Un des premiers dessinateurs de série au sens habituel du terme à venir nous rencontrer fut Faw. On peut aussi l’appeler Fawzi, nom sous lequel il a signé sa première série, Huashis.
Né au Maroc en 1954, de nationalité algérienne, autodidacte, Fawzi Baghdadli s’est toujours senti très libre dès qu’il a un crayon en main et qu’on lui donne une page planche, un espace à remplir, une série à reprendre… C’est bien pour cela qu’il a accepté de reprendre Monster Club pour le tome 2. Il fallait aller plus vite et le scénariste avait plein d’albums en réserve…
Faw fut dessinateur de presse à Alger au début des années 1970, il a été au rang des pionniers de « M’quidèch », la bande dessinée algérienne. C’est à Paris, en 1974, qu’il effectue un premier virage de carrière en s’attaquant à l’illustration et à la publicité. Il ne se limite pas à Paris et la France, on peut le suivre à la trace de Paris à Amsterdam, de New-York à Angoulême… Il fait du trompe-l’œil, du décor commercial, du dessin satyrique, du roman, des nouvelles…
Pour la bande dessinée, plus spécifiquement, après son expérience algérienne, on le retrouve sur un comics, le fameux Docteur Strange et à Angoulême, il participe à un collectif, fait des petits travaux ici ou là avant que Jean-Luc Masbou et un éditeur lui proposent de reprendre le dessin à la suite de Thierry Leprévost, officiellement trop lent… et ne pouvant pas faire face à une série comme Monster Club qui nécessite une bonne cadence de sortie…
Faw ne se prend pas au sérieux, il est simple, dessine avec efficacité. Pour lui, Monster Club est à la fois un travail sérieux, une chance de faire de la bande dessinée pour le grand public, mais c’est aussi un amusement, un jeu, un défi : beaucoup de personnages, des animaux mythiques, des lieux qui changent à chaque album et même plusieurs fois dans chaque album… C’est aussi, une façon de rendre service à un scénariste qu’il aime bien car il est tellement heureux d’avoir été aidé dans ses période de vaches maigres qu’il est heureux – réellement heureux – de renvoyer l’ascenseur…
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Monster Club, il s’agit d’une histoire se déroulant au dix-neuvième siècle avec des crypto-zoologues, vous savez ces scientifiques passionnés d’animaux mythiques qui ont existé ou pas mais dont l’existence ne peut être prouvée jusqu’au moment où nos brillants aventuriers en trouvent un vivant ou à l’état de squelette… Or, figurez-vous que deux clubs de ces savants-aventuriers se mettent en compétition, un à Londres, un à Boston… Mais vous découvrirez tout cela avec les deux albums déjà parus de Monster Club…
Quant au dessinateur ? Un homme heureux qui présente un album plein de joie, d’aventure, de suspense et d’humour… Tout est donc pour le mieux du côté de sa planche à dessin… Un optimiste incroyable qui ne semble voir que ce qui va bien mais on comprend bien en cours d’entretien qu’il a dû en baver plus d’une fois et que sa carrière n’a rien d’un long fleuve tranquille… à moins que le fleuve soit habité d’un monstre préhistorique sauvé par les eaux de ses prédateurs…
Un beau moment plein de clins d’œil, de sourire et beaux mots…