Présentation de l’équipe : Alexandre

J’ai demandé à chaque participant de l’équipe « Angoulême 2017 » de donner ses motivations avant le départ… Une façon de faire connaissance… Et c’est Alexandre qui prend le relais :« Je viens à Angoulême pour redécouvrir l’univers de la Bande Dessinée qui a bercé mon enfance !  Certes, je ne suis pas si vieux que cela, je ne suis pas non plus un grand lecteur mais j’admire beaucoup ces artistes qui créent des personnages et histoires de toutes pièces, du scénario au dessin.

Bien entendu je vais également dans cette ville pour la découvrir puisque je n’en ai jamais eu l’occasion, ce qui me permettra je l’espère d’observer de nouveaux éléments de patrimoine et apprécier des paysages inconnus.

En allant à Angoulême, j’ai pour espoir de renouer avec ce monde de la BD et peut-être même de faire naitre une nouvelle passion, qui sait ? »

Présentation de l’équipe : Damien

J’ai demandé à chaque participant de l’équipe « Angoulême 2017 » de donner ses motivations avant le départ… Une façon de faire connaissance… Et c’est Damien qui nous parle :

« Damien, irréductible gaulois appréciant la nature, l’art et… les sangliers ! D’un naturel calme, il a l’humour taquin et un peu noir…

La potion? Il n’est pas contre, tant qu’elle est partagée entre amis autour d’un bon feu de camp ! »

Seul problème, c’est que l’autorisation du feu de camps en plein gite… Allez savoir ! par contre l’allusion aux Gaulois quand le prix Goscinny est réactivé, plutôt fin… Non ?

Présentation de l’équipe : Cynthia

J’ai demandé à chaque participant de l’équipe « Angoulême 2017 » de donner ses motivations avant le départ… Une façon de faire connaissance… Et c’est Cynthia qui s’y colle :

 

« Je dois bien avouer n’être pas une grande lectrice de bandes dessinées, mais toujours en quête de nouvelles aventures, le Festival d’Angoulême m’a tendu les bras.

 

Je me suis ainsi surprise à prendre un réel plaisir à la lecture de nombreuses bédés afin de préparer cet évènement. Parfois amusée, heurtée, émue, j’ai découvert que le monde de la BD est vaste et fort en émotions ! je suis maintenant impatiente de pouvoir partager mes ressentis avec ces créateurs.

 

De plus cette aventure ne pourra m’être que bénéfique, de nature assez stressée je compte bien me dépasser et accomplir ce travail de journaliste comme il se doit. »

Présentation de l’équipe : Alexis

J’ai demandé à chaque participant de l’équipe « Angoulême 2017 » de donner ses motivations avant le départ… Une façon de faire connaissance… Et c’est Alexis qui a répondu le premier :« Après Montreuil et son Salon du livre et de la presse jeunesse, j’ai eu envie de prendre ma retraite de « journaliste ». Et puis Angoulême est arrivé et je n’ai pas pu résister… En même temps c’était un rêve de grand enfant.

C’est un peu le plaisir coupable de cette année, un moment calme pendant 1 semaine à se reposer dans l’Ouest de la France, c’est un peu des vacances. Enfin ça c’est ce que j’imaginais avant de voir le programme ! »

Un coup de coeur BD : Regarde les filles

« Regarde les filles » est un roman graphique qui m’a surpris, étonné, séduit ; conquis, fasciné… J’ai aimé – pour ne pas dire adoré car on n’adore que Dieu me disait-on dans ma jeunesse – sa douceur, sa franchise, sa poésie, sa simplicité, sa quotidienneté, sa narration graphique efficace, ses ellipses et les libertés laissées au lecteur, les personnages, les silences… Bref, je ne connaissais pas François Bertin et mon premier contact avec lui a été très réussi : un beau et bon livre !Alors quel est le thème de cet ouvrage mystérieux ? Mystérieux car justement tout n’est pas absolument clair et précis. On peut penser qu’il s’agit d’une obsession. C’est du moins ce qui nous passe par la tête au départ. Le petit Antoine depuis son plus jeune âge est à la recherche permanente de l’image des femmes… Mais cette explication ne tient pas très longtemps, elle est largement insuffisante !On peut furtivement découvrir que ce jeune Antoine aurait pu être perturbé par sa sœur, sa mère, d’autres femmes et qu’il porterait depuis presque toujours une tache indélébile : il ne parle pas et il est pour le moins timide pathologique… Mais, parfois, le silence est une façon d’exprimer un mal-être profond…Seulement cette explication ne suffit pas et les femmes rencontrées par le jeune Antoine sont assez complaisantes et sympathiques. Antoine est muet mais pas pour cela !

Certains ont vu dans le comportement du jeune Antoine les affres de l’artiste qui se découvre, se met en marche, s’apprête à construire son grand œuvre, la vie des femmes sur papier ! Certaines scènes sont d’ailleurs très belles, très précises et judicieuses… mais sur le fond, ce livre est beaucoup plus qu’un simple regard artistique sur le travail de l’artiste…C’est aussi, indiscutablement, un regard sur l’enfance et l’adolescence, sur la pensée de l’ado – on croit trop souvent qu’il s’agit du chaos alors qu’en fait il s’agit d’une phase en mutation, en construction, en évolution – qui découvre l’altérité. On me dit que je suis un homme, j’ai en face de moi une femme et… et alors ? Long apprentissage et fascination réelle teintée de romantisme le tout dans une ambiance délicate…

Antoine construit son regard, son œil, son corps, son appartenance sexuelle, il va passer de l’enfance à l’âge adulte sous nos yeux et c’est beau, tout simplement !

Alors que tout cela aurait pu être glauque et lourd, car tout n’est pas rose dans cette enfance, François Bertin en fait un récit beau et pur que l’on va dévorer avec plaisir ! Bien sûr Antoine n’apprend pas qu’à regarder les filles et dessiner leurs formes plantureuses ou pas. Il va les découvrir, à commencer par sa mère, sa sœur… et c’est probablement là que certains lecteurs éprouveront comme une petite gêne… C’est quand même une femme, certes petite et plus en devenir, qu’il lui offrira l’occasion de parler pour la première fois, du moins dans cet album. En effet, c’est quand il tient Maïa dans les bras, sa petite fille, qu’il devient Antoine, fils, frère, homme, père…

Que vous dire de plus sans tout vous raconter ? Je pense que François Bertin a écrit là un livre thérapie, une œuvre d’art-thérapie, et il doit aller beaucoup mieux maintenant, du moins c’est ce que j’aurais tendance à penser !

Alors, je peux me tromper dans mes interprétations de la bande dessinée « Regarde les filles » mais dans ce cas cela ne durera pas trop longtemps car dès la semaine prochaine je vais rencontrer François Bertin, lui poser quelques questions pour éclaircir tout cela et si je me suis trompé du tout au tout, vous le saurez !!!

Une dernière petite pensée, cette fois pour son éditeur, mon ami Wandrille : Comment fais-tu, cher ami, pour trouver de tels auteurs et textes avant les autres ? Là aussi, on va lui poser la question…

Le grand départ approche pour Angoulême, J-1

Cette fois-ci, dernière ligne droite avant le festival international de la bande dessinée d’Angoulême pour lequel je pars demain matin avec 8 étudiants pour réaliser un reportage complet…

Mais pourquoi aller à Angoulême ? Il me semble inintéressant de répondre à cette question avant de vous présenter chacun des étudiants qui va partir avec moi…

J’ai trois objectifs dans cette action. Tout d’abord offrir à mes étudiants un cadre professionnel de travail. On peut jouer les journalistes multimédias en restant à l’IUT, en photographiant ses copains en pleine partie de volley ou sur un mur d’escalade, on peut faire des interviews de son voisin d’amphi… Tout cela apporte mais masque la réalité du terrain : logistique d’un reportage, contacts préalables, dialogues avec des inconnus, travail de fond sur un sujet, découverte d’une œuvre, croisement avec une multitude de métiers différents, mise en œuvre de ses compétences…

Dans un deuxième temps, il y a le fait de leur donner l’occasion d’être en contact avec des livres et des auteurs. Oui, la bande dessinée est bien une forme de littérature, de narration ! Oui, les auteurs de bédés sont des auteurs à part entière ! C’est aussi l’occasion de leur faire lire un grand nombre d’albums car tous les auteurs rencontrés et interviewés sont au départ lus !

Enfin, c’est l’occasion de travailler en équipe et pas une équipe pour cinq minutes, une équipe de 9 personnes pour une semaine en vivant ensemble dans un gite… Il y a donc une belle dimension humaine et j’espère qu’elle va leur apporter beaucoup, qu’elle va les préparer à travailler avec les autres car on ne peut jamais se passer des autres !

Et ce que l’on fait à Angoulême est une expérience vécue par les autres de la promotion à Saint-Malo, Montreuil, Paris, Lyon, Dijon… à l’occasion de Quai des bulles, de Kidexpo, du Salon du livre et de la presse jeunesse, du Saiten, des Assises nationales de Stop aux violences sexuelles, du SIRHA… Il n’y a pas que la bande dessinée, toutes les expériences et rencontres sont belles et riches ! Mais pour cette fois, vive la BD !

Lady S, héroïne efficace et attachante…

Lady S est une série que j’aime beaucoup et je sais que cela en surprend régulièrement quelques-uns. En effet, pour ceux qui s’arrêtent aux premières impressions Lady S est une série avec un aspect policier et espionnage, un côté action et une pointe de violence, un chouïa de sexe et une pointe d’exotisme, une recherche des origines de l’héroïne qui semble sans fin et qui rend addict à la série… Bref, cette série peut sembler très grand public et sans trop d’intérêt !Je peux entendre tout cela mais je souhaiterais préciser quelques éléments comme celui qui concerne « l’aspect grand public ». En effet, d’une part je ne suis pas convaincu que le fait d’être apprécié par un large public soit un défaut intrinsèque et structurel. Je ne vois pas du tout où serait le vice d’être aimé par beaucoup, du moins quand il s’agit d’une œuvre narrative. Il y a des livres, des films, des bandes dessinées de grande qualité qui ont su être reçus avec bonheur par le plus grand nombre et, pour les mêmes raisons, une œuvre qui ne trouve pas son public n’est pas nécessairement de qualité. Non, les choses sont beaucoup plus complexes que cela !D’autre part, dans le cas de Lady S, il faut surtout aller au-delà des premières impressions. En effet, cette série, créée par Jean Van Hamme et Philippe Aymond est une tentative, plutôt très réussie, de faire une fiction d’espionnage dans l’ère post soviétique. C’est vrai que depuis que le Mur de Berlin est tombé, depuis que l’Union Soviétique a disparu, le genre espionnage a connu bien des difficultés à se régénérer. Il n’y a plus les bons et les méchants, il n’y a plus deux camps qui se regardent dans le blanc des yeux, il y a une multitude de dossiers épineux et à chaque fois ces dossiers divisent différemment les pays et leurs services spéciaux. On a même compris que tout cela était complexifié par des groupuscules religieux, politiques, ethniques ou révolutionnaires… du coup, dans Lady S, il y a un peu de tout cela…D’ailleurs qui est Lady S ? Pour qui travaille-t-elle ? D’où vient-elle ? Quelle est sa conception du bien et du mal ? Oui, tout commence là et c’est bien pour cela que la série porte ce nom de Lady S et non un de ses patronymes douteux sous lesquels certains la connaissent… N’est-ce pas chère Shania ?Philippe Aymond travaille maintenant seul sur la série. Très rapidement Jean Van Hamme a pris ses distances avec ce travail car ce scénariste n’a plus 20 ans et il a encore des projets. A partir du dixième album Philippe Aymond a construit seul les scénarios et après un léger flottement il a entièrement pris la mesure des choses et je trouve que les albums 11, 12 et  sont de très bonne facture. Quant au dessin, j’ai toujours aimé ce style réaliste de Philippe Aymond que j’avais découvert jadis dans les séries Canal Choc et 4X4. Il trouve-là une narration graphique aboutie d’une grande finesse et Lady S est devenue une femme crédible, solide, efficace et très humaine…

Voilà donc une série qui devrait retenir l’attention du public ciblé – en tout premier lieu des jeunes adultes hommes – mais qui pourrait bien accrocher un beaucoup plus large public sur un genre qui renait de ses cendres, l’espionnage !

La reine de la bédé c’est Aliénor d’Aquitaine !!!

Oui, je suis bien un passionné d’histoire, d’histoire de France en particulier mais pas d’histoire nationaliste ou politisée. J’aime l’histoire car elle peut nous faire comprendre d’où on vient sans d’ailleurs nous garantir la destination car le passé ne conditionne pas non plus de façon absolue le présent… J’aime très spécifiquement l’histoire de France quand une personne d’un autre pays se penche sur les évènements qui nous ont touchés. En effet, c’est passionnant de voir comment est perçue notre Histoire par ceux qui nous regardent de près ou de loin…C’est ainsi que Simona Mogavino, experte en art religieux, a décidé suite à un accident qui l’avait quelque peu immobilisée, de se pencher sur l’histoire d’Aliénor d’Aquitaine. Au départ, une curiosité pour cette femme qui a été reine et France puis reine d’Angleterre, puis une sympathie avant de devenir une passion…

Comme elle est femme d’un auteur de bande dessinée, Alessio Lapo, elle se dit que cette femme pourrait bien devenir un personnage du neuvième art. La voilà qui recherche un éditeur et c’est chez Delcourt avec Marya Smirnoff, que tout prendra forme. On lui trouve un coscénariste, Arnaud Delalande, et l’équipe se complète avec un dessinateur qu’elle connaissait bien, Carlos Gomez. Ce dernier est un Argentin qui travaille en Italie depuis quelques années… une belle équipe internationale pour une reine qui fut successivement, en quelque sorte, aquitaine, française, angevine, anglaise… Européenne, quoi !Cette série, Aliénor, la légende noire, a commencé doucement, on parlait d’un triptyque, pour maintenant devenir une très belle série, 5 albums parus sur probablement 6. On y découvre le personnage d’Aliénor, sa vie de reine française, son couple avec le fameux Louis VII, puis leur divorce, son mariage avec Henri Plantagenet, son arrivée sur le trône d’Angleterre… Oui, la vie d’Aliénor est un roman tragique, une aventure incroyable et elle va provoquer, sans en mesurer directement les conséquences, la Guerre de Cent ans !Il s’agit là d’une très belle bande dessinée, très bien construite et posée sur des bases historiques solides même si la priorité est bien donnée à tout ce qui peut faire d’Aliénor une reine de sang – titre de la collection – et une femme de caractère, peut-être trop car il est difficile d’avoir des preuves de certaines réactions de la reine. En même temps, il ne s’agit pas d’une thèse d’histoire mais d’une série de bande dessinée !

J’avoue qu’il s’agit d’une magnifique surprise, peut-être d’ailleurs la seule de qualité dans cette collection car les autres reines évoquées font pâle figure à côté d’Aliénor : Isabelle De France, Frédégonde, Tseu Hi… Ce n’est pas seulement le talent des auteurs qui est en cause – Simona, Arnaud et Carlos sont de grands auteurs – mais aussi le personnage de leur héroïne – Aliénor est exceptionnelle, ou, du moins, ils en ont fait un personnage d’exception !!!

Donc à lire et faire lire !!!

Premier tour de l’élection du lauréat du Grand Prix 2017 de la ville d’Angoulême !!!

Le Grand prix 2017 de la ville d’Angoulême va-t-il encore déclencher les ires des uns ou des autres ? Une fois encore, les femmes semblent être les oubliées des électeurs… Qui sont les électeurs ? En fait, c’est assez ouvert : tout/e auteur/autrice de bande dessinée professionnel/le, quelle que soit sa nationalité, dont les œuvres sont traduites en français et diffusées dans l’espace francophone…

Quatre auteurs sont en tête à l’issue du premier tour :

-       Cosey

-       Manu Larcenet

-       Chris Ware

-       Alan Moore (a demandé à disparaitre de la liste du second tour car il ne souhaite plus recevoir de distinction).

Le second tour aura donc lieu entre le 18 janvier et le 22 janvier. Le nom du nouveau Grand Prix sera annoncé le mercredi 25 janvier 2017 à 18 heures à la médiathèque de l’Alpha lors de la cérémonie d’ouverture de la 44e édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême. Et nous y serons !

Qui aura gagné, je ne sais pas mais qui est l’auteur que j’aime le plus parmi les trois en course ? Les trois sont des grands auteurs, les trois sont étonnants et passionnants… Un petit faible, peut-être, pour Cosey mais, très très courte avance sur Larcenet… Et si Chris Ware gagne, je ne vais pas pleurer c’est promis !!!

Quant aux femmes, il faudra encore attendre un peu pour trouver qui succèdera à Florence Cestac !

BD et mémoires de femmes vietnamiennes…

Je viens de lire pour préparer le festival international de la bande dessinée d’Angoulême, le troisième volume de Mémoires de Viet Kieu de Clément Baloup, Les mariées de Taïwan. Je suis le travail de Clément Baloup depuis quelques années et j’avoue que cette dernière lecture m’a profondément touché.

Tout d’abord, sa narration graphique est de plus en plus efficace, il maitrise on métier d’auteur de mieux en mieux et il ose faire ce qu’il n’aurait pas fait avant. Ici, il intercale dans son récit inspiré du réel mais marqué par la fiction, des pages témoignages de femmes qu’il a rencontrées. Cela fonctionne admirablement bien et c’est bouleversant !

C’est d’ailleurs sur le fond de cet album que mes remarques seraient les plus positives : je ne connaissais pas du tout le destins de ces femmes vietnamiennes, « vendues » pour trois sous soixante, arrachées à leurs familles, abandonnées par leur pays, exploitées et souvent maltraitées par leur famille d’accueil et leur mari…Quand on lit cet ouvrage, on mesure à quel point, dans certains pays – mais la liste est de plus en plus longue – les femmes sont tout simplement maltraitées ! Et que fait-on pour changer cela ? Qui ose réagir ? N’y aurait-il qu’un auteur de bande dessinée pour prendre la parole ?Je ne veux pas être catégorique, bien sûr, et je sais bien qu’il y a quelques journalistes et grands-reporters qui en parlent… mais pas assez !

Merci Clément Baloup de ce travail, de ce courage, de cette obstination à travailler sur la mémoire d’un peuple ballotté par l’histoire et les trahisons de toutes natures. Merci pour le destin de Linh raconté dans cette bade dessinée documentaire, merci de donner la parole à celles qui sont oubliées de tous… et à très bientôt à Angoulême pour un entretien qui s’annonce passionnant à défaut d’optimiste !