Un jour, Wandrille m’a donné une bande dessinée et m’a demandé de la lire, d’en parler à la radio, d’en faire la promotion car, pour lui, c’était une réussite éditoriale, je n’ai pas dit commerciale ni financière… C’est ainsi que j’ai lu « Papa pas prêt ». Immédiatement, je l’avoue, j’ai adoré, fait lire, fait tourner… Mais je n’avais pas, en fait, interviewé l’auteur, un certain Sess…Quelques années plus tard, lors du 21ème festival de la bande dessinée de Cluny, je vois un auteur jeunesse au milieu des auteurs de bédés et après quelques minutes de discussion, il accepte de répondre à mes questions… On parle essentiellement de livres pour la jeunesse, la collection Clara et Fulgur Alex en particulier.Un des derniers sortis de cette série, « Super-Héros sous hypnose », fera l’objet d’une dédicace pour un de mes petits-enfants… Oui, je ne vous avez pas dit mais un de mes petits-enfants est bien tout simplement un super-héros mais n’ébruitez pas trop l’information qu’il puisse vivre en paix… Et c’est seulement en rentrant à la maison que j’ai fait le rapprochement avec la bande dessinée « Papa pas prêt » qui m’avait tant plu…Bon, maintenant, je le connais et la prochaine fois je prolongerai la discussion… Merci Sess pour ces minutes passées ensemble !
Ouverture du festival de la BD de Cluny, par Harmony, étudiante
Ce jeudi 28 mars à Cluny s’est tenue une conférence-débat dans le cadre du Festival de la BD de Cluny. Animée en particulier par Hervé Loiselet dans le cloître de l’Abbaye, aujourd’hui occupé par l’ENSAM, son sujet était la bande-dessinée intitulée Le bruit de la machine à écrire. Cet ouvrage a été scénarisé par Hervé Loiselet lui-même et dessiné par Beboît Blary.Mais de quoi parle cette œuvre, au juste ? Il ne s’agit ni plus ni moins que de la reconstitution d’une « drôle » d’affaire remontant à la Seconde Guerre Mondiale…C’est l’histoire de Christa Winsloe et Simone Gentet. Fuyant la violence, elles s’installent à Cluny en février 1944, agissant pour la Résistance. Seulement, leur comportement attire l’attention, dans le sens péjoratif du terme. Une fois arrivées, elles visitent l’endroit, ses environs. Chose peu commune venant de deux parfaites inconnues, dans la ville de Cluny qui vient de subir le traumatisme d’une rafle de 200 personnes, évènement traumatisant compte tenu de la taille du bourg. Mais il n’y a pas que ça : ce sont deux fêtardes, formant un couple lesbien, ce qui est atypique à l’époque. De plus, les deux femmes, directes, disent ce qu’elles pensent souvent sans filtre…Par ailleurs, travaillant le soir avec une machine à écrire, et Christa recevant beaucoup de courrier, on les soupçonne rapidement de travailler pour la Gestapo. La rumeur se répand…
Elles seront enlevées et abattues le 10 juin 1944 par des résistants, sans aucune preuve de leur dévouement au régime nazi.Suivant un procédé narratif volontairement circulaire, l’œuvre retrace une affaire historique floue, s’intéressant à ses différents acteurs, entre retours en arrière, détails et moments clés. L’œuvre aborde la question de la place de la Femme dans la Résistance, les conséquences de l’arrivée de deux artistes dans un village fraîchement marqué par la cruauté humaine, ainsi que les côtés sombres de la Résistance.Pour cette conférence marquant le début du 21ème festival de la BD de Cluny, il y avait de nombreux étudiants de l’ENSAM, les organisateurs de cet évènement…
Quand la danse nous transporte au paradis…
La soirée d’hier soir, vendredi 15 février 2019, à l’Espace des arts de Chalon-sur-Saône, avait des relents de saveurs paradisiaques. Enfin, pour ceux qui croient qu’il existe bien un paradis… Pour les autres, parlez de vos rêves les plus fous, de vos fantasmes de bonheur, de vos espérances de sérénité et autre plénitude… Moi, j’ai toujours envie de croire que le paradis existe et je me demande parfois s’il ressemble à une magnifique bibliothèque, à un repas gastronomique, une symphonie tumultueuse ou un ballet magistral ! Hier soir, j’ai comme compris que ce pouvait être un ballet, s’il venait de Lorraine, bien sûr !
En effet, la venue du CCN-Ballet de Lorraine à l’Espace des arts restera dans la mémoire d’une grande partie du public car les chorégraphies étaient de qualité – Twyla Tharp et Merce Cunningham – et l’exécution sous la direction de Petter Jacobsson à la limite de la perfection. C’est d’ailleurs cette perfection – ou son approche – qui m’a fait penser au paradis…
La première pièce, Sounddance, a donné immédiatement le tempo de la soirée. Difficile de vous dire ce que j’ai ressenti mais je vais essayer quand même… J’avais le sentiment de voir des être vivants – peut-être des animaux – tous différents en pleine action. Chacun donnait le sentiment de mener sa vie sur une musique surprenante, très contemporaine, de David Tudor. Ce compositeur américain est connu pour sa musique expérimentale, voire industrielle. Je fais partie de ceux qui aiment et donc je n’ai pas été surpris ni gêné, j’ai pu apprécier ce que chorégraphe et danseurs allaient pouvoir en faire… C’est alors que ce qui pouvait sembler de la danse individualiste ou chaotique a pris son sens… C’est un peu comme dans la jungle… Chaque animal mène sa vie, peut être admiré en tant que tel puis, l’heure venue, tous se dirigent vers l’eau du fleuve pour boire et on admire le collectif… c’est un peu ce que j’ai ressenti dans un premier temps…Puis, j’ai mesuré le rythme, la performance, la technique dont faisaient état les danseurs… Une merveille, tout simplement… Rapidement, même les moins sensibles à la musique n’avaient plus que d’yeux pour les danseurs et ce qu’ils réalisaient devant nous… Et quand le rideau tombe, on est là en se disant que l’on vient de vivre un évènement, quelque chose de particulier et que cette expérience va rester dans nos mémoires définitivement… et comme quand on regarde la nature, on ne garde pas un danseur ou un autre, un animal ou un autre, mais bien tout un ensemble magique et paradisiaque…
La seconde pièce m’a moins touché et m’a permis de reprendre des forces pour le ballet In the upper room, un moment étonnant avec une musique de Philip Glass spécialement écrite pour ce ballet. Et là, plus de doute j’étais bien au paradis…
Comment vous dire ce qui se passe lors d’un tel ballet… Premières notes, premiers mouvements, premières énergies et on quitte notre siège – pourtant de qualité depuis la rénovation de l’Espace des arts – et on atteint en quelques instant un nirvana lointain, magique, sacré, divin, inconcevable quelques minutes avant le lever de rideau… Ce n’est pas artistique, ni technique, ni physique, ni dynamique, ni fou, ni endiablé – tiens, pour un paradis l’image est osée ! – mais c’est tout cela à la fois et pendant 45 minutes on ne sait plus où donner des yeux, des oreilles, de la tête et du cœur… Tout s’enchaine, tout se voit, tout se dit, tout se montre et on absorbe tout sans en laisser une miette…Vous allez me dire avec raison, certainement, que la danse ne dit rien, qu’elle n’est pas si porteuse de sens, surtout quand elle contemporaine et je vous répondrais avec certitude que vous ne deviez pas être là hier soir à l’Espace des arts ! Car, hier, elle était tout cela et même plus !
Finalement, le plus difficile, ce fut de se retrouver dans son fauteuil et de se lever pour repartir dans le froid et dans la nuit… On était si bien au paradis !
Pascal Regnault vient pour une séance de dédicaces à Chalon-sur-Saône…
Pascal Regnault vient à Chalon-sur-Saône samedi 16 février, à la librairie L’antre des bulles pour une magnifique séance de dédicaces à partir de 15h. Ce sera l’occasion de rencontrer et deviser avec le dessinateur des histoires Trou de mémoire et Balle tragique pour une série Z, deux bandes dessinées dont je vous ai déjà parlé… Mais, Pascal Regnault c’est aussi un dessinateur qui s’est retrouvé progressivement aux commandes graphiques de la série Canardo, excusez du peu !Canardo est une série qu’a créée Benoît Sokal à partir de 1978 en collaborant au magazine (A suivre). Au départ, ce furent des petits récits puis on en vit à des histoires longues qui prirent place dans de très beaux albums… J’avoue avoir aimé ce canard, que dis-je, cet inspecteur pas très futé, un privé à l’ancienne, capable de quelques facilités, approximations et autres vulgarités… mais qui finit toujours, plus ou moins, à conclure le travail… On dit que ses modèles furent Philip Marlowe et Mike Hammer. Oui, vous l’avez bien compris, on est au cœur du roman noir américain… Le vieux polar couvert de poussière que l’on dégage à coup de souffle pour le plaisir…Attention, roman noir mais bande dessinée animalière et en couleurs… L’inspecteur est bien un canard anthropomorphe. Comme souvent ses illustres modèles, il est alcoolique, fumeur, dragueur, dépressif… Mais tout cela en beaux dessins en couleur ce qui évite aux lecteurs la chute trop violente dans cet univers glauque car ici on est bien au cœur du glauquissime !Seulement voilà, Benoît Sokal n’est pas le genre à se laisser enfermer dans une seule série, une seule activité même s’il fait tout du scénario au dessin sans oublier les couleurs… Aussi, en 1994, quand il se lance dans le jeu vidéo, une autre de ses passions, il pense à se faire aider sur la série Canardo… La rencontre entre Pascal Regnault et Benoît Sokal a lieu grâce à un intermédiaire et finalement le contact initial se transforme en collaboration… qui dure ! Le créateur de Canardo lui demande de travailler avec lui pour garder le rythme d’un album par an… Au départ une aide graphique, les couleurs puis le dessin seul !Alors, oublions un instant Pascal Regnault qui s’est fondu dans la série et revenons à Canardo lui-même… Depuis quelques albums, il se passe des évènements dramatiques dans le duché du Belgambourg… En effet, la population wallonne, du moins la partie ouvrière et populaire, passe clandestinement le lac Belga pour venir « envahir » le duché qui vivait paisiblement… Jusqu’à cette date, les seuls étrangers qui arrivaient au Belgambourg venaient pour ne pas subir leur fiscalité nationale, pour blanchir des revenus pas très nets, pour vivre paisiblement de leur fortune… Ainsi, on verra l’ancien policier Garenni prendre la tête de la police du lac…
Attention, il ne faut pas que je vous en dise trop car ces albums (Mort sur le lac, La mort aux yeux verts, Un con en hiver) sont liés entre eux et je dois préserver le suspense. Oui, je sais bien que le suspense n’est pas le point capital de la série, il n’en demeure pas moins que dans une série policière on ne peut pas tout vous dire si on veut que vous puissiez lire avec plaisir… Donc, je vais faire état de mon devoir et droit de réserve !
Il n’en demeure pas moins que l’on sent un renouveau et une redynamisation de la série. Au scénario, Benoît Sokal est aidé par son fils Hugo et au dessin, Pascal Regnault œuvre seul avec assurance et talent. Le tout fonctionne très bien, c’est le bonheur garanti pour les lecteurs et il se dit même que certains lecteurs des origines qui avaient oublié la série y reviennent avec délectation…
Il me semble donc juste et raisonnable de venir rencontrer à Chalon, ce samedi 16 février 2019, Pascal Regnault qui est bien en train de devenir un grand de la bande dessinée ! C’est en tout cas mon avis et je suis fasciné par ses talents pour mettre en scène ces histoires policières et noires qu’il semble bien aimer !
Rencontres à Angoulême : Wilfrid Lupano et Relom avec Michel
Wilfrid Lupano est un scénariste, certes, prolixe, mais surtout pertinent ! Je lis ses ouvrages depuis longtemps, presque depuis le premier, et je l’ai interviewé plusieurs fois, toujours avec autant de plaisir, d’attention et de satisfaction… En fait, pour être précis, c’est avec la série Alim le tanneur que je l’ai découvert (dessin de Virginie Augustin) et jamais je n’ai été déçu par ses bandes dessinées. Certes, elles peuvent être plus ou moins fortes, géniales ou agréables, mais elles ne sont jamais mauvaises, du moins à mes yeux, et ce malgré l’avis de certains…
Chaque année, à Angoulême ou Saint-Malo, je tente de le rencontrer car ses productions multiples permettent des interviews variées même si elles sont régulières. Cette année, durant le festival international de la bande dessinée, il fut question, avec lui et son dessinateur Relom, de la série Traquemage qui se termine avec son tome 3, Entre l’espoir et le fromage.Il s’agit-là d’une fable, d’une drôlerie, d’une fantaisie – qu’importe le nom pourvu que l’on ait l’ivresse – qui pourrait être qualifiée d’écolo, alternative, anticapitaliste, fromagère, délirante, déjantée… Mais, là encore, n’allons pas trop vite ni trop loin. Cette fable pourrait être aussi humaniste, philosophique, métaphysique, politique, économique (et chacun remettra les mots dans l’ordre qui lui convient).Quant à moi, je trouve cette fable lupanesque, tout simplement. C’est-à-dire qu’elle est tout cela à la fois et c’est justement ce qui me plait chez ce scénariste depuis toujours… Dans Alim le tanneur, en faisant preuve d’une réflexion forte avant beaucoup, il pointait du doigt les religions quand elles sortent de leur cadre traditionnel – la vie privée et intérieure de chacun – pour devenir un objet de pouvoir politique. En clair, c’était la dictature des clercs… Et, ici, avec Traquemage, il continue et enfonce le clou !
Pistolin, son village de Troussec, ses cornebiques et son fromage, le Pécadou, tout cela, c’est nous, l’humanité normale et paisible… Enfin, celle qui aimerait bien rester paisible ! Seulement, voilà, dans ce monde de fou il y a des perturbateurs, des mages, des tyrans de toute nature et même un Dieu un peu perdu… La survie va s’avérer délicate mais il ne faut pas désespérer de voir Troussec retrouver un peu de tranquillité+…
Pour une fable, pour raconter une telle histoire décalée, il fallait trouver un dessinateur de qualité et il a bien été trouvé, Relom. Or, durant ce festival, j’ai eu la chance de rencontrer les deux, Relom et Lupano, et ce fut un plaisir…On a pu parler du projet, de la recherche de l’équipe pour le réaliser, de son apparition dans le monde éditorial, des objectifs déclarés de Lupano, de la façon de travailler de ce duo improbable… Que faut-il garder en mémoire de cet entretien ? Le mieux est que vous patientez un peu pour l’écouter à la radio et vous faire votre opinion vous-mêmes… Mais… Je peux quand même vous donner mon avis…
En fait, on rencontre-là un Lupano simple, modeste, paisible et profond. Il dit le respect qu’il a pour les différents dessinateurs qui ont travaillé avec lui… Il parle aussi de ceux avec qui il aimerait travailler mais qu’il n’ose pas venir déranger dans leur travail… Il démontre, une fois encore, qu’il est tout simplement un grand, timide et modeste, chaleureux et plein d’humanité, un homme que je suis content de rencontrer régulièrement et qui fait grandir la bande dessinée même s’il ne revendique surtout pas cette mission…
« Moi, je me contente de raconter des histoires… C’est mon plaisir ! »
Et c’est le nôtre aussi. Merci !
Rencontres à Angoulême : Jean Dytar avec Estelle
« Florida » est une bande dessinée qui peut à la fois faire peur par son impressionnant volume (256 pages) et attirer par la poésie se dégageant de la couverture. Une fois ouverte, il est très difficile de la lâcher. En effet, Jean Dytar nous emmène avec cet ouvrage dans le Londres de la fin du XVIe siècle. Nous suivons à travers le regard d’Eléonore, l’histoire de la conquête de la Floride par la France et plus particulièrement le destin de Jacques Le Moynes, son mari. Ce dernier a fait partie, alors qu’il était un jeune cartographe, d’une expédition en Floride qui fut un véritable échec. Traumatisé par son expérience, il lui faudra du temps avant de confier son histoire à sa femme et aux lecteurs….
Jean Dytar signe ici son troisième ouvrage historique et nous apprend que l’Histoire n’est pas toujours celle que l’on croit… Lorsque que nous avons rencontré cet auteur complet avec Roxane, nous avons pu l’interroger sur son choix de concentrer l’histoire sur le point de vue d’Eléonore. Il nous expliqua que cela était né de son envie de créer un personnage féminin fort et du mystère qui entourait l’épouse de Jacques Le Moynes, dont on ne savait que très peu de choses.
Jean nous parla également de son dessin, qui exploite deux atmosphères différentes : l’une pour les souvenirs, l’autre pour le présent. Un autre point à noter est qu’il a structuré ses pages autour d’un réseau de lignes que l’on retrouve dans les cartes marines. Associé au dessin vaporeux des souvenirs, ces lignes créent une cartographie mentale des personnages, inspirée du travail de Pascal Rabaté dans « Ibicus ».Alors que l’on pourrait s’attendre à un nouveau récit historique se déroulant pendant la Renaissance, l’auteur nous surprend en nous informant de la sortie de son prochain album, qui se trouve être une bande dessinée jeunesse et se déroulant dans le monde contemporain ! Mais comme l’action se passe au Louvre, une dimension historique restera néanmoins présente… On ne se change jamais totalement !
Cette rencontre fut très plaisante et le temps que Jean a pris pour nous faire nos dédicaces nous a permis à Roxane et moi de poursuivre plus longuement notre discussion et de poser encore quelques questions. Une discussion très enrichissante, indiscutablement ! Merci !
Rencontres à Angoulême : Robin Cousin avec Roxane
Les nouvelles technologies dont désormais bien ancrées dans nos vies. Il y a des applications pour tous nos besoins : GPS, réseaux sociaux, météo, … Il existe même un coach personnel pour nous aider à mieux gérer notre vie. Enfin ça c’est ce qui existe dans la bande dessinée «Le profil de Jean Melville».
Dans l’œuvre de Robin Cousin, une application révolutionnaire de coaching individuel sur lunettes connectées voit le jour. Ces lunettes peuvent être des alliées très utiles : connaître le meilleur chemin pour se rendre au boulot, avoir un guide pour la cuisine, nous souffler les meilleures réponses à dire à nos interlocuteurs… Toutefois, attention de ne pas perdre tout pouvoir de décision et réflexion, et même notre humanité. Eh oui car l’humanité, c’est, aussi, se tromper, c’est ne pas savoir quoi faire, découvrir !
Robin Cousin nous livre une œuvre questionnant et critiquant notre usage de ces nouvelles technologies et non les technologies en elles-mêmes. Et tout ça sur fond de polar car il ne faut pas oublier cette partie. «Le profil de Jean Melville» a été pensé avant tout comme une enquête policière. Enfin policière pas tout à fait, nous suivons le détective Gary enquêter sur les sabotages des câbles sous-marins d’Internet pour le compte de la multinationale de consulting Jimini, les créateurs des fameuses lunettes.
Toute cette histoire est accompagnée d’un dessin au style très simple mais très efficace. On voit se mettre en place un dessin épuré à l’extrême ou presque : moins de détails, des personnages plus simples, des décors non surchargés. Le dessin est donc au service de l’histoire, de sa compréhension et non l’inverse. De plus avec la couleur, Robin Cousin traite la superposition de la réalité et des éléments virtuels lisibles et envoûtants à regarder. D’un point de vue pratique, ce style graphique permet de sortir des livres plus rapidement. Et à l’instar du Tintin d’Hergé, grand maitre de la ligne claire, ce dessin permet de lire rapidement et ne pas s’arrêter sur chaque page. Ça permet de retranscrire la rapidité des mouvements comme le disait Hergé. «Le profil de Jean Melville» est une bande dessinée à la fois intéressante dans le dessin et dans l’histoire. Avec d’autres projets en cours, dont plusieurs collaborations en tant que scénariste, Robin Cousin avec 10 ans de festival d’Angoulême en tant qu’étudiant, d’actif et d’auteur, derrière lui, reviendra l’année prochaine pour nous présenter de nouvelles œuvres.
J’ai été contente de rencontrer et interviewer Robin Cousin lors du festival d’Angoulême. J’ai pu lui poser les questions qui me taraudaient sur sa bande dessinée et j’ai beaucoup apprécié ses réponses… mais pour en savoir plus il faudra écouter l’émission de radio…
Rencontres à Angoulême : Nathalie Ferlut avec Estelle
Ma première rencontre avec Nathalie Ferlut fut à travers la poétique bande dessinée « Dans la forêt des lilas » dont elle est la scénariste. J’ai immédiatement été attirée par la sublime couverture créée par Tamia Boudouin avec qui, je l’appris par la suite, Nathalie avait déjà travaillé pour « Artemisia ».
En rencontrant l’autrice, juste après une de ses séances de dédicaces, j’étais très interrogative. Pourquoi avait-elle choisi d’être seulement scénariste sur cette BD alors qu’elle sait elle-même dessiner ? Comment construit-on une histoire qui se caractérise surtout par son dessin et son atmosphère ?Nathalie Ferlut me raconta que justement, cette histoire, elle l’avait écrite pour Tamia. Pour son dessin à elle. Elle compare leur collaboration à du Jazz : « Même quand c’est de l’improvisation, pour le peu qu’on se connaisse bien, on se répond et on essaye de mettre en valeur les choses ».
Ce fut aussi l’occasion de parler de ses inspirations. Si « Dans la forêt des lilas » m’avait fait penser à un mélange d’Alice au pays des merveilles, à l’univers des sœurs Brontë et à la bande dessinée « Emma G.Wilford » par Zidrou et Edith, j’ai pu apprendre que c’est surtout les contes de la comtesse de Ségur qui ont influencé son travail. Mais elle me confia également que cette histoire représentait une partie de sa vie où beaucoup de personnes de son entourage étaient malades, l’écriture lui avait donc certainement permis d’évacuer tout cela.
Après cela, Nathalie m’expliqua la relation entre les deux sœurs de l’histoire. Celles-ci sont toutes deux opposées mais complémentaires, comme les deux faces d’une seule pièce. C’est pourquoi ces personnages sont aussi intéressants.
Notre échange fut donc très instructif pour moi, et ce fut un réel plaisir de rencontrer cette femme très sympathique et pleine de bienveillance. Je suis donc repartie non seulement avec une très jolie dédicace, mais aussi avec le sourire aux lèvres, heureuse d’avoir découvert et rencontré une autrice très talentueuse.
Rencontres à Angoulême : Claude Guth avec Roxane
La couleur fait pour moi partie intégrante du dessin. Je ne peux pas imaginer le trait et la couleur séparés l’un de l’autre. Et pourtant, le monde de la dessinée découpe le dessin en plusieurs métiers, le scénariste, le dessinateur, le lettreur, l’encreur et le coloriste…
C’est sur ce dernier métier que nous allons nous attarder. Dans les dernières nouveautés de la maison d’édition Soleil, Il y a Sangre, une nouvelle série de planet-fantasy d’Arleston, le créateur de Lanfeust de Troy. Cette fois-ci, il est accompagné d’Adrien Floch au dessin et Claude Guth à la couleur !Et c’est justement Claude Guth que j’ai pu interviewer. Saviez vous que les deux noms présents sur la couverture sont ceux du scénariste et du dessinateur, et que celui du coloriste n’a jamais cette chance. Toutefois cela ne gène pas Claude Guth. Il se considère comme l’auteur des couleurs. Le coloriste est un métier de l’ombre. Ironiquement son rôle est de mettre en lumière l’action au sein des cases, donner une ambiance et fluidifier l’histoire.Rien ne destinait Claude Guth à la bande dessinée. C’est dans les assurances qu’il a commencé pour ensuite aller dans le graphisme et la communication. Au final, il reprit des études d’art après avoir découvert le mondes des couleurs en colorisant des bédés pour un magasine de sa région natale : l’Alsace.
A l’école des arts déco de Strasbourg, il apprit le métier d’illustrateur, la narration par l’image. Au terme de trois années d’études, il pu commencer à travailler sur des projets de bande dessinée de plus en plus intéressants en tant qu’illustrateur et de coloriste. Ces projets l’ont mené par la suite sur Lanfeust et Troll de Troy. Économiquement, ce fut une occasion en or mais aussi l’occasion de rencontrer Arleston et Adrien Floch. Il travailla par la suite à de nombreuses reprises avec eux sur divers projets jusqu’à Sangre. L’entente entre le dessinateur et le coloriste semble essentiel. En effet, le dessinateur doit accepter de déléguer la couleur de son dessin à une autre personne. Une entente qui se passe donc très bien entre Adrien Floch et Claude Guth qui n’en sont plus à leur première collaboration.Malheureusement, les coloristes sont très peu représentés et mis en avant dans le monde de la bande dessinée au grand regret de Claude Guth. Son souhait serait de voir un prix au festival d’Angoulême pour les coloristes et donner ainsi une visibilité à sa profession au niveau national et international… Quand sera-t-il entendu et suivi ?
Estelle à la conférence de presse de Guy Delcourt…
Nous démarrons officiellement le festival international de la bande dessinée d’Angoulême par la conférence de presse Delcourt. C’est une sorte de grand-messe médiatique durant laquelle la maison d’édition et son grand chef, Guy Delcourt, annoncent les points forts de l’année à venir…
Dans le hall du CGC, nous sommes accueillis chaleureusement par du jus d’orange et des viennoiseries, c’est l’occasion de déjà repérer quelques têtes connues, notamment celles de Boulet, Jérémie Moreau et Davy Mourier. Après s’être fait gracieusement offrir du pop-corn dans une éco-cup à l’image de la maison (oui, être journaliste a du bon), la présentation commence. Cette dernière revient sur les 30 ans des éditions Soleil mais aussi sur les 10 ans de la collection Métamorphose, en revenant sur leurs incontournables respectifs.
La seconde partie de la conférence fut dédiée à l’annonce des prochaines sorties : préparez vos portes monnaie, car de beaux ouvrages sont à venir !
Chez Soleil nous pouvons notamment citer « La Guerre de Tolkien », qui va retracer l’expérience du père du « Seigneur des anneaux » pendant la guerre de 14-18 et surtout la bataille de la Somme. D’autre part, « Le Boiseleur » promet beaucoup de poésie, avec l’histoire d’un jeune sculpteur de bois, passionné d’oiseaux. Les plus jeunes ne seront pas en reste avec « Lulu et Nelson », le nouveau projet d’Aurélie Neyret, la dessinatrice des « Carnets de Cerise ».Côté Delcourt, si vous avez aimé « La saga de Grimr », vous serez également conquis par « Penss et les plis du monde » de Jérémie Moreau également, avec une histoire qui se déroule cette fois-ci durant la préhistoire. De même, les fans de « Blacksad » et de séries animalières trouveront leur compte dans « Les Cinq Terres », un beau projet de série fantastique avec David Chauvel au scénario mais secondé par toute une équipe. Pour finir, FibreTigre et Arnold Zephir signent avec Héloïse Chochois « Intelligences Artificielles, miroir de nos vies » qui plaira à tous ceux qui s’interrogent sur la création et les enjeux de cette technologie.
Certes, il ne s’agit là que de mes ressentis mais cette année 2019 promet d’être riche en lectures et chacun devrait trouver chaussure à son pied ou album à son goût ! Alors à vos BD, prêts ? Partez !