Il arrive que vous entendiez parler de magnifiques expositions mais que vous ne puissiez pas aller les visiter. Il faut bien avouer que souvent ces expositions ont lieu à Paris – voire même dans certains cas dans d’autres grandes villes européennes – et qu’une fois terminées vous n’avez plus que vous yeux pour pleurer et des regrets gros comme des malles importables… Je vous propose une autre solution, lire le catalogue de l’exposition. Il est vrai que souvent l’ouvrage est couteux – mais de très grande qualité – cependant avouez que les frais de voyage, plus ceux d’hébergement, de restauration et d’entrée à l’exposition… ça ne fera jamais moins qu’un de ces beaux ouvrages. Mieux, ces catalogues d’exposition peuvent aussi faire de magnifiques cadeaux à l’occasion de ces fêtes de fin d’année ! Qu’on se le dise !
Binguebalés
Puisque les politiques ont décidé de façon surprenante que l’immigration était un sujet important, qu’il fallait en parler, que c’était là qu’allait se jouer la prochaine élection présidentielle… parlons-en ! Mais, quitte à en parler, je préfère donner la parole aux artistes, vous montrer un livre magnifique, vous donner une idée de cadeau pour ces fêtes de fin d’année, évoquer une exposition parisienne qui sans faire trop de bruit m’avait laissé muet d’admiration et secoué en profondeur par son humanisme…
Commençons, dans un premier temps, par rappeler que le Musée de l’histoire de l’immigration se trouve à Paris au Palais de la Maison Dorée, dans le douzième arrondissement. Il y a, bien sûr, une collection permanente, Repères, qui vous donnera la possibilité de comprendre un peu mieux le sujet à partir de nombreuses pièces qui retracent ces parcours humains depuis le dix-neuvième siècle. C’est là que l’on comprend que parler de l’immigration n’est pas prononcer un discours politique mais bien raconter la vie de femmes, d’hommes, d’enfants qui ont été bringuebalés…
D’ailleurs, la vie de ce jeune musée a été elle-aussi bringuebalée. Il faut dire qu’il existe depuis presque sept ans et qu’il n’a toujours pas été inauguré, comme si la République n’avait pas encore réglé tous ses problèmes avec les phénomènes migratoires… En effet, si tout le monde peut parfaitement comprendre, justifier et légitimer les flux liés à des actions politiques – réfugié politique est un statut accepté par tous – il faut reconnaitre que le besoin de travailleurs émigrés, que le statut de migrant économique, voire alimentaire, sont des notions qui posent question à notre société et la République ne sait pas encore comment traiter ces aspects souvent cruels et tragiques… Il faudra encore du temps pour que tout cela se mette en place et les personnalités qui se sont occupées du musée, Toubon dans un premier temps, Benjamin Stora depuis l’été dernier, ont beaucoup fait pour que puisse vivre ce lieu de mémoire et d’histoire… Le musée sera peut-être moins bringuebalé dans le futur… Qui sait ? Surtout, maintenant que le président François Hollande a décidé de l’inaugurer officiellement…Bringuebalés ? Oui, justement, c’est le nom qui a été donné à une exposition temporaire, c’était du 20 septembre au 19 octobre 2014, avec les Carnettistes tribulants, un groupe d’artistes particuliers, pétris de talents, originaux et dynamiques. Ils ont en commun la passion du carnet de voyage sous toutes ses formes et ils ont relevé le défi du musée de l’histoire de l’immigration : chacun a choisi un objet de la galerie des dons et ils ont travaillé pour décliner, construire, raconter, émouvoir à partir de là… Ils sont onze à nous proposer dans l’ouvrage ce travail et à chaque fois c’est plus qu’un simple voyage ou mouvement, c’est une véritable tranche de vie mise à jour, imaginée, fantasmée, humanisée… et j’ai adoré !!!
Mais comme il s’agit bien d’un travail sur la mémoire, on va trouver des récits passionnants, et authentiques, par l’un des descendants de ceux à qui appartenaient ces objets. Ce sont des textes forts, touchants, émouvants et qui le sont d’autant plus que l’artiste est venu apporter ses couleurs, sa mise en scène, sa scénographie… Du coup, c’est un livre à lire et relire, un ensemble à picorer et digérer chacun à sa vitesse, en fonction de ses capacités d’absorption de la détresse humaine…
Bref, c’est le livre qu’il faut offrir et faire lire pour que chacun puisse enfin comprendre que parler de migration ce n’est pas mesurer un flux ou un autre, c’est parler de l’humanité, tout simplement !
Michel
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Bringuebalés
Carnet de mémoires d’immigrés
Préface de Farid Boudjellal
Les carnettistes tribulants
La Boite à bulles
ISBN : 9782849532140
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Maroc médiéval
Pourquoi s’intéresser au Maroc, qui plus est médiéval ? Je pense qu’il y a plusieurs bonnes raisons qui m’ont poussé à entrer dans cette exposition puis à acheter cet ouvrage avant de le dévorer par petite quantité, progressivement, avec passion et beaucoup de plaisir…
Tout d’abord, et ce n’est certainement pas la plus petite des raisons, le Maroc est la porte de l’Orient tout en étant proche de chez nous. Notre histoire touche presque la sienne, il fut un temps durant ce fameux Moyen-Âge installé sur le continent européen, puis ses rapports avec la France furent bien réels jusqu’à une indépendance totale qui a laissé encore de nombreux Français aimer ce pays pour y travailler, y séjourner, voire y prendre sa retraite…
La deuxième raison c’est que notre regard sur les pays islamiques est délicat. Nous voudrions souvent oublier tout ce qu’ils ont apporté aux sciences, aux lettres, à l’humanité… Ah, ce serait si simple qu’ils fussent entièrement mauvais, ennemis, inhumains, sauvages… et que sais-je encore ! Mais, voilà, cette exposition montre que le Maroc, par exemple, fut un pays doté d’une grande civilisation, avec des arts magnifiques, avec une littérature profonde, avec des grands philosophes… Oui, Maroc fascinant et grand, tu étais bien là dans cette exposition…
Est-ce à dire qu’aujourd’hui il ne resterait plus rien de cette grandeur ? Non, mais il s’agit, au moins, de prendre conscience de cette grandeur médiéval !
Un autre point est important. L’exposition montre plusieurs aspects indéniables de l’histoire tumultueuse de ce pays qui ne connut finalement pas de grandes périodes de paix au Moyen-Âge. Oui, on a le sentiment de très nombreux conflits, de guerres et batailles multiples, de tensions politiques et religieuses… et pas toujours avec des chrétiens, souvent entre musulmans. Oui, c’est un autre regard sur un pays et j’ai trouvé cela passionnant et éclairant.
Dans l’ouvrage, on va retrouver tout cela, avec cartes explications et photographies d’objets qui étaient dans l’exposition. Je voudrais juste mettre en valeur ceux qui m’ont le plus marqué à savoir : les magnifiques minbars, chaires de bois d’où les imans font leurs prêches du vendredi à la mosquée, une collection de bijoux d’une finesse extrême, des corans de toute beauté et des tenues vestimentaires chrétiennes d’origine marocaine… Tout était beau, en fait !
Maroc médiéval, un empire de l’Afrique à l’Espagne
Ouvrage dirigé par Yannick Lintz et Bulle Tuil Leonetti
Editions du Musée du Louvres et Hazan
ISBN : 9782754107891
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Jeu vidéo, entrons dans une nouvelle ère culturelleLe jeu vidéo est un domaine culturel particulier. C’est indiscutable ! Tout d’abord parce qu’il met en place, ou plus exactement parce qu’il participe à propager, une société ludique où jouer serait un acte aussi important que travailler ! D’ailleurs, les créateurs de jeux vidéo, eux, représentent une activité industrielle forte en France avec un gros chiffre d’affaire, avec des emplois à la clef, avec des exportations… Quand Ubisoft de Montreuil sort sa nouvelle version de Just dance, c’est un évènement mondial ! On pourrait décliner cela avec d’autres jeux conçus en France…
Mais le jeu vidéo est aussi une activité qui porte des angoisses, des interrogations, qui pose question : il y aurait des joueurs en situation de dépendance, il y a des jeux hyper violents, il y a des jeux trashs, il y a des jeux conseillés aux adultes seulement… Ceux qui jouent affirment qu’il n’y a aucun problème, ceux qui ne jouent pas s’angoissent complètement pour leurs enfants…
Si vous prenez le métro, tout simplement, vous allez découvrir qu’une très grande partie de la population joue, tous les jours, sur son téléphone, en prenant les transports en commun. Le nombre de joueurs augmente considérablement, et les joueurs englobent ainsi même les parents qui ont peur des jeux vidéo qui ne réalisent pas toujours qu’en jouant à Candy Crush ils jouent à un jeu vidéo…
L’album de l’expo fait revivre ce grand évènement qui sur plus de 1000M2 a permis une immersion totale dans l’univers des jeux vidéo. Il ne s’agissait pas seulement de regarder et comprendre, mais bien aussi de jouer. C’était à la Cité des sciences et de l’industrie et ce fut certainement un grand moment de partage, d’expérience, de compréhension autour des jeux vidéo…
On peut compléter le catalogue par un ouvrage sorti à la même période, coéditions entre les éditions de La Martinière et de la Cité des sciences et de l’industrie, La fabrique des jeux vidéo, au cœur du gameplay. Cet ouvrage va passionner tous les joueurs mais aussi tous les curieux qui seront heureux de comprendre la place du jeu dans notre société, la genèse de la création d’un jeu, les liens entre jeu et cerveau… L’iconographie d’une grande qualité et d’une richesse incroyable va donner à chacun la possibilité de voyager à travers le jeu comme si l’exposition continuait…
Il faut signaler que les auteurs ne se contentent pas de témoignages français en faisant comme si le jeu vidéo était seulement une activité artistique et culturelle française, ils vont à la rencontre de game designers étrangers, américains en particulier, ce qui donne à cet ouvrage un poids unique par rapport à des écrits précédents.
Incontournable dans le domaine !
William Audureau et Marie Christian
La Martinière
ISBN : 9782732459912
La fabrique des jeux vidéo
Olivier Lejade et Mathieu Triclot
Éditions La Martinière
ISBN : 9782732456379
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