Quai des bulles 2017 : La rencontre avec Jean-Paul Bordier par Romane

Un travail en équipe aussi conséquent que celui que nous menons depuis notre arrivée au festival Quai des bulles à Saint Malo, nécessite un planning serré et préparé à l’avance… On a lu avant les ouvrages, choisi nos « interviewés » et pour moi, cette seconde journée démarre sur les chapeaux de roues et la crainte monte au fur et à mesure que les minutes défilent sur ma montre. Je m’apprête à rencontrer le dessinateur de deux albums de la série Nains des éditions Soleil. Je revois mes notes succinctement comme un adolescent révisant juste avant un contrôle et pose mes yeux sur son ouvrage. Je lis, comme écrit en grosse lettre sous l’intitulé dessinateur : JEAN-PAUL BORDIER. C’est un peu comme un vertige ou une émotion difficile à maitriser…

Mais par où pourrais-je bien commencer ?

L’heure fatidique arrive enfin et je vois s’avancer vers moi ce fameux Jean-Paul Bordier que je redoutais tant et qui finalement ne m’intimidait pas comme j’aurai pu l’imaginer. Il s’avérait qu’il n’était pas plus à l’aise que moi et c’est sur un ton tendu au départ mais simple que nous avons alors entamé notre discussion.Après quelques albums de la série Elfes et bercé par les univers de Legend (Ridley Scott) et Willow (Ron Howard), on retrouve Jean-Paul Bordier dans un monde plus dur et brutal, celui des Nains. Il s’appuie sur les designs de Pierre-Denis Goux, spécialiste en la matière pour ainsi appliquer certains codes graphiques propres à l’univers des Nains et planche ensuite sur ses pages pour donner vie à Dröh et Oösram des errants. Le défi, qu’il aime relever, est de mettre en scène les scénarios assez denses de Nicolas Jarry…

L’univers des Nains est certes violent mais la discussion avec Jean-Paul Bordier ne l’est pas du tout et au fil des minutes, la tension disparait… Allez, croyez-moi, les Nains ne sont pas désagréables à fréquenter…

Quai des bulles 2017 : La rencontre avec Tamara de Lempicka par Mélanie

Mondaine, cultivée, théâtrale, mégalomane, artiste aux mœurs débridés et aux allures de femme fatale, Tamara de Lempicka est une icône de l’Art Déco des années 20.

Je découvre cette femme une nuit entre plusieurs lectures grâce à la génialissime collaboration entre Virginie Greiner et Daphné Collignon, respectueusement scénariste et dessinatrice de Tamara de Lempicka, la bande dessinée qui gagne à se faire connaître.

Une page, deux pages…trois pages et je me rends compte que je n’ai jamais été autant attirée par un personnage, je veux alors tout savoir sur elle… Découvrir tout d’elle, sa beauté, ses talents, son charisme et son élégance.

Il est une heure du matin, après une journée éprouvante mais impossible de fermer les yeux ou ne serait-ce que de penser à continuer la lecture demain. Je dévore cette bédé en moins de 20 minutes et prends plaisir à relire une planche alors que j’ai absolument tout compris.

Je veux tout savoir, ne rien laisser passer, je veux m’arrêter sur chaque détail, chaque point de lumière si joliment dessiné par Daphné, qui, soit dit en passant, transcende la beauté de cette femme par son sublime graphisme… La scénariste, Virginie Greiner, a su trouver le bon rythme pour me faire entrer dans cette vie fabuleuse…La bande dessinée ou, plus exactement, Tamara brille et rayonne dans ma chambre, je la vois danser autour de moi, elle me regarde avec ses immenses yeux de biche et me parle. Ce sont des messages que je comprend, la féminité est une fierté, sa sensualité complètement assumée m’emporte dans un monde où les femmes décident de leur vie, de leurs carrières sans s’enfermer dans une case. Je découvre cette femme, ses convictions et une époque pleine d’audace et de manière.L’époque des années vingt m’immerge dans ce cadre huppé de cette société parisienne branchée où Tamara fascine et trouble, se balançant entre son Art et sa vie de famille qui crée une forte ambiguïté sur son rôle de mère et sa vie d’artiste accompli. Progressivement, l’album laisse entrevoir des croquis, des esquisses et des tableaux de l’artiste sublimés par la patte de Daphné Collignon, qui fait revivre la peinture de l’artiste et se nourrit de son style pour la présenter.

Merci. J’ai découvert Tamara de Lempicka, une artiste troublante qui ne cesse de m’émouvoir par la grâce de son art, du dessin de ces femmes inoubliables aux regards incroyablement pétillants.

 

Quai des bulles 2017 : La rencontre avec Fanny Lessaint par Mina

« Lolonoa », drôle de nom pour un pirate ! Je songe à la bande dessinée de Fanny Lessaint. Une rencontre que j’appréhende, car il est, à mon sens, toujours plus difficile d’interviewer des auteurs dont j’ai sincèrement apprécié le travail…

L’histoire se déroule en Espagne, au 17ème siècle. Lolonoa est un pirate cruel et redouté. Lors de notre rencontre avec lui au début de l’album, il est déjà mort. Dès la première page Fanny plante le décor. Une ambiance sombre dans laquelle on se sent transporté et bercer par la plume de l’autrice. Voilà une bande dessinée peu ordinaire. Fanny Lessaint c’est une autrice, une dessinatrice mais surtout une poétesse. Les dessins sont aussi fins que l’écriture et se marient parfaitement.

C’est dans cet univers au penchant masculin qu’elle nous transporte avec brio, en ressort une œuvre autant littéraire que graphique qui se détache des modèles de « bandes dessinées à bulle » plus courantes.

Mais comment notre protagoniste a-t-il pu devenir si cruel ? Fanny Lessaint nous conte les aventures qui ont mené Lolonoa à sa perte. Elle s’intéresse à la psychologie du personnage, son caractère a été soigneusement étudié. Inspirée de faits réels et des écrits de Carmen Boullosa, une poétesse et romancière Mexicaine, l’autrice fait évoluer son personnage dans une ambiance des plus poétiques jusqu’à ce qu’il devienne un véritable démon.

Lolonoa, c’est le genre d’anti-héros que l’on apprend à aimer. Que l’on ne veut plus lâcher. Il reste une part d’ombre quant à la réalisation d’un second tome car la fin a été travaillée de façon à ce que la boucle soit bouclée. Pour les mordus du pirate encore un peu d’espoir, rien n’a encore été décidé.

Quai des bulles 2017 : La rencontre avec Grégory Panaccione par Charline…

… ou, comment se faire évincer !

Le 28 octobre 2017, à Quai des Bulles de Saint-Malo, il est marqué sur mon planning “14h interview Grégory Panaccione, dessinateur de la DB ChronosQuad”. C’est une série de 4 tomes que j’ai lu pour l’occasion. J’étais prête, j’avais mes questions et je sentais que ça allait bien se passer.

Et voilà qu’on me dit que cela ne va pas être possible, il est pris à cette heure-là… Mais comme Grégory Panaccione souhaitait rencontre Michel Bonnet, il fait reporter à 17h… Il y a une petite fenêtre libre d’interview… Mais, du coup, je vais devoir interviewer avec Michel Bonnet… Mon prof !

Je suis un peu vexée, frustrée… On ne me ferait pas confiance ?  Mais je comprends que lors de tels évènements, chacun fait comme il peut… Editeur, responsable de stand, attachée de presse, auteur, journaliste et même l’étudiante journaliste…

Alors, avec mon prof, on se prépare à faire l’interview à trois, lui, l’illustrateur et moi. Mais lors de la prise de son, Michel (mon professeur) est tellement pris par la discussion qu’il en oublie de me tendre le micro, à la fin de l’interview je n’ai posé qu’une question, une petite question… Je pense que ce soir je vais écouter La tristitude d’Oldelaf. Mais, voyons le bon côté des choses, en étant avec mon prof, j’ai pu comprendre ce qu’était une véritable interview entre gens passionnés. J’ai encore du chemin à parcourir mais un jour, l’élève dépassera le maître !

Mais, au fait, ChronosQuad, de quoi s’agit-il ?

C’est du tourisme par saut dans le temps, un polar de science-fiction et une bolée d’air frais et d’humour. On suit l’histoire de Bloch, un jeune homme qui vient de recevoir l’appel de sa vie : il va enfin intégrer la mythique Chronosquad pour une mission en Égypte antique ! Une banale fugue d’adolescents d’un centre de vacances que l’expérience de ses coéquipiers, Penne et Beylogu, devrait permettre de résoudre rapidement. Mais ce qui se présentait comme une balade temporelle de santé se transforme bientôt pour Bloch en voyage initiatique…

A travers cette BD, on peut voir le talent de l’illustrateur, qui a réalisé les 4 gros volumes en 1 an seulement ! A croire que, lui aussi, a remonté le temps pour en gagner !!!

Quai des bulles 2017 : La rencontre avec Hubert par Charline

Mélanie et moi rencontrons le scénariste de Petit ou de La nuit mange le jour, Hubert. Ces deux BD nous plongent dans un univers sombre, en noir et blanc.

Petit mais puissant !

Petit est une bande dessinée mettant en scène des géants appelés par les humains les Ogres-dieux. Pour créer ces géants, les premiers engrossaient des humaines qui mourraient à la naissance de monstrueusement grands bébés. Mais depuis quelques générations, les ogres ne s’accouplent plus qu’entre eux. Ce qui donne naissance à des êtres de plus en plus idiots, moches et incompétents.

La reine ogre enfante d’un enfant et décide de le garder et de l’élever à l’insu du roi ogre. Elle l’appela Petit car il est minuscule. On suit les aventures de Petit, qui découvre son père, la violence que subissent les humains et se voit déchiré entre suivre son instinct animal et devenir le roi des ogres ou vivre auprès des humains, simplement.

Dès les premières pages, on est absorbé par l’histoire et on en veut toujours plus. C’est dans cet univers à l’architecture gothique et aux ogres mangeurs d’hommes que Hubert nous transporte et nous dévoile une partie de sa folie.

Son dernier ouvrage, La nuit mange le jour, est une histoire beaucoup plus personnelle…

Bien sûr, ce qui est raconté dans ce livre n’est pas ce qu’Hubert a vécu, mais cela retrace des brides de sa vie en tant qu’homosexuel. Hubert a mis 20 ans à peaufiner cette BD. Il nous dévoile ici certains éléments de sa jeunesse… Homo, rebelle, envie de mourir, à la recherche d’absolu…

Quand on lit cette BD, on ne peut s’empêcher de rougir, d’être mal à l’aise et en même temps on continue jusqu’à la fin, presque en apnée. C’est comme un thriller psychologique, on veut savoir la fin même si c’est oppressant !

Tout ce que vous trouverez et lirez de ce scénariste Hubert sera bizarre, car tel est sa vision des choses. Il est aussi un remarquable coloriste de bande dessinée et plusieurs fois nous avons croiser des bandes dessinées dans lesquelles il avait assuré les couleurs et c’était beau ! Tout simplement… Comme tous ses livres… Alors, bonne lecture !

Quai des bulles 2017 : La rencontre avec Brocéliande par Mina

La forêt de Brocéliande est très célèbre en Bretagne. Elle est liée à la légende arthurienne et peuplée de créatures étranges, toutes plus mythiques les unes que les autres (enfin, c’est ce qu’on en dit). Impossible de venir en Bretagne à l’occasion du festival de bande dessinée du Quai des bulles sans faire de détour par ce lieu magique !

Malheureusement ici, nous n’avons pas le temps, ça grouille d’auteurs dans le coin et c’est ça qui nous intéresse. Mais par chance nous sommes allées à la rencontre de deux dessinateurs, Bertrand Benoit et Paul Frichet qui ont respectivement réalisé les illustrations des tomes 1 et 2 de « La forêt de Brocéliande », une série inspirée de cette forêt qui a tant marqué le peuple Breton… et pas que !

Chaque tome raconte une histoire différente et met en scène des personnages légendaires. Les créatures qui peuplent la forêt sont confrontées à des mésaventures qui ont un lien plus ou moins direct avec les humains vivant dans les alentours. Les histoires se déroulent dans des lieux réels qui composent la forêt et ont inspiré les auteurs.

Bertrand Benoit connaissait la forêt, mais pas Paul Frichet. Les deux dessinateurs ont laissé une grande place à leur imagination pour reconstruire Brocéliande. Des dessins superbes, réalisés après la confection d’un storyboard directement sur tablette nous plonge dans cet univers fantastique. Un univers vers lequel Bertrand, également dessinateur de la série Oracle, était désireux de se pencher afin que son jeune fils de sept ans puisse lire la bande dessinée et « qu’il arrête de pleurer en voyant papa dessinée des têtes coupés ».

Les prochains albums s’annoncent plus tristes, nous aurons le plaisir de retrouver Paul pour le quatrième et le sixième tome de la série tandis que pour Bertrand il faudra se rendre dans l’espace avec une série d’environ cinq tomes où des hommes partiront à la conquête d’exo-planètes pour sauver l’humanité.

Les deux auteurs ne s’étaient jamais rencontrés avant le début de la journée. Ils affichaient une complicité saisissante. Une rencontre sincèrement agréable qui s’est déroulée dans la bonne humeur malgré la fatigue. C’est peut être due à la magie de Brocéliande… ou du Quai des Bulles, allez savoir.

Quai des bulles 2017 : La rencontre avec Benoît Sokal par Romane

Un bar, une table, la vue sur la mer. C’est ainsi que je rencontrais Benoît Sokal en ce vendredi 27 octobre 2017 au festival du Quai des bulles de Saint Malo pour parler de son dernier projet : L’Aquarica.

C’est dans le même état d’esprit que le personnage féminin de cet album, que je m’aventurais en terrain inconnu, celui de l’interview. Je quittais ma baleine, mon confort, pour la première fois. Obligée de faire face à un monde dont je ne connais ni les codes ni les frontières. Ce qui est bien loin du cas de notre principal intéressé Benoit Sokal qui, justement, se joue des lisières de différents médias. Grâce à ce projet d’une bande dessinée qui serait éventuellement adaptée en jeux vidéo mais qui, tout compte fait, deviendra par la suite un projet cinématographique dirigé par Martin Villeneuve….

C’est en collaboration avec un vieil ami de l’instit Saint-Luc de Bruxelles, François Schuiten, et bercé par le culte de l’aventure, que Benoit Sokal donne naissance à ce récit empreint de mystère, d’exploration et d’expectative.

Pour les plus curieux, Aquarica relate l’histoire d’un mystère échouée sur la plage de Rhoodaven sous forme de crabe géant, cachant en son sein, une jeune fille énigmatique venue chercher de l’aide du bout du monde pour son peuple. En revanche pour celles et ceux qui sont d’ores et déjà séduits, il faudra patienter jusqu’à l’année prochaine, voir un peu plus, pour mettre fin au suspense lattant qui hante les planches du premier album.

Quai des bulles 2017 : La rencontre avec Youssef Daoudi par Mélanie

Entre dérision et humour noir… Youssef Daoudi nous fait (re)découvrir ces nombreuses batailles et combats de guerres à travers son regard particulier, un regard parfois naïf mais plus que passionné.

Appelé « Les maîtres de guerre », ce recueil d’histoires courtes informent rapidement sur quelques grands événements  historiques réels tout en ridiculisant leur (auto)proclamés chef. De Churchill à Napoléon… Daoudi, se pose en réel passionné d’Histoire en voulant nous donner un avant-goût plus léger et drôle afin de rendre ces scènes historiques plus accessibles aux yeux du grand public.

J’ai pu rencontrer simplement cet auteur autour d’une petite table pour une première interview à l’occasion du Festival Quai des bulles à Saint Malo. D’une manière assez détachée, notre conversation s’est orientée vers ces généraux, ces politiques… qui ont fait tuer des centaines – des milliers ou plus – de « braves » soldats. Le décalage étant énorme, et voyant mes expressions par rapport à cela, Youssef esquisse un léger sourire et me dit alors « ça, c’est intéressant… ».

J’ai compris qu’il jouait avec ces contrastes pour parler de faits dramatiques avec humour, son humour… L’album en devient chaleureux alors qu’il parle Guerre et Grands méchants !

Une rencontre pleine de vérités cachées et de réalités qu’il faut s’avouer, Youssef Daoudi fonce dans la mêlée sans pitié et nous conte avec brio et sur un mode très déjanté, leurs plus « beaux » faits d’armes et leurs réflexions indispensables !

Quais des bulles 2017 : La rencontre avec Halim par Mina…

Il reste encore quatre heures de route avant d’atteindre le festival de bande dessinée du Quai des Bulles de Saint Malo. Plus de cinquante interviews prévues dans le week-end et encore plus de bandes dessinées à lire. Halim, Halim… première interview de la journée. Mince, je n’ai pas encore touché à une de ses bédés.

C’est dans ces conditions que je me suis plongée dans l’univers de « Petite Maman », un album des plus profonds qui traite de la maltraitance infantile. Un univers à la fois violent et attendrissant dans lequel Brenda, notre héroïne, a le malheur d’évoluer. Brenda tient de vous, de moi, elle incarne l’innocence, l’injustice, le combat. Profondément touchée je referme le livre.

L’histoire de Brenda c’est avant tout un questionnement sur l’amour, la vie et la société. Les sentiments se mélangent, on ne ressort pas de cette lecture indemne. Mais c’est lors de la rencontre avec l’auteur que je me rends compte que son pari est gagné.

Halim aussi a souffert. C’est avec plaisir qu’il aurait écrit des bandes dessinées d’aventures extravagantes remplies d’héros tous plus forts les uns que les autres, mais la vie en a décidé autrement. Auteur et dessinateur, c’est à travers la bande dessinée qu’il exprime sa colère. Elevé dans un quartier sensible et confronté très tôt à la pauvreté, Halim, mène dans chacun de ses écrits un combat politique et social.

« Petite Maman » a vu le jour dans un contexte particulier : les attentats de Charlie Hebdo. Ami de Tignous, l’auteur connait une double peine. Ecœuré il arrête même ses écrits pendant un moment. Halim est un homme torturé qui nous partage sa douleur. Elle hante chaque page de « Petite maman ». En ressortent des dessins et un scénario à couper le souffle. Malgré cela, l’album n’est pas un simple coup de poing sur la table de la part de l’auteur. Son but est d’informer, de sensibiliser, de parler des sujets tabous, des sujets brûlants. Un album aussi déconcertant que cette rencontre. Un album que je ne pourrai que vous conseiller bien sûr !

La photo est de Romane…

Préparation de Saint Malo : Christophe Regnault et Clemenceau

Souvent, quand on parle de Georges Clemenceau, on oublie le contexte délicat de sa vie, c’est-à-dire ce moment clef où la France va quitte – définitivement serais-je tenté de dire – la monarchie et ses dérives impériales pour devenir une République. Bien sûr en disant cela je n’affirme surtout pas que nous aurions trouvé le régime parfait mais cette phase de transition qu’est la première partie de la troisième République (de 1870 à 1914) aura été le « jardin » de ce fameux Clemenceau… Du coup, il faut être très prudent quand on va essayer de la cataloguer et de le faire tenir dans des petites boites portant les noms de Gauche, Radical, Laïciste, Socialiste, Nationaliste, Guerrier…

Comme souvent, une bonne bande dessinée peut aider à y voir plus clair et c’est bien le cas avec cet album Georges Clemenceau signé Dély (scénario), Regnault (story-board), Carloni (dessin) et Garrigues (dossier historique)…Je ne vais pas vous résumer sa vie, mais ce qui est un point très fort de cette bande dessinée c’est de ne pas vouloir tout vous raconter dans tous les détails depuis la naissance jusqu’à la mort… On va avoir tous les évènements forts de sa vie, en restant bien dans l’ordre chronologique, pour montrer comment se forme, se construit la pensée et l’action de Georges Clemenceau… On voit ainsi un homme de conviction qui ne se renie pas mais qui est obligé de rester pragmatique car il ne refusera jamais de prendre ses responsabilités, même aux moments les plus graves de l’histoire du pays… Alors, oui, on le voit s’opposer à Napoléon III, à défendre la Commune, à vouloir sauver la République naissante, à faire tomber des gouvernements les uns après les autres, à jouer le flic absolu, à défendre la séparation de l’Eglise et de l’Etat, à s’opposer à Jean Jaurès et, enfin, à devenir le Père de la Victoire… A chaque fois, fait après fait, décision après décision, on le voit devenir le Tigre ! Car il a bien mérité de ce surnom par son obstination, son courage, sa volonté et parfois sa méchanceté et sa cruauté…

Ce qui est remarquable dans cette bande dessinée, c’est que grâce à un superbe découpage de Christophe Regnault on finit par oublier que nous sommes dans un ouvrage scientifique et historique rigoureux, on se croit dans une grande aventure humaine et Georges Clemenceau devient un personnage de bédé comme les autres et c’est très fort !!!Durant le festival Quai des bulles de Saint-Malo 2017, nous allons avoir le plaisir de rencontrer Christophe Regnault pour cet album mais aussi pour le dessin de son Homme invisible et ce sera presque la dernière interview du festival, le dimanche… Nous serons probablement très fatigués mais gageons que la qualité de ce professionnel saura nous réveiller et nous faire passer un excellent moment !