Toujours surprenant de constater que les rendez-vous ne se répartissent pas de façon régulière dans une journée de festival. Parfois, on a des creux, des moments presque de méditation, tandis qu’à certaines heures, il faudrait être à plusieurs endroits à la fois… Il me faut donc être patient, rapide dans mes déplacements, précis dans mes questions pour ne pas perdre trop de temps… Et ce jeudi matin d’Angoulême, tout a commencé paisiblement… Une seule interview au programme, la rencontre avec Frédéric Brémaud, un scénariste…
Petite information en passant. Ne vous inquiétez pas si vous voyez parfois Brrémaud avec deux « r », ou Brémaud avec un seul « r », il s’agit bien du même scénariste !
J’attendais cette rencontre car j’ai beaucoup apprécié ses adaptations de romans d’Agatha Christie. Avec Alberto Zanon au dessin, il a fait chez Paquet trois albums avec Poirot comme héros : ABC contre Poirot, Le crime du golf et, petite nouveauté, Drame en trois actes. J’aime sa façon de découper les histoires, de sortir du modèle de la série TV avec David Suchet… On sort du regard que cette série TV a imposé, on est dans une création personnelle même si les romans restent les mêmes, les coupables sont connus, les meurtres ne changent pas… Mais, le passionné d’Agatha Christie s’y retrouve tout en étant embarqué dans la mécanique de Brémaud qui fonctionne très bien… Frédéric me confie qu’il avait été sur le point de refuser de faire ces adaptations mais qu’il avait accepté car finalement on lui avait laissé la liberté de choisir les romans, que la pagination permettait de construire un polar de qualité, que l’on n’était pas obligé de se limiter aux romans les plus connus…
Mais Frédéric Brémaud c’est aussi un très bel album que j’ai adoré, Les vacances de Donald. Chez Glénat, on nous propose depuis quelques petites années, des histoires des héros de Disney mais avec des bédéistes franco-belges aux commandes. C’est globalement très réussi et chaque auteur peut se laisser aller à raconter le Mickey qu’il avait attendu, le Donald de son enfance, la Minnie dont il était amoureux, le Patibulaire qui lui faisait peur… Là, Frédéric Brémaud nous invite à lire un album sans texte, très dynamique, que l’on dévore sans répit… De la bande dessinée à l’état pure, un récit brut d’une perfection étonnante… J’ai adoré et l’entente avec le dessinateur Federico Bertolucci semble avoir été si bonne qu’ils vont certainement récidiver prochainement… Mais les deux artistes se connaissent bien car ils ont réalisé ensemble, entre autres, les série Love et Brindille. Un très beau moment pour des albums de qualité à découvrir ou relire…
Le reste de ma matinée est consacré à la conférence des éditions Dupuis qui annoncent leur anniversaire… 100 ans, ce n’est pas rien ! Mais disons que cette conférence de presse m’a un peu laissé sur ma fin. Peu dynamique, manquant de participation d’auteurs, avec peu d’informations précises… Bref, en sortant, une seule chose est certaine : Gaston Lagaffe va revenir ! Enfin, on a trouvé un dessinateur pour reprendre la série, Delaf, coscénariste et dessinateur de la série Les nombrils. Petit bémol, même si les éditions Dupuis semblent sûres d’elles, la fille de Franquin, elle, est opposée à cette reprise… Alors, attendons et voyons bien ce qui se passera…
Si la matinée fut calme et sans surprise, l’après-midi fut plus mouvementée avec 5 interviews et deux lapins… Le premier lapin fut rapidement posé, Stéphane Créty a raté son train et donc il allait arriver seulement pour le lendemain et n’avait aucun créneau libre pour rattraper on absence. Je le croiserai rapidement le lendemain et nous avons décidé de nous voir à Metz, sa ville de résidence, ville de ma Lorraine de cœur, donc rien de perdu… Quant au deuxième lapin, plus banal, il est lié au fait que Lionel Richerand a tout simplement disparu après sa séance de dédicace… Heureusement, on a retrouvé trace de cet auteur plus tard dans la journée et j’aurai l’occasion de l’interviewer prochainement à Paris…
L’après-midi commença donc par la rencontre avec Philippe Pelaez (scénariste) et Tiburce Oger (dessinateur). Ils sont là pour présenter le premier volume d’un diptyque, Enfer pour Aube… Il faut que vous sachiez que les rendez-vous avec auteurs à Angoulême sont grosso modo calibrés à 30 minutes et que nous devons respecter les horaires pour ne pas perturber l’organisation de chaque maison d’édition. Cette rencontre eut lieu dans l’espace presse des éditions Soleil/Delcourt et tout a bien failli mal finir, c’est-à-dire hors délais…
Il faut dire que Tiburce, à peine arrivé, a voulu nous montrer, à son scénariste et à moi-même, les originaux magnifiques qu’il avait avec lui… Moment exceptionnel, travail étonnant en grand format, bonheur absolu pour les amateurs de bande dessinée, mais qui nous a fait perdre du temps d’interview et qui ne peut pas être « montré » en radio…
Il a donc fallu le stopper dans ses élans même si par ailleurs on aurait bien aimé tout voir et le faire commenter… Heureusement, une fois plongés dans l’entretien les deux auteurs sont passionnants… On finit même par rire de bon cœur quand Philippe Pelaez nous avoue se sentir un usurpateur à Angoulême, se sentant plus prof que scénariste… tandis que Tiburce avoue qu’il triche parfois dans découpage pour éviter de dessiner certaines scènes ou mouvement… Un usurpateur et un tricheur pour une série qui se déroule dans les bas-fonds parisiens…
Un très beau moment centré sur la bande dessinée, l’art, l’histoire, la politique… Ouvrez seulement cet album et vous comprendrez très vite pourquoi j’ai été séduit…
Mais, à peine la trentième minute écoulée, je suis obligé de les quitter pour foncer vers le fameux hôtel Mercure d’Angoulême où m’attend la prochaine de ma liste, Sandrine Revel… Mais c’est une autre histoire…
(A suivre !)