Rigoletto par les Grooms, sortie de chantier

Il y a quelques années, j’ai découvert, un peu par hasard, Les Grooms. C’était pour un spectacle étonnant et de grande qualité, La tétralogie de 4 sous, en 2002, à Chalon dans la rue. Ce soir-là, j’avais assisté à un spectacle dont le but était vraiment la vulgarisation de la musique de Wagner, c’est-à-dire non pas la caricature d’un style mais la mise à disposition du public d’une musique qu’il ne connaissait pas ou peu.

Les Grooms sont nés en 1984, c’est une fanfare théâtrale que nous voyons très souvent à Chalon dans la rue, elle entrée dans notre univers et c’est à chaque fois un plaisir que de les écouter, de les voir, de les suivre…

C’est donc sans aucune appréhension que je me suis rendu au spectacle « sortie de chantier » qui était donné lors du Quartier de lune, le vendredi 17 avril 2015, malgré un temps instable qui d’ailleurs a tourné deux fois à la pluie durant l’heure de spectacle… Mais qu’importe la pluie quand on a un tel plaisir !

Cette fois-ci nous étions en plein opéra avec Rigoletto. Rigoletto est un opéra italien de Verdi et le livret de Francesco Maria Piave est inspiré d’une pièce de théâtre de Victor Hugo, Le roi s’amuse. En fait, il n’y a rien de très drôle dans cette œuvre, c’est un drame avec jalousie, amour, haine, violence… Les Grooms s’attaquent-là à un morceau difficile, sur la forme et le fond, et le public se fait embarquer d’une façon extraordinaire… sidérante… éblouissante… malgré un travail qui n’est pas encore abouti ni terminé.

Il a fallu condenser l’histoire, l’actualiser un peu, travailler la musique, y intégrer des instruments nouveaux comme la flute traversière et l’accordéon, trouver des chanteurs lyriques capables de « pousser la chansonnette dans la rue » même quand il pleut, et tout cela dans une bonne humeur qui permet d’assister au drame tout en souriant… Quelle classe !

Je dirais même quel travail ! Je crois qu’il faut un énorme talent et un travail de fou pour arriver à une telle limpidité, une telle simplicité, une telle accessibilité populaire tout en jouant, chantant et donnant vie à du Verdi ! Un seul mot, bravo !

Un petit coucou amical et admiratif à Musique/Pluriel qui travaille avec eux sur le spectacle de Chalon que vous pourrez voir, en entier cette fois, lors du prochain festival Chalon dans la rue !

Qu’il me soit permis ici de redire aussi que ces spectacles sont possibles grâce aux différentes aides financières qui sont attribuées aux compagnies, aux associations, aux structures diverses qui accueillent des résidences d’artistes. Je peux entendre qu’il y a une crise, des budgets serrés, des difficultés partout, mais un monde sans artistes, sans compagnies et sans créations sera, indiscutablement, un monde plus triste ! La médiocrité télévisuelle – et je reste assez poli et modéré – ne remplacera jamais la force et la puissance de rêve du spectacle vivant ! Qu’on se le dise dans les chaumières !

 

Alors, les Grooms, à bientôt dans Chalon dans la rue !!!

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