bédé franco-belge, morts ou vivants, de Jijé à Juillard, pour enfin finir avec quelques grands auteurs étrangers, argentins comme Munoz, japonais comme Taniguchi

Jiro Taniguchi, Quartier lointain

Un livre que l’on pourra surtout ouvrir au gré de ses envies, sans jamais se sentir obligé de tout lire… Une invitation à la contemplation, du grand art, tout simplement…

100 cases de Maîtres, sous la direction de Gilles Ciment et Thierry Groensteen, Editions de La Martinière, ISBN : 9782732441405

L’humour en famille

L’humour est bien sûr un des pans majeurs développés dans la bande dessinée. Il est très difficile de définir ce qui fait rire, ce qui est du bon humour et ce qui peut être partagé en famille. Cela dépend des pratiques, des goûts, de l’éducation, des origines… Donc, on ne sera pas trop catégorique en vous proposant quelques bandes dessinées qui devraient néanmoins donner des envies de lectures…

Pour ce qui est de l’humour jeunesse, avec des personnages qui permettront aux enfants de s’identifier sans difficulté, je pense en premier à Cédric, Nathalie et Angèle. Pour chacun, une page un gag, un éclat de rire…

Cédric est un petit garçon qui vit dans une famille, qui va à l’école, qui vit à peu près tout ce que le jeune lecteur peut connaître. La bédé a été adaptée en dessin animé ce qui lui a donné un surplus de reconnaissance sans pour autant ôter quoi que ce soit aux albums qui restent d’une excellente tenue.Nathalie est une petite fille qui rêve de voyager et de connaître de multiples aventures. Pourtant, elle ne bouge pas de chez elle, ou presque, et le seul qui connaît l’aventure et son petit frère qui a une vie à risques avec une telle sœur…

Enfin, Angèle est une charmante petite fille qui a un animal domestique avec elle, un charmant cochon, René. C’est une forme de Boule et Bill en un peu plus moderne, plus drôle aussi car la nature même de l’animal corse la plus part des situations…

Cédric, Raoul Cauvin et Laudec, Editions Dupuis
Nathalie, Sergio Salma, Editions Casterman
Angèle et René, Curd Ridel, Editions Bamboo (pour la réédition d’un best of)

Mais l’humour en famille peut aussi concerner les enfants et les parents et la bande dessinée ne s’est pas privée de mettre en scène parents et enfants pour le meilleur et le rire. album-cover-large-19732Deux bandes dessinées ont retenu notre attention familiale, We are family de Marie Pavlenko et Teresa Valero et Les gosses de Carabal. les-gosses-bd-volume-15-simple-5165Si Carabal nous amuse avec sa famille depuis plus de quinze ans, avec deux garçons qui ont grandi et sont devenus des ados, Marie Pavlenko et Teresa Valero, elles, n’ont commencé que depuis peu mais elles ont su se créer une famille plus contemporaine avec une ambiance très moderne et dynamique. Dans les deux cas, tous les parents retrouveront avec plaisir, du moins je l’espère, toutes ces situations familiales qui causent des soucis sur le coup et nous font rire quelques années plus tard quand on se raconte tout cela lors d’un bon repas festif et convivial… Bon reflet de la vie familiale, tout simplement…

We are family, Pavlenko et Valero, Editions Delcourt
Les gosses, Carabal, Editions Dupuis

Enfin, l’aventure !

Une bonne bibliothèque de bandes dessinées doit avoir son rayon « aventures ». Incontournable ! Mais pas si simple à mettre en place car d’une part, ces aventures qui vous ont enchantés ont pu vieillir – Tintin, Les 4 as, La patrouille des Castors – ou celles qui ont le vent en poupe ne sont pas systématiquement à mettre dans toutes les mains – Largo Winch ou XIII. Il faut donc trouver celles qui ont bien un caractère familial, c’est à dire lisibles par toute la famille…

La première série qui pourrait prendre place dans votre bibliothèque est La Guerre des Lulus de Régis Hautière et Hardoc. Tout d’abord, il s’agit d’un récit qui prend place dans le centenaire de la Guerre de 14-18 mais avec quatre jeunes garçons, Lucien, Lucas, Luigi et Ludwig. Ils sont orphelins et c’est au moment de l’évacuation de leur orphelinat qu’ils se retrouvent malencontreusement seuls, perdus, entre les deux lignes de front… une jeune réfugiée, perdue elle-aussi, les rejoint, Luce. Une Lulu de plus ? Peut-être mais ce n’est pas un garçon et elle n’est pas orpheline, alors, allez savoir ! Une histoire qui fait penser de loin à la guerre des boutons, avec en toile fond la Grande Guerre, une aventure à l’état pure lisible par toute la famille, indiscutablement…

On pourrait, aussi, parler des aventures de Blake et Mortimer. Certes, ces histoires ne datent pas d’hier car la première a été publiée en 1946 ! Mais comme la vie de Blake et Mortimer a été prolongée bien au-delà de la mort de son créateur Jacobs, que ces reprises ne sont pas mauvaises du tout, on peut imaginer que certains jeunes pourront être intéressés et que de ces lectures le dialogue intergénérationnel pourrait naître. Mais attention, le style très littéraire de ces albums, très textuel comme pour les séries Alix, Lefranc ou Jhen, pourrait bien écarter certains lecteurs…

Enfin, il nous faut citer au moins une aventure teintée de science-fiction. Il en existe beaucoup en bédé, mais s’il fallait n’en citer qu’une je choisirais Sillage. Il s’agit d’une très belle histoire, pleine d’humanité, de profondeur, tout en offrant aux jeunes lecteurs de nombreux rebondissements, des personnages étonnants et des scènes dynamiques. De plus, on trouve des spin-off de qualité, un jeu de société reprenant cet univers et une communauté de lecteurs qui ne cherchent qu’à échanger…

Un grand convoi spatial, regroupant un grand nombre de races, est à la recherche d’une planète pour survivre. On suit tout particulièrement la jeune Nävis, une humaine qui voudrait retrouver d’autres humains… Mais elle semble seule dans le convoi et chaque planète explorée ne lui donne aucune issue favorable… la recherche continue donc !

La Guerre des Lulus, Hautière et Hardoc, Editions Casterman
Blake et Mortimer, création de Jacobs, Editions Blake et Mortimer
Sillage, Morvan et Buchet, Editions Delcourt

Et l’Heroic Fantasy ?

Comment ne pas vous inviter à faire entrer dans votre bibliothèque de bandes dessinées une série du genre Heroic Fantasy ? Il s’agit d’histoires placées dans le temps, souvent dans le Moyen-Age, mais accompagnées de grandes libertés avec l’histoire et avec des personnages plus ou moins dotés de pouvoirs particuliers ou magiques. Pour rester dans du classique et du familial, c’est vers Thorgal que nous vous invitons à porter votre attention.

C’est indiscutablement la série la plus familiale et la plus humaniste de la Fantasy. Thorgal est un personnage courageux, fidèle, solide, mais qui n’est pas un humain comme les autres. Il vient d’un autre monde, il est le dernier survivant du Peuple des étoiles, arrivé sur Terre dans un vaisseau spatial à l’époque des Vikings, sur leurs terres…

Il épousera Aaricia, aura deux enfants, Jolan et Louve. Plus tard, il aura une aventure avec Kriss de Valnor, à son corps défendant, et aura un enfant, Aniel. A la mort de Kriss, Aaricia adopte définitivement Aniel et le traitera comme un de ses enfants… Thorgal vieillissant, les aventures basculent quelque peu et c’est Jolan qui en devient le personnage principal… enfin, presque. Aujourd’hui, la série principale comporte plus de trente albums et il existe plusieurs séries spin off pour raconter la vie de certains personnages comme Kriss de Valnor, Louve, La jeunesse de Thorgal… Certains albums sont devenus mythiques ou cultes comme Les archers ou La porte de l’horizon…

Thorgal, série créée par Van Hamme et Rosinski, Edition Le Lombard

Vouloir en quelques titres vous inviter à vous constituer une bibliothèque de bandes dessinées est très frustrant quand on pense à tous les personnages absents comme Gaston Lagaffe, les Schtroumpfs, Astérix, Lucky Luke, Spirou et tous les autres… Mais, une fois que vous aurez commencé vos lectures, cela vous donnera encore de très nombreux titres à découvrir et partager en famille !

 

Les grandes reprises en bandes dessinées, de bonnes idées de cadeaux de Noël ?

Des bandes dessinées pour Noël, pourquoi pas ! Mais comment choisir dans cette jungle immense qui propose chaque année pas moins de quelques milliers de nouveaux titres en langue française ? Nous allons vous accompagner dans cet univers de bulles avec une première étape que nous nommerons, Les grands classiques…

Les Ombres des Cathares, une aventure de Jhen, héros créé par Martin et Pleyers

Certes, il ne s’agit pas là que de nouveautés au sens habituel du terme car nous pouvons avoir des rééditions, des éditions Collector enrichies de nombreux documents, de reprises par d’autres auteurs que les créateurs, de recueils de séries, les Intégrales, comme on dit, et pour terminer cette longues listes, de spin off, histoires parallèles à la série mère par les créateurs ou d’autres auteurs… Le plus délicat dans tout cela, c’est qu’il peut y avoir de bonnes lectures partout, mais de mauvaises aussi…

Enfin, précisons bien que pour le lecteur il y a une bonne part de subjectif. En effet, si vous avez été formés à la lecture de Picsou dans votre jeunesse, relire du Picsou aujourd’hui c’est un peu replonger en enfance… Et qui résiste à ce bonheur ?

D’un point de vue strictement intellectuel et commercial, reconnaissons que tout ce marché autour des héros de jadis est aussi une vaste manœuvre financière qui peut nuire à de jeunes auteurs, limiter la création, brider la prise de risque des éditeurs et, à terme, défavoriser l’évolution de la bande dessinée. Mais, comme me le disait encore récemment un libraire, une nouveauté d’Astérix fait revenir à la bédé un public qui l’avait perdue de vue…

Prenons donc ce premier choix comme le moyen de mettre côte à côte des publics de tous les âges : certains retrouveront les héros de leurs enfances, d’autres découvriront la bédé préférée de papy tandis que les derniers se diront qu’après tout ces histoires sont mieux que ce qu’ils croyaient… La BD deviendrait alors un lieu de rencontre intergénérationnelle et familiale…

Le retour d’Astérix

Face à ce dernier album d’Astérix, Astérix chez les Pictes, le premier sans la participation d’Uderzo (à la retraite) et Goscinny (décédé), les lecteurs ont tous eu le sentiment de retrouver les aventures de leurs héros gaulois préférés. C’était un peut comme au temps d’Astérix chez les Helvètes, Astérix en Corse ou Astérix chez les Bretons. Certains ont souri, d’autres ont ri de bons cœur et le charme s’est reconstruit… On a bien entendu quelques voix ici ou là pour dire que l’album n’apportait pas grand-chose à la série déjà en place, que l’on aurait du cesser tout cela à la mort du scénariste génial…

Quant à moi, je garde l’idée qu’il s’agit d’un bon album, qui fait rire et qui donnera, peut-être, aux plus jeunes de découvrir cette série qui a fait rire aux éclats leurs parents et grands-parents… On verra alors certains de ces jeunes découvrir Astérix et le tour de Gaule ce qui serait une belle transmission interculturelle et intergénérationnelle… Non ?Oh, j’allais oublier de préciser que le scénario était de Jean-Yves Ferri et le dessin de Didier Conrad !

L’éternel retour de Blake et Mortimer

Eternel retour ? N’exagérons rien, mais c’est vrai que les ayant-droits d’Edgar P Jacobs ont décidé depuis longtemps que le couple Blake et Mortimer survivrait à son créateur. Pour cela, il a fallu créer une fondation et faire un choix drastique car dessiner une telle série demande une précision et un talent qui n’est pas donné à tout le monde. C’est peut-être là, d’ailleurs, que réside le problème majeur.

En effet, ce dernier Blake et Mortimer, qui vient de sortir, L’onde Septimus, est réalisé avec un talent incroyable. A tel point que l’on finit par oublier que la narration graphique n’est pas signée Edgar P Jacobs, qu’elle est le fruit du travail conjugué de Jean Dufaux, Antoine Aubin et Etienne Schéder…

Seulement voilà, le dessin ne fait pas tout dans une histoire racontée en bande dessinée. Avec cet album on se retrouve dans la suite de La Marque Jaune, en quelque sorte, ce qui exaltant pour certains lecteurs comme moi… Une histoire qui se prolonge comme si les années cinquante étaient encore là… Sauf, que très honnêtement, à part pour la nostalgie, il vaut mieux offrir la version de départ, La Marque Jaune, l’album génial de Jacobs, la référence presque absolue de la narration ligne claire…Ligne claire ? Oui, je sais, cela fait un peu technique… C’est une façon de raconter les histoires avec du texte et du dessin, une façon simple que Hergé, le créateur de Tintin, définissait comme étant la façon de raconter avec du dessin en ne mettant dans le dessin que les éléments indispensables et incontournables pour comprendre l’histoire. On va donc s’appuyer sur des codes, des couleurs, des façons de dessiner qui permettront à tous de comprendre. Cela allège le dessin, est très expressif et facile à comprendre, mais certains trouvent cela un peu simpliste… Moi, j’avoue que j’aime beaucoup la ligne claire !

Enfin, certains scénaristes se sont déjà illustrés avec réussite dans les reprises de Blake et Mortimer. On ne peut que conseiller La machination Voronov d’Yves Sente avec André Juillard, probablement une des meilleures reprises de la série…

Spirou, le héros de septante-cinq ans

Je ne suis pas de la génération Spirou et je ne lisais pas ce magazine de BD quand j’étais jeune. Je croyais même que le personnage de Spirou était un héros belge… Ah ! Vous ne saviez pas que c’était un Français qui l’avait créé, un certain Rob-Vel, de son véritable nom Robert Velter. C’était le 21 avril 1938, à la veille de la guerre qui allait ravager l’Europe puis le monde… Cet auteur, atypique qui avait commencé dans l’hôtellerie avant d’enchaîner sur la marine pendant quelques années, avait la passion du dessin depuis son plus jeune âge. C’est après quelques petits essais que sa femme qui signe Davine lui offre le scénario de la première histoire de Spirou, parution dans le journal éponyme qui vient de démarrer [En fait, le nom avait été choisi pour le magazine par Emile-André Robert un ami de la famille Dupuis. Spirou est un mot wallon qui signifie écureuil, ou par extension espiègle]. C’est la guerre qui empêche Davine et Rob-Vel de prolonger les aventures de Spirou qui sont alors reprises par le grand Jijé qui est le créateur de Fantasio. La série Spirou sera alors poursuivie, à partir de 1946, par un jeune dessinateur inconnu, un certain André Franquin… C’est avec ce dernier que la série devient immensément connue et appréciée. Comme elle est la propriété de l’éditeur, elle est régulièrement reprise par de nouveaux auteurs. J’ai découvert Spirou et Fantasio à l’époque de Tome et Janry, ceux qui sont aussi les auteurs d’un spin off de qualité, Le Petit Spirou.A l’occasion de cet anniversaire, de nombreuses publications sont venues nous réjouir et j’en ai retenues trois. Tout d’abord, une réédition de grande qualité, en VO, version originale, de deux albums, Les pirates du silence et La quick Super. Grand format, dessins de Franquin comme il les a livrés à l’éditeur… Que du bonheur pour ces histoires des années cinquante !Mais comment passer sous silence la réédition des aventures de Spirou par Yves Chaland. Cœur d’acier de Chaland reprend une nouvelle vie avec cette réédition chez Dupuis, en noir et blanc et en format à l’italienne. En reprenant le célèbre personnage, là où l’avait laissé Jijé (en faisant abstraction de la période Franquin), Yves Chaland se lançait un pari audacieux…….. qu’il perdra car son album pré-publié dans le journal Spirou du 22 avril 1982 au 16 septembre 1982 restera inachevé du fait d’un imbroglio éditorial que nous conte Jean Louis Bocquet dans l’excellent dossier qui accompagne cette édition. Indispensable pour tous les fans de la série et belle histoire pour illustrer qui sont Spirou et Fantasio.

Enfin, il est juste de parler du dernier sorti de la série traditionnelle des aventures de Spirou et Fantasio, Dans les griffes de la vipère de Fabien Vehlmann et Yoann. Ces deux auteurs sont comme des gamins à qui on aurait offert leur jouet espéré et qui se donneraient à cœur perdu dans une partie fantastique… Du coup, le lecteur est emporté par une vague incroyable de bonheur et de simplicité. Il ne pense à plus rien, il est dans une histoire de Spirou et Fantasio, tout simplement…

Michel Vaillant

Je sais que certains ont quitté depuis longtemps cette série, mais je dois avouer que j’ai été séduit par la reprise de Philippe Graton (le fils du créateur), Denis Lapière (génial créateur de la série Charly), Marc Bourgne (Etre libre et Frank Lincoln) et Benjamin Benéteau (Alter Ego)…Cette reprise est forte car le sportif automobile de très haut niveau est encore dans son sport mais il est aussi le père d’un jeune, Patrick, qui lui cause beaucoup de soucis…Ce qui est touchant dans cette série c’est que l’on retrouve tous les personnages clefs, avec quelques années de plus, avec des familles qui se sont agrandies, avec des corps qui n’ont plus vingt ans… bref, c’est la série de la vie, tout simplement, même si tout le monde n’est pas pilote de F1 ou de Rallye… cette fois-ci, Michel va devoir battre le record du monde de vitesse avec un moteur électrique… une petite pointe de développement durable, dans cette série aussi !

Buck Dany

Là, pour le coup, je suis fan de cette série aéronautique et militaire depuis que je la connais. Avec les autres séries Tanguy et Laverdure (reprise en cours aussi) et Dan Cooper (pour le moment arrêtée), j’ai eu le sentiment de décoller et de vivre des aventures sans équivalent… Le dernier Buck Dany, Cobra Noir, le cinquante-troisième de la série, on retrouve nos pilotes de l’aéronavale américaine dans un conflit qui n’en porte pas le nom entre les Etats-Unis et l’Iran. En fait, dans l’histoire on nommera l’Iran Basran pour ne pas vexer un certain état à tendances totalitaires…Ce n’était pas si simple de faire vivre cette série depuis que la guerre froide a cessé, depuis que le monde vit sur un rythme différent avec terrorisme et conflit larvé. Je reconnais que l’on retrouve dans cet album une énergie que l’on avait avant, une envie d’aventures qui avait un peu disparu, une envie de lire qui manquait à certains qui avaient fini par abandonner la série… Et si tout recommençait comme avant ? Ce sera parfait quand certains personnages auront fini de grandir, quand ils auront stabilisé leur caractère et ce n’est pas encore le cas de Sonny…Pour un peu j’oubliais de vous dire que le scénario était signé Frédéric Zumbiehl (ancien pilote de combat et scénariste de Team Rafale, Réseau sentinelles…) et le dessin Francis Winis qui signe-là son premier album de bande dessinée.

Et quelques autres encore du côté de l’histoire…

La bande dessinée historique est depuis très longtemps à la mode et les lecteurs sont globalement au rendez-vous. Pensez donc, Alix, le fier Gaulois-Romain, est né en 1948 avec Jacques Martin un des plus grands auteurs français de bandes dessinées.

Alix vit encore et le dernier album est sorti en 2013, La dernière conquête, avec Géraldine Ranouil au scénario et Marc Jailloux et Corinne Billon au dessin. J’ai même tendance à penser que les différentes reprises ont donné un coup de jeune à cette série qui reste pour moi une grande réussite… On n’est même pas obligé de lire les premiers (parfois un peu indigestes) pour se plonger dans les derniers albums…

Enfin, je dois signaler deux séries qui sont maintenant reprises elles-aussi, Jhen et Vasco.

Pour la première, la reprise est partielle car le dessinateur initial, Jean Pleyers, il est encore là mais bien secondé. Il faut dire qu’il est trop long pour produire un album par an, rythme minimal pour satisfaire les lecteurs de plus en plus impatients. Donc, l’avant dernier, Le Grand Duc d’Occident, était scénarisé par Hugues Payen (rappelons que la série avait été créée par Jacques Martin) et dessiné par Thierry Cayman, tandis que le dernier, L’ombre des Cathares, lui, est dessiné par Jean Pleyers avec le même scénariste. Les deux albums sont très bons et se déroulent à la fin du Moyen-Age.Enfin, évoquons dans cette page historique la série Vasco. C’est Gilles Chaillet qui a créé cette histoire avec son personnage éponyme, en 1983. Malheureusement, il décède en 2011 et c’est Dominique qui vient de reprendre la série alors que Gilles Chaillet la faisait déjà dessiner depuis 2007 par Frédéric Toublanc.

Ce dernier album, Les enfants du Vésuve, est très bien construit, agréable à lire et surprenant pour qui suit la série depuis longtemps… Une partie de la jeunesse cachée de Vasco…

Voici donc quelques idées pour renouer avec nos héros d’autrefois, ceux qui ont animés les séries bédé de nos enfances…