Une plongée dans une partie méconnue et étrange de la planète, la forêt colombienne. Ce film fait résonner des questions cruciales comme la préservation de la diversité culturelle, la colonisation, les exploiteurs de caoutchouc ainsi que les coutumes et modes de vie de ces habitants de la forêt, le rapport à l’identité et le rapport à la nature. Elle semble être le cadre idéal pour un périple spirituel.
Un film dont la réflexion porte sur la place de l’homme sur la planète et sa responsabilité quant à son avenir, notamment l’homme blanc, effrayant, destructeur dans l’apprentissage, cruel de recherche.
«L’étreinte du serpent», est l’un de ces films dont l’empreinte vous poursuit pendant les heures qui en suivent la projection. L’intrigue est frappante, terrifiante et réelle. POURQUOI?
Voir l’Amazonie en noir et blanc sans jamais apercevoir la couleur verte ! Un vrai défi et à la fois un choix du réalisateur. Cela peut nous paraître étrange au début mais la manière de filmer est sublime et fait ressortir les textures de la forêt, l’esthétique de la culture indienne. Cependant, le manque de couleurs peut nous embrouiller et nous perdre, peut-être est-ce prévu?Le film brode un voyage sensoriel et visuel prenant, deux voyages, deux visions de la foret, au début du XXe siècle puis pendant la deuxième guerre mondiale, épousent ces paysages à couper le souffle, même en noir et blanc permettant au réalisateur de nous emporter encore plus loin dans l’hallucination, jusqu’à un final coloré magnifique. Dans un concert polyglotte rythmé par les bruits et sons de la jungle et ses rivières, le film est à la fois d’aventure et de philosophie, El abrazo de la serpiente évoque ces cultures amazoniennes disparues ou assimilées par les effets multiples de la colonisation aux connaissances dont on ne sait rien.Suivant la quête d’une plante à deux âges différents, le film suit Karamakate à deux périodes de sa vie, et les aventuriers qui l’accompagnent. Inspiré des carnets de voyage d’un ethnologue allemand, et d’un botaniste américain.
Ce fut également une rencontre émouvante, Jaime Andres Salazar, anthropologue, musicologue et professeur de musique du monde au Conservatoire du Grand Chalon, est venu à la rencontre du public après la projection, réaffirmant le message du film, à la fois humaniste et écologiste.
À l’heure d’aujourd’hui où la mondialisation continue d’uniformiser les peuples ou de les détruire, le film constitue un puissant écho poétique qui interroge les folies colonisatrices à savoir s’accaparer les territoires, les matières premières, imposer des croyances et des modes de vie).
Un film que je conseille (prix art cinéma à Cannes 2015), car décidément le cinéma colombien est en force depuis quelque temps.
Film fascinant qui donne à connaitre le méconnu et qui permet de vivre une expérience sensorielle et spirituelle de haut vol. Surprenant le spectateur à la fin de la séance quand celui-ci réalise que cet univers est, en fait, un monde, un monde qui est le nôtre. Terrifiant.
Le film, El abrazo de la serpiente, ne sortira que le 23 décembre prochain.