Il reste encore quatre heures de route avant d’atteindre le festival de bande dessinée du Quai des Bulles de Saint Malo. Plus de cinquante interviews prévues dans le week-end et encore plus de bandes dessinées à lire. Halim, Halim… première interview de la journée. Mince, je n’ai pas encore touché à une de ses bédés.
C’est dans ces conditions que je me suis plongée dans l’univers de « Petite Maman », un album des plus profonds qui traite de la maltraitance infantile. Un univers à la fois violent et attendrissant dans lequel Brenda, notre héroïne, a le malheur d’évoluer. Brenda tient de vous, de moi, elle incarne l’innocence, l’injustice, le combat. Profondément touchée je referme le livre.
L’histoire de Brenda c’est avant tout un questionnement sur l’amour, la vie et la société. Les sentiments se mélangent, on ne ressort pas de cette lecture indemne. Mais c’est lors de la rencontre avec l’auteur que je me rends compte que son pari est gagné.
Halim aussi a souffert. C’est avec plaisir qu’il aurait écrit des bandes dessinées d’aventures extravagantes remplies d’héros tous plus forts les uns que les autres, mais la vie en a décidé autrement. Auteur et dessinateur, c’est à travers la bande dessinée qu’il exprime sa colère. Elevé dans un quartier sensible et confronté très tôt à la pauvreté, Halim, mène dans chacun de ses écrits un combat politique et social.
« Petite Maman » a vu le jour dans un contexte particulier : les attentats de Charlie Hebdo. Ami de Tignous, l’auteur connait une double peine. Ecœuré il arrête même ses écrits pendant un moment. Halim est un homme torturé qui nous partage sa douleur. Elle hante chaque page de « Petite maman ». En ressortent des dessins et un scénario à couper le souffle. Malgré cela, l’album n’est pas un simple coup de poing sur la table de la part de l’auteur. Son but est d’informer, de sensibiliser, de parler des sujets tabous, des sujets brûlants. Un album aussi déconcertant que cette rencontre. Un album que je ne pourrai que vous conseiller bien sûr !
La photo est de Romane…