On savait bien que la seconde journée allait être beaucoup plus fatigante d’autant plus que nous allions avoir quelques temps forts dont celui de la rencontre de la classe Ulysse (je préfère la nommer ainsi car elle est en train de faire un grand voyage…) avec Philippe Jarbinet…
Mais tout a d’abord commencé avec une superbe rencontre avec Bézian. Bézian n’est pas le plus connu des auteurs de bandes dessinées, mais c’est un esthète, un aventurier du récit, un adepte de la perfection… et, ne l’oublions pas, un adorable personnage avec qui nous avons passé de longues minutes chaleureuses. Oui, c’est avant tout un homme sympathique et simple qui nous a reçu avec son accent du sud – il a du mal à le cacher – autour de son dernier album, Aller-Retour.
Certes, cet album n’est pas léger car c’est le parcours d’un homme qui part à la recherche de son passé, de lui-même, au cœur d’un village, celui de son enfance où un événement a eu lieu. Il est comme un enquêteur qui déambule pour savoir et comprendre. Peu de dialogue, peu d’action, beaucoup de contemplation, un album fort, une interview passionnante… L’espace d’un instant, le salon privé des éditions Delcourt, nous donne le sentiment d’avoir approché un grand de la bande dessinée. On pourra toujours nous dire qu’ici il n’y a que des grands, qu’il n’a pas beaucoup écrit d’albums, nous pensons qu’il y a en lui une grandeur réelle, une force humaine et artistique indiscutable qui un jour sera reconnue par tous… enfin, nous lui souhaitons !
L’entretien suivant va nous permettre d’approcher une des « idoles » de mes étudiants, un certain Boulet, l’homme que les jeunes suivent sur son blog depuis quelques années… Vous pouvez le retrouver sur http://www.bouletcorp.com/blog si vous ne le connaissez pas encore. Pour nous la surprise va être importante. Certains nous l’avaient présenté comme un peu imbu de lui, refusant d’être filmé et somme toute peu sympathique à enregistrer, et ce fut tout le contraire ! Tout d’abord, il fut adorable avec l’équipe d’étudiants, acceptant d’être filmé, jouant le jeu à fond et encourageant même les jeunes intervieweurs à se lancer quand la timidité les bloquait un peu… Sur le fond, il fut passionnant parlant avec enthousiasme de son dernier ouvrage, La page blanche, dessiné par Pénélope Bagieu. Eh, oui, il n’est que scénariste sur cet ouvrage et c’est l’un des point qu’il a bien développé car ce n’est pas si simple pour un dessinateur de laisser « l’autre » faire selon son talent et elle n’en manque pas !
C’est à partir de ce moment-là que la course a commencé car c’est à peu près au même moment que nous avions deux évènements qui allaient se dérouler de façon concomitante. En effet, chez Casterman notre classe Ulysse posait ses bagages pour rencontre « son » auteur et chez Delcourt Eric Corbeyran acceptait de répondre à nos questions et présentait sa nouvelle série « Zodiaque ». Beaucoup de choses à gérer et, heureusement, tout s’est bien passé. Tout d’abord, de chaque côté des auteurs professionnels qui ont fait preuve de patience et gentillesse. D’autre part, des étudiants qui furent très autonomes pour filmer la rencontre de la classe avec Philippe Jarbinet.
J’ai donc pu dans un premier temps interroger Corbeyran, rencontre filmée par Jessica et enregistrée par Jeffrey. Il faut citer ces jeunes motivés qui n’ont pas chômé durant quatre jour puisque nous avons rencontré une quarantaine d’auteurs au total… Eric Corbeyran a pris le temps de parler de son « œuvre » en général, lui qui a écrit plus de deux cent scénarios de bandes dessinées ! Ensuite, il nous a parlé de cette nouvelle série qui va marquer cette année, Zodiaque, un concept avec une bédé par signe, un héros à chaque fois nouveau avec un dessinateur spécifique. Chaque héros est habité par un pouvoir spécifique qui n’est pas si simple à porter mais qui caractérise bien le signe concerné. On peut entrer dans cette série librement, par son signe par exemple. On peut aussi tous les lire et on entre dans un panorama humain plus général. On peut, enfin, les lire tous et clore sa lecture par le tome 13 qui clôturera la série par une méga « surprise » et comme c’est une surprise, on n’en parlera pas !
Côté Casterman, je retrouve alors dix jeunes collégiens fascinés par Philippe Jarbinet qui est la vraie vedette. Il va rester presque une heure face à cette classe jouant le prof de dessin, l’auteur de bande dessinée, le conteur, le héros… Si ! Il est tout cela à la fois mais il est, surtout, plein d’écoute et d’accueil pour ces jeunes qui passent un moment étonnant avec lui autour de cette série Airborne 44. Les voilà plongés dans la seconde guerre mondiale et ce qui aurait pu paraître comme un cours d’histoire vu de l’extérieur, devient une rencontre humaine, tout simplement. Après la phase au sein du salon, les jeunes vont avoir la chance d’être en contact avec une association qui reconstitue des scènes de bataille de la seconde guerre mondiale et qui est venue à Angoulême avec une jeep du débarquement et cinq hommes habillés en GI. Ce sera alors une grande séance de photos et de nombreuses explications concrètes sur ces équipements que l’on retrouve dans la série de Jarbinet…
Mais pas le temps de profiter d’un temps libre bien mérité car un duo d’auteurs nous attend autour de son héros masqué. En effet, Serge Lehman et Stéphane Créty sont au stand Delcourt pour leur série qui démarre, Masqué. C’est l’histoire d’un super héros français respectant à la fois les canons du super héros américain popularisé dans les fameux comics, mais aussi incarné dans une bande dessinée française suivant elle aussi ses règles. Serge Lehman est un romancier et il donne ici l’impression de s’amuser. Il avait déjà fait une incursion au pays des bulles avec, entre autres, La brigade chimérique, et je crois qu’il prend un énorme plaisir à venir jouer dans cet univers. Quant au dessinateur que je connaissais avec la série Salem la noire, on le retrouve ici à son aise dans un premier album qui pose les bases de ce qui va devenir une référence dans le genre : un super héros bien de chez nous sans être franchouillard pour autant !
Après une telle matinée, il ne restait plus qu’à aller prendre un petit casse-croûte pour reprendre des forces car la journée n’en n’était qu’à la moitié…