Aller à Angoulême, ou dans n’importe quel festival, c’est se donner les moyens de rencontrer un auteur. Je n’ai pas dit se faire dédicacer un livre, mais bien rencontrer une personne qui a écrit un livre !
En effet, la dédicace n’est pas un objet qu’il faudrait collectionner et accumuler dans ses coffres, voire, pire, revendre sur internet au mépris total des auteurs qui vous l’ont offerte. Souvent, on croise des collectionneurs, des maniaques, qui ne recherchent que les dédicaces et n’ont même plus le temps de causer avec les auteurs. D’ailleurs, pendant que le dessinateur se fait un plaisir d’offrir un peu de son talent, le collectionneur impatient ne parle que de la prochaine qu’il va aller quérir. Comme souvent les accumulateurs, il n’arrive même plus à prendre du plaisir en regardant ces dessins déposés sur les premières pages d’album. Arrivé chez lui, ce pauvre malade – excusez-moi mais c’est bien une pathologie qui se développe devant nous – mettra ses albums dédicacés sous cellophane et personne n’aura le droit de les lire !
Mais revenons-en au lecteur plus modéré qui lui ne cherche qu’à rencontrer des auteurs et échanger avec eux sur leurs livres. Devant le dessinateur qu’il aura choisi, il sera d’abord ému. Il aura peur d’engager le dialogue. Que dire ? Puis, il va se pencher sur l’artiste au travail va découvrir la magie de la création, va oser admirer, dire ce qu’il ressent… Le dialogue va alors commencer, délicatement car de nombreux dessinateurs ne sont pas trop extravertis. Eux-aussi, ils se protègent, c’est leur dessin qui parle !
Enfin, l’échange devient plus profond, les mots prennent du sens, le dessin les renforce, et l’auteur sent qu’il est en face d’un de ses lecteur, le lecteur découvre la création, et, déjà, il est temps de se quitter. Tient, pour le coup, on aurait bien pris un petit café ensemble…
De retour chez lui, le lecteur contemplera avec une petite larme à l’œil ce dessin. Il y percevra un aspect supplémentaire d’un des personnages, un secret de l’histoire… que d’ailleurs il va relire en prenant son temps, en observant tous les détails des dessins qu’il n’avait jamais encore compris… maintenant tout compte pour lui, il connaît l’auteur !
Regardez ces dessinateurs, prenez le temps de leur parler, à Angoulême, Paris, Saint-Malo, Nîmes ou Bruxelles, comprenez qu’il s’agit bien d’art et que ces dédicaces ne sont qu’un don du dessinateur pour immortaliser votre rencontre avec lui… Que du bonheur !