A tous ceux qui croient, de bonne foi, que la bande dessinée ou le théâtre de rue détruisent les grands classiques, je voudrais dire que bien souvent c’est par ces médias spécifiques que des jeunes marchent à grands pas vers la culture… J’ai une fille qui est devenue grands amatrice d’opéra après avoir assisté à un Carmen dans la rue et qui a lu Hamlet après un spectacle de rue… Alors, avant de critiquer, il faut lire et aller voir… ce que nous avons fait, comme chaque année, lors de Chalon dans la rue !
Le théâtre de rue est un art particulier qui reprend, certes, une grande partie des canons du théâtre classique mais en se les appropriant d’une façon spécifique. Certaines compagnies ont développé un art particulier en établissant des liens indéfectibles entre art de la rue et théâtre classique, et c’est le cas des Batteurs de pavés, une remarquable compagnie helvète.
Tout d’abord, ils vont chercher leur inspiration dans le théâtre classique et nous avons encore en mémoire le spectacle Macadam Cyrano – directement inspiré d’Edmond de Rostand – et qui avait eu un succès considérable à Chalon en son temps… Les voici de retour, cette fois, avec Hamlet, la grande tragédie de Shakespeare !
Pour travailler dans la rue, il faut d’une part raccourcir le temps du spectacle car une tragédie de presque quatre heures, en anglais de surcroît, cela ne serait pas acceptable. Ensuite, il faut un minimum d’acteurs. La troupe n’est venue à Chalon qu’avec deux acteurs, ce sera un peu juste puisqu’il y a une trentaine de personnages dans la pièce d’origine, et donc il faudra du renfort pris dans le public. Enfin, Hamlet est un prince du Danemark et il faudrait des costumes de cour, chose impensable dans la rue, il faudra donc quelques attributs bien caractéristiques pour identifier les personnages…
Voici donc comment deux acteurs dotés d’une énergie incroyable déclenche un spectacle dynamique et incroyable avec l’aide d’un public qui est prêt à tout et qui illustre bien ce que certains savent depuis longtemps : lors d’un spectacle, le public doit surtout être disponible avec son imagination prête à foncer…
J’avoue que l’on s’est bien amusé avec ces deux helvètes perdus sur notre asphalte illuminé de soleil. Il faisait chaud dans nos têtes, mais le cœur battait à cent à l’heure grâce aux Batteurs de pavés qui ont su nous faire rompre les amarres d’avec la réalité…
« Vengeance ! Vengeance ! » Criait Hamlet tandis que la reine du Danemark, mère de Hamlet, disait avec conviction « Ouiiii ! ». Comme le but était quand même de faire rire avec une tragédie, nous n’étions mêmes pas étonnés d’entendre Ophélie murmurer « Glouglou », avant même qu’elle ne se noie…
Merci aux deux des Batteurs de pavés présents à Chalon dans la rue et grand merci à tous les spectateurs qui se sont prêté au jeu de ce spectacle fou qui a eu beaucoup de succès…
Plus de renseignements sur http://www.batteursdepaves.com