La série Seuls est une série très particulière dans le monde de la bande dessinée. En effet, le travail de Fabien Vehlmann, le scénariste, et de Bruno Gazzotti, le dessinateur, ressemble à une série jeunesse, enchante les jeunes lecteurs d’une douzaine d’années et recueille l’assentiment des parents et autres prescripteurs qui l’offrent sans aucune réticence aux lecteurs assoiffés et impatients de la découvrir et d’avancer dans l’histoire…
Pourtant, elle parle de la mort, de la violence, de la société, du pouvoir, des relations homme-femme, du travail, des stéréotypes inégalitaires… Oui, tout dans cette série est fort, dur, intellectuel, truffé de références livresques et religieuses, philosophique et sociologique, anthropologique et métaphysique… et, les adultes qui y glissent leur petit nez en sortent séduits : oui, Seul est une très grande série de bande dessinée pour un très large public !Il est vrai que nous sommes dans une société où la mort est un sujet tabou, du coup, Fabien Vehlmann a inventé une histoire où les choses ne sont pas dites instantanément. Ici, tout est progressif et c’est pour cela que l’histoire est divisée en cycles… Dans le premier – tomes 1 à 5 – on va découvrir que des enfants se réveillent, un matin, dans une ville vide. On découvre des personnages qui vont être nos amis durant de nombreux albums…
Il y a Leïla, belle au caractère ombrageux ; Dodji, sombre et mystérieux ; Terry, le plus jeune au caractère soupe-au-lait et très joueur ; Camille, la bonne élève parfaite ou presque qui a toujours peur de ne pas avoir une bonne note à l’école ; Yvan, le porteur de lunettes, le fils de riches, celui qui aurait pu ne jamais rencontrer Leïla ou Dodji… Cinq enfants qui ne seront pas seuls dans cette série mais que l’on va suivre, ce sont eux, les héros !Seuls dans une ville, il faut survivre, il faut donc manger, se déplacer, affronter l’inconnu, tenter de comprendre ce qui a bien pu se passer… Les dangers seront nombreux à commencer par un tigre, un rhinocéros, des singes très agressifs, un lanceur de couteaux… Je ne vais pas tout vous raconter, vous livrer les secrets du scénariste car en lisant, vous découvrirez très bien tout cela…Ce qui est certain, par contre, c’est que les éléments vont se préciser au fur et à mesure. Dans le second cycle – tomes 6 à 9 – on va commencer à en savoir un peu plus ce qui est arrivé aux enfants. Tout ne deviendra pas plus simple pour autant… J’aime d’ailleurs énormément le personnage d’Anton avec ses théories, ses calculs, ses réflexions… Par sa voix, le scénariste nous fait réfléchir à la vie, à la mort, aux limbes, à la vie après la mort, à la conscience, à la mémoire, au grand passage…
Cette série est un ovni dans l’univers de la bande dessinée mais un grand œuvre magnifiquement construit, digne de la littérature, c’est donc une grande lecture, c’est à lire et à partager, ce peut être une source d’échange au sein de la famille et en dehors, bref, c’est du très très bon, de l’incontournable !
Donc, assister à l’avant-première du film tiré de cette série et rencontrer et interviewer les auteurs seront certainement des moments très forts du prochain festival international de la bande dessinée d’Angoulême !