Cécile enquête après la marche des auteurs de bandes dessinées…

Au festival d’Angoulême, le samedi est la journée la plus importante du festival. C’est le jour où les festivaliers et les auteurs sont les plus nombreux bien sûr. Pendant que certains artistes font des dédicaces ou répondent à des interviews… d’autres en profitent pour marcher contre la réforme du RAAP en 2016 : le régime de retraite complémentaire des auteurs.

Lewis Trondheim, auteur de la série Donjon, explique que cette loi uniformise le système des retraites en Europe et qu’elle traite les artistes comme des entreprises dont ils seraient l’unique patron et l’unique salarié. Le taux de 8% de cotisation est trop élevé !

Christophe Arleston, scénariste de Lanfeust de Troy, s’inquiète que plus le statut des auteurs sera précaire, plus les individus pouvant prétendre devenir auteurs seront d’origine des classes aisées. Ce serait dommage que les auteurs des nouvelles générations ne fassent tous partie que d’une même catégorie sociale.

Gaëlle Hersent, auteur de Sauvage avec Jean-David Morvan, (notamment scénariste de Sillage), a aussi marché. Son ami -sur la photo ci-dessous-, illustrateur jeunesse, explique que si les jeunes auteurs sont souvent en situation précaire, c’est que les maisons d’édition publient énormément d’auteurs, et leurs forfaits, leurs rémunérations, sont de ce fait, plus minces.

Nadia Gibert, éditrice chez Rue de Sèvre, anciennement chez Casterman, confirme que l’édition est une industrie qu’il faut faire tourner, au détriment d’une sélection qualitative des projets BD et du prestige du statut d’auteur.

Au final, le Festival de la BD a malgré tout continué à Angoulême dans la festivité, la bonne humeur et surtout l’humour. C’est dans l’espace presse de Delcourt qu’une heure plus tard, Lewis Trondheim ajoute que non, les organisateurs du festival n’ont pas été prévenus de la manifestion et que oui, il aimerait communiquer d’avantage avec eux dans le cadre des préparatifs du festival par exemple.

Le festival de Shelton : Jeudi 29 janvier 2015

En fait, c’est bien le jeudi que commence réellement le festival. Pour moi, depuis des années, il commence par un rituel, la conférence de Guy Delcourt aux journalistes et libraires. Ce moment est important pour trois raisons. D’une part, il y a un bilan assez précis sur l’année écoulée dans la bande dessinée, tous éditeurs confondus. Puis, d’autre part, il y a des présentations plus ciblées sur les ouvrages qui ont marqué l’année passée chez Delcourt et des annonces de ceux qui devraient sortir dans l’année qui démarre. En sortant, on a de véritables envies de lectures… du moins pour ceux qui n’en avaient pas avant !

Depuis que Soleil et Tomkam sont entrés dans le groupe Delcourt, il faut avouer que cette grande présentation couvre encore un champ beaucoup plus vaste… D’ailleurs un certain nombre d’indicateurs vont prouver que Delcourt est en train de devenir, sinon le grand de la bédé, un des piliers de cet univers narratif…

Que retenir cette année ? En 2014, les ventes totales de bandes dessinées ont baissé de 4, 6 %. Un tel chiffre peut sembler négatif mais en réalité les professionnels le relativisent car l’année 2013 avait été boostée par les ventes du nouvel album des aventures d’Astérix. Donc, en fait, il faut considérer que malgré la crise, les ventes de bandes dessinées sont plutôt stables, voire en légère augmentation. Ce qui ne signifie pas que la bédé soit en bonne santé car tous les indicateurs ne sont pas aussi positifs…

Deux grands groupes se partagent la tête, Média Participations (28,3 %) et Groupe Delcourt (28,2 %). Média Participations, grand groupe de presse et d’éditions représente, en bande dessinées les maisons suivantes : Dargaud, Le Lombard, Dupuis, Kana Manga, Blake et Mortimer, Lucky Comics… Delsol de son côté regroupe Delcourt, Soleil et Tomkam.

Si on regarde les chiffres de plus près, si on prend les labels un par un, on constate que Delcourt, pour la première fois est en tête (11,3 %) devant Glénat (10,1 %). Enfin, pour être complet ou presque, quittons les aspects financiers pour ne regarder que les sorties de l’année 2014 et là on peut annoncer 778 titres pour le groupe Delcourt et 762 pour Média Participations. Et tous cela est beaucoup trop, d’où des vrais problèmes de diffusion, de ventes et de revenus pour les nombreux auteurs de ces livres… Là est la véritable crise de la bande dessinée. Trop de parutions annuelles !

Dans les meilleures ventes on trouve sans trop de surprises : Le tome 23 des aventures de Blake et Mortimer, le tome 8 de Joe Bar Team, le tome 19 de Largo Winch, le tome 19 du Chat, le nouveau Lucky Luke, Happy Parents de Zep, le tome 23 de XIII, le tome 17 des Légendaires, le tome 14 de Kid Paddle, le tome 35 de Boule et Bill, L’Arabe du futur de Riad Sattouf, le tome 9 des Sisters, le tome 11 des Blagues de Toto… et si j’ai pris le soin d’en noter plusieurs c’est  pour bien montrer que ce qui est le plus vendu n’est pas nécessairement ce que l’on croit… Certains auteurs sont cités comme les grands de la bédé mais n’apparaissent pas des cas palmarès commerciaux. C’est ainsi, il faut le savoir !

Dans le top 20 des publications bédés pour la jeunesse, le groupe Delcourt est fier de ses partions présentes : Légendaires, Blagues de Toto, Petits diables, Rose écarlate, Carnets de Cerise… Les Carnets de Cerise ont fait l’objet à Angoulême d’une exposition spéciale d’une grande richesse et d’une qualité pédagogique inhabituelle…

Les annonces du groupe Delcourt pour l’année 2015 sont assez conséquentes et il est difficile, à ce stade, de percevoir une baisse de régime : Rahan, Un village français, OSS 117, les Nains, les Elfes, les Maitres inquisiteurs, Gourmandises, 3 nouveaux Walking Dead, Centaurus… Mais on aura le temps de vous parler de celles qui nous aurons plu le moment venu… Une matinée a passé, très vite et il est temps de passer à des rencontres individuelles avec des auteurs pour réaliser les premières émissions de radio. Je ne suis pas là pour chômer… En sortant, la déception n’est pas dans la bande dessinée mais cette énorme pluie qui tombe et qui va nous accompagner toute la journée imbibant nos manteaux de façon irrémédiable…

Le premier à se présenter devant notre micro – pas un « nous » de politesse mais c’est parce que je serai toujours accompagné d’un ou plusieurs étudiants tout au long de ce festival – est David Ratte. Je l’avais rencontré par le passé pour son travail biblique et humoristique, cette fois-ci, c’est pour cette incroyable fable Mamada aux éditions Paquet ! David est chaleureux, drôle comme ses albums, simple, profondément humain. La discussion est libre, paisible et une étudiante peut participer au débat sans avoir trop peur. C’est ainsi que l’on peut apprendre à interviewer car ce n’est pas si simple…

Le thème de sa série est assez originale : une femme, chef de village de la tribu des Himbas, en Namibie, se retrouve – magie de la fable – transportée en plein Paris.

Dans le même temps ou presque, un groupe de Parisiens se retrouve au cœur de son village… Humour, magie, réflexions anthropologiques et philosophiques, bref, tout y est pour séduire les lecteurs de tous les âges avec un conte comme Voltaire aurait pu en avoir l’idée…

Le second de cet après-midi est Callixte pour son album Le bombardier blanc, premier volume d’une série qu’il espère longue, Gilles Durance, aux éditions Paquet. Cette fois-ci nous sommes dans une série aéronautique, une des spécialités éditoriales de Pierre Paquet. Dans la période d’après-guerre, au moment où des hommes cherchent du travail alors que leurs compétences sont restreintes : piloter, faire la guerre, expertise logistique, certains ont tenté leur chance dans l’aviation civile. Ce fut difficile et parfois ils se sont trouvés embarqués dans des affaires plus complexes. Barbouzes, espions, mercenaires, agents spéciaux… c’est bien avec eux que vous avez rendez-vous dans cette série… Bien dessinée, technique mais sans excès, profondément humaine, Callixte nous livre une belle histoire comme je mes aime et elle est bien tirée d’un fait réel, durant la fameuse guerre dite du Biafra… Je découvre que l’une de mes étudiantes, Axelle, se passionne pour ces histoires aériennes…

Les entretiens se succèdent et on a à peine le temps de respirer entre deux rencontres. Oui, je sais bien, certains croient que le festival d’Angoulême est une séquence vacances. En fait, pas du tout, car en quelques minutes, on change de stand, on oublie tout ce qui vient de se passer, on plonge dans un autre univers, on doit reprendre ses esprits et inviter l’auditeur qui n’est pas devant nous à entrer dans une rencontre paisible et sereine, lui donner l’envie avec nous de découvrir une personne, une œuvre, un album…

C’est Benoît Peteers que nous avons la chance de croiser juste après Callixte pour son album Revoir Paris, un travail publié chez Casterman avec François Schuiten au dessin. Benoît n’est pas qu’un scénariste c’est un tintinologue averti, un passionné de bédé et d’images, un homme d’une richesse culturelle étonnante et une personne que j’écouterais des heures durant si les autres n’attendaient pas à quelques pas. En quelques minutes, il transmet sa passion de son travail, le plaisir qu’il a d’avoir un dessinateur comme François, sa conception de la narration en bande dessinée, l’amour de la ville de Paris… Bref, quelques minutes d’une intensité folle… Pourquoi ne pas avoir deux heures avec lui ? Tout simplement parce que tout le monde souhaite le rencontrer, d’autant plus qu’il a écrit un ouvrage sur Taniguchi, le maitre du manga à qui une exposition rend hommage cette année… Donc, il faut savoir se contenter d’une « petite » rencontre…

Et voici un des temps forts de notre journée avec Wilfrid Lupano. Il fait partie des auteurs attendu, au moins au palmarès du festival et son dernier ouvrage, Un océan d’amour, chez Delcourt, est une petite merveille. Mais c’est pour un autre titre qu’il est en compétition, Les vieux fourneaux, chez Dargaud. Un océan d’amour est une longue histoire, plus de 200 pages dessinées admirablement bien par Gregory Panaccione, qui raconte l’amour fou d’une femme et d’un homme. Lui, l’homme, est marin pécheur. Elle, la femme, est épouse de marin pêcheur. Dit comme cela, vous pourriez vous attendre à un récit à l’eau de rose, à un plongeon dans la mièvrerie la plus fade… et vous auriez entièrement tort ! Ce récit sans aucun texte est au contraire à la fois une histoire de la vie quotidienne, un récit dramatique, un regard burlesque sur la vie, une aventure humoristique, une déclaration universelle d’amour absolu, bref une des plus belles bandes dessinées humanistes des dix dernières années !!! Wilfrid Lupano, qui reste d’une grande modestie, prouve là que son talent pour raconter des histoires est tout simplement immense et que d’albums en albums, il explore avec des dessinateurs différents, toutes les narrations possibles qu’offre la bande dessinée, dont celle qui s’abstient de mettre du texte. Et ça fonctionne merveilleusement bien !!!

Dans un deuxième temps d’interview, nous parlons de l’affaire Charlie Hebdo, de l’intolérance des religieux fondamentalistes, thème de sa première série que j’ai adorée, Alim le tanneur.

C’est dur parfois d’avoir raison des années avant que les faits viennent confirmer votre point de vue… C’est probablement le bon moment pour découvrir cette très belle série en trois volumes…

Ensuite, arrive la rencontre avec une jeune auteure, c’est son premier album en bande dessinée, Gaëlle Hersent. Elle est accompagnée de Jean-David Morvan, le coscénariste de Sauvage, aux éditions Delcourt.

Avec sa petite voix fine et délicate, Gaëlle nous explique la genèse du projet car c’est elle qui a trouvé cette idée tirée d’un fait réel. Elle voulait raconter en bédé une histoire d’enfant loup quand elle entendu des éléments sur la vie de Marie-Angélique Le Blanc, femme qui durant une période de sa vie a vécu comme une sauvage dans la forêt… Jean-David Morvan et Aurélie Bévière ont alors écrit le scénario en se basant sur une biographie presque inconnue de Serge Aroles. De plus, Aurélie Bévière a beaucoup écumé les documents de cette période pour mettre à jour certains éléments biographiques qui vont rendre ce travail bédé unique en son genre, porteur de nouveauté sur cette Marie-Angélique qui a vécu entre 1712 et 1775.

Cet ouvrage est une preuve de plus que la biographie est un art devenu classique en bande dessinée et que le fait d’être sur ce support n’empêche nullement les recherches pointues, les hypothèses sérieuses, les avancées historiques… Par ailleurs, une fois de plus aussi, ce Sauvage démontre que certains auteurs – ici Gaëlle Hersent – n’ont pas besoin de coup d’essai pour offrir aux lecteurs des chefs d’œuvre. Bref, du grand art !

Merci aussi à Gaëlle d’avoir pris le temps de nous dédicacer deux ouvrages. On a bien conscience que dessiner, quasiment à la chaine, n’est pas si agréable que cela et nous vous en sommes encore plus reconnaissant !

Mais comme Jean-David Morvan était avec nous, sans blesser Gaëlle en la faisant passer au deuxième plan, nous en avons profité aussi pour parler un peu de Sillage, série que nous étions plusieurs à aimer. De ce côté-là tout va bien. Les parutions se poursuivent au rythme régulier d’une nouveauté par an et, tout doucement, nous approchons de la fin de cet univers… Enfin, il faudra quand même attendre l’album 30 et nous n’en sommes qu’au dix-septième volume ! Une parenthèse sympathique autour d’une série qui nous accompagne depuis longtemps (premier volume en 1998).

Enfin, dernière interview de la journée avec un monsieur que je ne connaissais pas mais qui, par deux fois, m’avait ému profondément. En effet, Benjamin Renner est à la fois le coréalisateur du film d’animation Ernest et Célestine dont j’ai déjà longuement parlé et l’auteur d’un merveilleux ouvrage de bédé, Le grand méchant Renard, aux éditions Delcourt. Nous sommes face un homme qui malgré sa jeunesse a déjà engrangé de l’expérience, du succès et il est resté très accessible. Nous discutons paisiblement, les étudiants interviennent sans appréhension, il se livre, parle de ses différents métiers et de sa dernière histoire…

Son Renard est un personnage qui n’arrive pas à être méchant, qui est trop gentil et son modèle pour la construction du personnage, Benjamin n’est pas allé le chercher trop loin : je suis trop gentil depuis toujours, je n’arrive pas à être méchant, parfois cela pose quelques problèmes…

Alors que la journée a été longue et bien remplie, il reste encore une conférence de presse à aller suivre, celle de Pierre Paquet, éditeur. Je suis d’autant plus intéressé par ce qu’il va dire que je dois en rentrant le soir lire son autobiographie en bande dessinée qui vient de sortir et l’interviewer dès samedi matin…

Je découvre un homme paisible, très accueillant, ayant une perception simple du monde de la bande dessinée et heureux d’être le plus petits des grands éditeurs, à moins qu’il soit le plus grand des petits, peu importe, il est heureux de toute évidence d’être ce qu’il est… C’est du moins l’image qu’il donne ce soir-là ! Je reviendrai sur cet éditeur, sa maison et son travail mais en l’écoutant je découvre que la série d’albums illustrés qui a accompagné un de mes enfants, Victor qui pète, série à l’arrêt depuis la mort de son scénariste Dylan Pelot, va probablement reprendre du service dans les mois qui viennent… Je pense que mon fils sera heureux d’apprendre cela même si, normalement, à vingt ans, on devrait lire des choses plus sérieuses…

Voici donc le moment de clore le récit de ce jeudi 29 janvier 2015, premier jour officiel du festival international de la bande dessinée d’Angoulême…

(A suivre)

Une collection qui grandit de festival en salon et réciproquement ! Quand Shelton continue sa quête manuelle…

Vous le savez, du moins ceux qui me suivent depuis longtemps, j’aime voir travailler les mains, en particulier celles des dessinateurs de bande dessinée. En voici quelques-unes en action durant le dernier festival d’Angoulême…

André Taymans et son dernier album publié chez Paquet

Et maintenant, Etienne Le Roux…

dans son excellent travail sur la Guerre de 14-18 en compagnie d’un scénariste de talent, Eric Corbeyran.

Et que dire des mains de Gaëlle Hersent, certes débutantes mais o combien talentueuses…

… dans un Sauvage qui va marquer les lecteurs, n’en doutons pas !

Des jeunes mains pleines d’expérience au travail sur du papier alors qu’on avait l’habitude de les voir en animation, voici celle de Benjamin Renner

à l’œuvre avec son grand méchant Renard !

J’aime les mains fermes et efficaces de Turf qui nous emmènent en voyage, même si c’est improbable !

Et, pourtant, son dessin est d’une finesse incroyable !

Remarquez, quitte à aller dans un autre monde, autant se laisser guider par les mains de Philippe Ogaki…

et la planète où il nous emmène est assez spéciale !

Soudain, les mains pédagogiques et efficaces de Jean Dytar arrivent et on observe en silence l’artiste…

et on lit avec passion cet ouvrage atypique, fin et pétri d’histoire de la peinture.

Et il est alors temps de rire un peu avec les mains de Charlie Adlard

visiblement encore dans le monde des vivants…

Mais après des mains britanniques, pourquoi ne pas tourner notre regard sur des mains du sud, de Toulouse, avec celles de Serge Carrère ?

Cela nous fait au moins de bonnes mains policières…

Les mains changent-elles avec la nationalité du dessinateur ? A regarder celle de Muralt, Suisse alémanique, je ne suis pas certain…

par contre, ce sont bien des mains aéronautiques !

Mais rien ne vaut les mains automobiles ? Regardez celles de Carloni ! On hésite, pilote ou dessinateur ?

mais, en fait, dessiner des voitures n’est pas synonyme de fan de voitures de courses !

Celles de Monfery aiment l’animation mais parfois, elles s’égarent avec brio sur du papier…

pour le plus grand plaisir des lecteurs !

Comme quoi, les mains en action, cela fait rêver ! Non ?

Le festival de Shelton : Mercredi 28 janvier 2015

Puisque cette année je partais avec un groupe d’étudiants motivés et compétents, il est bien normal que je ne vous parle pas de toutes les rencontres avec des auteurs, histoire de leur laisser un peu de travail. D’un autre côté, je ne peux pas rester silencieux et impassible, j’aime trop la bande dessinée et les auteurs. J’ai donc décidé de vous faire un petit résumé de toutes ces rencontres du festival international de la bande dessinée d’Angoulême 2015, le quarante-deuxième du nom, celui qui se tenait en janvier 2015, mois des attentats, en particulier celui du 7 janvier qui a frappé Charlie Hebdo !

Il était donc normal que tout commence avec un hommage aux victimes des attentats, un visuel signé de nombreux héros avec la participation des auteurs et éditeurs, tous solidaires dans cette dramatique occasion. Le maire d’Angoulême en a profité pour dire combien sa ville était concernée dans son ADN par la liberté de la presse, les développements de la caricature et de l’humour. Cela sentait un peu la récupération, mais, au moins par solidarité avec les victimes et leurs familles, on se taisait tous…

Durant tout le festival, il y eu des badges Je suis Charlie, des affichages de unes de Charlie Hebdo et une très grande exposition souvenir au Musée de la bande dessinée. Pour le reste, ce fut un festival comme les autres, si ce n’est que, plan vigie pirate renforcé exige, nous devions être contrôlés à chaque entrée dans un des lieux du festival, c’est-à-dire de très nombreuses fois par jours…

Enfin, pour clore sur cet aspect Charlie, citons que les festivaliers purent acheter en avant-première un ouvrage, La BD est Charlie, dont tous les droits sont reversés aux familles de toutes les victimes des attentats de janvier 2015. De très nombreux auteurs de bande dessinée dessinent et avouons que certains dessins font rire à en pleurer. En guise de préface, un extrait de Cavanna dont je retiens les mots suivants :

«  Rien n’est sacré. Pas même le bon goût… Rien n’est tabou, rien n’est sacré… Le rire est brutal, provocateur, imprévisible, injuste, sans pitié. Il ne venge, ne punit ni ne juge. Il s’en fout… »

Et c’est alors que commencèrent ces nombreuses rencontres qui vont faire de ce festival un temps fort et merveilleux… Alors, comme toutes ces rencontres ou presque sont préparées avec les attachées de presse qui font un travail remarquable, je commencerai par remercier Claire, Sandrine, Maud, Kathy, Sabrina, Emmanuelle, Maureen, Marité, Doriane et toute l’équipe du festival ! Vous nous avez facilité le travail, vous avez enjoué nos journées par vos sourires, vous nous avez soutenus aux moments les plus tendus… Merci !!!

Pour moi tout a commencé le mercredi après-midi, au Mercure, avec une rencontre avec Lewis Trondheim, un peu comme une avant-première de festival. Certes on a parlé de la série Donjon et de sa fin, de la revue Papiers, de la collection Shampooing, du métier d’éditeur, d’auteur et, comme il s’agit bien de Trondheim, de toilettes. En effet, il a bien expliqué qu’il fallait avoir de bonnes bandes dessinées dans les toilettes, celles que l’on peut lire le temps d’un bon caca… C’est cela l’humour de Trondheim et avouons que ça fonctionne bien et qu’il a fait le plaisir de mon équipe d’étudiants !

Avec une telle ouverture de festival, la suite ne pouvait que bien se dérouler et ce fut le cas !

(A suivre)1

1 : Il ne s’agit pas là d’une référence cachée au magazine illustre édité par Casterman, mais seulement de vous mettre en appétence pour la suite comme certains auteurs le faisaient durant ma jeunesse dans le magazine Pilote !

 

Marc-Antoine Mathieu en exposition à Bruxelles !!!

Marc-Antoine Mathieu est, pour moi, un aventurier de la bande dessinée, un explorateur du récit « encasé », un passionné du neuvième art, un homme qui passera sa vie à nous faire découvrir des espaces dessinés inconnus… Bref, Marc-Antoine Mathieu est un des plus surprenants auteurs de la bédé contemporaine et, je l’avoue, chacun de ses albums est pour moi l’occasion d’une lecture extraordinaire, passionnante et constructive !!!

Extraordinaire puisque c’est toujours une nouveauté, une innovation, une plongée dans l’inconnu ! Passionnante car il arrive à chaque fois à déclencher chez moi des émotions fortes qui me secouent, qui me poussent à m’identifier à un des personnages, qui me précipitent dans des sentiments forts, dans la passion… Enfin, constructive car son humanisme, ses interrogations, son récit philosophique et métaphysique, me permettent de réfléchir à ma propre vie, à regarder différemment mes choix, mon avenir, ma destinée humaine…

Aussi, quand j’ai su que Marc-Antoine Mathieu exposait les planches de son nouvel album, S.E.N.S., j’ai pris rendez-vous, dégagé un espace dans mon agenda, préparé une interview pour la radio… Et grand bien m’en a pris car j’ai passé un moment extraordinairement humain, profond, chaleureux et artistique… Et l’ordre des adjectifs pourrait être changé sans aucun problème tant chaque aspect était fort !

Pour ceux qui ne connaitraient pas encore Marc-Antoine Mathieu pourtant déjà très présent sur le site, il faut que je vous donne quelques éléments. Marc-Antoine Mathieu, né en 1959, il a suivi les Beaux-Arts à Angers, il fait du dessin, des arts plastiques, de la scénographie… En 1988, il publie avec son frère son premier ouvrage, Paris-Mâcon aux éditions Futuropolis, mais c’est en 1990, aux éditions Delcourt, qu’il crée son personnage de Julius Corentin Acquefacques, prisonnier des rêves. Le premier album, L’Origine, se fait repérer par de nombreux critiques et amateurs de bandes dessinées. Il ouvre ainsi une histoire étonnante avec un personnage surréaliste et chaque album sera objet d’admiration… Quelle belle liste : La Q…, Le Processus, Le Début de la fin, La 2,333ème Dimension, Le décalage… sans oublier quelques petites merveilles hors de cette série comme Le Dessin, Dieu en personne… et cette histoire étonnante accompagnée d’une vidéo sur Internet, 3″ !!!

L’auteur joue avec tout : le texte, le dessin, la mise en forme, l’objet livre, les personnages, le scénario… rien ne lui échappe jusqu’à jouer avec le lecteur qu’il intègre dans son expérimentation. Il se joue de lui, l’illusionne sans scrupule pour le plus grand bonheur de ce dernier qui n’en revient pas d’avoir été dupé ainsi à l’insu de son plein gré devrait-on dire !

Dans cette exposition, celle des planches de S.E.N.S., il suffit de suivre la flèche et cela commence dès l’extérieur dans la rue… Une exposition que l’on ne peut pas manquer, bien sûr ! La surprise ne vient pas des planches d’une qualité incroyable, car on s’y attendait. Tandis que les bronzes, eux, nous surprennent, car ils sont de toute beauté et donnent encore plus d’importance, de volume, de profondeur à une histoire, un album, un personnage… Le visiteur, le lecteur, l’amateur du travail de Marc-Antoine Mathieu… ne peut que rester sans voix !

Une vidéo, expérimentale elle aussi à sa façon, vient nous confirmer que quand le vent souffle, il est bien délicat de suivre sa direction… sauf quand le destin y met du sien !

Pour aller regarder ce travail à Paris, c’est trop tard car cela n’était ouvert que trois jours, mais, maintenant, vous avez du 27 novembre jusqu’au 4 janvier pour aller découvrir S.E.N.S. à Bruxelles dans un cadre encore plus grand qu’à Paris avec plus de planches, dessins, sculptures et vidéos…

Pour ceux qui ne pourront pas se déplacer en Belgique, il faudra lire S.E.N.S. et pourquoi ne pas se (re)plonger dans les albums plus anciens comme 3″ ou Le décalage

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Exposition S.EN.S. de Marc-Antoine Mathieu

Hubert-Breyne Gallery Bruxelles

8A rue Bodenbroeck

Place du Grand Sablon

1000 Bruxelles

 

S.E.N.S.

Marc-Antoine Mathieu

Editions Delcourt

ISBN : 9782756053615

Rencontre avec Fabien Toulmé, auteur d’un album remarquable, Ce n’est pas toi que j’attendais…

Après avoir lu une magnifique bande dessinée, Ce n’est pas toi que j’attendais, récit d’un papa face à sa petite fille trisomique, j’ai souhaité rencontrer l’auteur pour lui laisser la parole. Je remercie Fabien Toulmé d’avoir accepté de nous parler de son expérience… et d’avoir écrit un si bel ouvrage en bande dessinée. La bande dessinée est critiquée sur le site :

http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/43338

Je suis l’heureux papa de Julia et cet album parle de l‘arrivée de cette fille dans la famille. C’est le deuxième enfant, la première est Louise. Julia est arrivée avec une petite différence découverte à la naissance, une trisomie 21 qui n’avait pas été détectée durant la grossesse. Ce livre ne traite pas spécifiquement et techniquement de la trisomie, c’est le cheminement d’un papa qui va vers sa fille petit à petit. C’est plutôt un récit universel, ça s’applique à la trisomie mais cela peut concerner n’importe quelle différence, voire même n’importe quel enfant.

L’envie de raconter est apparue lorsque toutes étapes ont été dépassées, lorsque je me suis retrouvé apaisé, heureux d’être le papa de Julia. C’est parce que je trouvais que c’était une belle histoire que l’envie du livre est devenue évidente, naturelle. J’avais la chance d’avoir vécu cela et mon récit allait être plus vrai et plus fort que si cela avait été raconté de l’extérieur comme une simple fiction.

Au début j’étais dans la tempête. On imagine toujours que ça n’arrive qu’aux autres. On ne connait pas les problématiques de l’enfant handicapé ou malade. Quand ça arrive, on plonge immédiatement dans les fantasmes, on n’est pas capable d’analyser et j’ai plongé comme dans un grand océan hostile et mystérieux. L’écriture du livre n’a pu être envisagée qu’après avoir passé toutes ces étapes. Le moment charnière entre les phases les plus douloureuses et les temps plus apaisés, c’est quand Julia se fait opérer du cœur. Elle nait avec une tétralogie de Fallot, et il fallait une intervention chirurgicale à cœur ouvert dans la première année de vie de Julia. C’est à ce moment-là, même si je n’en ai pas conscience, que je suis inquiet pour ma fille. Elle environ six mois. Je suis là avec ma femme et on ressent de l’inquiétude, de la tristesse… C’est le moment où il est évident qu’elle est bien notre fille, qu’on l’aime, tout simplement.

Ce qui est sûr, c’est que j’ai eu du mal à parler de ce qui se passait dans la tête de ma femme. J’ai vu et ressenti ce qu’elle vivait mais c’était plus facile de raconter mon cheminement. Dans le livre, il y a un peu deux personnages côte à côte, un papa râleur et anxieux, une maman plus zen, j’ai un peu caricaturé la réalité de nos deux caractères, de nos deux personnalités. Mais c’est quand même un peu la photographie de la réalité et de ce que nous avons vécu. Mon épouse a certainement été plus calme et philosophe que moi…

D’un coup on reçoit un grand nombre d’informations sur les soins qu’il va falloir apporter, ce qu’il va falloir faire avec Julia pour la stimuler et l’accompagner, la faire évoluer. On rentre dans ce monde inconnu du handicap et des soins, on nous décrit certaines « attractions » et ça fait un peu peur. Je parle dans le livre de Handicap land. On nous dit tellement de choses qu’on ne sait plus comment faire, si on sera capable de tout faire, d’assumer… C’est une étape difficile, différente de la naissance mais angoissante pour les parents.

C’est important parce que la première peur que l’on a avec un enfant handicapé c’est l’avenir : est-ce que toute ma vie je vais devoir m’occuper de ma fille, quand j’aurais 80 ans est-ce que je vais être capable d’assumer ? Certes on nous donne beaucoup d’informations scientifiques mais on a du mal à imaginer ce qu’est la vie quotidienne d’un adulte trisomique. On manque d’exemples ! En parler avec ceux qui ont connu, c’est cela qui apaise, qui permet de relativiser, d’envisager la vie pour Julia avec une certaine autonomie… un travail, un logement, une vie amicale, voire même amoureuse…

Il y a eu aussi la difficulté à parler de Julia à sa grande sœur : ce n’est pas simple de mettre des mots sur la trisomie pour une petite fille. Elle a 5 ans à la naissance de Julia. On s’est aperçu que Louise avait compris beaucoup plus de choses que ce que nous les parents nous imaginions. Sa sœur était différente et elle l’avait bien compris.

Au bout d’un moment, la trisomie « disparait » derrière l’enfant. Aujourd’hui je n’accole plus le mot de trisomique à ma fille, j’ai deux filles, un point c’est tout !

On a la chance que Julia nous ait choisis comme parents !

Et je ne peux que vous inviter à lire ce magnifique récit en bande dessinée qui illustre que cet art narratif est maintenant devenu majeur et capable d’aborder tous les thèmes avec délicatesse et humanité !

(Propos recueillis par Shelton et la photo est de Chloé Vollmer-Lo)

Rencontre avec un dessinateur, Christophe Regnault à Chalon-sur-Saône

L’Antre des bulles est une librairie spécialisée dans la bande dessinée de Chalon sur Saône. La bande dessinée sous toutes ses formes, dans tous ses états, avec tous ses genres… On y trouve donc des mangas, des albums classiques pour la jeunesse, des séries contemporaines, des romans graphiques, des histoires venant du monde entier, des comics, des reportages… Oui, la bande dessinée est beaucoup plus qu’un genre secondaire des arts narratifs, bien plus profonde, plus précise, plus scientifique, plus politique, plus drôle, plus prenante, plus policière, plus historique… que vous ne pensez, tout simplement !

Historique ? Oui, la bande dessinée peut vous accompagner dans l’Histoire, celle avec un grand H, de France ou d’ailleurs, de façon grand public, ou, parfois même, de façon très pointue. Par exemple, les éditions Glénat ont choisi de proposer une série, Ils ont fait l’histoire, pour redonner le goût de l’histoire aux lecteurs de bandes dessinées. Pour cela, il fallait arriver à pousser à travailler ensemble des historiens et des auteurs bédés. Pour chaque album, on a ainsi de véritables auteurs, une équipe d’historiens et un personnage important de notre histoire qui va prendre vie… et c’est là que l’on s’aperçoit que l’histoire est bien souvent plus forte, plus violente, plus passionnante que la fiction !

 

L’antre des bulles ayant choisi d’inviter Christophe Regnault le samedi 28 juin de 14h à 18h, c’est à son Philippe le Bel que nous allons nous consacrer… Cet album est signé Mathieu Gabella au scénario, un auteur confirmé qui a scénarisé chez Delcourt, entre autres, la très bonne série La licorne, série historique et fantastique autour du personnage d’Ambroise Paré. Du côté des historiens, on retrouve Etienne Anheim et Valérie Theis, et ils ont choisi de donner de ce roi un portrait le plus complet possible, sans se limiter aux clichés qui sont pourtant nombreux. Enfin, précisons, avant d’ouvrir l’album, que les éditeurs sont deux, Glénat et Fayard. S’il n’est pas surprenant de trouver Glénat dans une aventure historique, reconnaissons que la présence de Fayard dans le monde de la bande dessinée était plus improbable. Mais cet éditeur qui s’est illustré et s’illustre encore avec la publication de très bons ouvrages historiques, est là comme une caution scientifique – l’histoire est bien une science – et que la maison d’éditions doit se dire que redonner goût à l’histoire, y compris en utilisant la bande dessinée, c’est reconstruire un lectorat possible pour ses grandes biographies qui m’ont fait rêver, qui mon porté durant toute ma jeunesse…

Philippe le Bel, d’ailleurs est bien présent chez Fayard avec le remarquable ouvrage de Jean Favier que j’ai dévoré à l’époque en quelques heures. Cet ouvrage reste pour moi un ouvrage magistral et pertinent et je ne peux qu’en conseiller la lecture même si l’ouvrage n’a pas connu une diffusion extraordinaire car il a manqué une version de poche… heureusement, on le trouve encore en bibliothèque et d’occasion !

 

Philippe le Bel est un roi qui a connu une grande notoriété car c’est lui qui s’est trouvé confronté aux Templiers. Cet ordre richissime, puissant et mystérieux est mort de sa guerre contre le roi de France, sans que l’on connaisse aujourd’hui tous les tenants et aboutissants. La renommée du roi a été boostée par l’œuvre littéraire de Maurice Druon, Les rois maudits. Certes cette saga n’a pas à proprement parler la solidité historique d’une biographie comme celle de Jean Favier mais sa diffusion à la télévision dans une adaptation restée célébrissime a beaucoup fait pour noircir l’âme de Philippe le Bel sans pour autant rehausser celles des Templiers, de la famille royale ou du pape…

 

Le scénario de Mathieu Gabella ne se focalise pas ni sur la lutte à mort contre les Templiers ni sur les affrontements papauté-royauté.  Le choix a été fait de nous proposer une vision beaucoup plus complète du roi, de son administration, de son époque… Il faut dire que ce roi est certainement un des personnages les plus étranges de son temps et on peut le regarder de plusieurs façons différentes : le roi avec le sens chrétien de la royauté française ; le premier technocrate à la française ; l’homme qui s’est entouré de plusieurs spécialistes, des finances à l’organisation du royaume ; le grand chasseur ; l’homme de pouvoir qui n’admet que difficilement d’être contredit ; le chrétien dont on ne sait rien sur sa propre foi… Bref, autant de Philippe le Bel, autant d’éclairages divergents sur une des grandes personnalités de notre histoire de France…

Ce roi est aussi un personnage avec son éducation, son caractère, ses proches. La grande force de cet album est basée sur la qualité du scénario qui rend le roi ni bon ni mauvais, ni égoïste ni généreux, ni objet de vénération ni personne à haïr toutes affaires cessantes… Ce Philippe intrigue, mérite d’être compris, percé, et remis dans son contexte… Cela devient passionnant comme un drame grec à l’ancienne…

 

Le dessin de Christophe Regnault intrigue au départ. J’ai craint, du moins un instant, de retrouver une narration graphique à l’ancienne comme dans l’histoire de France en BD de chez Larousse. Heureusement, très vite, on sort de ces ornières pour trouver un rythme solide, un graphisme solide, des personnages crédibles. L’histoire est dépoussiérée et le récit passe de l’illustration simple à la bande dessinée à proprement parler.

 

Je dois donc dire que j’ai beaucoup apprécié cette biographie, cette aventure, ce portrait… Cela donne envie de replonger rapidement dans le Philippe le Bel de Jean Favier ou celui plus récent de Georges Minois. On a aussi envie de découvrir rapidement les autres albums de cette série : Vercingétorix, Jean Jaurès, Charlemagne, Saint Louis…

 

Donc, n’hésitez pas à rencontrer Christophe Regnault à Chalon-sur-Saône, le samedi 28 juin, entre 14h et 18h, occasion de repartir avec un album et une magnifique dédicace ! C’est à l’Antre des bulles, 6 rue au change.

 

Philippe le Bel

Scénario de Mathieu Gabella

Dessin de Christophe Regnault

Conseils historiques : Etienne Anheim et Valérie Theis

Série Ils ont fait l’Histoire

Editions Glénat et Fayard

ISBN : 9782723495783

Des enfants de maternelles à la rencontre d’un auteur de bandes dessinées

Pierre Bailly vient de passer presque deux jours à Chalon-sur-Saône, Châtenoy-le-Royal et Granges. Il a rencontré quatre classes dont trois avaient suivi un atelier d’écriture bande dessinée avec Michel Bonnet, pédagogue et critique de bandes dessinées. Chaque classe a créé une histoire, dessiné les différentes séquences de cette histoire, mis en couleurs… Toutes les étapes de la création d’une bande dessinée ont été ainsi abordées. Il ne manquait plus que le regard du professionnel ! Il est venu !

Pierre Bailly a été plus qu’un spectateur, il a prodigué ses conseil, écouté chaque créateur, inauguré l’exposition de tous les travaux à la bibliothèque de Châtenoy-le-Royal… Il a même dessiné pour montrer à ces jeunes talents en herbe, le chemin à suivre…

En fait, il n’a pas hésité à aider ceux qui dans quelques années, n’en doutons pas, seront tout simplement des concurrents sur le marché de la bande dessinée !Pierre Bailly a ainsi étonné les parents présents (nombreux, plus nombreux qu’attendus, bravo !), les enseignants et bibliothécaires… Mais les enfants, ont ainsi mesuré que dessinateur professionnel était un beau métier… A vous de jouer Camille, Zoé, Julie, Bruno, Jean et tous les autres !!!

Travail de Camille (5 ans)

Tous à Saint Rémy !!!

Le week-end prochain, les amateurs de bandes dessinées du sud de la Bourgogne se donneront tous rendez-vous à côté de Chalon-sur-Saône, à Saint-Rémy, pour le 1er festival de la bande dessinée et de de la jeunesse avec un programme alléchant qu’il ne faudra manquer sous aucun prétexte…

Quelques noms ont retenu notre attention dans une liste assez impressionnante pour une première édition. Voici quelques exemples pour vous donner envie de nous rejoindre…

Francois Corteggiani : Le scénariste bien connu de la Jeunesse de Blueberry sera là en personne et pour beaucoup de lecteur de cette série parallèle à Blueberry ce sera l’occasion de se souvenir de ce chef d’œuvre de Charlier et Giraud. On pourra aussi discuter avec François de son album reprise des aventure d’Alix, L’ombre de Sarapis, ou de tous les autres ouvrages qu’il a écrit et ils sont très nombreux (L’école Abracadabra, Marine, Tatiana K…). Georges Ramaioli : Pour moi, que de souvenirs ! Tous les collégiens de Saint Dominique – Chalon-sur-Saône – doivent se souvenir de la série Zoulouland que je tentais, presque désespérément de mettre en valeur. Il faut dire qu’elle n’est pas facile à classer… Une sorte de western sud africain, avec une pointe d’humour, de drame, d’histoire, d’aventure, d’amour, de nature… Bref, du grand art et une série qui restera pour moi mythique ! On peut aussi intéresser à ses autres productions que je ne minimise pas comme ColoradoAlesio Lapo : J’ai découvert il y a quelques années Alesio Lapo à Angoulême alors qu’il venait dédicacer son premier album publié en France, le tome 1 de la série Antoine de Sèvre, un polar historique scénarisé par Laurent Rullier. C’était en janvier 2006 et j’avais beaucoup aimé son dessin e, surtout, la personne. Depuis, je revois très souvent Alesio et sa femme Simona… Je suis très heureux de les voir arriver dans notre région et ce d’autant plus qu’Alesio vient de dessiner un remarquable album chez Delcourt, le premier tome de Cagliostro avec un scénario d’Arnaud Delalande et Hubert Prolongeau… Surtout à ne pas manquer !

Pascal Croci : je le qualifierais bien, sans aucune connotation négative, d’auteur atypique. Pour beaucoup, son œuvre est tout simplement inclassable. Il est l’auteur reconnu d’Auschwitz, album pertinent et parfaitement réalisé qui a été mis à l’honneur par la critique et les politiques… Aujourd’hui, il faut découvrir l’ensemble de son travail et en particulier Adolphe, même si la maison d’éditions a connu quelques déboires…Francis Bergèse : Pour beaucoup de lecteurs de bandes dessinées, il est associé définitivement aux séries Buck Danny et Biggles. Sa reprise du dessin de la série phare de l’aventure aérienne militaire, Buck danny, a été salué en son temps et il continue à être un des meilleurs dessinateurs d’aéronefs en bédé…. Euh, il aime aussi dessiner les femmes…Vincent Wagner : Voici un excellent dessinateur de bandes dessinées que pas assez de lecteurs connaissent. Pourtant, ses séries Mysteries et Wild river sont de très bonne qualité – pour ne pas dire plus – mais elles sont arrivées au mauvais moment chez Casterman et n’ont pas été défendues comme elles auraient dû l’être. Il n’est donc que grand temps d’aller le rencontrer et de le lire… En plus, il est très sympathique, fait de belles dédicaces, et ses derniers albums méritent eux aussi le déplacement comme Venise hantéeFrançois Plisson et ses Korrigans seront là aussi. N’oublions pas cet album chez Casterman, Taanoki qui était passé un peu inaperçu mais que j’avais beaucoup aimé et sa série légendaire Tristan. Les albums de sa série Les Korrigans d’Elidwenn ne sont pas réellement des bandes dessinées mais plaisent indiscutablement à toute la famille, y compris les plus jeunes. Avec Plisson, il y en a pour tous les âges… Simona Mogavino : Simone, spécialiste de restaurations archéologiques et historiques, est devenue, à la suite d’une blessure sur un chantier, une scénariste de bandes dessinées. Elle s’est lancée, elle l’Italienne, dans le récit d’une grande reine de France, Aliénor d’Aquitaine. Ceux qui ont peu de l’histoire, de la religion, des guerres… n’ont rien à craindre car la vie d’Aliénor c’est de l’aventure à l’état pur, du brut de chez brut avec sexe et amour de surcroît ! Prenez le temps de parler de l’histoire de France avec cette femme qui la regarde et l’étudie de l’extérieur… Passionnant ! D’ailleurs quand on regarde Simona, on se demande… elle n’aurait pas été Aliénor dans une autre vie ?

Johannes Roussel et Roger Seiter : Un scénariste et un dessinateur pour une magnifique série à la fois historique, maritime, policière et aventures. HMS est vraiment une série extraordinaire qui plait à presque tous les âges car elle parle à tous…. Si, on peut même dire de 7 à 77 ans ! Ces deux auteurs qui travaillent depuis longtemps ensemble ont maintenant décidé de quitter un peu la mer pour la route avec une nouvelle série, Trajectoires.

 

Voilà, plein de bonnes raisons d’aller à Saint Rémy le week-end prochain à ce premier festival de la bande dessinée!