Tout commence avec une partie de ping-pong. Oui, quatre personnes entament cette partie et invitent quelques personnes à venir se mêler au jeu. Rien de bien extraordinaire dans tout cela si ce n’est que les tenues des joueurs surprennent. Talons, pantalons, chemises tout cela nous éloigne du sport… Non ?
Soudain les envies naissent et se déchainent et on comprend qu’il va s’agir de danse contemporaine plus que de théâtre. Un cuisinier entre en jeu. Il propose au public quelques amuse-bouche avant de mettre au travail certains. Il faudra émincer des oignons et préparer des poireaux. Quels rapports entre sport, danse et nourriture ? Pourquoi faudrait-il qu’il y ait des rapports entre les différents éléments de ce spectacle décalé et déjanté ?
Chaque spectateur doit pouvoir construire son histoire. Pour l’un ce sera par exemple le besoin d’énergie du sportif qui passera par l’alimentation « utile » avant de dégénérer éventuellement dans le surplus, dans le rejet, dans le déchet. Pour d’autres, pourquoi pas, le danseur, le sportif est angoissé par son corps, par cette nourriture qui lui fait envie mais qu’il finit malgré tout par rejeter… Pour d’autres, enfin, l’incompréhension du passage entre activités et nourriture persistera jusqu’à la fin du spectacle…
Toutes les étapes du repas sont évoquées, de la conception à la digestion, et le spectateur en délicatesse avec le conceptuel sera guidé par les mots écrits sur un tableau. Oui, il en faut pour tout le monde…
Cela n’empêchera pas le questionnement angoissant du festivalier qui voudrait bien comprendre pourquoi le cuisinier finit par se livrer totalement aux actions des quatre danseurs…
La fin – du repas ou de la danse – laisse aussi dubitatif car on passe d’une expression poétique, sensuelle et mystique (presque) à une chorégraphie sur du standard international sans intérêt. Erreur inutile, provocation constructive ou action incomprise, allez savoir ?
Alors faut-il y aller ou pas ? Oui, si vous êtes inconditionnels de la danse contemporaine et que vous souhaitez vous faire votre propre idée ! Oui, si vous voulez voir les évolutions des danseurs ballotés par leurs envies et pulsions au milieu des aliments, parfaitement comestibles au départ ! Non si vous refusez envers et contre tout que l’on puisse jouer avec de la nourriture ! Non, si vous préférez les spectacles qui commencent par « il était une fois » et qui finissent par « ils se marièrent et cuisinèrent tous les jours » car, ici, vous ne trouverez peut-être pas l’histoire…
C’était Scène de la compagnie Pic la poule !