Festival d’Angoulême 2O22, troisième partie…

Toujours le mercredi après midi, c’est-à-dire durant ce temps réservé aux journalistes avant que le festival soit ouvert au public, j’ai eu la chance de rencontrer Etienne Oburie, dessinateur de bandes dessinées, en particulier la dernière parue, Monsieur le Commandant. Il s’agit d’une adaptation en bédé du roman épistolaire de Romain Slocombe, avec un scénario de Xavier Bétaucourt.

Pour ce qui est de la rencontre avec Etienne, elle est d’autant plus facile à organiser qu’il s’agit d’un auteur travaillant et vivant à Angoulême. Il partage un atelier avec des artistes qui touchent au jeu vidéo, au son, à l’image… Oui, ici, à Angoulême, on ne fait pas que de la bande dessinée… Et Etienne avait à la fois besoin d’un atelier pour ne pas se retrouver seul devant sa planche à dessin, mais aussi riche par la diversité car il ne voulait pas rester enfermé juste avec des auteurs de bédés… Là, il est tout simplement heureux et efficace !

Dans l’ambiance encore paisible de la salle de presse du festival, il prend le temps de présenter avec passion, professionnalisme et conviction, l’ensemble de son travail… On parle surtout du petit dernier qui a eu la particularité de le faire fréquenter durant de longs mois un personnage particulièrement désagréable, au départ, lourd et pénible, en cours d’album, et même foncièrement mauvais à la fin de l’histoire… Et c’est là toute la difficulté pour un dessinateur quand il doit créer un personnage mauvais qui est, de fait, le personnage central de l’histoire. On doit le dessiner et redessiner, on connait ses traits par cœur, ses formes, ses expressions… et, pourtant, on le déteste !

L’album, malgré la noirceur du personnage, est une belle réussite. D’un roman épistolaire, le scénariste Xavier Bétaucourt a fait une histoire claire, facile à lire et le tout avec des personnages bien ciblé et posés. Etienne Oburie a construit une narration graphique solide, efficace et accessible aux lecteurs d’un grand public… Mais, heureusement, la guerre n’est pas d’actualité, les auteurs et Etienne Oburie ne sont pas stressés par la guerre… Les organisateurs ne pensent pas qu’à cela et les lecteurs ont bien autre chose en tête…

Euh… ou pas, en fait !

Pour se changer les idées, d’ailleurs, rien de tel qu’une exposition consacrée à Shigeru Mizuki… Normal, à 20 ans ce jeune artiste est enrôlé dans l’armée impériale japonaise et il perd le bras gauche (alors qu’il était gaucher) et attrape la malaria… avant d’être prisonnier de guerre !

Je ne vous raconte pas toute sa vie car c’est son œuvre qui est importante car ce gaucher va apprendre à dessiner avec sa main droite et va devenir un mangaka reconnu pour ses histoires d’horreur (monstres et fantômes en particulier) et ses récits de guerre…La visite guidée permet de comprendre le travail de Mizuki que je ne connaissais pas vraiment et qui semble à découvrir, du moins pour les histoires qui existent en version française comme « Kitaro le repoussant »…

Enfin, de retour dans la salle de presse du festival, je ne peux que constater qu’il y a encore fort peu de monde ce qui permet d’observer ces meubles en carton mis en place par le sponsor majeur du festival, RAJA…

 Ce sponsor est aussi à l’origine d’une rébellion, si on peut dire, avec la création de « son » prix BD lié à l’écologie. Cette initiative qui ressemble pour certains à du greenwashing provoque la démission du jury, le refus de concourir d’un certain nombre d’auteurs… et c’est quand même toujours un problème quand un sponsor ou mécène veut imposer son point de vue… Quant à moi, je l’avoue, je pense aussi que les meubles traditionnels sont beaucoup plus confortables, mais c’est une autre histoire !!!

 

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