Il est grand temps que je continue à vous raconter mon festival d’Angoulême… En effet, après la très belle rencontre avec Tiburce et Philippe, j’ai du courir un peu pour rejoindre l’hôtel Mercure où m’attendait Sandrine Revel. Heureusement, pour moi, elle m’attendait patiemment et j’ai pu l’interviewer avant qu’elle ne reparte, elle-aussi, pour une autre interview…
Je suis très heureux de cette rencontre car elle aborde un sujet délicat et important, sociétal et profondément humain… La violence sexuelle n’est pas que l’apanage des prêtres et autres instituteurs, elle touche tous les milieux, toute la société et si on veut l’éradiquer, alors il faut en parler et changer nos modes d’éducation… Le conte peut être un moyen d’aborder le sujet sans tomber dans l’inaudible, dans le glauque, dans l’inabordable avec les enfants… sans pour autant oublier la gravité des faits !
Sandrine Revel nous raconte comment est né le projet, comment Théa Rojzman a conçu son conte, pourquoi elle a tout de suite accepté de le dessiner, comment elle a travaillé… Le résultat est merveilleux, c’est un très beau livre et c’est pour cela que je suis heureux qu’il ait obtenu, c’était le lendemain de notre rencontre, le prix des lycéens 2022, FIBD/Académie de Poitiers. C’est entièrement mérité et justifié !
Pour ce qui est du conte lui-même, je vous laisserai découvrir pourquoi certains se taisent, pourquoi certains personnages semblent avoir perdu la tête et surtout pourquoi on croise tant de « bleus »… D’ailleurs, vous l’êtes peut-être aussi et cela vous fera du bien de lire cet album…
Dès que notre entretien est terminé, je n’ai qu’à juste changer de salle pour rencontrer Stephen Desberg et partir pour l’enfer… Sérieux, quand je dis « l’enfer », je ne parle pas de la qualité de l’entretien avec Stephen Desberg, mais bien de la visite dans laquelle il m’entraine en compagnie de son dessinateur Tony Sandoval !
La descente aux enfers est un sujet classique et fortement marquée par nos éducations. Desberg arrive avec un catholicisme solide, celui de sa maman, un athéisme certain, celui de son père et Tony Sandoval la culture mexicaine autour de ces enfers… Le tout est explosif, effrayant et, pourtant, plein d’espérance comme le lecteur s’en rendra finalement compte…
Cet album est intéressant, pour ne pas dire plus, pour sa construction, sa réalisation artistique et les valeurs qu’il porte. Pour ce dernier point, le plus important selon moi, passée l’émotion artistique bien réelle et justifiée, est de comprendre que nul n’est totalement mauvais (il y a des circonstances, des explications, des psychologies… et jamais d’excuses) et que l’enfer est avant tout notre enfermement dans nos absurdités, nos dysfonctionnements, nos erreurs et dès que l’Amour reprend le dessus, alors les portes de l’enfer peuvent se rouvrir pour le meilleur ! « Volage » est donc un livre à lire et relire !
Quand on rencontre Stephen Desberg, avouons-le sans détour, il est difficile de ne pas parler de toutes ses autres séries, ou du moins de celles que l’on a le plus appréciées… Donc, je me laisse aller à en aborder quelques-unes comme la suite donnée à SOS Bonheur ou IRS… Ce qui est fascinant c’est de constater que Desberg se laisse aller à avouer que certaines suites ou prolongements de séries ont été trop commerciales tandis que certains albums ont été personnels et forts… Il regrette aussi clairement que certains auteurs comme Jean Van Hamme n’aient jamais été récompensés à Angoulême… Un beau moment de vérité, de simplicité, d’authenticité humaine que j’apprécie beaucoup ! Merci monsieur Stephen Desberg de ces minutes passées ensemble !
Heureusement, après ces deux entretiens au Mercure, je n’ai pas besoin de courir car la rencontre suivante avait été annulée pour train manqué…
(A suivre !)