Une belle rencontre avec Cécile Coulon à Chalon-sur-Saône !

Pages en partage 2018 s’est terminé hier soir à Chalon-sur-Saône, au théâtre Piccolo. Cet évènement littéraire organisé par la bibliothèque municipale de la ville et la librairie Mandragore a permis une fois de plus une belle rencontre entre une romancière et un groupe de lectrices, plus largement entre une jeune autrice et ses lecteurs…

Il faut bien avouer que Cécile Coulon est une femme de caractère. Elle va là où elle veut quand elle veut et ne semble pas trop de soucier du quand dira-t-on… Elle est présente dans la version livre papier depuis ses 16 ans mais elle aussi sur Facebook et très bientôt elle sera même en librairie pour de la poésie… On peut même ajouter qu’elle souhaiterait réconcilier le sport et la littérature, les fringues et la littérature, la nature et la ville, la vie et la mort… D’ailleurs, comme elle le dit bien, rien n’est grave !J’étais donc bien curieux de suivre le déroulement de la rencontre car une telle autrice pourrait bien être déstabilisante pour un public calfeutré de bibliothèque… Regardez, le voilà qui met même ses pieds sur la table, qui menace de s’allonger par terre pour répondre à une question géante ou de prendre trois heures pour philosopher sur la vie, la mort, le sport… N’en ferait-elle qu’à sa tête ? Allez savoir…

Une fois encore il est difficile de prétendre faire le tour complet d’une telle soirée, mais j’espère que les participants s’y retrouveront et que les lecteurs qui n’ont pu être avec nous hier soir seront curieux d’aller voir du côté des romans de Cécile Coulon…

On vous présente comme une romancière emblématique de la génération Z ?

La génération Zorro !

Elle n’en dit pas plus sur le sujet mais souvent cette génération est dite utopiste, peu docile et se donnant droit à l’erreur… Rien n’est grave, quoi !

Votre écriture est jubilatoire, intense comme une course à pied… Un lien entre courir et écrire ?

Je ne peux pas écrire si je ne suis pas en position d’écriture. C’est après avoir couru que je suis dans les meilleures dispositions pour écrire. J’ai besoin de la course. Ce n’est pas un sport, c’est un geste quotidien et naturel. C’est mon dopant naturel pour écrire…

L’écriture est-elle un rite initiatique ?

Non, c’est la vie qui est initiatique. L’écriture, les histoires permettent d’exorciser. Ce n’est pas chez moi autobiographique mais, comme le dit la romancière Marie-Hélène Lafon, écrire c’est mettre un nuage de fumée entre la vie de l’auteur et l’imagination du lecteur. Chez moi, le nuage est assez épais. Pour moi, le romancier se crée une position pour exorciser… mais très vite je laisse l’imagination prendre le dessus…Chez vous les lieux ont beaucoup d’importance… Pourquoi avoir pris l’Amérique pour le roman Méfiez-vous des enfants sages ?

J’ai écrit finalement très jeune. Or, souvent, le jeune romancier est regardé avec des yeux particuliers. On va le traiter très vite de nouveau Rimbaud, de nouvelle Françoise Sagan, et on va lire son ouvrage comme s’il s’agissait d’une autobiographie… Je n’avais pas envie de plonger dans des fictions trop marquées par ma vie et je ne voulais pas être seulement l’autrice d’un roman… Je voulais construire un édifice, exister au-delà d’un livre… Pour cela, il m’a semblé qu’il fallait délocaliser mon histoire, aller dans une autre époque, un autre territoire…

Cela ne signifie pas que je ne puisse pas connaitre certains lieux ou époques. Par exemple, pour Trois saisons d’orage, je parle d’un village de la Drome que je connais très bien…Les références musicales sont très nombreuses dans vos romans. Quelle place la musique tient-elle dans votre vie ?

Il faut savoir que j’écris toujours en musique. Je pense même que je ne peux pas écrire dans le silence… Je crois que l’état de l’auteur change profondément en fonction des musiques, que l’écriture change même si elle ne suit pas strictement la musique. Pour Le cœur de pélican, j’ai écouté de la chanson française acoustique tandis que pour Trois saisons d’orage, j’ai préféré la bande son du film Barry Lyndon, la musique Sarabande de Georg Friedrich Haendel… Mais j’écoute toutes sortes de musiques !

On s’est interrogé sur la place de l’humour dans vos romans ?

Mes romans ne sont pas si drôles que cela quand même. D’ailleurs, c’est très difficile d’écrire un livre drôle et je n’ai pas les outils pour cela. Chez moi, je ne pense pas que l’humour soit si visible que cela. En fait, j’ai un humour noir, cruel, cynique… Quand j’ai de l’humour, je dirais que c’est un humour dégoutant presque…

Par contre, sur ma page Facebook, je peux essayer de faire rire tous les jours avec un petit mot, une historiette… mais c’est autre chose !

Avec vos personnages, on sent parfois des problèmes de milieu. Sont-ils enfermés dans leur milieu, sont-ils libres ?

Je me pose souvent la question de la liberté de l’être humain par rapport à son milieu social, professionnel, territorial… Se sentir libre au stade ultime c’est se sentir bien dans son milieu, ne pas avoir un besoin vital d’en sortir mais pouvoir en sortir y revenir. Je suis bien là où je suis, je n’ai pas envie de fuir ma réalité mais je suis au contact de ce qui se passe ailleurs… La liberté, c’est aller de l’un à l’autre sans quitter les siens !

Etre libre, c’est composer avec tous les petits pays que nous portons en nous… La famille, le métier, les passions… Tout cela forme un continent, chacun a le sien et il faut vivre avec… Etre libre c’est accepter cela et se dire toujours que rien n’est grave ! Certes, les évènements peuvent être graves, blessants, douloureux, déchirants, angoissants mais… rien n’est grave ! Je fais ce que je peux !

D’ailleurs, sur ce thème, il faut lire la poésie de Thomas Vinau, Bleu de travail…

Vos personnages sont toujours en lien, d’une certaine façon avec leur famille. Pour cette omniprésence de la famille dans vos romans ?

Plus que la famille en tant que telle, je crois qu’il y a dans mes romans un rapport perpétuel aux rapports entre parents et enfants. Les parents semblent absents mais quand on regarde bien : ils veulent d’abord bien faire, ils sont alors trop présents et quand ils constatent qu’ils n’ont pas pu arriver à ce qu’ils croyaient leur mission, ils capitulent… C’est un peu comme si les parents étaient dans un pays, les enfants dans un autre…

J’ai toujours été habitée par des questions sur la famille. Peut-on exister en dehors de sa famille ? Faut-il vivre avec sa famille imposée, celle que l’on subit, ou s’en construire une propre, celle que l’on choisit… Je n’ai pas d’enfant mais je me pose beaucoup de questions sur la parentalité…

Les parents qui veulent faire de leurs enfants une œuvre se trompent, c’est du moins mon avis ! On voit cela en sport, en art, dans l’industrie…

Dans vos thèmes de prédilection, il semblerait que la mort soit bien là. Que représente la mort pour vous ?

En fait, la mort ne m’inquiète pas du tout mais je suis très gênée que l’on ne puisse pas en parler tout simplement… La mort c’est comme gagner au loto mais elle arrive plus souvent que les gains. C’est un moment naturel, cela fait partie de l’existence…

Je crois que la mort ne fait pas peur en soi, c’est la disparition, que l’on craint, l’absence et donc la solitude…

La mort devrait nous faire grandir et pas souffrir… Ce que nous avons vécu avec la personne qui meurt, ce qui était beau, tout cela reste dans nos yeux, dans notre mémoire, dans nos cœurs… C’est toujours vivant !

La mort est dans mes romans car elle trop absente de nos vies. J’ai envie de dire que mort et sexe sont les deux sujets les plus difficiles à aborder à l’apéritif avec des amis… La mort encore plus que le sexe d’ailleurs…

Bien sûr, Cécile Coulon a aussi parlé de sport, de  la nature mais c’est avec une question d’une lectrice dans la salle que la soirée a pris fin… du moins pour la rencontre publique. Vous souvenez-vous de la première fois que vous avez écrit autre chose qu’une rédaction scolaire ?

En CM2, si je me souviens bien, j’ai écrit un poème sur une feuille de papier. Après je l’ai tapé à l’ordinateur, j’ai voulu soigner la mise en page, mettre un fond… Le texte n’était pas extraordinaire mais je me souviens, c’était la première fois…

Plus tard, quand j’étais en cinquième, j’écrivais des petites nouvelles pour mes amis…

Enfin, quand j’étais en seconde, lycéenne plutôt pénible pour les enseignants, j’écrivais durant les cours… Un jour, mon enseignante de français m’a demandé ce que je faisais durant les cours… J’ai été obligé de lui montrer ce que j’écrivais… Non seulement elle a lu, mais elle m’a rendu le texte corrigé. Chaque semaine par la suite je lui donnais l’équivalent d’un chapitre qu’elle me rendait corrigé…

Ce fut un certain choc. Un adulte s’intéressait à ce que j’écrivais, me lisait, me corrigeait… Finalement, c’est devenu mon premier roman…

Voilà, une belle soirée en compagnie de Cécile Coulon, une dernière par cette édition 2018 de Pages en partage, et il ne vous reste plus qu’à lire et on n’est pas obligé d’attendre l’été, même si comme chacun le sait bien ici que l’été c’est fait pour lire !

Une rencontre avec Angélique Villeneuve pleine d’émotion…

Jeudi soir 27 avril, dans le cadre de Pages en partage 2018, manifestation littéraire organisée par la bibliothèque de Chalon-sur-Saône et la librairie Mandragore, Angélique Villeneuve faisait escale au théâtre Piccolo pour rencontrer ses lecteurs, on devrait même dire ses lectrices car les femmes étaient beaucoup plus nombreuses que les hommes malgré quelques présences remarquées…

La romancière a été très touchée de se retrouver devant des lecteurs qui s’étaient donné comme objectif de lire beaucoup de ses romans et du coup elle a dû répondre à des questions qui ont touché à Grand Paradis, Un territoire, Les fleurs d’hiver, Nuit de septembre ou Maria, le dernier arrivé… Ses autres ouvrages, jeunesse ou cuisine, ne furent que juste évoqués et c’est bien une discussion essentiellement littéraire qui a eu lieu hier soir : inspiration, écriture, création, place de la nature, personnages…

De façon simple et précise je vais essayer de vous partager quelques-uns des moments forts de cette soirée chaleureuse et pleine d’émotion…

Pourquoi utilisez-vous des thèmes aussi dérangeants dans vos romans ?

« Je crois que je ne saurais pas écrire sur la vie de tous les jours, sur un couple qui s’aime puis se sépare… Je n’aime pas écrire sur la vie ordinaire, d’autres le font très bien mais ma voix n’aurait aucun intérêt. J’ai besoin de femmes ordinaires – pour bien m’incarner dans les personnages – et par contre des situations et évènements extraordinaires. J’utilise des femmes comme personnages car je serais incapable de m’incarner dans des enfants ou des hommes…

Comme la femme est ordinaire comme moi, le roman est plein de petits gestes ordinaires, quotidiens, mais c’est dans la confrontation avec l’extraordinaire, le dérangeant, que l’histoire prend son sens, sa force, que le roman existe…

La littérature doit être l’occasion d’être dérangé, percuté, questionné… Cela fait du bien d’être bousculé ! »

Pourquoi vos personnages donnent-ils le sentiment d’être en décalage avec la société, avec les mœurs, avec la modernité ?

« En fait, les tourments qui habitent souvent mes personnages font écho à mon enfance et j’ai été moi-même habitée par ces difficultés, ces décalages, ces incompréhensions, cette société, cette modernité…

Mes personnages sont ordinaires mais ils trouvent leur existence et leur force dans la confrontation avec la difficulté et les souffrances. Les souffrances ont beaucoup d’importance pour moi… »

Dans vos romans, il y a beaucoup de flash-back. Pourquoi ces nombreux retours sur le passé des personnages ?

« Oui, il y en a beaucoup et probablement parce que je ne peux pas faire autrement. Je ne sais pas écrire de façon linéaire et j’ai donc besoin de revenir très souvent sur un point, un évènement, une rencontre… Je suis certaines aussi que notre présent est construit par notre passé… »

Puis, la discussion a dérivé sur son inspiration, sa façon de choisir un thème, un personnage, de construire ses romans et nous en sommes arrivés aux émotions dans ses romans…

« Les émotions peuvent passer de plusieurs façons dans les romans. Il y a les mots, bien sûr, et c’est essentiel pour la romancière que je suis. Il y a aussi une façon presque physique de les vivre. Les émotions, je les ressens en tout premier et certaines scènes ont déclenché chez moi des pleurs quand je les ai écrites… Enfin, on peut transmettre ces émotions par le silence, comme dans la vie, tout n’est pas dit et ce qui est tu est important aussi… »

Pourquoi les femmes sont-elles si présentes, les hommes si absents ?

« En fait, rien n’est calculé et ce n’est pas un choix rationnel. C’est un fait. Je suis incapable de m’incarner dans un homme. Aussi, je parle des femmes, j’incarne des femmes, je fais vivre des femmes. Dans ma vie ordinaire, je n’ai aucun problème avec les hommes, enfin, surtout avec mon mari avec qui je vis depuis plus de 35 ans… Mais comme je l’ai dit, mes romans, ce n’est pas la vie ordinaire… Enfin, pas la mienne !

Cela vient peut-être de mon enfance où je devais compter essentiellement sur moi, sur moi seul ! »

La nature est tellement présente dans vos romans que l’on finit par se demander si elle n’est pas un personnage à part entière ?

« Oui, il n’y a aucun doute sur ce sujet, la nature est un pilier de mon œuvre. Oui, c’est un personnage à proprement parler. Mon enfance, encore elle, c’est aussi des cabanes, des arbres, des animaux, des feux de bois, des étangs, une tête mal coiffée, un chemin à travers les champs… Un chemin à la campagne, c’est comme ma vie en fait, tout simplement. A la campagne, pas dans la forêt…

La campagne, c’est ce qui m’a permis de tenir durant mon enfance… L’arbre est comme un être vivant et en grandissant il cicatrise, il se répare, il oublie…

Oui, la nature est importante et on la retrouve souvent avec les fleurs, les oiseaux… Jeanne est ouvrière d’appartement et elle fabrique des fleurs artificielles…

Enfin – mais on n’a pas vu le temps passer – la question sur la résilience est arrivée. Il faut dire que le thème est omniprésent dans ses romans… Alors, pourquoi ?

« Tout simplement parce que j’ai tendance à toujours voir les choses par le bon côté. Je vois toujours le verre à moitié plein. Les livres cela peut aider à vivre, à se réparer, à se consoler, à repartir… Cela aide aussi bien l’auteur que les lecteurs et c’est bien ainsi ! On a besoin pour vivre, pour survivre, d’épaules ! Les épaules des autres, des mots, des silences, des herbes… Et je le sais depuis que mon fils s’est suicidé… »

A l’issue de la rencontre, Angélique Villeneuve nous a confié son bonheur… Oui, elle avait visiblement apprécié cette soirée…

« C’est juste un moment formidable. On a un métier très isolé, je suis dans la solitude de mon bureau, moi qui ne fais qu’écrire. Là, j’ai la chance de rencontrer celles qui ont lu mes romans, je vois comment elles ont perçu les choses… Je vois comment mes mots ont trouvé écho chez les lecteurs. Ici à Chalon, ce fut plus fort qu’ailleurs car il y a eu ce groupe de lecteurs/lectrices qui s’est retrouvé plusieurs fois, qui a lu, partagé… J’étais très intrigué de voir le résultat… En fait, il y a quelque chose d’intime qui s’est noué, d’abord à distance et avec Internet, puis avec la rencontre. C’est très fort pour moi et je trouve que cette formule est très intéressante car elle va dans la profondeur. C’est plus fort que les rencontres en librairie pour une dédicace… C’est rare et cela m’a beaucoup touchée… »

Il ne vous reste donc plus qu’à découvrir vous-mêmes les romans d’Angélique Villeneuve à commencer par son dernier, Maria… Bonne lecture à tous !

 

Quai des bulles 2017 : La fin du festival pour Romane en compagnie d’Istin…

Quai des bulles : deuxième jour  –  18h30 ….dernière interview !

Un festival de bandes dessinées c’est avant tout des auteurs, des aléas et quelquefois des imprévus. C’est après une journée épuisante que je m’arme de courage pour finir avec la présence de Jean-Luc Istin, « un des cerveaux de la série Elfes, Nains, Orcs et Gobelins », d’après Jean-Paul Bordier,  dessinateur.

En réalité, derrière ce monde débordant de fantaisie, se cachent deux cerveaux, Jean-Luc Istin et Nicolas Jarry. Tout commence, comme dans un film américain des années 20, par une conversation téléphonique. Cette tournure, beaucoup trop romancée me direz-vous, constitue un point important de leur travail. Suite à leur rencontre à un festival du roman à Figeac, ils collaborent sur différents projets comme Les Brumes d’Asceltis jusqu’à la création de la série Elfes.  S’en suivent les albums de la série Nains et enfin Orcs et Gobelins à la demande générale des lecteurs qui souhaitaient que l’on s’occupe des « culs-verts ».

C’est une œuvre de grande envergure que viennent de créer les deux amis et qui est en constante amélioration de l’idée. Le premier des Albums se penche sur un personnage nommé Turuk assez « salopard » selon Istin qu’il imagine, sans nous divulguer plus d’information, en pensant à quelqu’un de son entourage. Véritable beau parleur et non altruiste, si ce personnage charmera certains lecteurs ou lectrices, ce n’est pas dans le prochain album que vous pourrez découvrir la suite de son histoire palpitante. Il faudra pour cela vous procurer le Tome 21 de la série Elfes.

Le rythme de sortie sera assez soutenu puisque tous les 3 mois sortira un nouvel album dédié à un personnage. Notons que l’univers est immense et recouvre près de 165 pages d’un catalogue réunissant personnages, lieux, clans, etc. Ce qui est énorme. Et cela promet pour la suite …

A ma clef de toutes ces lectures, bien sûr, une meilleure connaissance des terres d’Arran que tous ces auteurs, Istin en tête, parcourent sans cesse en nous présentant tous ces personnages de légende qui les habitent… Enfin, légende, ce n’est pas si sûr car j’ai bien eu l’impression qu’Istin les avait rencontrés réellement…

Quai des bulles 2017 : Rencontre avec Serge Carrère par Michel

Parfois, certains auteurs s’amusent avec leurs héros et cela provoque une bande dessinée atypique, bien sympathique et très agréable à lire… C’est ce qui arrive avec le dernier Leo Loden paru, que dis-je le dernier Leo Lodanum enquêteur privé à Massilia… Et c’est à la nuit tombante que la pauvre Ala Vacumjtepus vient frapper à son bureau pour une affaire très délicate…

Leo Lodanum… Certains auront bien vite compris qu’il s’agit là de la parodie antique d’un certain Leo Loden, privé marseillais… En effet, Serge Carrère, Christophe Arleston et Loïc Nicoloff ont décidé de plonger – seulement durant un épisode – leurs personnages – en effet Leo Loden n’est pas le seul concerné – dans la Massilia gallo-romaine. C’est à la fois un jeu pour ces amoureux de Marseille, un hommage rendu à Goscinny et Uderzo au moment de la sortie d’un nouvel album de cette série mythique et un grand moment de rigolade…Il faut dire que la ville de Massilia est secouée par des travaux énormes… Le nouveau port intrigue beaucoup et les terres au nord ne sont pas encore devenues ce qu’elles sont aujourd’hui… Le tribun Deferrus tente de régner sur la ville mais rien n’est simple car Massilia est une maitresse bien singulière… Enfin, certains aspects relèvent de la fiction la plus déjantée comme l’existence de sorte de caïds, chefs d’entreprises, on dirait aujourd’hui mafieux, qui tentent de mettre la main sur les travaux, les marchés en manipulant les acteurs administratifs et les syndicats… Mais là on s’éloigne considérablement de la réalité comme le faisait en son temps René Goscinny…A Saint-Malo, à l’occasion du festival Quai des bulles 2017, je rencontre Serge Carrère qui me raconte le plaisir de déguiser ses personnages en romains ou gaulois… Imaginez que la belle de Leo Loden devient tout simplement la centurionne Marlena… d’ailleurs, il me fera la plaisir de la dessiner dans mon livre d’or…

Serge m’explique bien qu’il ne s’agit que d’une petite récréation à l’occasion du vingt-cinquième album de la série et dès le prochain épisode Leo Loden reviendra à notre époque contemporaine… Mais, il reconnait que rien n’empêche qu’un jour ou l’autre ils ne se permettront pas une nouvelle expédition dans l’histoire…

Un bel album et une très bonne rencontre !

Quai des bulles 2017 : La rencontre avec Paul Salomone par Michel

Alors que je suivais la série L’homme qui n’aimait pas les armes à feu depuis la sortie du premier album en 2011, alors que je suis fan depuis toujours du western et du western spaghetti, alors que j’ai toujours été séduit par les scénarii de Wilfrid Lupano depuis Alim le tanneur, je n’avais jamais rencontré le dessinateur de cette très belle série de western scénarisé par Lupano, Paul Salomone !

Paul Salomone en interview

Il aura donc fallu attendre la sortie du quatrième et dernier album de la série, attendre ce Quai des bulles 2017, pour que je puisse rencontrer et interviewer Paul Salomone… et ce fut une très belle rencontre… J’espère juste que d’autres rencontres suivront et que l’on n’attendra pas à chaque fois sept ou huit ans !J’aime beaucoup son dessin appliqué, précis et méticuleux. Sa narration graphique est diablement efficace, son graphisme facilite la lecture et nous immerge dans un univers particulier entre sérieux, drame et comédie… Il a su faire de Margot un personnage inoubliable… d’ailleurs, il avoue avoir du mal à lui dire au revoir tant il s’y était attaché… Heureusement, les dédicaces sont là pour prolonger le bonheur de la dessiner même si j’avoue avoir demandé en dessin un autre personnage, la jeune indienne navajo Lucile…

Concentré pour dessiner Lucile

Un beau moment autour d’une série qui m’a beaucoup plu mais comme j’ai déjà écrit sur cet Homme qui n’aimait pas les armes à feu, je n’insisterai pas plus… Ah, si, je peux préciser que le même jour, j’ai eu sur les bords de la Manche, le plaisir de discuter avec le scénariste de la série, Wilfrid Lupano puis avec Paul Salomone. Deux moments très marquants même si le scénariste m’est beaucoup plus familier…

Une précision, puisque nous étions à Saint-Malo pour le festival Quai des bulles, Paul Salomone a été bénévole au festival international de la BD de Nîmes, ville où il habite… Oui, on oublie trop souvent que tous ces festivals fonctionnent, en BD, en musique, en théâtre… avec des équipes de bénévoles et de passionnés… Occasion de féliciter et remercier ceux qui ont rendu notre séjour à Saint-Malo si agréable !

Quai des bulles 2017 : La rencontre miraculeuse avec Vincent Froissart et Etienne Le Roux par Michel…

On a beau être habitué et depuis longtemps aux petits miracles de la vie, il n’en demeure pas moins vrai que chaque fois qu’il s’en produit un c’est le bonheur…

La journée n’avait pas si bien commencé que cela car on m’avait dit que je n’allais pas pouvoir rencontrer Vincent Froissart ! Vous ne le connaissez probablement pas, et c’est justement pour cela que je voulais le rencontrer, pour vous le présenter… C’est un illustrateur hors norme, un dessinateur merveilleux et sa dernière bande dessinée, La Mille et unième nuitest un petit diamant à admirer en paix ! Mais, comme le rendez-vous n’allait pas avoir lieu, il était temps de passer à la suite du programme…

Étienne Le Roux

Deux heures plus tard, c’était au tour d’Etienne Le Roux de venir parler devant le micro… Il arrive, à l’heure et de très bonne humeur, nous présente son épouse – je dis « nous » car je suis accompagné de Romane – et nous lui expliquons que les questions porteront sur son rôle de dessinateur dans la série 14-18 – que je suis depuis le premier album et le huitième vient de sortir – et sur Sept macchabées – que Romane a beaucoup apprécié – avant de lui préciser que comme il est aussi scénariste de La Mille et unième nuit, on finirait probablement sur ce travail très différent…

Son épouse qui n’a pas perdu une miette de ce qui se dit rebondit immédiatement et nous propose :

« Puisque vous voulez parler de La Mille et unième nuit, je vais aller chercher Vincent car il est là et nous attend pour aller manger ! »

Vincent Froissart

Et c’est ainsi que nous allons finalement pouvoir recevoir Vincent Froissart. Le dessinateur et le scénariste de ce très beau conte d’inspiration soufie et si beau et agréable à lire…

Une très belle rencontre à plusieurs voix car, finalement nous sommes quatre autour du micro pour parler d’univers fort différents qui vont du réalisme de la guerre de 14-18 au conte oriental en passant par une histoire de morts vivants…

Et c’est bien cela le petit miracle de la vie quotidienne, accepter que l’improbable, l’imprévu, s’installe à notre table et en profiter pleinement… Il nous faut donc remercier avec beaucoup de chaleur et d’amitié l’épouse d’Etienne Le Roux qui a su réagir instantanément et sans qui, ce jour-là, je n’aurais pas rencontré Vincent Froissart…

Quai des bulles 2017 : Autres temps, autres bandes dessinées…

Partir à Saint-Malo pour le festival Quai des bulles 2017, c’était – même si cela n’était pas formulé de façon claire – accepter le choc culturel et générationnel. En effet, un prof de 61 ans ne peut pas avoir les goûts d’un jeune de 22 ans. Ce n’est ni un constat pessimiste, ni un regret, ni une lamentation… c’est juste factuel !

Alors, bien sûr, certaines bandes dessinées peuvent faire l’unanimité dans le groupe et ce fut le cas pour certaines. Je pense par exemple à Petitd’Hubert et Gatignol.

Hubert

La bande dessinée a suscité des vagues d’enthousiasme, tout le monde voulait être là pour l’entretien et je pense que certains s’en souviendront longtemps de cette rencontre presque magique…

D’autres – bandes dessinées ou auteurs – ont réveillé des passions pour la poésie, le destin des femmes ou la fantaisie… Moins d’universalité mais bien des envies transgénérationnelles évidentes avec des rencontres pour partager des goûts spécifiques…

Enfin, il m’est arrivé plusieurs fois de me retrouver seul devant un auteur qui pour mes étudiants était vieillot, désuet, ringard… même s’ils n’osaient pas le dire comme cela. Je pense à deux auteurs importants pour moi qui défendaient des albums de séries que je suivais depuis longtemps…Je pense en tout premier lieu à Alain Dodier. C’est 1982 qu’il créait avec ses amis la série Jérôme K Jérôme Bloche que maintenant il continue seul. Je l’ai découverte presqu’à sa sortie et depuis je lui suis resté fidèle…

Alain Dodier

Des histoires policières sympathiques et profondément humaines, un dessin très classique, une narration assez proche de la ligne claire… Les thèmes récents sont très importants, pas du tout négligés par les étudiants mais on sent bien que le style, le graphisme, la narration ne passent plus très bien et je suis seul durant l’interview… Ce qui, il faut le dire, ne gâche absolument pas mon plaisir !Je pense aussi à André Le Bras… Je ne le connaissais pas du tout mais il a réalisé le dessin du dernier album sorti des aventures de Buck Danny. Là la série à 70 ans et je n’étais pas là à sa naissance. Plus fort, je ne l’ai découvert que sur le tard. Pourtant, très jeune les séries aéronautiques m’ont captivé mais élevé à l’école pilote, j’ai d’abord suivi les aventures tout aussi passionnantes de Tanguy et Laverdure… Puis je me suis mis à Dan Cooper, Adler et, enfin, j’ai découvert Buck Danny. Depuis j’ai rattrapé mon retard de lecture et j’étais très heureux de pouvoir évoquer ce personnage avec un dessinateur qui lui non plus n’était pas là à la naissance de la série avec Charlier, Hubinon…

André Le Bras

Mais je comprends bien que les goûts, les préférences, les choix soient variés avec les âges et ce type de reportages intergénérationnels met en lumière ces différences qu’il faut assumer…

Autres temps autres bédés, en quelque sorte !

Quai des bulles : La rencontre avec Olivier Petit par Michel

Parfois, on vit à Saint-Malo des rendez-vous atypiques. On n’est plus en face d’un auteur, d’une dessinatrice ou d’un coloriste mais bien avec un éditeur… Ok, Olivier Petit n’est peut-être pas le plus grands des éditeurs, le plus spectaculaire, le plus connu ou le plus riche, mais, c’est indiscutable, il tente de faire, avec soin et attention, les livres dont il a envie, ceux qu’il voudrait lire ou qui manquent dans les librairies…

Vendredi en fin de journée, face à la Manche, nous parlons ensemble de son Guide de Paris en bandes dessinées… aux éditions Petit à Petit. Oui, certains pourraient être tentés de dire qu’il s’agit là d’un guide de Paris de plus, ou d’un coup commercial parce que la bédé  se vend bien ou du travail inutile de quelqu’un qui ne sait pas quoi inventer pour faire parler de lui…

En fait, c’est avant tout un excellent guide de Paris, basé sur les monuments les plus visités de la ville. On trouve tous les éléments dont on a besoin pour les visiter, les comprendre et s’en souvenir… Chaque monument est accompagné d’une petite bande dessinée pour nous raconter un peu de ce monument. Olivier me dit que c’est comme si on visitait le monument en compagnie d’un guide ou, mieux, puisque l’on est dans la bédé, d’Oncle Paul… En trois pages, une anecdote qui viendra habiter notre mémoire et qui rend vivante notre visite à venir… Parfois, elle vient donner sens à la visite passée car on peut aussi lire l’ouvrage en rentrant de Paris !

Franchement, je ne vois pas les minutes s’égrener et je découvre là un personnage sympathique, direct, clair… Nous sommes en fin de journée donc la discussion se terminera car il est temps de rentrer sur Saint-Jacut-de-la-Mer, lieu de notre villégiature nocturne, mais j’espère bien rencontrer plus souvent cet homme… D’ailleurs, dès le lendemain, chaque fois que je le croise, il m’envoie un signe très amical ponctué d’un « Tout va bien Michel ? »…

Durant l’entretien, il évoque tous les auteurs de bandes dessinées qui ont participé à cette aventure et il précise que tous les auteurs sont venus avec enthousiasme avec des envies très particulières de lieux à faire vivre… Chacun a pu choisir et du coup dessine ou raconte un lieu qui l’aime ! Au résultat, que du bonheur !

Il va être temps d’aller tester ce guide à Paris !!!

Quai des bulles 2017 : La non rencontre avec Virginie Augustin par Michel

Quand on attend un auteur pour l’interviewer, on construit toujours – même de façon inconsciente – l’entretien idéal à l’avance… Ce qui est risqué car l’auteur ne va pas toujours aller dans votre sens et vous avez peut-être eu une lecture de son ouvrage qui va dans le sens opposé à celui qu’il croyait suivre… Je dis tout cela avec beaucoup de prudence car finalement le livre étant devenu une chose publique, chacun peut lui trouver un sens et celui de l’auteur n’est pas le seul ni le meilleur…J’en étais là de mes cheminements intellectuels – sans aucune prétention – quand Virginie Augustin n’est pas venue à notre rendez-vous… Ce n’était pas par bouderie, coup de colère ou mépris mais tout simplement parce qu’elle devait participer à une cérémonie de remise de prix…

Pourtant, j’étais très motivé pour cette rencontre, surtout après la lecture des deux derniers ouvrages que j’avais lus, Monsieur désire ? et 40 éléphants, Florrie, doigts de fée. Deux belles histoires avec Londres en toile de fond, des femmes au premier plan et des femmes décidées surtout. D’ailleurs si cela n’avait pas été le cas, probablement que Virginie aurait refusé ces projets… Enfin, là je repars dans les questions-réponses sans la dessinatrice…

Monsieur Désire ? est un très bel album scénarisé par Hubert que nous avons bien rencontré durant le festival et cela raconte une histoire très particulière… Une sorte de relation immobile entre un jeune dandy anglais d’origine noble et riche et une femme de chambre plutôt moche et profondément humaine. L’un est dépravé, l’autre pure et paisible, l’un est puissant l’autre sans aucune défense… Tout les sépare et rien ne pourra abolir les frontières entre eux d’autant plus que nous sommes dans l’Angleterre victorienne…40 éléphants, Florrie, doigts de fée est une histoire dans un quartier de Londres mais cette fois-ci plus dans les bas-fonds, avec des voleuses, une population qui tente de survivre comme elle peut et qui se déroule en 1920… Un peu plus polar-social, un peu plus aventures mais là encore avec quelques femmes de caractère… et ce n’est pas si simple d’être voleuse à Londres, les voleurs tentent de défendre leur espace de travail… Non mais !

Bref, même si nous n’avons pas rencontré la dessinatrice, deux bandes dessinées à lire et offrir… Quant à Virginie, je lui dit à la prochaine fois, sans rancune !

Quai des bulles 2017 : La rencontre avec Marie Spénale par Charline

Aujourd’hui le 27 octobre 2017, je viens de fouler les coulisses du festival de la BD, Quai des Bulles, à Saint-Malo. J’ai reçu mon accréditation presse et me voilà plongée dans le monde du journalisme, entourée de mes camarades et de Michel Bonnet.

A peine entrée dans la salle dédiée aux interviews, Michel Bonnet, notre professeur, nous montre du doigt une table ronde près de la baie vitrée qui donne sur la mer. C’est La table ! Celle autour de laquelle nous allons accueillir nos artistes. Nous sommes un peu stressés, c’est une première, et c’est le professeur qui ouvre le bal, ce qui nous a permis de consolider nos questions.

Heidi au printemps ou le passage à l’âge adulte…Il est 15h30, ma première interview commence. Je reçois Marie Spénale, qui porte les trois casquettes dans la réalisation de son premier album graphique, Heidi au printemps : scénariste, illustrateur et coloriste. Elle s’est fait connaître grâce à son blog, Les Lapins Roses Ne Courent Plus Dans Les Prés, et a reçu un prix en 2012 à Angoulême en tant que meilleurs webBD.Heidi au printemps, c’est la découverte du désir, l’envie de vivre en indépendance et la peur de blesser son entourage. On redécouvre Heidi, maintenant adolescente, qui ne veut plus vivre à la campagne. Alors elle rêve de la ville, de ces beaux jeunes hommes et de la liberté qu’elle pourrait connaître. A travers ce conte initiatique, Marie Spénale, nous fait entrer dans l’intimité d’Heidi, la découverte de son corps et ses premières relations sexuelles et elle dépeint la curiosité avec subtilité.

Le personnage pur et lisse de la petite Heidi laisse place à une jeune femme avec ses attentes, ses déceptions et un tempérament bien affirmé. Marie ne cherche pas à vendre du rêve à travers une histoire fantasmée et idyllique, mais raconte la vie d’une jeune fille devenue femme. Je pense que c’est pour cela qu’elle a choisi un style de dessin un peu crû, c’est du moins ce que j’ai ressenti à la lecture…

Passées les premières minutes, je commence à respirer mieux, à me détendre et à profiter de la rencontre… Allez, finalement, ce n’est pas si stressant que cela d’interviewer une jeune autrice !