Dès mercredi après-midi – en fait le premier spectacle du festival avait lieu à 11h – le festival Chalon dans la rue proposait des spectacles et des répétitions générales. De nombreux chalonnais et festivaliers en ont profité et c’est ainsi que j’ai pu aller à la gare écouter Igor Hagard de Pierre Sauvageot.
En 1913, le 29 mai pour être précis, un nombreux public parisien se précipite pour écouter et voir le nouveau ballet d’Igor Stravinsky. L’argument est simple, la célébration de l’arrivée du printemps par des primitifs qui immolent une jeune vierge au soleil… La soirée ne fut pas de tout repos pour le compositeur, pour l’orchestre, pour les danseurs… Michel Winock raconte très bien cela dans son ouvrage Les derniers feux de la Belle Epoque, chronique culturelle d’une avant-guerre, 1913-1914, et comme l’été c’est fait pour lire, à vous d’en profiter !
Mais vous entrerez encore plus dans ce récit si vous allez au spectacle Igor Hagard – spectacle avec billetterie – une symphonie moderne, calquée sur la partition de Stravinsky, mais exécutée de façon originale et en lien avec le chemin de fer, le voyage, le métal…
J’avoue avoir passé, malgré un soleil qui me cuisait à feu vif, un moment magique. Certes, je fais partie des amateurs de musique contemporaine, mais là j’ai trouvé que nous avions une proposition pour aller au-delà de la musique, dans un ballet imaginaire incroyable et surprenant…
Deux remarques entendues dans le public m’ont confirmé dans la réussite de ce projet. D’une part, une jeune fille qui disait à son amie : « c’est bizarre, chaque fois j’étais emportée dans mes rêves, dans mes pensées. J’essayais de résister et je repartais. » Pourquoi résister ma grande, la musique est une invitation au grand départ et il faut se lasser prendre !
Une autre disait à son mari : « Rien à voir avec le Sacre du printemps de Stravinsky ! » comme ce public de 1913 qui disait avec colère : « Rien à voir avec de la musique ! » Oui, cette dame me donnait la certitude par sa critique que le travail de Pierre Sauvageot, compositeur atypique et surprenant qui a décidé de mettre la musique dans l’espace public pour qu’elle ne dessèche ni ne meure dans les salles obscures de concerts, est réussi et qu’il a donné une sorte de prolongement au Sacre du Printemps après un siècle passé. Merci !
Quant à vous, irez-vous grossir la liste de ces farfelus qui sont là sur leur transats avec leurs casques en train de voyager de façon immobile ?