Il y a quelques années, j’ai eu la chance de rencontrer Alain Robet. Je l’avais interviewé pour la série Gabrielle B, une très bonne bande dessinée scénarisée par son épouse Dominique. Gabrielle B raconte la saga sur fond historique d’une femme. La mer est un personnage à part entière et il est question d’aventures, de marine à voile, d’amours, de trahisons en tous genres, de corsaires… Mais comme il avait dessiné les histoires des villes de Rouen, d’Evreux, de Lorient, de Vannes, de Quimper et de Brest, je n’ai pas été surpris de voir qu’il venait de dessiner l’excellent ouvrage écrit par Roger Faligot, Le fille au carnet pourpre aux éditions Steinkis…Alors ici, soyons bien clairs, il n’y a pas de grand vaisseau à voile, par de combat en pleine mer, pas de grande scène pour mettre en avant les qualités du dessinateur. Certains seront déçus, c’est certain, mais par contre l’histoire est très intéressante et ce pour plusieurs raisons…
Tout d’abord, ce récit de la résistance bretonne permet de se souvenir et il faut le faire que bien des résistants étaient de très jeunes gens. Anne n’a que 15 ans quand les Allemands envahissent le pays et sa région. Or à 15 ans on est léger, on a envie de joueur et s’amuser, on ne réfléchit pas à toutes les conséquences de ses actes… C’est d’ailleurs pour cela que la mémoire d’Anne Corre était entachée de quelques commentaires… Oui, elle n’était pas très sérieuse, oui, elle s’amusait trop, oui elle n’était pas assez sérieuse… Un peu comme si un « bon » résistant ne pouvait être que quelqu’un d’âge mûr, sérieux, intellectuel, conséquent, à l’écoute de tous les usages du monde… Oui, mais elle était très jeune… et, vous vous étiez comment à 17 ans, à 18 ans ?Le portrait d’Anne est rétabli dans sa globalité car les auteurs ont fait parler les témoins, retrouvé des documents d’époque… y compris même son petit carnet pourpre… Et c’est là que l’on va apprendre qu’Anne était amoureuse d’un jeune militaire allemand, un homme qui a participé avec elle à la résistance, à sa façon…
Un excellent document pour tous ceux qui veulent comprendre que lors d’une guerre rien n’est jamais facile à comprendre, que l’être humain est complexe mais qu’un jeune de moins de 20 ans reste un jeune de moins de 20 ans à Berlin comme à Paris, même du côté de Daoulas, Quimper ou Brest !Durant le festival d’Angoulême, je n’ai pas rencontré les auteurs mais j’ai vu le livre en vente sur le stand de l’éditeur, un éditeur, Steinkis, qui aura proposé durant ce festival de très bonnes bandes dessinées… comme quoi, on peut ne pas être le plus grand mais faire de la qualité !!!