En 2015, le festival Quai des bulles et son équipe décernaient le grand Prix de l’Affiche à Sylvain Vallée pour l’ensemble de son œuvre. Du coup, en 2016, il lui revenait l’honneur de réaliser l’affiche du festival et il était invité même si ce n’était pas dans le cadre d’une actualité particulière… Une belle affiche et, surtout, l’occasion pour nous de le rencontrer…Quant à moi, j’ai découvert Sylvain Vallée avec la série Gil Saint-André. Cette série scénarisée par Jean-Charles Kraehn a d’abord été dessinée par le scénariste lui-même. Pour le troisième album, ce dernier propose à Sylvain Vallée de le rejoindre et le duo fonctionnera durant six albums, l’un au scénario et l’autre au dessin. C’est probablement à ce moment-là que sa carrière démarre réellement, les critiques, les collectionneurs et les lecteurs le découvrent et l’apprécient. C’est d’ailleurs une série à découvrir pour ceux qui ne la connaissent pas encore, une série policière au départ mais qui évolue entre espionnage, fait divers, mœurs, polar, série noire… Du très bon !Sylvain Vallée avait envie après cela de faire une grande série sur la seconde guerre mondiale. Il ne savait pas très exactement ce qu’il voulait raconter, il était prêt, il avait fait des recherches graphiques… et c’est alors que Fabien Nury lui a apporté un scénario parfait et comblant ses attentes… C’est ainsi qu’est née la série Il était une fois en France aux éditions Glénat.Cette excellente série de bande dessinée raconte la vie romancée de Joseph Joanovici en six volumes. Ce ferrailleur a réellement existé et il a eu une vie très ambigüe. A-t-il trompé le fisc ? A-t-il eu des liens privilégiés avec le milieu ? A-t-il commercé avec les Allemands puis avec les nazis ? A-t-il soutenu, armé et aidé la Résistance ? Avait-il des accointances et protections à la Préfecture de Paris ? A toutes ces questions, il faut probablement bien répondre oui et cela explique qu’il a eu une série de difficultés après la Libération jusqu’à être l’une des trois personnes juives à ne pas pouvoir obtenir la citoyenneté israélienne au titre de la loi du retour…Sylvain Vallée est très clair, comme la bande dessinée d’ailleurs, Joseph Joanovici n’est pas un bon ni un gentil, c’est une ordure même si, comme tous êtres humains, il a aussi des instants plus positifs, une forte tendresse pour ses filles en particulier…Cette série de six tomes est maintenant disponible en un seul volume, en noir et blanc, et on peut à la fois lire d’un seul coup toute l’histoire et profiter de la narration graphique de Sylvain Vallée qui est d’une très grande qualité, efficace et fine, presque à catégoriser dans la Ligne Claire… J’ai pris beaucoup de plaisir à observer ces magnifiques planches en noir et blanc, je les ai trouvées encore plus belles qu’avec les couleurs…Enfin, rappelons que Fabien Nury avait déclaré il y a quelques années qu’il ne voulait ni condamner ni réhabiliter Joseph Joanovici, juste le raconter, le montrer et laisser les lecteurs se faire leur propre idée…Sylvain Vallée est venu à notre rencontre avec simplicité, a répondu avec précision aux questions et ce fut un beau moment profond avec en toile de fond une actualité qui nous rapproche tout doucement de ces périodes tumultueuses qui ont engendré des personnages comme Joseph Joanovici… Nous quittions les bords délicats et enchanteurs de la Manche, nous abandonnions la douceur de vivre de Quai des bulles pour nous rapprocher de l’Enfer et du mal absolu… Espérons que tout cela ne reste qu’un cauchemar…
Je ne peux donc que vous conseiller la lecture de cette série si ce n’est pas encore fait… Il était une fois en France de Fabien Nury et Sylvain Vallée aux éditions Glénat…