J’entame mon deuxième jour au Festival Quai Des Bulles de Saint-Malo en tant que journaliste et j’ai alors le plaisir de rencontrer Geoffroy Monde, scénariste et dessinateur de la bande dessinée “Poussière”.
Geoffroy Monde est un dessinateur et peintre de 32 ans. Cet artiste de la peinture numérique réalise ses premières bandes dessinées à partir de l’année 2010 et elles sont éditées par Lapin, dont notamment “Papa Sirène et Karaté Gérald” en 2012. Il continuera ensuite avec quelques ouvrages absurdes comme “De Rien” ou encore “Serge & demi-Serge”.
Avec Poussière, Geoffroy Monde nous offre une claque visuelle, le tout mêlé à une histoire pour le moins intéressante. Poussière est un personnage évoluant dans un monde imaginaire ancré dans un conflit constant. Des cyclopes, se rapportant aux éléments, se déchaînent contre un peuple aux formes humanoïdes. Ces humanoïdes sont constitués de membres plus ou moins organiques. Poussière est en première ligne de cet affrontement dont les causes mêmes lui échappent. Ma première interrogation se situe au niveau de la représentation des cyclopes. Geoffroy n’a pas voulu dessiner la représentation classique que l’on se fait de ces créatures. Ni poils ni quelconques formes organiques, mais des formes géométriques colorées ! L’objectif est de distinguer les cyclopes du reste de l’univers, en effet, ces formes sont très facilement reconnaissables et imposent un certain mystère quant à leur composition physique.
L’univers, justement, est composé de nombreux paysages oscillants entre déserts, forêt, ville et océan. Cet univers varié est réalisé en peinture numérique notamment pour la couleur, chaque planche pouvant prendre 1 journée voir plus de travail selon la planche.
Dans ce projet, Geoffroy n’est pas que le dessinateur, c’est aussi lui qui écrit le scénario.
On peut alors se demander s’il écrit d’abord le scénario complet puis réalise les illustrations, mais en réalité, ce n’est pas le cas. Les idées sont là, mais les illustrations sont parfois réalisées au grès de l’écriture. Dans le premier tome de ce triptyque, la guerre et son sens sont au centre de l’histoire. L’agressivité des Cyclopes est encore mystérieuse et l’on comprend petit à petit les enjeux de ce combat qui s’annonce. Le très fort contraste entre certaines planches aux dessins parfois gore et d’autres planches aux teintes les plus inattendues – douceur infinie – étant un choix original pour raconter une guerre.
Sans trop vous en dire plus, la fin, pour le moins surprenante et pleine de mystère, de ce premier tome est un choix fort de l’auteur. Il m’explique que cette fin aurait très bien pu être le début du tome 2 mais que l’intégrer à la fin du tome 1 permet de créer un mystère et une attente assez forte quant à la suite. Il sourit en me disant qu’il a d’ailleurs reçu quelques critiques à ce propos, mais que la suite de l’histoire en vaudra la chandelle !
La suite de ce triptyque est actuellement en préparation et Geoffroy Monde nous raconte qu’il en est au story-board du second tome, qui devrait sortir l’année prochaine.
Il nous glisse également que le projet qui suivra Poussière est déjà en tête, mais qu’il s’efforce de se concentrer sur la fin de Poussière avant de réellement le commencer.
En tout cas, je suis impatient de découvrir la suite de cette guerre entre humanoïdes et cyclopes dans ce monde pleins de couleurs et de mystères…