Oui, Jean-Louis Thouard, auteur de bandes dessinées et illustrateur, qui s’est installé il y a quelques années à Dijon, connu pour son travail d’adaptation d’Edgar Poe en compagnie de Roger Seiter, viendra au 1er salon de la BD de Chalon-sur-Saône et ce sera un véritable plaisir que de le revoir car il était venu, entre autres, lors de la fameuse Escapade en Bulle de Rully en 2010…
Mais, revenons-en à Poe…
« Il y a quelques années, je me liai intimement avec un M. William Legrand. Il était d’une ancienne famille protestante, et jadis il avait été riche ; mais une série de malheurs l’avait réduit à la misère. Pour éviter l’humiliation de ses désastres, il quitta la Nouvelle-Orléans, la ville de ses aïeux, et établit sa demeure dans l’ile de Sullivan, près de Charleston, dans la Caroline du Sud. »
Oui, se lancer dans une adaptation d’Edgar Poe en bande dessinée est une opération délicate. Ce n’est pas si simple de choisir où l’on pratiquera l’ellipse – forme indispensable pour une telle aventure – et ce qui pourra être développé en image… Il fallait donc pour cette aventure un scénariste doté de talent et d’expérience, ce fut donc Roger Seiter qui s’y colla. Il est, entre autres, le créateur de Fog avec Cyril Bonin, de Dies Irae et Dark avec Max et de HMS avec Johannes Roussel… sans oublier Wild River et Mysteries avec Vincent Wagner… Une grande maitrise donc du scénario au service de Poe qui écrit toujours avec beaucoup d’images dans ses histoires… Le premier album de ce travail date de 2008 (Le Scarabée d’Or).
Pour faire passer des mots en graphisme, pour construire une narration graphique efficace et esthétique, le choix du dessinateur se posait. Il ne fallait pas un artiste littéral qui n’aurait fait que de l’illustration, l’élu devait savoir participer à la narration avec un dessin qui aurait porté, lui aussi, une part de mystère. Les histoires d’Edgar Poe sont des récits courts qui se situent entre enquêtes policières, fables noires et parenthèses fantastiques… Tout devait se retrouver dans les albums, car il s’agit bien d’une trilogie et non d’une seule adaptation…
« Le Scarabée d’or » est très certainement l’une des histoires de Poe les plus connues et célèbres. Comme « La lettre volée », « Le puits et le pendule » ou « Le portrait ovale ». A titre personnel, j’avais déjà lu des adaptations en bande dessinée de « Double assassinat dans la rue Morgue » ou « Le chat noir » mais il manquait le petit plus, le petit grain de folie ou de délire qui aurait permis de plonger directement dans Poe que je considère comme un des grands de la littérature… Cette fois, je crois que nous avons trouvé le duo qui va permettre à toute une génération de lecteurs de comprendre pourquoi Poe est un grand, pourquoi Baudelaire a voulu le traduire en français, pourquoi cet Américain est installé dans nos livres de littérature, en France, aux côtés des plus grands du dix-neuvième siècle…
Vous pourriez penser que je suis en train de perdre la raison, que j’exagère, que ce n’est que de la bédé, que du fantastique réchauffé avec un peu de couleurs… Alors, ouvrez cet album, je parle de l’intégrale des trois nouvelles puisqu’il existe maintenant sous cette forme, prenez le chemin de la Nouvelle Orléans, puis, plus risqué, celui des bayous…
Le dessin sombre et fascinant de Jean-Louis Thouard va vous conduire à une chasse au trésor prenante, délirante et angoissante…Même si vous connaissez déjà la nouvelle, vous allez la redécouvrir avec un nouveau regard, une nouvelle profondeur, des sentiments mitigés et des émotions fortes… Bref, la vie ne sera plus la même après la lecture du « Scarabée d’or » !
D’ailleurs, depuis, j’ai acquis un vaisseau et je navigue sur l’océan des songes…
Heureusement, dès que cette nouvelle est terminée, vous en avez deux autres à découvrir toujours aussi bonnes, belles et diaboliquement efficaces : Usher (2009) et La mort rouge (2010)…
Mais pour certains, Jean-Louis Thouard restera celui qui a magnifiquement illustré les couvertures des romans de Pierre Botero, et ce n’est pas étonnant quand on connait le nombre de lecteurs de ces cycles romanesques interrompus trop tôt par une mort accidentelle…
Enfin n’oublions pas quelques ouvrages directement liés à l’histoire de la Bourgogne… La Bourgogne quelle histoire, Ducs de Bourgogne et même une sorte de biopic commandé par Dijon Métropole sur le chanoine Kir !
Donc, de très bonnes raisons de venir rencontrer ce dessinateur de grande qualité lors du 1er salon de la BD de Chalon-sur-Saône, les 23 et 24 novembre 2019 !