On dit que désirer voler comme un oiseau est un vieux fantasme de l’être humain mais mon attachement aux séries aéronautiques en bandes dessinées est peut-être beaucoup plus simple. Quand j’étais enfant, mon père a eu un coup de foudre pour le magazine Pilote et en particulier pour la série Astérix. On l’entendait rire, réellement rire quand il découvrait les planches d’Uderzo et Goscinny… Seulement, dans ce journal dessiné, il y avait aussi les aventures de Michel Tanguy et Ernest Laverdure de Charlier et Uderzo. J’avoue sans hésitation que ce fut mon premier véritable coup de cœur en bande dessinée. Il y avait à la fois du gag, de l’aventure, de l’aéronautique, de l’espionnage… Plus tard, j’ai découvert d’autres héros qui partageaient cette passion de l’espace, de la troisième dimension, des avions, et j’ai ainsi dévoré Dan Cooper, Buck Danny, Adler…
Buck Danny, au départ, me touchait moins, du moins dans les albums qui racontent la Guerre du Pacifique. Puis, quand on est revenu vers l’Europe, l’Atlantique, la Guerre froide… j’ai commencé à apprécier et c’est pour cela que j’ai été séduit par le nouvel album de la série « Classic » des aventures de Buck Danny, Opération Rideau de Fer !
Marniquet et Zumbiehl signent là une histoire solide où l’on retrouve tous les ingrédients de la série créée par Charlier, Troisfontaines et Hubinon en 1946. Le seul petit bémol s’il fallait en donner un ce serait que l’humour est plus léger et le pilote Sonny Tuckson même s’il est bien à la source de quelques petites plaisanteries volontaires ou pas, est surtout en situation grave voire dramatique ce qui est presque devenu en quelques albums une signature de cette série « Classic ».
Cette fois-ci, pour « jouer » avec le Rideau de fer, les trois amis pilotes sont mutés temporairement dans la force aérienne américaine et ils quittent avec regret l’aéronavale… Buck Danny, nous sommes en 1961, est colonel et ses deux acolytes, Tumbler et Tuckson sont capitaines… Dès la première mission face à cette frontière mythique, Sonny franchit le Rideau de fer, se fait abattre et se retrouve un peu seul, chez l’ennemi et dans le froid… Mais je vous laisse découvrir cette histoire qui d’ailleurs trouvera sa suite dans le prochain album…
Pour les amateurs de la série signalons que nous allons revoir une femme connue qui devrait jouer un rôle plus important dans la suite de cet album, Lady X, la méchante absolue, fatale et terrible… Mais attendons la suite de l’histoire…
Venons-en au dessin à proprement parler. Jean-Michel Arroyo nous livre là un très bel album parfaitement valorisé par les couleurs de Ketty Formaggio. C’est le cinquième album de cette série et j’avoue apprécier de plus en plus son dessin qui nous éloigne, mais dans le respect, du dessin d’Hubinon et de ceux qui lui ont succédé. Les scènes aéronautiques sont vivantes et dynamiques, les personnages sont très crédibles et les visages très expressifs, les ambiances sont parfaites… Un très bel album qui pourrait plaire même à ceux qui ne connaissent pas la série originale et arriveraient comme cela par hasard sur ce diptyque.
Et, conquis par cette narration graphique, nous allons, à Saint-Malo, à l’occasion du festival Quai des bulles 2018, rencontrer le dessinateur Jean-Michel Arroyo. Reste seulement à savoir si mes étudiants adhèreront à ce genre d’histoires qui est peut-être trop pour les « vieux » comme moi…