Parmi cette foule aux notes et aux accents des pays du soleil méditerranéen, nous avons quand même eu l’opportunité de rencontrer quelques auteurs et dessinateurs italiens. Nous sommes ici avec Ricardo Federici qui illustre brillamment le tome 2 de la bande dessinée Saria, scénarisée par Jean Dufaux. Il reprend le flambeau après Paolo Serpieri qui après avoir finalisé le tome 1 s’est vu forcé de quitter l’aventure de cette Venise des enfers.
Cette entrevue s’est déroulée en italien, je vous en fait donc la transcrition ici :
Federici Bonjour ! Alors quand on se retrouve dans une série, avec Dufaux comme scénariste et un autre dessinateur qui a fait le tome 1, est ce que c’est difficile de rentrer dans la série, est ce que on fait attention à ce qu’ils ont fait avant ou bien est ce que l’on rentre avec son imaginaire tout de suite ?
Federici : Sicuramente, cominciare un nuovo lavoro di per sé è gia qualcosa di difficile, perché bisogna entrare in sinchronia con un nuovo mondo, una nuova storia allora sicurament è difficile e impegnativo per me di seguire il lavoro di Serpieri e lavorare con Jean Dufaux.
Bien sur ! Commencer une nouveau projet en soi représente toujours beaucoup de travail, puiqu’il faut se synchroniser avec un tout nouveau monde, une nouvelle histoire, alors ici, suivre et reprendre le travail de Serpieri et travailler avec Jean Dufaux à représenté beaucoup de travail et été très astreignant.
Alors justement quand on regarde cet album, on se dit, non pas que vous avez été, ou pas été, à la hauteur, on ne se permet pas de juger, mais on est tout de suite surpris par la grandeur du projet et par le style graphique déployé. Et donc j’aurai souhaité savoir par exemple vous mettez pour réaliser une planche ?
Federici : Per fare un lavoro pittorico ci vuole tempo. Ma, me, posso lavorare circa trenta, quaranta ore su una pagina.
Tout travail graphique nécessite du temps. Mais, pour ce qui est de mes propres planches, il m’arrive de travailler dessus environs 30 à 40 heures par planche.
Et quand on regarde la ville de Venise défigurée, remodelée et transformée, je voulais savoir si vous connaissiez Venise avant, si vous aviez travaillé avec des photos de Venise, si vous êtes allé faire des croquis avant de la déformer.
Federici : Quando ero molto piccolo ! No, non sono andato a Venezia per documentarmi, ho utilisato dei riferimenti per modificare alcune vedi della città.
Seulement une fois quand j’étais petit ! Non, je ne suis pas allé visiter Venise afin de me documenter. J’ai utilisé des documents se référents à la Cité des Doges afin de modifier certaines vues de la ville.
Et donc, si vous n’avez pas été à Venise, avez vous été en enfer, pour y voir les têtes des diables, de ces monstres divers ou est ce tout vient de vos fantasmes de petit enfant ?
Federici : Fortunatamente no !
Heureusement non !
Quand vous travaillez sur des planches, est ce que Dufaux vous donne tous les détails de ce que vous devez faire ou est ce que c’est vous qui à un moment donné choisissez la construction, qui dans cette narration est capitale ?
Federici : No, Dufaux mi ha lasciato molto libero di interpretare la sua storia, anzi per esempio, il personnagio del guido, aveva questi scritti sul viso che non dovevano essere luminosi, era la mia scelta, ne ho parlato con Dufaux e me ha detto : Parfait !
Non, Jean Dufaux me laisse très libre quand aux choix d’interprétation de son histoire, même si, par exemple, le personnage du prophète avait des écritures sur le visage prévues dans le scénario, cela a été mon choix de rajouter la lumière : j’en ai parlé avec Dufaut et il m’a répondu : « c’est parfait ! ».
Alors, vous envoyez les planches une par une à Dufaux ou par groupe ?
Federici : No, non le mando una per una. A volte, le mendo finite, altre volte invece, quando ho dei dubi sulla sceneggiatura, le mando la pagine e lui mi risponde ma personalmente, io sonon molto rispetoso degli scelti di Dufaux e penso che uno buon lavoro sia fatto di collaborazione.
Non, je ne les envoie pas une par une. Des fois, je les envoie finies, par contre, d’autre fois, lorsque j’ai un doute sur le scénario, j’envoie la page à Jean Dufaux et il me répond. Mais, je suis personnellement très respectueux des choix de Dufaux et je pense qu’un bon travail ne peut se faire qu’à travers une bonne collaboration.
Alors tout à l’heure vous parliez de la lumière des yeux d’un des personnages. Cette lumière, elle est aussi en opposition avec le voile qui va couvrir les personnages souvent au départ, le côté énigmatique. Est-ce que c’est vous qui utilisez les tissus, pour ce côté énigmatique ou bien est ce que c’est Dufaux qui avait décidé ça.
Federici : No è la mia scelta.
Non, c’était mon choix.
Est ce que, au fur et mesure que vous travaillez sur l’histoire, vous avez eu une sympathie particulière pour certains des personnages, que se soit des tenants des clés, La Luna, est ce que vous êtes attaché à vos personnages ?
Federici : Se ho un personnagio preferito ? Sicuramente Scirocco ! è una mia invenzione, era descitto nella scenegiattura da Jean Dufaux non cosi come lo vedette. Io l’ho un po esagerato e sono particolarmente affezionato.
Si j’ai un personnage préféré ? Bien sur, c’est Scirocco. Il est une de mes inventions. En fait, il était prévu dans le scénario de Dufaux, mais pas de la manière dont vous le voyez aujourd’hui. Je l’ai un peu exagéré et j’y suis particulièrement attaché.
On voit qu’il y a un travail graphique qui est étonnant dans tout l’album mais est qu’il y a des scènes qui vous ont posé plus de difficultés que d’autres ? Par exemple quand il y a un être qui se transforme en diable en plein mouvement, est ce que dans certaines scènes d’architecture ou de vaisseau, est qu’il y a un moment où cela à été plus dur ?
Federici : Sicuramente, alcune pagine sono complesse. Ma generalmente, puo sembrare stranno ma le cose le piu complesse mi divertano di piu e le faccio piu volontieri. Trovo magari noioso pagine con dialoghi, non noioso graficamente, ma alcune pagine complesse, come quella con le navi mi divertono per cui anche se bisogna molto tempo le faccio con molto piacere.
Bien sûr certaines pages sont plus complexes que d’autres. Mais, généralement, et cela peut vous sembler étrange, ce sont les choses les plus complexes qui me divertissent le plus et je l’ai fais plus volontiers ! Je trouve plutôt ennuyeuses les pages avec beaucoup de dialogues, pas vraiment ennuyeuse graphiquement parlant mais… Certaines pages complexes, comme celle avec les navires, même si elles nécessite énormément de temps me divertissent bien plus et j’y prends beaucoup de plaisir.
Est ce que vous travaillez à cette échelle (BD finie), car lorsque l’on voit les détails très précis, etc. où bien est ce que vous travaillez à une très grande échelle et surtout quelles sont les techniques que vous utilisez, comment vous travaillez réellement ? est ce que vous faites de vrai crayonnés etc. ?
Federici : Piu grande. Il formato che uso è un formato di 50 per 40 circa. Si, lavoro su un formato piu grande perchè mi permette di andarre piu negli detagli. Io sono un autodidatta e come tale mi piace mischiare vari tecniche. I colori che uso generalmente sono acrilice, aquiline, olio, Pantoni per l’aerografo. A secundo dell’esigenza.
Sur un format plus grand. Le format que j’utilise est d’environ 50 sur 40 cm. Oui je travaille sur un format plus grand car cela me laisse la possibilité d’aller plus loin dans les détails. Au niveau des techniques, je suis un autodidacte, et en tant que tel, j’aime mélanger les techniques. Les peintures que j’utilise sont l’acrylique, l’aquarelle, la peinture à l’huile et le nuancier Pantone pour l’aérographe. Cela dépend des besoins.
Est ce que le fait d’avoir travaillé avec Dufaux, qui est réputé en France et en Belgique comme un des très grands scénaristes du fantastique, c’est quelque chose que vous avez envie de prolonger, de continuer, quelle que soit la série, l’histoire ?
Federici : Sarei onorato di continuare a lovorare con lui. Si l’ho farei molto volontieri.
Je serais honoré de continuer de travailler avec Jean Dufaux, je le ferais très volontiers !
Federici, Grazie mille !
Merci beaucoup Federici !
Clémentine