Je viens de lire pour préparer le festival international de la bande dessinée d’Angoulême, le troisième volume de Mémoires de Viet Kieu de Clément Baloup, Les mariées de Taïwan. Je suis le travail de Clément Baloup depuis quelques années et j’avoue que cette dernière lecture m’a profondément touché.
Tout d’abord, sa narration graphique est de plus en plus efficace, il maitrise on métier d’auteur de mieux en mieux et il ose faire ce qu’il n’aurait pas fait avant. Ici, il intercale dans son récit inspiré du réel mais marqué par la fiction, des pages témoignages de femmes qu’il a rencontrées. Cela fonctionne admirablement bien et c’est bouleversant !
C’est d’ailleurs sur le fond de cet album que mes remarques seraient les plus positives : je ne connaissais pas du tout le destins de ces femmes vietnamiennes, « vendues » pour trois sous soixante, arrachées à leurs familles, abandonnées par leur pays, exploitées et souvent maltraitées par leur famille d’accueil et leur mari…Quand on lit cet ouvrage, on mesure à quel point, dans certains pays – mais la liste est de plus en plus longue – les femmes sont tout simplement maltraitées ! Et que fait-on pour changer cela ? Qui ose réagir ? N’y aurait-il qu’un auteur de bande dessinée pour prendre la parole ?Je ne veux pas être catégorique, bien sûr, et je sais bien qu’il y a quelques journalistes et grands-reporters qui en parlent… mais pas assez !
Merci Clément Baloup de ce travail, de ce courage, de cette obstination à travailler sur la mémoire d’un peuple ballotté par l’histoire et les trahisons de toutes natures. Merci pour le destin de Linh raconté dans cette bade dessinée documentaire, merci de donner la parole à celles qui sont oubliées de tous… et à très bientôt à Angoulême pour un entretien qui s’annonce passionnant à défaut d’optimiste !