J’ai lu, début septembre, un album de bande dessinée d’une très grande qualité qui mérite plus qu’un détour… Oui, il faut le lire et le faire lire car notre période contemporaine mérite des ouvrages éclairants et salutaires et ce premier volume de « Madeleine, Résistante » appartient bien aux ouvrages de référence qu’il va falloir garder chez soi, offrir et partager avec le plus grand nombre…
En 1994, Madeleine Riffaud ne parlait jamais de son expérience dans le Résistance, probablement par pudeur comme si toutes les horreurs vécues à cette période-là ne méritaient pas d’entrer chez les gens… C’est Aubrac qui est venu chez elle et qui lui a demandé de témoigner et elle a fini par accepter…
Quelques années plus tard, en 2017, Jean-David Morvan va, un peu par hasard, tomber sur un reportage qui lui fait découvrir Madeleine. Elle a déjà plus de 90 ans, s’il veut la rencontrer, il faut faire vite… Je ne vous en dis pas plus car les auteurs de cette bande dessinée le racontent bien mieux et avec de beaux dessins… Ce qui est certain, c’est qu’après des réticences, Madeleine va se lancer à fond dans ce projet, accompagnée par Jean-David Morvan le scénariste, Eloïse de la Maison dans le rôle d’archiviste des entretiens et Dominique Bertail le dessinateur. Elle ouvre sa mémoire, ses archives et le fait sans aucune retenue un peu comme quand à 17 ans elle s’est engagée dans la Résistance…
Ce premier volet d’une trilogie, « La Rose dégoupillée », est en plus un magnifique album graphique. Le dessin de Dominique Bertail tout en bichromie est d’une qualité et d’une précision qui rendent la narration fluide et très agréable. La lecture dégage une émotion triple : la force du témoignage à la première personne, la narration graphique artistique et le ressenti des liens qui se sont noués entre les auteurs et Madeleine elle-même. On ne peut plus lâcher l’album dès que l’on est entré dans l’histoire…
Madeleine est une des dernières résistantes encore vivantes et au moment où certains utilisent à tort et à travers un langage marqué par cette Seconde Guerre mondiale – collabos, résistance, docteur Mengele, occupation, dictature… et j’en passe et des pires – il me semble salutaire de prendre conscience de ce que fut l’engagement d’une jeune femme de 17 ans, malade et amoureuse, dans la Résistance !
Aubrac voulait que Madeleine témoigne, elle l’avait déjà bien suivi dans cette voie mais avec la rencontre avec Jean-David Morvan et cette bande dessinée, un nouveau pas vient d’être franchi avec probablement un public lecteur qui va découvrir, au moins pour les plus jeunes, certains aspects d’un engagement humain qu’il ne connaissait pas ! Oui, la résistance n’était pas un jeu ni une mode !
Durant le festival Quai des bulles, je vais avoir le plaisir de rencontrer et interviewer Dominique Bertail pour le Kiosque à BD de RCF en Bourgogne.