Aujourd’hui nous avons rencontré le scénariste, Nicolas Jarry, et le dessinateur, Paolo Deplano, de certains tomes des séries « Les Maîtres Inquisiteurs » et « Nains ».A l’occasion du 43ème festival d’Angoulême, ils nous ont présenté le tome 4 des « Maîtres Inquisiteurs », ainsi que leur nouvelle édition limitée du One Shot 3 de « Nains », imprimé en noir et blanc pour mieux apprécier le dessin à l’état brut. Le dessinateur était surpris et très fier de voir le résultat final. En effet, un album comme celui-ci demande 9 à 10 mois de recherches et de travail. De plus, le dessinateur utilise une technique plutôt traditionnelle : il réalise le story-board au crayon puis un encrage manuel, et termine la colorisation sur ordinateur. Pour la série des « Maîtres Inquisiteurs », Deplano recherche une discipline et une justesse dans ses illustrations. Beaucoup d’échanges s’effectuent entre les deux collaborateurs, qui sont réactifs aux conseils et envies de chacun.Lorsqu’il écrit ses scénarios, Jarry cherche à synthétiser, reprendre et reconstruire les mondes et personnages fantastiques connus de tous, pour raconter de nouvelles aventures, tout en conservant les codes emblématiques de ces univers. D’abord inspiré d’univers fantastiques comme celui de Tolkien, le scénariste s’est ensuite intéressé aux traités de navigation, d’archéologie et de spiritualité, c’est pourquoi il souhaitait un univers riche et ancré dans la réalité pour ses intrigues.La collaboration entre les deux associés devenus amis était une évidence, car ils ont les mêmes centres d’intérêts et influences depuis l’enfance, et cela se prouve car ils en sont déjà à leur troisième projet commun, et on espère qu’ils continueront ainsi, pour notre plus grand plaisir !
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Tempête sur Bangui par Zita, étudiante…
Le pape François se déplace en Afrique, fait escale en République Centrafricaine, et, du coup, nous trouvons judicieux de vous présenter l’article de Zita, étudiante en licence professionnelle TAIS/IUT de Chalon-sur-Saône, sur une bande dessinée, Tempête sur Bangui et sur un auteur, Didier Kassaï, qu’elle a pu rencontrer à Saint-Malo, il y a maintenant un mois… La bande dessinée est difficilement accessible en Afrique, d’une manière générale beaucoup de gens n’ont pas le pouvoir d’achat nécessaire pour acheter des albums. Cependant il y a des bibliothèques où certains ont la possibilité d’en emprunter ou de les acheter. Il y a également des revues imprimées localement, dessinées par des dessinateurs locaux, il y a des auteurs/dessinateurs qui essaient de se débrouiller sur place mais il n’y a pas de maison d’édition spécialisée en bande dessinés. Du coup ces auteurs/dessinateurs survivent très peu et la plupart du temps ils sont dans l’obligation d’abandonner pour faire autre chose, la priorité première est de se nourrir et de nourrir sa famille, de vivre tant bien que mal, dans un conflit qu’ils n’ont pas choisi.Didier Kassai publiait déjà des chroniques quotidiennes sur ce qu’il se passait en Centrafrique et après une longue période de petites publications il s’est mis à écrire Tempête à Bangui.
Quand il le peut, il vient en France dans des salons de livres à la rencontre des auteurs et des éditeurs. C’est grâce à cela qu’il est entré en contact avec La Boîte à Bulles et qu’il a pu envoyer son projet par courriel.
Tempête sur Bangui est une bande dessinée saisissante où nous suivons en temps réel l’avancée de son auteur, pris malgré lui dans les conflits militaires et politiques de son pays. En 2013 en Centrafrique se déroule l’un des plus grands conflits meurtriers entre des groupes de rebelles et le pouvoir mis en place. C’est un conflit à caractère religieux mais ses intérêts sont économiques : la région, comme de nombreuses régions d’Afrique, est riche en pétrole et en minéraux, ce qui suscite la convoitise de certains, au détriment des autres. Les armes sont omniprésentes, les rebelles sont sans pitié, abrutis et excessifs (meurtres, fusillades, viols, pillages, corruptions…).Comme l’écrit lui-même Didier Kassai «Foutues guerres… motivées au départ par une multitude de revendications absurdes ou légitimes, pour au bout du compte, toujours le même résultat : le bordel ». Car c’est un véritable chaos que traversent quotidiennement l’auteur et sa famille, un chaos qui engendre une confusion générale chez les habitants centrafricains ainsi qu’une insécurité constante. C’est un cycle infernal où les civils sont les premières victimes et où les auteurs/dessinateurs tels que Didier Kassai tentent de clarifier la situation sur quelque chose qui les dépasse complètement et pour cela prennent un risque énorme alors que pourtant ils sont les derniers à prendre parti.
« Viser délibérément des civils dans le cadre d’un conflit est une violation flagrante du droit international relatif aux droits humains et au droit international humanitaire »
Amnesty International soutient l’édition. L’organisation humanitaire collabore avec des artistes autour de cas problématiques, il s’agit d’un soutien moral, financier et véridique car les sources et documentations d’Amnesty (qui travaillent également sur place) sont accessibles aux auteurs, ainsi leurs travaux sont appuyés par plus d’informations, crédibles et vérifiables aux yeux de tous.
Prendre conscience du problème est aujourd’hui très important pour une résolution durable du conflit et en soutenant des artistes tel que Didier Kassai, Amnesty International renforce le message que l’auteur nous livre à travers son œuvre.
En Centrafrique le 23 Avril 2015 une étape importante dans la résolution des conflits a été franchie: l’instauration d’une Cour pénale spéciale mixte, chargée d’enquêter et de poursuivre les responsables de crimes contre l’humanité depuis 2003 dans la région. Il s’agit de d’abord repérer les principaux criminels, de les arrêter et de les juger et ensuite prioritairement de désarmer au maximum les différents groupes armés en Centrafrique. Ces deux étapes passées, la justice pourra prendre place et les victimes pourront se reconstruire.
« Raconter une histoire de guerre cela pose toujours un problème » me dit Didier Kassai.
A chaque fois qu’il publie quelque chose qui touche un camp ou un autre, il y a toujours des réactions, pourtant lui inclut tous les traitements et point de vue qu’a eu le conflit. Il précise qu’il y a des journalistes qui publient des articles sur la crise centrafricaine mais qui ne vont pas jusque-là où il va, qui n’ont pas les mêmes informations étant donné que lui habite et vit à Bangui.
La bande dessinée s’appuie sur des faits réels, avec des interventions multiples: radios, presse, politiciens et avec des indices temporels (dates, heures) et géographiques (lieux). Il se voit dans l’obligation d’informer et ce à travers ces œuvres et publications. Informer les Occidentaux mais informer également les habitants centrafricains, parfois isolés (non pas par choix), parfois manipulés, et ainsi leur permettre de comprendre ce qu’il s’est passé ici ou là.
Le goût du dessin, Didier Kassai l’a d’abord transmis à ses enfants, l’idée du dessin comme échappatoire jusqu’à dans les moments les plus critiques. Lors de l’arrivée des rebelles à Bangui, les écoles fermaient, les enfants et leurs familles voulaient fuir mais c’était impossible alors ils restaient enfermés à la maison et inconsciemment, comme le font les enfants pour jouer et pour passer le temps, imitaient les soldats. Pour les rassurer et les calmer, et pour ne pas les laisser dehors ou dedans à regarder, à entendre la guerre, Didier Kassai les fait dessiner et leur apprend à utiliser le dessin et l’humour comme des armes contre la violence. L’humour et la simplicité face à des situations qui elles sont loin d’être drôles et simples.
Avec le temps c’est une action et activité plus large que l’auteur aimerait mettre en place pour éduquer les enfants à la pratique de l’art et du dessin comme acte de résistance.
En attendant…il prépare le second tome de Tempête à Bangui, qu’il vient tout juste de commencer!
Mille mercis à la maison d’éditions La Boîte à Bulles qui a permis cette rencontre !!!
Quai des bulles 2015, journée du samedi 24 octobre
Toujours à Saint-Malo, en salle de presse de Quai des bulles en compagnie de Zita, Florian, Maxime et Michel…Edmond Baudoin
Si la journée de vendredi s’était terminée dans le bruit, celle de samedi commence dans la douceur, avec du soleil à l’extérieur sur la Manche et la présence ensoleillée et chaleureuse d’Edmond Baudoin… Qui résisterait à une telle personnalité ? Soixante-treize ans, un enthousiasme à faire bouger des statues de granit bretonnes, une passion à réveiller les cancres au fond d’une classe, un talent à faire pâlir les plus grands, des livres originaux et merveilleux qui ont fait rêver des centaines de passionnés à commencer par Michel qui attendait cette rencontre depuis longtemps…
Son dernier ouvrage est étonnant car il traite du destin de quatre scientifiques – Werner Heisenberg, Alan Turing, Leo Szilard et Hugh Dowding – et de leurs interrogations profondes. Il y a même des pages de mathématiques ce qui fait beaucoup rire cet auteur qui n’a pas fait d’études et qui se souvient de ses zéros en math !
Un beau moment qui fait dire à Maxime : voilà une journée qui commence bien !
Frédéric Bézian
Un courant d’art aux accents du sud s’installe en même temps que Frédéric Bézian. Sa dernière production qu’on ne pourrait totalement qualifier de bande dessinée, est un livre sans tranche et à la trame narrative singulière. Comme une carte il se déplie, et chaque face présente une histoire différente mais toutes deux liées par le fond et la forme. Forme qui d’ailleurs est le sujet de cet ouvrage puisqu’il traite d’une part des recherches du mathématicien Olivier Byrne, sur la géométrie d’Euclide, triangles, carrés, ronds,…de couleurs jaunes, bleus et rouges…et d’autre part du pionnier de l’abstraction Piet Mondrian, qui aurait pu s’inspirer des travaux du mathématicien.
Support et thème peuvent déconcerter, mais comme l’a dit Bézian, un livre est comme un poulet sur une table, si on est végétarien on n’en mange pas, dans le cas inverse chacun choisit la partie qu’il préfère blanc ou cuisse ou les deux.
Ecouter Bézian, c’est aussi se laisser surprendre. Il a l’air sévère et distant, et, pourtant, il dégage très rapidement une chaleur amicale et paisible… Il parle de création comme il l’a pratique, c’est-à-dire de façon claire, accessible, humaine, géniale et pour nous ce fut du bonheur pur !
Marion Montaigne
L’interview de Marion Montaigne alias professeur Moustache, la fille illégitime d’Einstein, est à l’image de son ouvrage de vulgarisation scientifique, décalée mais très instructive ! Elle traite avec un style bien à elle des sujets très variés. Qu’est-ce que la vie d’astrophysicien ? Est-il possible de greffer notre tête sur un autre corps ? Pourquoi les hommes sont-ils bloqués à l’urinoir ? Autant de questions qu’on ne s’est jamais posées mais dont on souhaite désormais avoir une réponse…
Pour son quatrième volume de « Tu mourras moins bête…mais tu mourras quand même » le professeur Moustache s’attaque aussi à la culture cinématographique en analysant scientifiquement des films comme le Seigneur des anneaux, Interstellar ou encore Star Wars.
Cette interview se conclut par une question encore sans réponses: Un homme peut-il se faire greffer un utérus ? Peut-être aurons-nous une réponse dans la série qui sortira prochainement, consacrée au professeur Moustache et à ses multiples interrogations ?
David Chauvel et Alfred
Est-il possible que certains fans de bédés ne connaissent pas encore ces deux grands auteurs que sont David Chauvel et Alfred ? Oui, probablement car après tout il y a tant d’auteurs et de sorties d’albums chaque année… Par contre, il y a tout à parier que les admirateurs de Daho bédéphiles vont tous dévorer cet ouvrage hommage qui accompagne la sortie de cet album Les chansons de l’innocence retrouvée…
Aucun de l’équipe n’était passionné par Etienne Daho. Certes, on connaissait certaines chansons – à part Michel qui semblait venir d’une autre planète où Daho aurait été inconnu – mais nous sommes bien tombés sous le charme de David et Alfred et celui de leur album que l’on peut apprécier même sans chantonner du Daho sous sa douche…
Durant plus d’une demi-heure, ils nous ont fait découvrir les dessous de la création d’un album de chansons, invite à rencontrer un chanteur dans sa simplicité et son humanité, créé des liens entre tous les créateurs…
Finalement, on aurait presque envie d’écouter du Daho en relisant l’album… Chiche ?
Hervé Bourhis
Michel a découvert Hervé Bourhis il y a bien longtemps à une époque où l’on ne faisait pas encore de la bédé numérique dans Professeur Cyclope. Il s’agissait d’un album très sympa dans la collection Tohu-Bohu, Thomas ou le retour du Tabou ! Depuis les bonnes bandes dessinées s’entassent pour le plus grand plaisir des lecteurs : Un enterrement de jeune fille, Piscine Molitor, Prévert inventeur… du moins, si on se limite à celles que l’on a adorées avant l’arrivée de la bédé numérique !
C’est dans cette revue déjà mythique, Le professeur Cyclope, qu’est né Le Teckel et c’est pour le retour triomphant qu’Hervé Bourhis faisait son escale devant le micro de vivre-a-chalon et RCF en Bourgogne…
Un beau moment de discussion libre et ouverte où il est question de bédé, de culture, de bande dessinée, de l’industrie pharmaceutique et même de libertinage… Hervé aime raconter des histoires et on l’écouterait des heures durant sans se lasser, avec la Manche devant nous… c’est comme dans un beau rêve…
Jung
Coréen adopté, arbre sans racine, Jung répond tout d’abord à nos questions avec un certain repli mais laisse finalement place au personnage attachant et captivant que l’on avait rencontré dans sa bédé autobiographique « Couleur de peau miel ». A travers cet ouvrage, il retrace avec humour et sensibilité son enfance et son adolescence d’enfant adopté qui cherche tout d’abord à enterrer ses origines coréennes mais qui est peu à peu rattrapé par son envie de comprendre et découvrir ses racines. Depuis il s’est rendu à plusieurs reprises en Corée afin de creuser son passé, et nous contera ses aventures et découvertes qu’il y’a fait dans le tome 4 qui sortira prochainement.
Dans son livre le plus récent, Le voyage de phœnix, il prolonge avec une fiction son travail sur les origines, sur la résilience et la reconstruction… Passionnant !
Philippe Jarbinet
Philippe Jarbinet se consacre depuis quelques années (2009) à la fin de la seconde guerre mondiale dans le sud de la Belgique (son pays) avec la série Airborne 44. Actuellement la série comporte trois diptyques de qualité. Chez lui autant de soin au scénario qu’au dessin, la documentation est d’une grande précision quant aux armements, aux tenues et aux équipements de toute nature… La bande dessinée n’est pas un amusement, c’est un art narratif complet qu’il est fier de pratiquer…
En plus de tout cela – on ne prête qu’aux riches – Philippe est un homme de qualité, agréable et disponible qui prend du soin à répondre aux questions sans ménager son temps ni son énergie… Tous les sujets y passent des Ardennes Belges aux anciens combattants, des soldats américains aux allemands, des femmes pilotes à sa jeunesse avec son père, des armes de la guerre aux souvenirs de ces évènements dans son village belge…
Il avoue avoir de la chance d’exercer ce beau métier d’auteur de bédés et il prend le temps de partager avec nous comme s’il s’enrichissait en notre compagnie… Merci Philippe !
Nicolas Jarry, Stéphane Créty et Pierre-Denis Goux
Recevoir des Nains dans une émission de radio ne pose pas de problème particulier car cela ne se voit pas sur les ondes, surtout si les micros sont bien réglés au départ… mais, en fait, ce ne sont pas des nains que nous avons reçus mais les auteurs des Nains, série publiée par les éditions Soleil, ce qui n’est pas tout à fait la même chose !
Nicolas Jarry est le scénariste de la série Nains. Il nous a expliqué le concept, la façon de travailler, l’univers dans lequel il nous invite à voyager. Il parle avec conviction, joie, nous nous laissons prendre et on arrive très vite à cheminer avec Redwin de la Forge… On sent qu’il vient du monde du jeu de rôle, comme Michel d’ailleurs qui retrouve là un peu de sa jeunesse lointaine…
Pierre-Denis Goux, le dessinateur qui a posé les bases graphiques de la série parle ensuite de son travail et du premier album en particulier dont il a assuré le dessin. Puis, Stéphane Créty, le dessinateur du tome 2, parle de son travail et de sa passion pour l’histoire et la fantaisie. La série Nains lui permet d’unir les deux et ce n’est que du bonheur !
Un grand cri du côté de l’exposition de Fluide Glacial nous ramène à la vraie vie dans la salle de presse du Quai des bulles. Reconnaissons que ces animations bruyantes nous causèrent quelques difficultés lors des interviews radio…
Mahi Grand
Imaginez une jeune femme qui dans sa famille pied-noir entend en continu sa grand-mère dire « C’était mieux là-bas ! ». La situation est bloquée et on comprend qu’elle fasse, un jour, son sac et aille voir comment c’est là-bas ! C’est exactement ce qu’a fait Olivia Burton… Dès qu’elle a découvert l’Algérie, ses couleurs, ses paysages, ses habitants, elle a imaginé qu’elle ne pouvait raconter cette aventure qu’en bande dessinée…
Malheureusement pour elle, heureusement pour Mahi Grand, elle ne savait pas dessiner ! Comme ils avaient déjà travaillé ensemble, il sembla logique au deux d’unir leur travail pour cet ouvrage L’Algérie, c’est beau comme l’Amérique. Mahi Grand était à Saint-Malo, il est venu dire qu’il avait dessiné l’Algérie où il n’était jamais allé mais que la collaboration avait été parfaite… Depuis, il est allé en Algérie, du moins à Alger et il avoue qu’il n’aurait pas dessiné tout de la même façon même si de nombreuses personnes, pied-noir ou Algériens, lui ont dit que l’essentiel était bien là…
Un joli moment en compagnie d’un auteur charmant et délicat qui offre un ouvrage passionnant et agréable à lire !
Cyril Pedrosa
Maxime était un peu dans ses petits souliers pour recevoir Cyril Pedrosa car c’est lui qui devait le faire parler ce cet ouvrage impressionnant Les Equinoxes. Oui, il s’agit bien d’une œuvre imposante, mélange haut en couleurs, œuvre hybride entre bédé, roman, art plastique et poésie… Cyril nous a invités à le suivre au cœur de son histoire, celle qui traverse les saisons, nous plonge dans l’intimité et fait de la vie quotidienne une extraordinaire fiction ! La vie de ses personnages aux destins croisés nous a émus, impressionnés et ce fut une belle rencontre !
Erwan Le Saëc
Évidemment pas de déplacement à Saint-Malo sans parler de marins et de pêcheurs de morue. C’est cette activité qu’Erwan Le Saëc nous fait découvrir à travers la série bédé « Entre Terre et Mer ». Dans ces trois albums, nous suivons donc le périple d’un jeune homme (Pierre Abgrall) qui décide de tout quitter pour tenter de trouver un travail sur la côte en tant que saisonnier. Mais il va très vite être attiré par la mer et va décider de s’embarquer sur la « Charmeuse » au côté son équipage si particulier. Attention ne vous trompez pas cette bande dessinée ne raconte pas que l’histoire a proprement parlé des marins mais également de l’attente de leurs femmes et la peur de celles-ci de ne jamais les revoir…
Pour ce faire, l’auteur et le dessinateur ont tous deux choisi de représenter dans certaines pages les peurs de certains personnages quant à la mort, les différentes superstitions ou légendes de l’époque et nous font même rentrer dans l’inconscient de certains personnages à travers leurs rêves (ou plutôt cauchemars). C’est donc vous l’aurez compris un dessinateur qui nous invite au voyage et stimule notre imaginaire. A un moment, nous avons même crû que la « charmeuse » était là au large de Saint-Malo, à nous attendre…
Mais les reporters ne sont pas partis et Erwan leur a rappelé que la mer ne fut pas que source de bonheur, qu’elle a emporté avec elle de nombreux marins (parfois très jeunes) et qu’elle a fait beaucoup pleurer sur cette terre de Bretagne !
Fabien Vehlmann
La série Seuls est pour certains lecteurs une des grandes réussites de la bande dessinée jeunesse et rencontrer le scénariste c’est toujours l’occasion d’aborder plus de mille questions toutes aussi intéressantes les unes que les autres…
Après avoir parlé de cul – non, je n’exagère pas – avec une journaliste qui croyait que Seuls était une bande dessinée qu’il fallait interpréter comme Freud l’aurait fait à son époque, Fabien a plutôt parlé de la série, des personnages, des limbes, de la vie et de la mort, de la société… Oui, Seuls est bien comme une Utopie qui parle de nous, de notre société, des femmes et des hommes… et il n’y a pas que le cul dans la vie… Non ?
Passionnant de rencontrer un tel homme qui est à la fois un adulte racontant des histoires aux enfants – de 10 ans à 15 ans – et un enfant qui a bien conscience de ne pas être, encore, un adulte à part entière… Mais doit-on être adulte ? Ne faut-il pas garder un petit quelque chose de notre jeunesse ?
Chacun donnera sa réponse, bien sûr, et pour ceux qui veulent cultiver un petit souvenir de leur jeunesse : bonne lecture de Seuls !
Eric Chabert
C’est après une journée remplie de belles et diverses rencontres (toutes plus enrichissantes les unes que les autres) que nous avons pu rencontrer Alexis Chabert, dessinateur de la BD intitulée Gainsbourg qui retrace graphiquement l’histoire de ce légendaire chanteur…
Dès les premières pages le ton est donné on découvre un jeune homme talentueux mais déjà tourmenté par ces démons qui auront raison de lui quelques années/pages plus tard… Au cours de notre entretien, le dessinateur nous a expliqué le défi qu’a été de représenter pour lui ce chanteur dont les dessins il faut l’avouer relèvent parfois de la caricature (oreilles décollées, nez proéminent…). Pour lui, ce travail est nécessaire car le lecteur doit le reconnaître facilement et ces attributs font partie du charme du personnage…
C’est donc une bédé très visuelle, graphique, colorée et poétique qu’Alexis Chabert et François Dimberton nous proposent ici… Une bande-dessinée à avoir dans sa bibliothèque assurément et à lire en écoutant quelques-unes de ces chansons indémodables…
Didier Kassaï
Dès la lecture terminée, Zita savait que c’est elle qui interrogerait Didier Kassaï. Pourtant, avouons qu’un contretemps a bien failli faire sombrer ce plan dans le fond de la Manche… heureusement, la rencontre eut lieu !
Dans Tempête sur Bangui, l’artiste centrafricain expose avec simplicité, subtilité et parfois même avec humour, le paysage chaotique qu’il traverse tous les jours avec force, courage et lucidité.
Il y décrit sans prendre parti ce que vivent quotidiennement les habitants centrafricains et apporte un point de vue global sur la réalité d’une situation méconnue des Européens, situation qui frappe avec une violence inouïe également d’autres régions en Afrique. Amnesty International a coédité l’ouvrage, c’est pour vous dire à quel point il est important aujourd’hui que l’information se relaie, et que des auteurs, dessinateurs tel que Didier Kassaï soient soutenus, édités et diffusés !
Geneviève Marot
Il faut savoir clore un beau moment et ce n’est pas si simple car quand on est bien, on souhaiterait que cela ne cesse jamais… La rencontre avec Geneviève Marot est venue au bon moment car quitte à terminer une journée comme celle-ci – commencée avec Edmond Baudoin – autant le faire avec cette auteure d’une qualité humaine étonnante… J’en vois déjà qui imaginent que cette périphrase cache un talent moyen… Détrompez-vous, Geneviève est profondément humaine, douce, chaleureuse et attentive aux autres mais c’est aussi indiscutablement une auteure complète avec laquelle il va falloir compter car pour son coup d’essai elle a réalisé un coup de maître !
Certes, pour s’entretenir avec elle il fallut déplacer des chaises, trouver un coin tranquille dans un hôtel qui commençait à se remplir des bruits de festivaliers repus, de journalistes épuisés et d’auteurs éreintés… mais, à peine assis, on se serait cru sous un tamarinier accompagné d’un accordéoniste malgache… c’était peut-être, qui sait, Jean Piso. Attention, prononcez « pisou » !
L’ouvrage de Geneviève Marot – là, par contre prononcez bien maro – est de toute beauté et cela restera une des lectures fortes de cette fin d’année 2015. Il est pétri d’humanité, musical, exotique, drôle… La narration graphique est dynamique, plaisante et efficace ! On en finirait presque par douter que Geneviève signe ici sa première bande dessinée ! Et pourtant c’est bien le cas !
Et, bien sûr, mille regrets (pas éternels car il y aura des séances de rattrapage) pour ceux que l’on aurait dû rencontrer mais qui ont été victimes de quelques dysfonctionnements… Lupano, Philippe Buchet, Emem, Bastien Vivès, Jérémie Moreau…
Découvrez Alex Varenne…
On est indiscutablement marqué par ses lectures de jeunesse. Quand je dis jeunesse je pense aussi bien aux premiers livres lus durant la préadolescence que les livres dévorés comme jeune adulte. Les premiers émois sentimentaux, les premiers engagements politiques, les premières prises de responsabilités sociales sont souvent – en tous cas ce fut le cas pour moi – le fruit de lectures ou de rencontres liées à la lecture. C’est ainsi, je suis bien obligé d’assumer !
Il y a donc longtemps, alors que le journal Pilote nous avait abandonné sur le bord de la route de la bande dessinée, il y eut des points de résistance, des lieux de création libre, des journaux qui ont tenté de faire survivre ou transformer l’esprit de Pilote… C’est ainsi que nous avons pu, ma génération, bénéficier de Charlie mensuel, L’écho des savanes, Métal hurlant…
C’est dans Charlie mensuel que nous allons découvrir Alex Varenne, dans la série Ardeur, scénarisée par son frère Daniel. Il s’agissait d’une science-fiction post guerre atomique, c’était un genre à l’époque où la guerre froide mobilisait tant d’énergie, d’armement, d’argent… Ardeur est un personnage qui a déserté, qui est mutilé et qui traverse une Europe anéantie sous l’effet des radiations… La bande dessinée est en noir et blanc et personne n’aurait je pense à l’époque imaginé qu’Alex Varenne puisse devenir un grand maitre de l’érotisme dessiné…
Quand j’ai appris que cet auteur allait exposer son travail à Paris, j’ai repensé à certaines lectures et je me suis dit qu’il fallait y aller, ne serait-ce que pour lui dire que j’avais aimé son travail, que j’avais apprécié son dessin et aussi pour que son nom reste présent dans notre mémoire en bulles…
J’étais accompagné d’Axelle, notre journaliste stagiaire, qui non seulement a suivi l’exposition avec attention, mais a réalisé le reportage photographique qui accompagne ce petit article… C’est important de transmettre même si je reconnais que la guerre froide et le risque d’embrasement de l’Europe appartient à un passé lointain… quoi que…
Occasion donc de plonger dans l’univers libertin et coquin d’Alex Varenne, de découvrir des planches originales de bandes dessinées mais aussi des toiles plus grandes – pas gigantesques non plus car comme il le dit son atelier est trop petit pour peindre sur très grand format – et du coup le visiteur s’aperçoit qu’Alex Varenne est un artiste contemporain qui peut être rapproché, sans aucun doute, de Roy Lichtenstein… Oui, pas moins !
J’ai été très heureux de rencontrer ce grand de la bande dessinée – ceci est un avis personnel, bien sûr, mais qui sera partagé avec tous ceux qui prendront le temps de le découvrir – et depuis j’avoue avoir pris le temps de relire quelques histoires comme L’affaire Landscape – pas une réussite commerciale selon les aveux de l’auteur lui-même –, Ardeur – une série qu’il faut redécouvrir – et bien sûr certaines histoires plus déshabillées qui ont fait sa gloire… et comment ne pas citer Carré noir sur dames blanches ?
Il est temps de vous laisser le temps de lire ou relire Alex Varenne… Quant à l’exposition, elle ouverte à Paris jusqu’à fin août, donc pensez-y si vous avez un peu de temps dans la capitale…
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Exposition Alex Varenne
Galerie Huberty-Breyne
Rue Saint Honoré
Paris
Lyon BD 2015, un grand évènement de la bande dessinée !!!
Dixième édition de la manifestation Lyon BD et force est de constater que cet évènement a tenu ses promesses. Pour moi, c’est un des rares grands festivals de bandes dessinées où l‘on peut trouver accessibles, du moins quand il n’y a pas trop de monde, des géants du neuvième art – et je pense en particulier à Baru qui était là samedi entouré d’un large public – et des débutants comme ces étudiants de l’école Emile Cohl dont on va attendre avec impatience les premiers albums…
Avec Axelle, ma brillante étudiante et stagiaire, nous avons arpenté les lieux de dédicaces, rencontré des auteurs connus et d’autres qui ne demandent qu’à le devenir, interviewé des auteurs heureux et fiers de montrer leur travail et même pris le temps de parler en anglais à un auteur néerlandais qui vient de sortir une petite merveille chez Casterman, Rembrandt…
Avant de revenir vous parler de tout cela, voici déjà quelques images pour vous mettre en appétit !
Premier instant : Fred Weytens et Yan Le Pon devant leur bébé (ou bédé, à vous de choisir), Gold of the dead, aux éditions Paquet.
Peu de temps après, Marie Avril, coloriste sur Gold of the dead, aux éditions Paquet, présente et dédicace son album Confidences à Allah, aux éditions Futuropolis.
Bel instant quand Baru, mon ami Lorrain, dessine sur son magnifique album Canicule, aux éditions Casterman…
Quelle surprise, les éditions Warum son là avec, entre autres, Samuel Figuière et son album extraordinairement profond et humain L’esprit à la dérive. Comme quoi, les éditions Warum surprennent toujours…
La bande dessinée a toujours entretenu des liens étroits avec la peinture et Typex nous le rappelle, lui qui vient de loin pour faire revivre Rembrandt, aux éditions Casterman !
Enfin, petit moment de plaisir, je regarde Deloupy en plein travail de dédicace pour son album policier Lucia au Havre, aux éditions Jarjille, une magnifique histoire policière classique comme je les aime bien… Du franco-belge garanti !
C’est tout cela que vous avez manqué si vous n’étiez pas à Lyon ce week-end ! Donc, à l’année prochaine !!!
Interview d’Alain Ayroles par Shelton et Axelle
Alain Ayroles est un scénariste de bandes dessinées, né en 1968 dans le Lot, qui s’applique depuis des années à nous offrir des récits de qualité, documenté, bien construits et cultivés. C’est à chaque fois un plaisir de plonger dans ses univers mis en chair par des dessinateurs de qualité comme Bruno Maïorana, Jean-Luc Masbou ou Luigi Critone…
Il a parlé longuement de ses relations avec Jean-Luc Masbou :
Nous l’avons rencontré à Angoulême à l’occasion du tome 11 de la série De cape et de crocs, dessin de Jean-Luc Masbou. Ce onzième tome vient révéler des éléments nouveaux sur la vie antérieure d’un des personnages phares de la série, Eusèbe le lapin blanc… cette série est certainement son chef d’œuvre et il en parle avec brio…
Enfin, comme cette année à Angoulême il fut beaucoup question du métier d’auteur de bandes dessinées, il était normal que nous abordions le sujet avec Alain Ayroles :
Axelle ne s’est pas contentée de faire les images et le montage, si vous écoutez bien, vous constaterez qu’elle a aussi posé des questions, de bonnes questions !
Les ouvrages d’Alain Ayroles sont bien représentés sur le site :
Interview de Christophe Arleston à Angoulême
Arleston est un des grands scénaristes contemporains. C’est indiscutable car sa série phare, Lanfeust de Troy, est connue par un très large public ! Et cela ne se limite pas à cette série culte et ses séries dérivées car Arleston est aussi le scénariste de Léo Loden, Les naufragés d’Ythaq, Les maitres cartographes, et, tout récemment, Ekhö monde miroir ! Excusez du peu !
Durant de longues années, je n’avais rencontré que certains de ses dessinateurs, Paul Glaudel pour Les maitres cartographes, Curd Ridel pour Tandori, Jean-Louis Mourier pour Troll de Troy… Il manquait, malgré le talent des dessinateurs, une rencontre avec ce scénariste et c’est en janvier 2015, le 30 janvier très précisément, qu’elle eut enfin lieu…
J’étais accompagné d’étudiants, Axelle en particulier. C’est elle qui vous propose ce montage, plus exactement ces montages car Arleston est resté presque trois quarts d’heure avec nous et elle a choisi de travailler de façon thématique…
Lanfeust de Troy
Arleston et « ses » collaborateurs dessinateurs…
Arleston et Léo Loden
Arleston et son nouvel univers d’Ekhö
Il se pourrait que maintenant vous ayez quelques envies de lecture, allez savoir !
Axelle et Michel
Serge Carrère dessine pour vous… et Christophe vous offre cette petite vidéo !
Serge Carrère, dessinateur de Léo Loden, prend le temps de dessiner pour nous, pour vous, et voici le résultat…
Serge Carrère dessine pour vous
Reff Rib’s dessine pour vous… et Christophe vous offre cette petite vidéo !
Concert de dessins vu et entendu par Christophe…
Chaque année un concert de dessins est organisé au festival de BD d’ Angoulême. Le but est simple : raconter une histoire en dessins réalisés en direct et projetés sur un écran géant, le tout accompagné par la musique d’un orchestre de 5 musiciens.
Cette nouvelle édition a misé sur l’humour et l’interaction ce qui a bien fonctionné auprès des nombreux enfants présents dans la salle, ravis d’aider Areski Belkacem (compositeur/auteur/chanteur) à retrouver le voleur de son beau chapeau blanc, sans lequel il refuse de chanter.
C’est la première fois que j’ai assisté à un tel mariage, et la surprise fut totale et néanmoins excellente.
J’ai apprécié le travail des dessinateurs à plusieurs mains sur le même dessin où chacun sait trouver sa place au service de l’histoire !
Il est agréable de pouvoir apprécier à la fois un travail musical et graphique !
Les dessins prennent vie à chaque note de musique et j’ai pris plaisir à voir tous ces dessinateurs, qui n’ont peut-être pas l’habitude de travailler ensemble, s’unir et réaliser des histoires uniques.