Quai des bulles 2016, épisode 1 avec Alexe

La première rencontre est toujours importante pour donner le ton à un travail de reportage durant un week-end entier. Alexe était la première sur ma liste d’auteurs à interviewer mais comme elle avait peu de temps libres il fallait réaliser l’entretien durant une dédicace avec le public. Ce type d’opération est toujours délicat car il faut arriver à voler un peu de temps aux lecteurs parfois impatients sans qu’ils se fâchent… Heureusement, Alexe était là pour proposer la bonne solution… Elle me donnait une petite dizaine de minutes, à l’extérieur, au soleil en faisant sa pause, elle l’a annoncé à ses lecteurs avec le sourire et tout s’est très bien passé…Alexe est une artiste qui s’est formée au fil des ans, des expériences et des projets. C’est la passion qui la motive et elle s’est déjà retrouvée dans des projets de dessin, d’arts, de musique et bien sûr de bande dessinée !!! Après des études – oui les jeunes amis, il faut toujours faire des études même quand on a du talent et que l’on veut faire de l’art – musicales (sax alto), en arts plastiques, en graphisme et en 3D, il a bien fallu travailler. Comme beaucoup elle a commencé par aller d’ici à là et réciproquement en faisant de la communication, de la publicité puis du jeu vidéo. Elle fut graphiste dans ce dernier domaine (lead graphiste) puis chef de projet. En 2002, elle se lance à son compte…On la voit illustratrice puis coloriste, dans des fanzines/magazines et dans l’édition (Khimaira, Semic…)… C’est en participant à la coloration de bandes dessinées avec des auteurs variés qu’elle apprend les fondamentaux de la bande dessinée. C’est progressif, de la passion à la pratique amateur, les débuts professionnels, le désir de devenir dessinatrice de bédés, les grands débuts professionnels en 2015…Sa première série sera Lancelot avec un scénariste expérimenté pour ne pas dire plus, Jean-Luc Istin… Elle reçoit un prix « jeune talent » pour le tome 1 de Lancelot par le festival « Abracadabulles » en 2009. C’est bien lancé !!! Les projets s’enchainent, elle est bien une auteure de bandes dessinées à part entière !!!En juin 2016 sort le tome 22 de La Geste des Chevaliers Dragons, Alexe entre dans le club des dessinateurs ayant participé à cette grande épopée écrite par « Ange »… Un beau coup de cœur et, surtout, un grand moment car cette dessinatrice répond aux questions avec simplicité, douceur, précision et gentillesse. On découvre une passionnée de cette série La geste des Chevaliers Dragons et une auteure qui a dû résoudre un problème fondamental quand il a fallu dessiner son dragon… Mais, cela, vous le découvrirez en lisant cet album, La porte du Nord.Il semblerait que la collaboration avec les scénaristes Ange se soit si bien passée qu’elle sera suivie très prochainement pas une nouvelle association dans cette très belle série…

Il faut maintenant que je vous précise un petit détail… Le lecteur qui attendait le premier dans la file d’attente, celui qui gardait le sourire en attendant son tour, celui qui était un lecteur passionné de la série… était un charmant monsieur d’une bonne soixantaine d’années ! Oui la bande dessinée de ce genre-là – entre héroïque fantaisie et fantastique – n’est pas du tout réservée à une classe d’âge, elle touche des lecteurs de sept à soixante-dix-sept ans pour reprendre le slogan classique du Journal de Tintin qui fête cette année ses soixante-dix ans !!!

 

Quai des bulles 2016… le paradis des bulles est à l’Ouest !!!

Une équipe de la licence professionnelle est allée couvrir Quai des bulles pour vous rapporter des bonnes idées de lectures, pour vous offrir un panorama de la bande dessinée contemporaine, pour vous pousser à découvrir des récits étonnants et atypiques, pour vous démontrer en quelque sorte que la bédé a certainement mille trésors qui n’attendent que vous…

Un enseignant-journaliste, trois étudiants avec des âges différents, quatre regards qui vont se combiner pour construire un ensemble le plus complet possible. Bien sûr, on ne peut pas prétendre à exhaustivité car il y avait à Saint-Malo pour ce festival époustouflant 600 auteurs disponibles !!! Il a donc fallu faire des choix, accepter des renoncements, mettre son mouchoir sur des frustrations… Tant mieux, il restera encore de merveilleuses rencontres à faire à Angoulême, mais ce sera une toute autre affaire…Avant d’entrer dans le détail de nos rencontres, de nos découvertes, de nos entretiens, de nos albums coups de cœur, il nous faut remercier le directeur du festival et toute son équipe de professionnels et de bénévoles. D’une part, il accepte une équipe d’étudiants journalistes en les accréditant pour qu’ils puissent travailler dans des conditions professionnelles, d’autre part il propose à tous, professionnels et collectionneurs, visiteurs curieux et lecteurs passionnés un beau festival dans un cadre merveilleux avec animations variées, expositions, projections, séances de dédicaces… et une salle de presse avec une vue sublime sur la Manche… Pour un peu, travailler de viendrait un plaisir !Pour cette belle équipe ce ne sera pas moins de 37 entretiens pour la radio, 40 auteurs rencontrés, 10 maisons d’édition concernées, un prix décerné regardé à la loupe, une exposition observée sous toutes les coutures, et, maintenant, des articles à écrire, des montages à faire, une vidéo générale à produire et du plaisir à vous apporter… Bref, pas de quoi chômer !!!Comment ne pas accorder un prix spécial de l’efficacité et du sourire à tous les attachés de presse – oui, il y avait bien aussi un homme – des maisons d’éditions qui ont œuvré durant trois jours pour rendre le travail possible, respecter les horaires et satisfaire toutes les curiosités et demandes d’une équipe avide de découvertes ? Encore mille fois merci !Enfin, il ne faut pas oublier ce paysage de la Manche toujours là, cette plage magnifique et le soleil qui ont fait oublier la fatigue, qui ont atténué certaines déceptions, qui ont rendu les attentes indolores… Quai des bulles n’aura donc été qu’un splendide évènement qui restera bien inscrit dans tous les cœurs des participants…Place maintenant au contenu, au fond, à la bande dessinée, aux auteurs, au neuvième art !!! Il y en aura pour tous les goûts, pour tous les âges, dans tous les genres, à chacun d’entre vous de trouver chaussure à votre pied ou, plus exactement, bande dessinée à votre goût, pour votre plus grand plaisir de lecteur !!!

L’expo Hergé du Grand Palais de l’intérieur…

C’est fait !Oui, j’ai bien été visité la grande exposition Hergé au Grand Palais à Paris. Il est donc maintenant temps d’en parler sur le fond et la forme, et il y a beaucoup à dire, du moins à mon avis…

Précisons, pour commencer, que je ne pense pas être tintinophobe ou tintinophile. En effet, si j’ai lu les Aventures de Tintin depuis longtemps, si je les ai relues plus d’une fois, si j’ai accompagné le jeune reporter à la houppette au bout du monde en réussissant à revenir à Moulinsart, euh qu’est-ce que je raconte, à la maison sans encombre… j’avoue ne pas avoir trouvé trop de jubilation de lecture. Certes, certains albums sont pour moi des chefs d’œuvre dans le genre comme Les bijoux de la Castafiore tandis que d’autres m’ont laissé indifférent comme L’oreille cassée… Une affaire de goûts, probablement !Par contre, je confesse bien simplement être de la race des tintinologues, ceux qui tentent de comprendre les finesses, les richesses, qui traquent chaque petit détail qui donne l’éclairage sur la narration graphique d’Hergé et de ses collaborateurs… Hergé a pour moi posé les jalons de la bande dessinée moderne même si depuis tout a encore évolué, grandi, muri… On doit à cet auteur la renommée de la bédé franco-belge, c’est pour moi un fait !

Mais ce n’est pas parce que l’on étudie, scrute minutieusement les albums planche par planche que l’on perd la notion de plaisir. Si Hergé a pu déclarer en 1975 « Tintin m’a rendu heureux », je peux aussi dire que les aventures de Tintin ont participé à mon bonheur de bédéphile entre autres avec des albums comme Le crabe aux pinces d’or, Le sceptre d’Ottokar, L’affaire Tournesol ou Les bijoux de la Castafiore, autant d’albums que je prends plaisir à relire chaque fois que l’horizon s’obscurcit… Des brise-cafards en quelques sortes !

 

Mais revenons, maintenant, à cette exposition Hergé. J’ai bien dit Hergé et non Tintin et très rapidement on comprend bien que l’exposition souhaite mettre l’auteur en évidence, l’homme à l’honneur même si son personnage de tintin reste au cœur de tout, y compris des visiteurs de l’exposition.Hergé était à la fois un artiste, un peintre, un amateur d’art, un collectionneur, un auteur de bandes dessinées, un publiciste… mais il le dit lui-même, peindre ou raconter les histoires de tintin, il fallait choisir car il n’y avait pas la place pour les deux activités. Il pensait d’ailleurs qu’il peignait et dessinait mal, qu’il ne savait que raconter des « petites » histoires. Je le laisse responsable de ses propos mais du coup la peinture ne va rester chez lui qu’un passe-temps, qu’un hobby… C’est la bande dessinée qui va l’occuper le plus gros de sa vie ! En tous cas, l’exposition va aborder tous les aspects de son œuvre et c’est très bien comme cela.D’une façon générale, cette exposition est très intellectuelle, très universitaire, très élitiste. Je ne suis pas contre du tout mais j’avoue avoir pensé quelques fois aux enfants présents en me demandant s’ils ne s’ennuyaient pas trop : peu d’éléments directement accessibles pour les plus jeunes, pas d’interactivité, très peu d’animation, bref beaucoup pour papa et maman, peu pour l’enfant ! En même temps, je ne suis pas certain qu’Hergé appréciait trop les enfants… Le tout donne un aspect un trop classique, trop vieux, trop poussiéreux, trop musée, pas assez exposition !Du coup, j’ai adoré cette façon structurée de parler d’Hergé, de l’art, du récit en bédé, de la publicité, du lien entre récit et image, de l’influence de l’Orient, de la période de la guerre… Bref j’ai aimé faire ce travail intellectuel mais j’ai croisé des personnes qui se lassaient et s’usaient alors qu’elles auraient aimé quelque chose de plus tonique… Il en faut pour tous les goûts, reste à savoir quel public on visait…

Par contre, tous les visiteurs s’accordaient à reconnaitre la richesse des documents et pièces exposées. Aucun doute, il y avait une richesse inhabituelle qui permettait chacun de se lancer dans un grand voyage à la découverte d’Hergé. Tout cela était si fort, si puissant, qu’il me faut revenir sur quelques points particuliers…

Par exemple, la présence d’objet bien réels que l’on va retrouver dans les albums des aventures de Tintin. Il y a deux choses de nature différente. Il y a les objets d’art, de collection, historiques comme par exemple la statuette de l’Oreille cassée, mais cette fois celle qui date des années 1100-1450, reflet bien réel de la culture Chimú… Ou, dans un autre domaine, de nombreuses maquettes ont illustré le fait que l’auteur avait besoin de s’imaginer les choses de façon concrète avant de les dessiner : ainsi, quel plaisir de voir la maquette de la fusée lunaire…

Si Hergé avait besoin de voir les choses, il ne faut pas croire pour autant qu’il consacrait de trop longues périodes aux recherches historiques, géographiques, architecturales… Par exemple, quand il envoie Tintin en Ecosse (L’île noire), il ne connait pas le pays du tout. Quelques années plus tard, il décidera de moderniser un peu l’album, et en 1965 – un peu à la demande de l’Ecosse elle-même – il enverra son collaborateur Bob De Moor pour voir à quoi ressemblait le pays…

Un des moments jubilatoire de l’exposition, surtout pour les tintinologues comme moi et autres curieux de la BD, fut certainement l’exposition d’une planche à travers toutes ses étapes de création : on a le premier jet, sorte de brouillon plus ou moins découpé, un crayonné assez fait avec quelques détails déjà très élaborés, un encrage (encre de chine et gouache sur papier dessin), les bleus de coloriage, enfin, la planche telle que le lecteur la découvrira à la page 27 de L’affaire Tournesol… cette vitrine spéciale – comment nait une planche de bande dessinée ou genèse du récit en image selon Hergé – me permet d’affirmer qu’à elle seule elle justifierait presque la visite de l’exposition !

Mais comment oublier la leçon de cadrage d’Yves Robert – archives télévisuelles d’un grand intérêt – ou la salle consacrée à Hergé le publiciste, visage le plus caché et le moins connu du grand maitre de la bédé franco-belge ?

Enfin, j’ai apprécié les éléments donnés sur Hergé de l’occupation. En effet, souvent on résume Hergé à ses hésitations, ses silences, ses réserves… On a probablement raison mais j’ai quand même découvert un de ses personnages qui me laisse perplexe. Mr Bellum (publication à partir de 1939) est une sorte de résistant, certes très prudent et modéré, mais résistant quand même. Oui, il faut envisager une forme de résistance dans la discrétion, un combat sur papier, sans que cela règle toutes les interrogations sur Hergé…

Pour revenir au cœur de la bande dessinée, rappelons que les années de la guerre furent aussi celles de la couleur dans ses récits, ce qui n’est pas rien car ma génération a entièrement lu Les aventures de Tintin en couleurs…

Enfin, il y aura au moins un moment où j’ai vu les enfants sourire et profiter pleinement de l’exposition… C’est quand, au détour d’un couloir, on se retrouve face à face avec la 2 chevaux de Dupond et Dupont… Ils devaient aller trop vite car quand ils nous voient le coup de frein est très brutal…

Voilà, une grande exposition, très riche dans le fond, un peu faible dans sa scénographie et sa pédagogie, du moins pour le jeune public… Et ce n’est là que mon humble avis !

Deux petits détails encore… La quasi généralisation de la réservation de créneaux via Internet, même pour les jeunes avec gratuité, rend la visite fluide et évite les trop longues files d’attente, on ne peut que s’en réjouir. D’autre part, le catalogue de l’exposition est très agréable à lire, très bien documenté mais on peut regretter que la librairie de propose pas certaines études sur Hergé et Tintin publiées chez d’autres que Moulinsart… Un peu d’ouverture quand même, Tintin appartient à tous ses lecteurs… Non ?

Exposition Hergé à Paris… Juste une petite annonce !

Il y a peu, hier 28 septembre pour être précis, a été inaugurée une grande exposition consacrée à Hergé, le créateur de Tintin, entre autres. Ce personnage mythique, connu de tous ou presque, a construit la gloire de Hergé, parfois même une gloire ambiguë puisque certains critiques et lecteurs ont reproché à l’auteur belge quelques-unes de ses idées politiques : racisme, sexisme, colonialisme…

Au-delà de ces regards parfois cinglants, je vous propose plutôt de revenir en arrière et de nous pencher sur cette grande série des aventures de Tintin, albums que vous connaissez certainement. Il y a quinze ans, lors d’une animation bande dessinée à Chalon, je faisais un petit sondage en collège : 9 enfants sur 10  connaissaient le personnage de Tintin, avaient lu au moins une bande dessinée de cette série et avaient regardé les dessins animés à la télévision… Sur cette tranche d’âge – collégiens – c’était le personnage ayant la plus grande notoriété, loin devant Lucky Luke, Astérix, Gaston et autre Pif !

Comme beaucoup, j’ai découvert Tintin très jeune et il n’était pas question de cerner les idées politiques de l’auteur. Je me souviens de Tintin au Congo parce qu’il y avait plein d’animaux, y compris un boa qui osait manger le brave Milou… L’île noire à cause de gros singe fascinant… D’ailleurs, pour ce dernier album, il me faudra attendre très tard pour réaliser que le thème était une affaire de fausse monnaie… Je préférais regarder la bêtise des Dupondt !

Alors vous pensez bien que lorsque j’ai entendu dire qu’Hergé était raciste, je suis tombé de haut. On m’a parlé de sexisme et il a fallu aussi attendre longtemps pour que je réalise que les femmes avaient peu de place dans les aventures de Tintin. Encore plus de temps pour comprendre ce que les lois de protection de la jeunesse avaient provoqué comme aseptisation des histoires… Enfin, plus tard encore, j’ai compris que ce Tintin sans âge et sans sexe était la clef de la réussite de Hergé : tous les lecteurs peuvent sans difficulté aucune s’incarner dans le personnage… Hergé était peut-être beaucoup plus fort que ce que certains de ses contemporains pouvaient bien penser !

On doit donc relire cette magnifique série comme un ensemble, certes témoin de son temps, mais aussi comme fruit de la créativité de son auteur, Hergé. Oui, il est teinté de racisme, un racisme ambiant – ce qui n’excuse rien – mais dont Hergé n’est pas le promoteur inconditionnel. Oui, il y a du sexisme, oui les femmes sont pas les premiers rôles de la série, oui la Castafiore n’est pas l’incarnation d’une féminité incroyable… et en plus Hergé détestait l’opéra…

Durant la Seconde guerre mondiale, Hergé n’a pas réussi à se positionner de façon claire et nette et pour certains il flirta avec l’occupant tandis que pour d’autres il alla jusqu’à s’intégrer dans une certaine collaboration… Ce qui est certain, c’est qu’il ne fut pas un résistant – pas de doute dans ce côté-là – ce qui n’en fait pas pour autant un traitre à la Nation… Il put garder sa liberté sans être inquiété à la Libération grâce à l’appui de certains de ses amis… Donc, il en avait, ce qui est déjà bon signe car de l’argent, par contre, il n’en avait pas du tout…Il y a des albums de natures différentes, certains très personnels comme Le Lotus bleu ou Tintin au Tibet, certains nous font courir le monde de l’URSS naissante à l’Amérique du Sud révolutionnaire tandis que certains nous immobilisent à Moulinsart…

D’ailleurs, puisque j’évoque Les bijoux de la Castafiore j’aimerais préciser que dans cet album le racisme d’Hergé est remplacé par une certaine empathie envers les Gens du voyage… Surprenant, non ?

C’est bien la preuve que cette œuvre est inclassable, hors du temps, lisible par tous… et c’est probablement pour cela qu’un très grand nombre de visiteurs vont aller, que dis-je, vont se précipiter au Grand Palais pour une exposition qui restera dans les mémoires… L’exposition va durer jusqu’au 15 janvier et elle ne se limitera pas au Hergé auteur de bande dessinée, on aura aussi le peintre, le grand amateur d’art contemporain, le publiciste, le collectionneur… Mais je reviendrai vous en parler très vite, laissez-moi juste le temps d’y aller… Non, mais !

En attendant, très bonne lecture et à très bientôt !!!

Les fêtes romaines d’Autun 2016…

Il arrive parfois que début août, on ne sache pas trop quoi faire de son week-end. On a déjà fait les Estivales de brou, les Musicaves de Givry, Chalon dans la rue, on est allé au lac de Laives mais on a aussi testé ceux de Nantua, Vouglans… et on est là hésitant ! Faut-il aller aux fêtes romaines d’Autun ?Nous avons décidé d’y aller pour la première fois dimanche, sans trop savoir ce que c’était, sans idée préconçue et nous avons passé une magnifique journée. D’abord parce qu’il a fait beau, deuxièmement parce que nous ne connaissions pas l’amphithéâtre romain d’Autun et que nous l’avons trouvé beau, bien mis en valeur, agréable à arpenter paisiblement. Enfin, les fêtes romaines elles-mêmes nous ont bluffés, c’était un évènement d’une grande qualité et qui dépassait de loin nos espérances…Ces Journées romaines d’Autun – pour utiliser leur nom – sont organisées par la Légion VIII Augusta, une association qui a pour but de mettre en valeur le patrimoine, de faire le lien entre savants et passionnés d’une part et grand public d’autre part. Pour ces grandes journées autunoises, l’association fait appel à plus de 80 intervenants de qualité pour offrir au public les moyens de découvrir la vie quotidienne au temps de l’Empire romain, quand Autun était une grande de cet empire…

Le légionnaire romain

Il y eut, bien sûr, la présentation des troupes de légionnaires. Equipement complet, présentations statique et dynamique, mais surtout une multitude d’explications sur la vie quotidienne des soldats et de leurs familles, de l’alimentation au déplacement, de l’habitation à l’armement, de l’occupation quotidienne aux loisirs… J’ai retenu que le légionnaire marchait beaucoup, énormément. Il ne faisait pas beaucoup la guerre mais il construisait des routes, des aqueducs, des bâtiments administratifs…

Côté jeux – les romains étaient très joueurs – il n’y avait pas encore de Pokémon mais on jouait facilement aux dés, aux osselets, au morpion, au solitaire…

Le gladiateur

On a tellement d’idées reçues sur les combats de gladiateurs que je ne vais pas reprendre tout ici du début à la fin. Au moins l’année prochaine, vous serez motivés pour aller à Autun pour découvrir la vérité sur les gladiateurs…Le gladiateur a un statut spécifique, servile mais avec des libertés particulières, sous dépendance mais avec un contrat et un salaire, combattant avec de véritables armes mais avec moins de risques que ce qui est généralement dit : les mises à mort existent mais ne sont pas très nombreuses.

Bien sûr, à Autun, pas de mise à mort mais des combats de grande qualité avec des professionnels très entrainés qui nous montrent la violence des combats, les règles entre combattants, les armes utilisées… Super physique et spectaculaire tout cela !!!

Les métiers des romains

Pour moi, la très grande réussite de ces fêtes romaines d’Autun ce fut de présenter une multitude de métiers antiques avec des femmes et des hommes passionnés qui expliquent tout dans les moindres détails… On se serait cru dans une école mais une école où c’est l’expérience qui serait le vecteur de la transmission, pas seulement la parole !!!Je retiens tout particulièrement les explications sur la nourriture à Rome, les thermes, la construction des routes, la poterie, la coulée de bronze, le travail méticuleux de l’os pour faire des outils d’écriture, de couture, de décoration…. Tout était passionnant car porté par des passionnés, tout était précis car fruit d’études, de recherches, d’expérimentations… On y retournerait bien faire un petit tour…

Les Jeux Olympiques

Puisque nous étions dans la période olympique, il était normal d’avoir un focus sur ces jeux de l’Antiquité. Par le même groupe de sportifs professionnels que les combats de gladiateurs, une belle initiation aux jeux avec la participation très active des enfants toujours prêts à courir, sauter…. Non pas se battre car la lutte fut réservée aux pros !!!Une très belle journée et je ne peux que vous inviter ou pousser à y aller l’année prochaine car pour 2016, c’est terminé !!! Ite missa est !!!

 

 

Art, création, festivals et visages d’artistes… Que du bonheur !!!

Depuis le début de l’été, on est un certain nombre à fréquenter les festivals, moments très particuliers de la vie culturelle, en particulier en France. En effet, durant deux ou trois jours dans le plus grand nombre des cas, le public profite d’un très grand nombre de spectacles, avec des vedettes de qualité, avec des programmations osées, avec des conditions tarifaires très souvent hors normes… Mais tout cela n’est possible que parce que sur toutes ces scènes, il y a des artistes de qualité !!!Avant d’être sur scène, avant la mise en place des décors et costumes, avant l’histoire, avant la musique, avant la rencontre avec le public… il y a le visage porteur d’émotions, surface médiatique par excellence, passage des échanges…Un festival, comme par exemple celui de Chalon dans la rue, ce sont des dizaines et des centaines de visages d’artistes croisés, avec une multitude d’émotions à capter… Toute la palette des arts de la rue ! Le festival est une occasion d’observer tous ces visages d’artistes et de les aimer comme signe de notre diversité, créativité, bonheur…C’est un peu comme une collection mais en mieux : on les cherche, on les regarde, on les admire, on les range dans sa boite mais ils restent tous en Liberté !!!

 

Un bel album à découvrir en famille : Le plus beau jour de ma vie…

En lisant ce bel album, Le plus beau jour de ma vie, on mesure que le bonheur est bien souvent à notre portée mais que l’on n’ose pas l’attraper…

Le plus beau jour de la vie d’un de vos proches, enfants, petits-enfants, neveux ou filleules… ce sera, peut-être, quand vous lirez ce texte de Béatrice Ruffié Lacas et regarderez ces magnifiques dessins de Zaü en donnant un peu de temps à cet enfant qui attend tellement de vous… Non ?

Seul engagement à prendre dès le départ, au-delà de la lecture, c’est d’accepter de prolonger l’échange avec cet enfant qui ne manquera pas comme Louis d’attendre une bonne partie de jeu… Jouer ensemble, c’est si agréable !!!

Bon, ce n’est pas tout, j’ai une partie de Mille sabords à finir !!!

Chalon dans la rue : de l’entreprise au spectacle, Clowns d’affaires !!!

J’ai eu le plaisir, un peu par hasard, de voir jouer la compagnie Batchata durant le dernier festival Chalon dans la rue. Il s’agissait d’un spectacle de clowns, que dis-je de Clowns d’affaires !Alexandre Aflalo et Carine Bonan jouent les formateurs en entreprise avec un certain talent et, aussi, une bonne connaissance du sujet. Si on veut faire rire avec un thème pareil, il faut que chacun reconnaisse un petit quelque chose de vécu, d’expérimenté… surtout au début car après la séance de formation part en vrille pour le plus grand plaisir des spectateurs…Pour moi, si j’enlève le fait d’avoir ri de bon cœur ce qui fait toujours du bien dans ces temps difficiles, ce spectacle a été la preuve que l’on peut avoir, avec une forme relativement courte de spectacle (20 minutes), une tonicité et une énergie incroyables, faire rire avec du sérieux ou faire réfléchir avec du léger, emmener le public dans son délire et, tout cela, sans qu’il y ait la moindre frustration ! Oui, le court fonctionne bien quand il est fait de mains de maîtres !Quant à Carine Bonan, elle se révèle une excellente clownesse que j’ai appréciée tout particulièrement. Son métier n’est pas simple, nous vivons une période délicate et elle embarque le public avec brio. On devrait rendre ses séances de clowns obligatoires dans toutes les entreprises car je suis certain qu’après l’ambiance au travail serait bien meilleure… Non ?Donc si la compagnie Batchata passe près de chez vous (bientôt Libourne en France et Ecaussinnes en Belgique) ne les manquez sous aucun prétexte !!!

Edouard II s’invite à Chalon dans la rue…

Il y a quatre ou cinq jours, si on m’avait demandé de parler d’un certain Christopher Marlowe, j’aurais été très gêné car je ne savais que deux ou trois petites choses. Oui, il s’agissait d’un dramaturge anglais, presque contemporain de William Shakespeare… et probablement que je cessais là mon exposé. Je n’avais jamais vu de pièce de Marlowe, je ne l’ai jamais lu, silence total sur lui lors de mes études littéraires lointaines…

Mais il y eut Chalon dans la rue 2016, la pièce Edouard II jouée par Ring-Théâtre et une merveilleuse soirée malgré quelques gouttes de pluie… Maintenant, je n’en sais peut-être pas beaucoup plus sur Marlowe mais je connais une de ses pièces ou, plus exactement, ce qu’en ont fait ces artistes jeunes et talentueux qui sont venus la jouer à Chalon dans la rueLa compagnie Ring Théâtre est constituée de jeunes acteurs et professionnels du théâtre, tous formés dans de grands lieux de formation et dotés d’une intention forte. C’est eux qui le disent, ils veulent faire du théâtre populaire ! Qu’à cela ne tienne, je suis prêt à aller voir du théâtre populaire même s’il n’est pas toujours facile de définir ce que peut bien être le théâtre populaire ou un théâtre populaire… Mais, en fait, on s’en fiche un peu de savoir si ce que l’on va voir est populaire… Imaginez un spectateur de l’époque de Molière, le Molière en tournée en France, dans les villes de taille moyenne. Se posait-il des questions ? Pensait-il aller voir une pièce populaire ? Savait-il seulement ce qu’il allait voir ?D’ailleurs, quand je regarde Edouard II, je ris, je tremble, je crains le pire pour ce cher Edouard, j’ai pitié de lui quand il est en prison tandis que j’ai envie de le ramener à l’ordre quand il part en guerre contre Mortimer, Lancastre ou Warwick… A quel moment est-ce du théâtre populaire ? Quand je pleure ou quand je ris ? Ou, pourquoi pas, est-ce que cela devient populaire quand Gaveston fuit la cour en scooter ? Quand les grands de la cour entament une petite danse écossaise au son de la cornemuse ? Ou mieux, est ce que cela deviendrait populaire quand les guitares électriques se font entendre avec une certaines violence assez baroque ?Non, si être populaire se limitait à ce type de petite blagounette de la compagnie, la réflexion stopperait immédiatement là et ne présenterait aucun intérêt. Seulement, voilà, il se pourrait bien qu’être populaire soit beaucoup plus complexe… Etre populaire de mon point de vue, c’est par exemple être capable de remettre sur des gradins en plein Chalon dans la rue, un public multiforme, de tous les âges et de toutes les cultures, pour regarder une pièce de l’époque de Shakespeare, qui de surcroît dure presque trois heures, nécessite une quinzaine d’acteurs et touche un épisode de l’histoire d’Angleterre que nous ne connaissons pas beaucoup… Oui, et cela fonctionne bien, plutôt même très bien !J’ai été enchanté par le jeu des acteurs, par la qualité technique du spectacle – musique, lumière, bruitage, costumes – et par l’appropriation du lieu. Jouer une telle pièce est déjà un défi étonnant, la jouer dans un festival d’arts de la rue relève presque de la gageure !On ne voit pas le temps passer, on rigole de très bon cœur, on est surpris par la façon dont metteur en scène et scénographe ont travaillé ensemble pour proposer une pièce cohérente, intelligente, fine, humoristique, surprenante et dramatique, car, ne l’oublions pas, nous sommes bien dans une tragédie, une tragédie pure et dure comme l’époque a su en engendrer et comme Shakespeare a pu en écrire !

Certains sujets sont extraordinairement d’actualité comme le regard sur les homosexuels – on croyait en avoir terminé avec ces faux problèmes mais encore récemment en France on a pu mesurer que chez certains cela restait un point de blocage – ou la corruption politique, l’argent et le pouvoir, le pardon… franchement, c’est un très grand spectacle aussi pour tous ces liens avec nos vies quotidiennes…

Et c’est peut-être bien cela être populaire : rester au contact de la vraie vie, celle qui est quotidienne et qui rend le théâtre concret… On aurait presque pu vivre comme Edouard II, avec peut-être un peu moins de violence… quoi que !

J’ai apprécié les acteurs, le metteur en scène, les techniciens et comme tout le monde est à féliciter j’ai envie de ne pas citer les noms car en oublier serait trop injuste !

Si donc Edouard II par la compagnie Ring Théâtre passe à côté de chez vous, vous savez ce qui vous reste à faire ! Sachez que déjà que le 10 janvier 2017, la pièce sera jouée à Saint-Jean de Védas, près de Montpellier… et, puisque nous avions commencé notre article en parlant de Marlowe, sachez qu’à la médiathèque Jules Verne de cette même ville, il y aura le 13 janvier une conférence débat sur Marlowe et le théâtre élisabéthain…

Voilà, Chalon dans la rue n’est pas seulement une culture légère avec des saltimbanques – à mes yeux et mes oreilles le mot n’est pas péjoratif, loin de là mais j’ai bien compris que cette position n’était pas partagée par tous, même à Chalon – et des cracheurs de feu, c’est un festival majeur de la culture française où tout se mélange pour un enrichissement total de toutes nos cultures ! Et l’illustration par Ring Théâtre en est que plus forte même si le spectacle a été créé en 2014 dans un autre cadre !

Chalon dans la rue : du cirque à la poésie et vice-versa !!! avec Impact de la compagnie (rêve)2

La compagnie (rêve)2 est une compagnie qui propose ses créations depuis 2006. A l’origine, deux artistes ayant suivi l’école supérieure des arts du cirque, oui, le cirque ce n’est pas un truc sous chapiteau pour enfants, c’est bien un art qui a ses traditions mais aussi ses fulgurance modernes et contemporaines comme tous les arts… Naïma et Tico se sont rencontrés et ont décidé de créé ensemble, de surprendre, d’embarquer le public dans des voyages de beauté, de talent, de magie, de poésie…Fidèles aux arts du cirque, ils ont cherché ces chemins originaux qui prennent le public pour ne pas le lâcher. Quand le spectacle est terminé, les âmes secouées continuent à voyager… C’est là d’ailleurs la magie du spectacle et c’est pour cela que les spectacles de (rêve)2 ne sont pas des accumulations de performances mais bien des spectacles construits comme le dernier, celui présenté dans le cadre de Chalon dans la rue…Au départ, tout commence par du classique de l’acrobatie avec une femme et quatre hommes, cinq athlètes, cinq danseurs, cinq artistes… Oui car ces personnes qui sont là devant nous sont tout à la fois et c’est pour cela que l’on ne voit pas le temps passer, que l’on est émerveillé et qu’une fois Impact terminé, on reste là encore ébahi à attendre non pas un retour des artistes, mais plutôt notre retour sur terre…Je n’ai pas envie de vous en dire trop car je souhaite que vous puissiez découvrir ce spectacle pleinement et que vous soyez, vous aussi, conquis par (rêve)!!!Ils jouent jusqu’à la fin du festival, si les conditions météo sont compatibles avec ces arts du cirque, à 20h20 devant l’église Saint Pierre, place de l’Hôtel de ville…