Partir à Saint-Malo pour le festival Quai des bulles 2017, c’était – même si cela n’était pas formulé de façon claire – accepter le choc culturel et générationnel. En effet, un prof de 61 ans ne peut pas avoir les goûts d’un jeune de 22 ans. Ce n’est ni un constat pessimiste, ni un regret, ni une lamentation… c’est juste factuel !
Alors, bien sûr, certaines bandes dessinées peuvent faire l’unanimité dans le groupe et ce fut le cas pour certaines. Je pense par exemple à Petitd’Hubert et Gatignol.
La bande dessinée a suscité des vagues d’enthousiasme, tout le monde voulait être là pour l’entretien et je pense que certains s’en souviendront longtemps de cette rencontre presque magique…
D’autres – bandes dessinées ou auteurs – ont réveillé des passions pour la poésie, le destin des femmes ou la fantaisie… Moins d’universalité mais bien des envies transgénérationnelles évidentes avec des rencontres pour partager des goûts spécifiques…
Enfin, il m’est arrivé plusieurs fois de me retrouver seul devant un auteur qui pour mes étudiants était vieillot, désuet, ringard… même s’ils n’osaient pas le dire comme cela. Je pense à deux auteurs importants pour moi qui défendaient des albums de séries que je suivais depuis longtemps…Je pense en tout premier lieu à Alain Dodier. C’est 1982 qu’il créait avec ses amis la série Jérôme K Jérôme Bloche que maintenant il continue seul. Je l’ai découverte presqu’à sa sortie et depuis je lui suis resté fidèle…
Des histoires policières sympathiques et profondément humaines, un dessin très classique, une narration assez proche de la ligne claire… Les thèmes récents sont très importants, pas du tout négligés par les étudiants mais on sent bien que le style, le graphisme, la narration ne passent plus très bien et je suis seul durant l’interview… Ce qui, il faut le dire, ne gâche absolument pas mon plaisir !Je pense aussi à André Le Bras… Je ne le connaissais pas du tout mais il a réalisé le dessin du dernier album sorti des aventures de Buck Danny. Là la série à 70 ans et je n’étais pas là à sa naissance. Plus fort, je ne l’ai découvert que sur le tard. Pourtant, très jeune les séries aéronautiques m’ont captivé mais élevé à l’école pilote, j’ai d’abord suivi les aventures tout aussi passionnantes de Tanguy et Laverdure… Puis je me suis mis à Dan Cooper, Adler et, enfin, j’ai découvert Buck Danny. Depuis j’ai rattrapé mon retard de lecture et j’étais très heureux de pouvoir évoquer ce personnage avec un dessinateur qui lui non plus n’était pas là à la naissance de la série avec Charlier, Hubinon…
Mais je comprends bien que les goûts, les préférences, les choix soient variés avec les âges et ce type de reportages intergénérationnels met en lumière ces différences qu’il faut assumer…
Autres temps autres bédés, en quelque sorte !