Coréen adopté, « arbre sans racine », Jung est un auteur atypique du monde de la bande dessinée. Il est né en Corée du Sud, le 2 décembre 1965. Mais comme de nombreux autres enfants du pays à cette période, il a été abandonné et adopté par une famille belge en 1971. Ce début de vie viendra frapper à la porte de sa mémoire et ne le quittera plus. Du coup, sa production en bédés est devenue très orientée….
« Couleur de peau : Miel », sera la série autobiographique majeure, celle où il va tenter de régler les problèmes avec lui-même : qui suis-je, d’où je viens, qui m’aime… Il y aura même une adaptation cinématographique avec Laurent Boileau…
La première fois que j’ai rencontré Jung, c’était déjà à Saint-Malo, et il avait répondu à nos questions avec un certain repli, une prudence et une sagesse paisible qui mettait une distance entre lui et nous, entre lui, auteur, et lui, sujet du livre… Mais, dans un deuxième temps, on avait découvert un personnage attachant et captivant, celui que l’on avait rencontré dans sa bédé autobiographique « Couleur de peau : Miel ». A travers cet ouvrage, il retrace avec humour et sensibilité son enfance et son adolescence d’enfant adopté qui cherche tout d’abord à enterrer ses origines coréennes mais qui est peu à peu rattrapé par son envie de comprendre et découvrir ses racines. Depuis il s’est rendu à plusieurs reprises en Corée afin de creuser son passé, et il nous a conté ses aventures et découvertes dans le tome 4 de cette série…Je ne savais pas ce que ferait Jung après. Reviendrait-il à des séries comme Yasuda ou Kwaïdan ? Poursuivrait-il dans l’introspection ? La réponse arrive partiellement avec Baby Box, un magnifique album qui sort aux Editions Soleil dans la collection Noctambule…
Là, il s’agit d’une fiction largement inspirée par tout ce qu’il a vécu et découvert en Corée. C’est une histoire d’abandon, d’adoption, de haine et d’amour… Claire est une jeune femme qui va découvrir tardivement et par hasard – la mort accidentelle de sa mère – son histoire personnelle… Oui, elle a bien été adoptée et les éléments de base de cette histoire sont enfermés dans une boîte en carton dans une armoire…
Claire décide de partir à la rencontre d’elle-même, part pour la Corée découvrir où elle a été abandonnée… C’est profond, beau, profondément humain et pas larmoyant du tout… Grave, très bien rendu par la narration graphique simple, percutante, vivante et poétique… J’ai adoré !
C’est lors de ce voyage que Claire apprendra l’existence d’une Baby Box, lieu aménagé pour recevoir les bébés abandonnés… C’est cruel, inhumain, incompréhensible… mais c’est en passant par cette épreuve délicate que Claire pourra se reconstruire et repartir dans la vie… Jung décrit avec beaucoup de psychologie cette phase de vie qu’il connaît bien car il l’a vécue, lui aussi, avec ses particularités… Mais au bout du compte, tous les humains passent par ce passage existentiel. Oui, même celui qui croit être aimé depuis toujours par des parents qui seraient ceux du sang, doit, pour grandir, comprendre d’où il vient et devenir lui-même… A ce titre, cette bande dessinée est tout simplement universelle !
Alors, vous l’avez bien compris, quand on tombe sous le charme d’un album on a très envie de rencontrer l’auteur et de l’invité dans son émission de radio… Ce sera chose faite lors du prochain festival Quai des bulles de Saint-Malo, dans quelques jours…
Donc à très vite !