Né en 1977, Nicolas Wild est un ancien élève du célèbre atelier d’illustration des Arts Déco de Strasbourg. Ce fils de pasteur, alsacien d’origine, avait été l’initiateur et le coscénariste du Vœu de Marc, avec Boulet et Lucie Albon : un album tout public tendre et déjanté où se ressentait déjà son humour grinçant mais sans méchanceté. Cet humour avait déjà fait précédemment mouche dans une série de strips publiée aux Oiseaux de passage : Le Bourreau.
Avec Kaboul Disco, Nicolas a marqué les esprits de quelques milliers de lecteurs et de la presse. Et l’aventure se prolongera avec un second volume puis Kaboul Requiem. Cette série confirmait les qualités indiscutables de Nicolas comme narrateur BD, son sens de l’humour et même de l’autodérision car il s’agissait ici d’une histoire largement fondée sur le vécu…
Mais c’est avec l’album « Ainsi se tut Zarathoustra » que j’ai commencé à lire Nicolas Wild puis que j’ai pu l’interviewer. Il nous raconte un assassinat, il nous parle d’une religion que nous ne connaissons pas, le culte Zoroastre, de l’Iran… Il fait cela avec talent et en choisissant de créer un personnage de fiction pour mieux raconter la vérité… Son livre a été primé par France Info en 2014, comme bande dessinée de reportage et d’actualité…
Avec son dernier ouvrage, il va continuer dans le reportage ou le témoignage. On est venu le chercher et on lui a proposé de faire une bande dessinée sur « La maison des femmes » de Saint Denis… Encore une fois, on n’est pas dans la fiction mais bien dans un quotidien vécu par des femmes, un vécu parfois, malheureusement, beaucoup plus violent que nos petites fictions de la télé… Ici, cette maison des femmes est un véritable refuge pour des femmes en grande détresse…
La finesse de Nicolas est d’abord d’avoir su se faire accepter et adopter par le personnel de la Maison, par celles qui la fréquentent… Puis, dans un deuxième temps, d’avoir trouvé le moyen de nous raconter ces destins sans vouloir jouer les donneurs de leçons, sans nous faire pleurer à toutes les pages car cela aurait été insoutenable et je ne me réjouirai de le rencontrer à Saint-Malo… Non, il raconte en subtilité, en frère humain, en compagnon de route… Le ton est parfait !
Les vedettes se sont ces femmes qui en supportent plus que nous ne pourrions le faire ou même imaginer que cela puisse exister… Pourtant, c’est bien en France et parfois pas si loin de chez nous…
Un livre puissant, un livre témoignage, un livre à lire et faire lire et c’est bien pour cela que je voulais rencontrer durant ce festival Quai des bulles Nicolas Wild, pour vous le faire entendre aussi dans le Kiosque à BD sur RCF en Bourgogne…