J’avais promis de revenir prolonger l’évocation des séries romanesques et me revoici donc avec pour commencer un personnage singulier, Antoine Marcas !
Antoine Marcas est un policier qui est aussi (ce n’est pas incompatible du tout) franc-maçon. Le personnage a été créé par Giacometti et Ravenne (ce dernier, Jacques Ravenne, est d’ailleurs réellement franc-maçon, maître au rite français et donc l’aspect lié à la franc-maçonnerie n’est pas traité avec légèreté) en 2005 avec le roman « Le rituel de l’ombre ». Depuis les romans se sont enchainés avec quelques points communs : ce sont des thrillers avec une base policière et contemporaine, un lien avec l’histoire officielle ou secrète, une écriture rythmée et parfois crue, un grand nombre de personnages et un final très spectaculaire (en cinéma on dirait avec effets spéciaux sans limites !)…
Je viens de lire « Marcas », opus de 2021 qui vient de sortir en version poche. Un vol et un crime dans un établissement franc-maçon de Paris, Le Grand-Orient, deux policiers qui mènent l’enquête, La commandante Alice Grier pour la crim’ et le commandant Antoine Marcas en conseiller « franc-maçonnerie » et, surtout, de très longues et excellentes séquences dans un château sur les bords de la Dordogne, du Moyen-âge à nos jours…
Là encore, même si certains lecteurs exigeants (et ils ont bien raison de l’être !) pourront objecter sans difficulté que l’écriture est quand même assez basique, que les fils de l’intrigue sont souvent cousus de fil blanc, que les liens avec l’histoire sont à peine supérieurs à ceux du Da Vinci Code… (et j’entends bien tout cela !), je dois avouer que d’une part, c’est à chaque fois des intrigues très bien construites, un fond historique et franc-maçon étayé, des relations humaines approfondies et solides (que ce soit Marcas avec ses proches, y compris son fils, ou avec ses collègues d’enquête) et que le tout donne un roman solide à chaque fois même si on a le droit de préférer tel roman ou tel autre, comme dans toute série. Ce titre « Marcas » m’a donc bien plu et le lien avec la présidence de la République Française m’a bien amusé… surtout le final, mais je n’en dis pas plus !
Je voudrais évoquer maintenant une série atypique, « Loveday et Ryder » de Faith Martin. Pourquoi atypique ? Elle ressemble à deux gouttes d’eau à ces romans du genre Cosy Mystery mais il ne faudrait pas se laisser abuser par les apparences…
Oui, les enquêteurs pourraient bien être comme dans ces romans, des dilettantes : une jeune femme, Trudy Loveday, dans la police dans les années soixante et donc strictement « utilisée » à des tâches administratives (en aucun cas enquêtrice sur le terrain) et Clément Ryder, ancien chirurgien devenu coroner (lui aussi très éloigné des enquêtes sur le terrain) qui se retrouveraient, parfois et dans certaines circonstances exceptionnelles, à enquêter sur des affaires mystérieuses… Mais si ce premier aspect peut faire illusion, il est temps de prévenir le lecteur qu’ici, pas d’humour, pas de légèreté, pas de comédie et seulement des affaires très noires, très glauques et des personnages somme toute assez sombres : Loveday est clairement mal traitée sur son lieu de travail et Ryder est un ancien chirurgien chassé de son travail par une maladie qui le ronge… Ne rêvez pas non plus, pas d’histoire d’amour entre ces deux personnages, plutôt l’histoire d’une transmission humaine profonde qui est très belle…
Dans ce roman, « Couronnement fatal à Middle Fenton », sixième roman de la série traduit en langue française, tout commence avec un meurtre horrible et un suicide d’aveu… L’affaire est cruelle et sanglante et le suicidé et le fis d’un ponte de la police locale… Pourtant, il faudra bien faire la lumière sur cette affaire et ce ne sera pas si simple… La jeune femme policière et le vieux coroner arriveront-ils à aider la lumière à descendre sur la scène de crime ? On a envie de dire oui au premier abord mais, allez savoir, ce n’est pas si évident…