Quand on prépare le festival Quai des bulles avec un professeur dans une salle à Chalon-sur-Saône, on n’imagine pas encore ce qui va nous arriver… Quand le premier jour du festival, on se retrouve dans la salle de presse, qu’il est 14h30, que notre premier interviewé va arriver dans trente minutes, le stress commence à m’envahir… Je me donne un peu de contenance, je scrute attentivement ma feuille de notes, je repense encore à cet ouvrage dessiné par Glen Chapron, je me remets les idées en place, tant bien que mal, afin de préparer au mieux cette entrevue… Je ne peux plus reculer, il faut y aller…
L’heure du premier contact à sonné, il est 15h00. Glen Chapron se rapproche de notre lieu d’interview. Je me lève et lui tends ma main en tirant un large sourire. Glen se présente avec bonne humeur à son tour. Tous les éléments sont en place pour que cette rencontre se passe le mieux possible. Nous commençons tout d’abord à discuter de son histoire personnelle. Glen Chapron est un dessinateur et un auteur de 32 ans. Ce Breton d’origine a été bien formé, Estienne pour la gravure, Strasbourg pour l’illustration… Après un passage obligé dans quelques fanzines, on le retrouve avec des ouvrages où il peut commencer à exprimer son talent. On peut citer « L’attentat », adaptation du roman de Yasmina Khadra (scénario de Loïc Dauvillier) en 2012.
Nous parlons ensuite de sa dernière collaboration. Une histoire corse est le premier projet auquel il participe en collaboration avec Dodo. Il rencontre cette autrice un peu par hasard au cours d’un festival. S’en suit une collaboration autour d’une histoire très particulière, inspirée de fait réels mais pétri de culture corse. Une histoire corse, c’est l’histoire d’une jeune femme d’origine corse qui est en vacances dans sa famille sur l’île de beauté. Cette jeune femme fait la rencontre d’un homme qui se révèle être son frère caché. S’ensuivent les récits d’une profonde histoire de famille avec secrets et ambiance lourde de sens.
Glen n’a pas de lien particulier avec la Corse, il doit pourtant dessiner des paysages et des maisons typiquement corses pour rendre crédibles ses illustrations. Dodo l’embarque donc en Corse pour un séjour de 10 jours. Accompagnée de sa femme, Glen Chapron s’est servi de ce voyage pour s’imprégner des couleurs et formes du paysage corse.
Le dessin est réalisé en alternance au pinceau et au trait de crayon. Glen me raconte même qu’il a utilisé 1 crayon noir et demi par planche. Les flashbacks de cet ouvrage sont spécialement colorisés en noir, blanc, rouge. Ce trio de couleurs est mis en place afin de casser le cliché des flashbacks dessinés sur un ton sépia. Le trait de crayon est plus prononcé.
Après cela, nous avons échangé sur son lien avec le Festival. Étant breton, c’est un réel plaisir pour lui que de venir au Quai des Bulles. Selon lui, c’est l’un des Festival les plus conviviaux. Quant à moi, je suis particulièrement content d’avoir pu mettre un visage sur ces illustrations. J’ai rencontré un homme qui m’a fait comprendre certains enjeux de la narration graphique comme la puissance narrative des couleurs. C’est avec un grand plaisir que je suivrai la suite de son travail…