Dans les découvertes BD de la rentrée, il y a le Poussière de Geoffroy Monde. Je serais tenté de dire que cet album est encore plus étonnant que son ouvrage précédent aux mêmes éditions Delcourt, De rien. Seulement, si la première fois il s’agissait en quelques sortes de nouvelles absurdes, surprenantes et humaines, ici, cette fois, dans Poussière, il s’agit d’une histoire en plusieurs volumes… Encore de l’absurde ? Non, pas vraiment mais toujours autant d’humanité…
Seulement, le chroniqueur est bien embêté, pour ne pas dire plus, au moment de vous parler de l’intrigue… sans tout dévoiler… Oui, comment faire, par où commencer… Je vais essayer et ne m’en voulez pas trop si vous ne comprenez rien et si vous n’arrivez pas à classer cette bédé… D’ailleurs, je ne suis pas certain que Geoffroy souhaiterait être classé, rangé, enfermé dans une boite…Ce qui est certain, c’est que Geoffroy nous plonge dans un monde – la planète Alta – en pleine guerre, une guerre inégale, injuste et cruelle, celle qui met les Cyclopes, de terre et de mer, face aux humains… Enfin, drôle d’humanité quand même, drôles de Cyclopes aussi d’ailleurs… Le combat fait rage mais le pire c’est qu’il semble être déterminé et répétitif… Quand les Cyclopes meurent au combat, ils ressuscitent, par un artifice que je vous laisse découvrir, tandis que les humains…
Un dessin fantastique, narratif, des personnages époustouflants et un album aux couleurs vives presque dérangeantes au départ… Et on plonge, on se délecte, on y croit, on tremble pour l’humanité et on se demande de quelle légende s’est inspiré l’auteur, quelle mythologie il est en train de nous raconter, de faire revivre, de s’être approprié…Et j’ai envie de dire que c’est maintenant qu’il faut que je m’arrête concernant ce scénario finement ciselé et aux rebondissements incroyables… Oui, je sais bien que vous ne savez pas encore dans quelle époque se déroule l’histoire… dans quel pays vivent ces Cyclopes… quelles sont les armes des uns et des autres… Mais j’ai envie de vous dire : foncez, allez y, ne vous posez pas de question, laissez-vous faire, acceptez l’inconnu et les surprises… Oui, laissez Poussière vous recouvrir…
Alors, oui, cet album ne plaira probablement pas aux lecteurs trop conventionnels, trop rigoureux dans leur logique, trop rationnels… Oui, cette histoire va déstabiliser ceux qui sont figés sur les canons de la SF et du fantastique, ceux qui pensent qu’il ne faut pas trop dévoyer les mythes… Probablement…
Mais j’avoue pour ma part avoir été embarqué dans cette histoire, de l’avoir dévoré avec bonheur et avoir été secoué profondément par certains rebondissements en fin d’album… J’attends la suite avec impatience et je suis pressé de rencontrer Geoffroy Monde à Saint-Malo à l’occasion de Quai des Bulles 2018…