Il m’arrive parfois de relire des séries entières, de me replonger dans des ambiances et des univers sans qu’il y ait pour cela de véritables raisons. Après ce festival d’Angoulême 2017, en rangeant mes bandes dessinées, je suis retombé dans la série Victor Sackville et en quelques heures j’ai tout relu et je me suis souvenu de quelques belles rencontres autour de ce personnage…Victor Sackville est un personnage né de l’imagination de François Rivière, de Gabrielle Borile et de Francis Carin, ce dernier étant le dessinateur. Ce héros de la bande dessinée franco-belge est apparu en 1985 dans la revue Pourquoi pas ? et trois ans plus tard dans le journal de Tintin.
Victor Sackville est un espion de sa majesté George V, il a le numéro de matricule numéro X67 (à moins que ce ne soit seulement un nom de code) et il va agir au profit de la Grande-Bretagne et des Alliés durant toute la guerre de 14-18 et même quelques années plus tard. La série est maintenant terminée, elle comporte 23 albums plus un « spécial » archives de Sackville. Lors de la réalisation des intégrales aux éditions du Lombard (8 albums), les auteurs ont donné quelques éléments supplémentaires, des dessins préparatoires et autres documents pour fans de la série.D’une façon générale, les scénarios fortement marqués par la patte de François Rivière sont très classiques, très bien construits et sont dignes des romans d’espionnage. Dans la phase de la guerre, les Allemands sont toujours très violents, rustres et agressifs tandis que les Anglais sont classes, cultivés, sympathiques… un personnage atypique viendra se glisser dans la série, Anton Palacky, un Tchèque, ancien boxeur, plus coureur de jupons qu’espion, plus impulsif que réfléchi. Ce dernier apportera une pointe humaine et d’humour pour éviter que la série ne soit trop intellectuelle…
Le graphisme de Francis Carin, ancien élève de l’Institut Saint Luc de Liège, est digne de la ligne claire. En effet, il est bien de l’école du Journal de Tintin, celle qui a été façonnée par des auteurs comme Hergé, Jacobs, Martin, Tibet… Pas étonnant de voir qu’il fut choisi un temps pour reprendre le dessin des aventures de Lefranc (on lui doit deux albums, L’Ultimatum et La Momie bleue).
Précisons que Victor Sackville est quand même un grand romantique qui a eu une très belle histoire d’amour avec une certaine Vera Bremen (ils furent même fiancés) et que cette aventure laissera chez lui des séquelles fortes… Un autre poids est en lui, le destin de son père. Qui fut-il ? Pourquoi est-il mort ? Qu’avait-il à cacher… ou pas ? Tous les albums reviendront régulièrement, plus ou moins fortement, sur ce père… Un héros en quête de père ? Ce pourrait être le sous-titre de cette très bonne série et je vous laisse découvrir comment tout cela prendra fin…
Voilà donc, puisque nous sommes encore dans les célébrations liées à cette Grande Guerre, une autre façon de la voir traitée en bande dessinée, avec l’espionnage au cœur de la guerre et non les grandes manœuvres terrestres, aériennes ou maritimes !
Une série, Victor Sackville, à lire, relire, découvrir et faire découvrir !