Parfois le titre d’un album de bande dessinée peut écarter de la lecture mais le lecteur curieux devrait toujours rester prudent, le titre ne donne pas le contenu. Il peut y avoir tromperie, dans les deux sens d’ailleurs, un bel album avec un titre moyen, un livre très faible avec un très bon titre…Quand j’ai entendu parler de « La cire moderne », j’avoue être resté dubitatif. La cire n’évoque pas grand-chose et je ne savais pas s’il fallait croire à une histoire d’épilation complète ou sur la survie des abeilles… J’étais bien loin de la vérité mais pour y arriver, il fallut dépasser le titre, lire le communiqué de presse, allez voir qui était le dessinateur, Max de Radiguès…Les mots magiques furent donc « héritage improbable » et « road trip estival » sans oublier « tournée des monastères ». La rencontre avec l’auteur complet d’Orignal, une bande dessinée que j’avais beaucoup aimée, fut aussi décisive pour provoquer la rencontre qui eut bien lieu à Angoulême le samedi matin…La cire moderne est une bande dessinée spirituelle c’est-à-dire qu’elle met trois jeunes – Manu, personnage principal, Sam sa copine, Jordan, le petit frère de la copine – face à un héritage improbable, un stock de cierges. Tonton Poirier est mort et c’est le stock de cierges dont hérite Emmanuel…Que faire d’un tel stock quand on est jeune, sans argent et que les vacances sont là ? C’est Jordan qui prend l’initiative et qui pense que le mieux est d’aller vendre ces cierges aux clients du Tonton. Le trio part sur les routes de France pour vendre des cierges. Les clients sont des paroisses, des monastères, des communautés, des illuminés… Max de Radiguès, qui se dit plutôt athée, trouvait cette idée intéressante d’autant plus que le scénariste de l’histoire, Vincent Cuvelier, lui, se dit plutôt chrétien. Les trois jeunes vont être confrontés à une spiritualité qu’ils n’imaginaient pas et aucun ne sortira strictement indemne de ce périple. Manu découvre le sens de sa vie et, peut-être, y intègrera-t-il dorénavant une dimension spirituelle, mais rien n’est sûr car la fin de l’album est très ouverte…
La rencontre avec Max de Radiguès fut très agréable et le dessinateur formé à Saint Luc de Bruxelles a pris le temps de parler de son travail, de ses rencontres avec le scénariste, avec les lecteurs et de son avenir proche comme auteur. Régulièrement, il alterne les façons de travailler ici scénariste, ici dessinateur, ici auteur complet… mais il est aussi éditeur à L’Employé du Moi et libraire spécialisé à Bruxelles. Autant dire que sa vie est dans la bande dessinée et qu’il en parle avec énergie, enthousiasme et précision…
Un beau livre, un bon roman graphique, une belle histoire, une très belle rencontre et bon vent à Max de Radiguès que l’on retrouvera certainement très vite !