Toujours dans la préparation du festival Quai des bulles de Saint-Malo (après y en aura-t-il encore qui diront que les journalistes ne travaillent pas ?), je voudrais, aujourd’hui, vous parler du dessinateur Jérôme Lereculey…
C’est au tout début des années 2000 que j’ai découvert ce dessinateur avec la série Arthur. Le scénario de David Chauvel était de qualité mais le dessin de Jérôme Lereculey était exceptionnel, tout simplement ! J’ai eu l’occasion de l’interviewer plusieurs fois et je dois vous avouer qu’il était même un des chouchous de mes étudiants. Ils n’allaient pas jusqu’à se frapper pour avoir le plaisir et l’honneur de le rencontrer lors de nos reportages à Angoulême ou Saint-Malo, mais une partie de « Pierre, feuille, ciseau » pour désigner l’heureux lauréat… Oui !
Après, Arthur, ce fut cette série de qualité Wollodrïn dont j’ai attendu avec impatience chaque volume, chaque rencontre aussi, bien sûr, Jérôme devenant un repère dans la vie d’intervieweur…
Juste avant la période de pandémie, j’ai eu le plaisir de rencontrer Jérôme pour le premier volume de sa nouvelle série, Les 5 Terres. Certes, tout commençait fort mais je n’avais encore aucune idée de l’évolution de cet univers créé avec trois scénaristes de talent : Andoryss, David Chauvel et Patrick Wong. Maintenant, six albums sont sortis, un premier cycle achevé et il est temps de se faire une idée beaucoup plus précise… Fortissimo, génial, époustouflant… Oui, difficile de dire moins… en tous cas, à mon humble avis !
C’est tout d’abord une performance du dessinateur car le défi est simple : chaque cycle de 6 albums doit être réalisé en 2 ans. Six albums en deux ans, avec une telle qualité et une telle précision dans le trait… Certes, Jérôme est aidé mais quand même, il fallait oser !
Pour l’histoire, pour ceux qui ne connaissent pas encore, je vais essayer de vous donner quelques indications générales, sans casser le suspense, sans me fixer trop sur des détails qui ne durent jamais trop longtemps bousculés rapidement par des retournements de situations incroyables…
Certains comparent cette série à ces grandes sagas historiques, familiales, moyenâgeuses… Un peu comme Trône de fer, Les rois maudits… Et il y a bien quelque chose de cela mais avec une touche de Shakespeare pour le drame, le langage accompagnant ce drame, le caractère de certains personnages… Je ne vais certainement pas essayer de vous citer les personnages importants car ils sont trop nombreux et comme dans le feuilleton du XIX° siècle vous avez le droit d’en oublier, de revenir en arrière pour retrouver un détail qui vous a échappé ou même de ne pas être touché par un tel ou tel autre… Quand au tome 6, les auteurs souhaitent nous offrir une sorte de trombinoscope des personnages, ils sont quand même obligés d’en présenter 31 ! Ce qui n’est pas rien !
Heureusement, certains meurent assez vite !
Pour être complet, ou presque, il faut préciser que cette série est anthropomorphique et que nous voyons, à la cour royale, des lions, des tigres, des animaux d’espèces différentes… Et vous allez certainement être séduit par la qualité graphique de tous ces personnages…
Le cycle commence presque par « Le roi est mort, vive le roi ! » et il se termine par « Le roi est mort, vive la reine ! » et vous verrez qu’entre les deux, la vie à Angleon, la terre des félins, n’est pas un long fleuve tranquille…
Voici donc pourquoi je me réjouis de rencontrer à Saint-Malo ce dessinateur Jérôme Lereculey. Il faut dire qu’il est presque un local de l’étape car il réside en Bretagne du Nord… Bon, ben, on va encore manger des huitres !