Quatrième jour de notre épopée et découverte d’Ingrid Chabbert…

Il y a dans la bande dessinée comme dans d’autres arts des OVNI, c’est-à-dire des objets venus d’ailleurs qui sont si riches qu’il faut, qu’il faudra, beaucoup de temps pour en prendre possession définitivement et c’est le cas avec Ecumes d’Ingrid Chabbert et Carole Maurel. Oublions un instant Carole Maurel, la dessinatrice. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle est maintenant connue pour son talent, parce qu’elle a été admirée pour son ouvrage Luisa ici et là, parce qu’elle est devenue très vite une autrice à part entière… Mais, surtout parce qu’elle s’est effacée devant l’histoire d’Ingrid en ne laissant que sa maitrise graphique et sa sensibilité…Ingrid dit à ce sujet : « l’histoire ne pouvait qu’être dessinée par Carole même si au départ on ne le savait pas encore… ».

Alors, venons-en justement à cette histoire. Elle est à la fois banale, enfin devrait l’être, et exceptionnelle. Deux femmes s’aiment, deux femmes veulent avoir un enfant, deux femmes vont à l’étranger pour une insémination qu’elles ne peuvent pas obtenir en France, deux femmes reviennent et attendent un enfant… C’est Ingrid qui est enceinte…

Tout cela est connu, plus ou moins accepté, et cela devient ordinaire même si, quand même, certains doutent, rejettent, critiquent…

Mais, parfois tout ne se passe pas bien, tout ne va pas comme on se l’était imaginé, comme on l’avait rêvé… Il arrive que le drame surgisse, que ce bébé meure avant d’avoir réjoui le cœur de ses parents…

Un décès d’enfant, de nouveau-né, c’est juste le drame absolu. Ingrid va sombrer et presque se noyer dans les abymes profonds et ces écumes submergent la femme et mère qu’elle est…

L’amour est-il plus fort que la mort ? Ingrid le croit maintenant et elle a vu comment sa compagne l’a soutenu… Par contre, elle a vu les amis – que dis-je, certains amis – se détourner… Certains croyaient déjà que l’homosexualité était contagieuse, mais là c’est comme si fréquenter Ingrid mettait en danger leurs propres enfants… Allez savoir, la bêtise humaine est très profonde…

En lisant cet album, j’ai pleuré quelques fois – et qu’on ne vienne pas me dire que les hommes ne doivent pas pleurer – et cela vous arrivera peut-être aussi. On ne pleure pas de chagrin, on verse une larme d’émotion devant une histoire profondément humaine et universelle dessinée avec une douceur incroyable par Carole Maurel…

J’ai adoré, tout simplement !!!

Michel

Quatrième jour de notre épopée au pavillon des jeunes talents…

Jeudi matin nous avons eu le plaisir d’assister à la remise des prix des jeunes talents 2017 autour d’un petit-déjeuner organisé par le CROUS, le Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charente et l’association du FIBD.Ce fut tout d’abord pour nous l’occasion de découvrir de nouveaux auteurs comme Margo Renard qui, auparavant spectatrice de ce festival, nous a fait part de son premier ouvrage intitulé « The Monkey Family ».Une belle rencontre en compagnie d’un tout jeune talent déjà prometteur. Ayant étudiée dans une école d’illustrations, bandes dessinées et dessins animés, elle s’est consacrée durant 3 mois à l’écriture du scénario et a travaillé une année pour réaliser l’illustration de sa bédé. The Monkey Family a notamment été inspirée par son voyage en Asie du Sud Est au Cambodge en plein cœur de la jungle : il s’agit de l’histoire de trois petits singes vivant dans un village dans lequel tout le monde raffole de la banane excepté ces trois personnages. De ce fait, ils décident de faire manger à leur famille autre chose que des bananes en organisant un repas surprise composé de différents fruits trouvés dans la forêt interdite. Seulement voilà, l’odeur de cette nourriture nouvelle va attirer des animaux environnant qui vont saccager le village des singes. Leur but devient donc d’aller à la rencontre des animaux et les convaincre de les aider à reconstruire le village. Mais tout ne se passera pas comme prévu…

Pendant la durée du festival Margo Renard sera en résidence au Musée de la BD pour dédicaces.Nous avons par la suite eu la chance de discuter avec Emmanuelle Lavoix, chargée de l’économie des livres au Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charente, ainsi que Marie-Charlotte Pierre chargée de mission culture, animation et vie de campus au CNOUS présente pour la promotion et valorisation des lauréats du concours.

En tant qu’organisatrices, elles nous ont fait part du déroulement de cette matinée : dans le cadre du festival, le FIBD, le CROUS et CNOUS organisent un concours national à thème de la bande dessinée étudiante récompensant trois lauréats. Cet évènement a pour but non seulement de remettre des prix, de découvrir de nouveaux auteurs, mais également de promouvoir auprès des professionnels du livre, les éditeurs indépendants de la Nouvelle Aquitaine.Cette année, ce n’est pas trois, mais bien quatre lauréats retenus pour ce concours dont deux ex-aequo en seconde position en raison d’une hésitation du jury. En effet le thème de l’année 2016, « sauvage », fut source d’inspiration pour grand nombre de participants.Le premier prix se voit remettre 2000 euros, cette année c’est Mathilde Mouret que nous avons pu interviewé qui le remporte pour son oeuvre « Vers le fond ».

Le second prix est décerné à Benjamin Schmidt pour « Sauvage et domestique » et Léo Magrangeas pour « Ciryza » qui remportent 1000 euros.

Quant au troisième prix, il revient à Nastasia Verdeil pour « Cité Universitaire », avec la somme de 500 euros. Une partie des planches de ces lauréats est exposée au Pavillon jeunes talents durant le festival.

« Rue » est le thème du concours de cette année, les étudiants ont jusqu’au 17 mai pour envoyer leur planches à leur CROUS pour peut-être avoir l’opportunité d’être lauréat l’année prochaine.

Cynthia et Alexandre.

Quatrième jour de notre épopée et rencontre avec un géant chez les Nains…

Nous avons rencontré, à l’occasion de la 1ère journée du festival international de la bande dessinée d’Angoulême, le dessinateur Pierre-Denis Goux, connu notamment pour sa participation à la série Nains et la série Les Maîtres Inquisiteurs.Après un léger retard dans le planning général, il s’est présenté à nous en refusant catégoriquement de se faire vouvoyer. Nous nous sommes donc pliés à sa demande et nous avons trouvé face à nous une personne simple, proche de son public, accessible et passionné par son travail. Nous avons discuté de ses inspirations, de ses débuts en tant qu’illustrateurs, de ses regrets, ses fiertés et de ses techniques de dessin. Tout semblait montrer qu’il était épanoui dans un milieux qui devenait de plus en plus difficile à apprivoiser.L’émission de radio terminée et les micros coupés, nous avons pu voir Pierre à l’œuvre dans une dédicace, un magnifique dessin de l’épée de Redwin, personnage principal du premier opus de Nains. Tout en dessinant, il nous a livré quelques anecdotes de sa vie d’illustrateur : il semblerait qu’il cache certaines planches à sa fille, la trouvant trop violentes pour son âge !Vous aurez la possibilité de retrouver l’interview sur RCF en Bourgogne, dans l’émission Le kiosque à BD. Pierre nous a touchés par sa proximité : « A la fin de la journée, on est tous dans le même bar, autour d’une bière, le badge d’auteur retiré… ».

Nous serions curieux de voir le regard de sa fille quand elle découvrira le trésor caché des Nains, caché par son père…

Brice et Damien

Troisième jour de notre épopée avec l’exposition Le chateau des étoiles…

Nous nous sommes rendus au musée de la bande dessinée pour découvrir l’exposition du Château des Étoiles d’Alex Alice. Éditée à la Rue de Sèvres, l’œuvre narre l’histoire de la conquête spatiale dans une réalité fantasmée, telle qu’elle fut imaginée et décrite par les scientifiques de la deuxième moitié du XIXe siècle.

L’ascension fulgurante de la série est bien visible lors de cette édition 2017 du festival de la BD d’Angoulême. Une exposition entière, divisée en plusieurs modules, y résidera tout au long de l’évènement. Elle s’étend sur pas moins de cinq pièces qui  abordent chacune à leur façon les inspirations et techniques d’Alex Alice, scénariste et dessinateur de la série.  Ce dernier nous ouvre alors les portes de son imaginaire en nous dévoilant ses expérimentations graphiques, car la BD c’est aussi cela, des essais, des esquisses faites et défaites, des choix de couleurs… nous comprenons ainsi comment la création de cet univers s’est agencée. Le raffinement de grande œuvres de Jules Verne, du baron de Münchhausen, mais également des mystérieuses citées d’or font partie des inspirations qui auront nourri l’âme de l’auteur.

Ascension fulgurante, mais pourquoi ? Deux volumes, c’est le nombre de tomes qui a été nécessaire à cette uchronie pour susciter un intérêt suffisant pour justifier une exposition complète au festival.

Un troisième tome, Les Chevaliers de Mars, prévu en Avril, viendra poursuivre les aventures de Séraphin et son père à la conquête de l’espace. Le voyage continue : « Pour l’instant, j’ai prévu de réaliser trois diptyques, le premier étant déjà entre les mains des lecteurs ».

Cette exposition temporaire sera présente durant trois jours durant le festival international de la BD et deviendra par la suite itinérante. On lui souhaite, un jour, de prendre place dans les salles d’un des châteaux de Louis II de Bavière, le roi au cygne, dont l’univers de démesure aura largement inspiré l’auteur.

Bandes dessinées et indentité nationale ?

Depuis quelques mois, cela ne vous a pas échappé, la question lancinante et persistante n’est plus « Est-ce que tu as trouvé du travail ? » mais « Qu’est-ce qu’un français ? ».  Il est important de savoir ce qui nous unit, ce qui nous rassemble dans la communauté française, ce qui empêcherait d’autres de rentrer dans ce groupe, les Français !Je sais bien que tout le monde ne raisonne pas ainsi et j’exagère le propos en transformant cela en provocation… car, au fait, vous sauriez répondre à la question, vous donneriez une définition du Français ? L’identité nationale puisque c’est bien de cela qu’il s’agit n’est certainement pas une valeur figée dans le temps et c’est ce qui a poussé Thierry Gloris à écrire une série de cinq bandes dessinées consacrées à 5 batailles essentielles de notre histoire : Castillon, Valmy, la Bérézina, Camerone et Dunkerque !

Sans vouloir écrire un récit national, mythique et fondateur, il nous propose à travers ces cinq combats, des femmes et des hommes mus par un état d’esprit, animés par l’envie de vivre ensemble, prêts à mourir ensemble… Ils donnent naissance, sans toujours sans rendre compte, à une Nation en mouvement… Cette série Champs d’honneur mérite donc un coup de projecteur pour tenter non de comprendre mais plutôt d’approcher la notion d’identité nationale…

Alors, révisons un peu notre histoire… Castillon ? C’’est en quelque sorte la fin de la guerre de cent ans. Au départ, un conflit familial, une dispute autour d’une couronne… A la fin, une bataille en Aquitaine qui sera le point de départ définitif des Anglais du sol français. Mais quand ils étaient arrivés, suite au mariage entre Aliénor d’Aquitaine et Henri II d’Angleterre, on ne parlait pas de France. Cette bataille de Castillon permet au roi, Charles VII d’assoir son pouvoir sur des fiefs qui n’étaient alors que très éloignés du pouvoir central… c’est aussi un des premiers grands combats avec artillerie, arme qui sera un atout royal à Marignan en 1515… Ah, j’ai oublié de préciser la date de Castillon, le 17 juillet 1453… pas loin d’un 14 juillet !Valmy ? Peut-être un peu plus connu, mais bataille que l’on ne connait pas très bien malgré tout. Nous sommes en septembre 1792. Sur le plan strictement militaire, ce n’est pas un gros évènement, beaucoup de monde sur le terrain, peu de victimes – une c’est toujours trop mais cette fois-ci les combats furent très limités – et au bilan une date forte quand même pour la France révolutionnaire. Il faut dire que cette bataille laisse à la France le sentiment d’avoir vaincu les armées professionnelles et des rois d’Europe et c’est bien à partir de ce moment-là que l’on se débarrasse en France du Roi, que l’on abroge la Monarchie, que la France devient Républicaine… Si la France avait perdu Valmy… mais, là, c’est une tout autre histoire !La Bérézina, novembre 1812, est une bataille paradoxale. D’une part, elle démontre les limites de ce petit empereur : il n’est pas invincible, il se fait avoir par le Tsar russe, il sacrifie de très nombreux jeunes soldats, il s’enlise en Russie et il commence à signer là la fin de son Empire… Mais, d’autre part, la Bérézina est une victoire sanglante et tragique car au prix d’énormes sacrifices de soldats qui donnent leurs vies pour en sauver d’autres, Napoléon parvient à franchir cet obstacle aquatique, il préserve une partie de son armée, rejoint son Empire : il a perdu la Campagne de Russie mais gagné la Bérézina !

 

Camerone ? Alors là on est encore dans le plus confidentiel car en dehors des légionnaires qui célèbrent toujours cette bataille, le reste des Français ignore tout de cette bataille, de cette campagne au Mexique. Pourtant, alors que la mission était anodine, une unité de la Légion va se battre jusqu’à la mort pour permettre à un convoi logistique de passer à travers les forces mexicaines… cela ne changera pas l’issue de la campagne mais l’honneur est sauf : ils ont rempli leur mission ! Cameron est une défaite, au sens militaire, aucun doute, mais c’est le symbole de l’abnégation du militaire, du légionnaire en particulier…

Je ne vous parlerai pas du dernier volet qui n’est pas encore sorti mais les quatre premiers volumes sont très bien réalisés. Il y a un dessinateur différent à chaque bataille, Gabriele Parma pour Castillon, Emiliano Zarcone pour Valmy, Andréa Mutti pour La Bérézina et Joël Mouclier pour Camerone… A chaque fois on suit la bataille par des personnages qui vivent l’évènement et cela n’a rien de didactique, on est dans le récit, dans l’histoire, dans le destin humain et national et ça passe très très bien !

Enfin, côté historique, c’est soigné, précis, étayé, et le fait que Thierry Gloris soit historien de formation, qu’il soit passionné par la question n’y est pas étranger… Très beau travail !

Montreuil ou le grand voyage au pays des livres merveilleux… Episode 3

Montreuil, comme tous les salons et les festivals, c’est l’occasion de rencontres. Parfois, nous les journalistes et critiques, on enchaine tellement ces rencontres calibrées et réalisées à la chaine, que l’on finirait presque par oublier les personnes qui viennent devant nous, timides, prudentes et qui peinent à parler devant un micro… Heureusement, il arrive que l’on rencontre un auteur que l’on a déjà interviewé, dans le passé, un passé lointain même, et qui s’en souvient, dont on se souvient aussi, parce que certaines rencontres laisses des souvenirs qui ne disparaissent pas…Cette année, j’avais coché Lylian sur ma liste. Lylian, vous ne connaissez pas ? C’est un auteur de bandes dessinées qui travaille depuis longtemps… Je me souviens de ma première rencontre avec lui, c’était autour de sa première bande dessinée, L’éveil du Kurran, il en était le coscénariste avec Nori et c’était Dune qui était au dessin. Il s’agissait d’une histoire parue dans la collection Tohu Bohu, un label que j’aimais beaucoup et dont je regrette la disparition… C’était sa première interview sur sa première bande dessinée… et il s’en souvenait bien !Après on retrouve Lylian dans une série qui est restée – si je ne me trompe pas – sans suite, Mina Loween, toujours avec Nori en coscénariste et Lillycat au dessin. Cet album n’a pas dû lui laisser un souvenir impérissable car il ne le cite plus dans sa bibliographie sur son site. Il faut attendre quelques années pour le relire dans une histoire que j’ai beaucoup aimée, Le révérend (2 volumes), un western assez classique mais diablement efficace…Enfin, Lylian devient l’adaptateur en bande dessinée des romans de Pierre Bottero, une proposition qui lui a été faite et qu’il a acceptée sans se douter que ce travail allait lui prendre beaucoup de temps… Les satisfactions sont grandes, certes, puisque cette œuvre est elle-même grandiose et que la réception par le public est excellente. Le premier album de La quête d’Ewilan sort en 2013 et le quatrième vient de sortir aux éditions Glénat. Parallèlement, il s’attaque à un autre cycle de Pierre Bottero, Le pacte des Marchombres, avec Ellana… Je pense que Lylian va rester longtemps encore en compagnie des personnages de Bottero et je ne vais pas m’en plaindre car je trouve que l’adaptation est de qualité…Heureusement, Lylian trouve encore le temps de lancer quelques autres projet et c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai découvert quelques jours avant le salon de Montreuil son adaptation de Blanche-Neige dessinée par Nathalie Vessillier. Un travail basé sur l’histoire des Frères Grimm et pas celle de Walt Disney, une reine mère cruelle à souhait, des nains égaux à eux-mêmes et un tout fascinant qui fait redécouvrir Blanche-Neige… Un dessin qui ne laissera personne indifférent !Donc, pendant ce salon, j’ai interviewé dans un premier temps Nathalie Vessillier pour son dessin de Blanche-Neige, puis Lylian pour toutes ses bandes dessinées d’adaptation… Et, il se souvenait de notre rencontre autour de sa première BD, L’éveil du Kurran. C’était sa première interview, en fait… et pour Nathalie Vessillier, ce fut cette année, à Montreuil, sa première interview… S’en souviendra-t-elle dans 12 ans ? Allez savoir !Mais pour moi, deux belles rencontres en 2016 !!!

Montreuil ou le grand voyage au pays des livres merveilleux… Episode 2

Certains me disent parfois : « Pourquoi aller dans un salon comme Montreuil ? Une bonne librairie ne suffit-elle pas pour trouver de bons livres ? »

J’entends bien la remarque d’autant plus que pour aller à Montreuil il faut prendre le TGV – et c’est cher – et qu’il faut trouver les bons horaires pour perdre le moins de temps possible dans la journée – alors que le TGV commence pas être en retard…

Montreuil, c’est un lieu de rencontre extraordinaire et c’est surtout la plus grande librairie jeunesse de France. Cela signifie que pour une fois on ne se limitera pas à vous présenter les meilleures ventes du moment – et certains de ces livres peuvent être de très bonne qualité – mais on vous ouvre les portes de la diversité du livre jeunesse… et cela devient tout simplement exceptionnel !!!Il y en a pour tous les âges – même pour les grands-parents – et pour tous les goûts – sans aucune exception – de la bande dessinée au livre illustré, du cartonné au livre d’art, du roman policier au recueil de poésie… Les auteurs, les dessinateurs, les coloristes, les traducteurs, les éditeurs, ils sont tous là ! Ce n’est pas pour faire la publicité de leur produit, c’est pour expliquer leur démarche, partager leurs émotions, écouter vos retours, aider un enfant à choisir ce qui lui correspond… Que du bonheur !Un exemple ? Une maison d’éditions dirigée par une jeune femme franco-bulgare qui propose des ouvrages jeunesse en français mais tous écrits par des auteurs jeunesse bulgares, les illustrations, elles, sont par des artistes français, la maison est installée en Alsace et les livres sont de toute beauté… Improbable, non ? Et pourtant, Elitchka existe bien depuis trois ans et les ouvrages sont déjà là en librairie. L’éditrice, Elitza Dmitrova m’explique tout cela avec passion et une des illustratrices, Elisabeth Hamon me parle de ses ouvrages, Marichka et Marie d’une part et d’autre part du petit dernier, un recueil de trois contes consacré à Noël… En, même temps, n’oublions pas que le mot Elitchka en bulgare signifie petit arbre vert… presqu’un sapin de Noël !

Donc, de livre en livre, de rencontre en rencontre, on passe une journée sans voir le temps passer et on oublie le prix du billet SNCF, les retards, le bruit, la foule… On repart de là avec plein d’étoiles dans les yeux même si on n’a pas pu acheter tous les livres que l’on a admirés !

Montreuil ou le grand voyage au pays des livres merveilleux… Episode 1

Se promener une journée entière dans le salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, y travailler, y rencontrer des auteurs et faire partager tout cela à une équipe d’étudiants – que dis-je, une très bonne équipe d’étudiants – c’est accepter de retourner un peu dans sa jeunesse, c’est rêver encore plus fort, c’est en prendre plein la tête et faire des réserves pour l’hiver…

Parmi ces belles rencontres, je commencerai par vous parler de la dernière. Oui, je sais, c’est un peu paradoxal mais c’est ainsi. C’était la rencontre imprévue, et elle est arrivée quand même… En marchant vers la sortie, en tentant de ne pas perdre trop de temps pour atteindre les portes – il faut dire qu’hier la foule était bien au rendez-vous – je vois une table avec des livres que je connais… L’auteur n’est pas là mais un petit carton indique : Eric Veillé s’est absenté trois minutes, il revient…

Ses livres sont là, abandonnés un instant, et je les reconnais : les aventures de Lionel !!!

Attention, il ne s’agit pas de gros romans proposant des aventures incroyables fantastiques et policières… Non ! Il s’agit de Lionel le lionceau qui découvre la vie, tout simplement… Lionel fait caca, Lionel casse tout, Lionel mange tout seul… Les grandes aventures de la vie !!!

Bien sûr, vous aurez bien compris que ces livres sont des cartonnés pour tout petits – enfin, non, pour les grands qui découvrent la vie – et je pense à mes petits-enfants… Et si je leur en choisissais un chacun, que je leur ferais dédicacer par Eric quand il allait revenir… Personne ne l’attendait, cela ne prendrait donc pas trop de temps…

Je l’attends donc et je choisis deux des ouvrages pour ces petits qui ne reçoivent de leur grand-père que des livres ou presque… mais cette fois-ci, avec dédicace, quand même ! Du coup, dans le train, j’en profite pour lire – si, il s’agit bien de lecture aussi – ces deux petites merveilles… Mon imagier après la tempête me séduit grandement. A chaque fois une page de gauche « normale » et de l’autre côté, la page après tempête, après le passage de l’éléphant ou après la naissance… Il y a du vocabulaire, de l’image, de l’humour, du suspense, tout ce qu’il faut pour captiver le jeune lecteur…

Et c’est ainsi que l’enfant avec une glace devint après le passage de la tempête un enfant faisant une grimace… car la glace a été renversée par le vent !!!

Quai des bulles 2016, Épisode 8 quand je rencontre Emmanuel Despujol…

Lors du festival Quai des bulles 2016 de Saint Malo, nous avons eu la chance de rencontrer Emmanuel Despujol, dessinateur, entre autres, de la série Aspic, détectives de l’étrange, série dont le dessin avait été la création, au départ de Jacques Lamontagne. Le scénariste, par contre, est bien Thierry Gloris depuis le départ…

J’aime beaucoup le concept de cette série avec des enquêtes en deux volumes car cela évite au lecteur de se perdre dans les personnages, les suspects, les intrigues… Dès le départ, le couple d’enquêteurs – ils ne forment un couple que dans le travail – est surprenant. D’une part Hugo, un petit homme qui ne manque de rien et qui pourrait se contenter de se laisser vivre chez lui, d’autre part Flora qui n’a rien pour vivre, qui doit tout prouver, qui est, surtout, dotée de pouvoirs exceptionnels…

Comme il s’agit bien de naviguer entre réalisme et fantastique – principe de la série – le lecteur ne doit pas s’attendre à une enquête policière classique. Par exemple, dans le second diptyque de leurs aventures et enquêtes, Deux ch’tis Indiens et Vaudeville chez les vampires, nos deux enquêteurs de l’agence Aspic furent confrontés à la race délicate des vampires et Flora en est restée perturbée au plus haut point. On pouvait même douter qu’elle s’en remettrait. C’était sans compter sur l’équipe d’auteurs renouvelée et surtout Hugo qui n’aurait jamais laissé tomber son associée…

Pour se remettre, rien de tel qu’une petite enquête au cœur de l’Opéra de Paris secoué par un monstre criminel et sanguinaire… Ce sera le début d’un nouveau diptyque. Mais cette fois-ci, il va falloir attendre la suite pendant presque un an… et c’est à l’occasion de ce cinquième album que le dessinateur de la série a changé…

J’apprécie la solidité des scénarios de la série, le dynamisme de la narration graphique et la qualité de la reprise graphique du travail de Jacques Lamontagne par Emmanuel Despujol. Ce n’est pas si simple de reprendre une série sans déstabiliser les lecteurs et là, c’est réussi ! Ce ne sont plus tout à fait les personnages du départ, mais, on s’y retrouve totalement et c’est bien là l’essentiel…

Emmanuel Despujol répond aux questions avec simplicité, précision, humour et légèreté… comme si c’était d’une simplicité biblique de reprendre le dessin d’une bande dessinée… Heureusement pour lui, d’une certaine façon, le scénariste avait décidé que Flora, au moment où elle avait subi de gros chocs psychologiques, allait changer de tenue vestimentaire, de coiffure, peut-être même de comportement… Du coup c’est à la fois une nouvelle Flora mais aussi la même Flora que l’on retrouve dans le nouvel album, Whodunnit à l’Opéra.

Quai des bulles 2016, épisode7 quand Jérôme, étudiant, s’entretient avec Fabien Vehlmann aux portes de l’enfer…

Lorsque je découvre la bande dessinée de Fabien VEHLMANN, je suis à mille lieues d’entrevoir le voyage fabuleux qui m’attend car Fabien a décidé de m’emmener en Satanie. Alors, page après page, je m’engage dans les profondeurs de la terre et je suis la petite équipe partie au secours de proches perdus dans des souterrains. Mais, plus je m’enfonce et plus je découvre un monde tout droit sorti de l’imagination de Fabien.

Un monde tout à la fois inquiétant et fascinant, réalisé de toute beauté sur des pages de couleur ébène recouvertes de pigments éclatants. Ainsi Kérascoët le dessinateur et Fabien arrivent à nous transporter aussi bien visuellement que narrativement dans un univers fantastique d’une très grande richesse. C’est donc avec une certaine curiosité que j’attendais la rencontre avec cet auteur.

Je me questionnais sur ce qui avait bien pu l’amener à imaginer cet univers, à la fois si proche et si éloigné du notre ? Je me demandais aussi comme ils avaient créé ce monde souterrain peuplé de créatures si étranges qu’il est difficile – pour ne pas dire impossible – de comprendre leur fonctionnement ?

Alors bien sûr, lorsque nous nous sommes rencontrés, Fabien a répondu à ces interrogations pendant une quinzaine de minutes. J’ai même cru que je n’arriverais jamais à le faire taire…

Quant à vous, je vous laisse sur votre faim et vous conseille de courir acheter Satanie afin d’obtenir toutes les réponses et bien plus encore. Bon voyage !