Il y a dans la bande dessinée comme dans d’autres arts des OVNI, c’est-à-dire des objets venus d’ailleurs qui sont si riches qu’il faut, qu’il faudra, beaucoup de temps pour en prendre possession définitivement et c’est le cas avec Ecumes d’Ingrid Chabbert et Carole Maurel. Oublions un instant Carole Maurel, la dessinatrice. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle est maintenant connue pour son talent, parce qu’elle a été admirée pour son ouvrage Luisa ici et là, parce qu’elle est devenue très vite une autrice à part entière… Mais, surtout parce qu’elle s’est effacée devant l’histoire d’Ingrid en ne laissant que sa maitrise graphique et sa sensibilité…
Ingrid dit à ce sujet : « l’histoire ne pouvait qu’être dessinée par Carole même si au départ on ne le savait pas encore… ».
Alors, venons-en justement à cette histoire. Elle est à la fois banale, enfin devrait l’être, et exceptionnelle. Deux femmes s’aiment, deux femmes veulent avoir un enfant, deux femmes vont à l’étranger pour une insémination qu’elles ne peuvent pas obtenir en France, deux femmes reviennent et attendent un enfant… C’est Ingrid qui est enceinte…
Tout cela est connu, plus ou moins accepté, et cela devient ordinaire même si, quand même, certains doutent, rejettent, critiquent…
Mais, parfois tout ne se passe pas bien, tout ne va pas comme on se l’était imaginé, comme on l’avait rêvé… Il arrive que le drame surgisse, que ce bébé meure avant d’avoir réjoui le cœur de ses parents…
Un décès d’enfant, de nouveau-né, c’est juste le drame absolu. Ingrid va sombrer et presque se noyer dans les abymes profonds et ces écumes submergent la femme et mère qu’elle est…
L’amour est-il plus fort que la mort ? Ingrid le croit maintenant et elle a vu comment sa compagne l’a soutenu… Par contre, elle a vu les amis – que dis-je, certains amis – se détourner… Certains croyaient déjà que l’homosexualité était contagieuse, mais là c’est comme si fréquenter Ingrid mettait en danger leurs propres enfants… Allez savoir, la bêtise humaine est très profonde…
En lisant cet album, j’ai pleuré quelques fois – et qu’on ne vienne pas me dire que les hommes ne doivent pas pleurer – et cela vous arrivera peut-être aussi. On ne pleure pas de chagrin, on verse une larme d’émotion devant une histoire profondément humaine et universelle dessinée avec une douceur incroyable par Carole Maurel…
J’ai adoré, tout simplement !!!
Michel
Ce fut tout d’abord pour nous l’occasion de découvrir de nouveaux auteurs comme Margo Renard qui, auparavant spectatrice de ce festival, nous a fait part de son premier ouvrage intitulé « The Monkey Family ».
Une belle rencontre en compagnie d’un tout jeune talent déjà prometteur. Ayant étudiée dans une école d’illustrations, bandes dessinées et dessins animés, elle s’est consacrée durant 3 mois à l’écriture du scénario et a travaillé une année pour réaliser l’illustration de sa bédé. The Monkey Family a notamment été inspirée par son voyage en Asie du Sud Est au Cambodge en plein cœur de la jungle : il s’agit de l’histoire de trois petits singes vivant dans un village dans lequel tout le monde raffole de la banane excepté ces trois personnages. De ce fait, ils décident de faire manger à leur famille autre chose que des bananes en organisant un repas surprise composé de différents fruits trouvés dans la forêt interdite. Seulement voilà, l’odeur de cette nourriture nouvelle va attirer des animaux environnant qui vont saccager le village des singes. Leur but devient donc d’aller à la rencontre des animaux et les convaincre de les aider à reconstruire le village. Mais tout ne se passera pas comme prévu…
Nous avons par la suite eu la chance de discuter avec Emmanuelle Lavoix, chargée de l’économie des livres au Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charente, ainsi que Marie-Charlotte Pierre chargée de mission culture, animation et vie de campus au CNOUS présente pour la promotion et valorisation des lauréats du concours.
Cette année, ce n’est pas trois, mais bien quatre lauréats retenus pour ce concours dont deux ex-aequo en seconde position en raison d’une hésitation du jury. En effet le thème de l’année 2016, « sauvage », fut source d’inspiration pour grand nombre de participants.
Le premier prix se voit remettre 2000 euros, cette année c’est Mathilde Mouret que nous avons pu interviewé qui le remporte pour son oeuvre « Vers le fond ».
Après un léger retard dans le planning général, il s’est présenté à nous en refusant catégoriquement de se faire vouvoyer. Nous nous sommes donc pliés à sa demande et nous avons trouvé face à nous une personne simple, proche de son public, accessible et passionné par son travail. Nous avons discuté de ses inspirations, de ses débuts en tant qu’illustrateurs, de ses regrets, ses fiertés et de ses techniques de dessin. Tout semblait montrer qu’il était épanoui dans un milieux qui devenait de plus en plus difficile à apprivoiser.
L’émission de radio terminée et les micros coupés, nous avons pu voir Pierre à l’œuvre dans une dédicace, un magnifique dessin de l’épée de Redwin, personnage principal du premier opus de Nains. Tout en dessinant, il nous a livré quelques anecdotes de sa vie d’illustrateur : il semblerait qu’il cache certaines planches à sa fille, la trouvant trop violentes pour son âge !
Vous aurez la possibilité de retrouver l’interview sur RCF en Bourgogne, dans l’émission Le kiosque à BD. Pierre nous a touchés par sa proximité : « A la fin de la journée, on est tous dans le même bar, autour d’une bière, le badge d’auteur retiré… ».
Nous nous sommes rendus au musée de la bande dessinée pour découvrir l’exposition du Château des Étoiles d’Alex Alice. Éditée à la Rue de Sèvres, l’œuvre narre l’histoire de la conquête spatiale dans une réalité fantasmée, telle qu’elle fut imaginée et décrite par les scientifiques de la deuxième moitié du XIXe siècle.

Je sais bien que tout le monde ne raisonne pas ainsi et j’exagère le propos en transformant cela en provocation… car, au fait, vous sauriez répondre à la question, vous donneriez une définition du Français ? L’identité nationale puisque c’est bien de cela qu’il s’agit n’est certainement pas une valeur figée dans le temps et c’est ce qui a poussé Thierry Gloris à écrire une série de cinq bandes dessinées consacrées à 5 batailles essentielles de notre histoire : Castillon, Valmy, la Bérézina, Camerone et Dunkerque !
Valmy ? Peut-être un peu plus connu, mais bataille que l’on ne connait pas très bien malgré tout. Nous sommes en septembre 1792. Sur le plan strictement militaire, ce n’est pas un gros évènement, beaucoup de monde sur le terrain, peu de victimes – une c’est toujours trop mais cette fois-ci les combats furent très limités – et au bilan une date forte quand même pour la France révolutionnaire. Il faut dire que cette bataille laisse à la France le sentiment d’avoir vaincu les armées professionnelles et des rois d’Europe et c’est bien à partir de ce moment-là que l’on se débarrasse en France du Roi, que l’on abroge la Monarchie, que la France devient Républicaine… Si la France avait perdu Valmy… mais, là, c’est une tout autre histoire !
La Bérézina, novembre 1812, est une bataille paradoxale. D’une part, elle démontre les limites de ce petit empereur : il n’est pas invincible, il se fait avoir par le Tsar russe, il sacrifie de très nombreux jeunes soldats, il s’enlise en Russie et il commence à signer là la fin de son Empire… Mais, d’autre part, la Bérézina est une victoire sanglante et tragique car au prix d’énormes sacrifices de soldats qui donnent leurs vies pour en sauver d’autres, Napoléon parvient à franchir cet obstacle aquatique, il préserve une partie de son armée, rejoint son Empire : il a perdu la Campagne de Russie mais gagné la Bérézina !

Cette année, j’avais coché Lylian sur ma liste. Lylian, vous ne connaissez pas ? C’est un auteur de bandes dessinées qui travaille depuis longtemps… Je me souviens de ma première rencontre avec lui, c’était autour de sa première bande dessinée, L’éveil du Kurran, il en était le coscénariste avec Nori et c’était Dune qui était au dessin. Il s’agissait d’une histoire parue dans la collection Tohu Bohu, un label que j’aimais beaucoup et dont je regrette la disparition… C’était sa première interview sur sa première bande dessinée… et il s’en souvenait bien !
Après on retrouve Lylian dans une série qui est restée – si je ne me trompe pas – sans suite, Mina Loween, toujours avec Nori en coscénariste et Lillycat au dessin. Cet album n’a pas dû lui laisser un souvenir impérissable car il ne le cite plus dans sa bibliographie sur son site. Il faut attendre quelques années pour le relire dans une histoire que j’ai beaucoup aimée, Le révérend (2 volumes), un western assez classique mais diablement efficace…
Enfin, Lylian devient l’adaptateur en bande dessinée des romans de Pierre Bottero, une proposition qui lui a été faite et qu’il a acceptée sans se douter que ce travail allait lui prendre beaucoup de temps… Les satisfactions sont grandes, certes, puisque cette œuvre est elle-même grandiose et que la réception par le public est excellente. Le premier album de La quête d’Ewilan sort en 2013 et le quatrième vient de sortir aux éditions Glénat. Parallèlement, il s’attaque à un autre cycle de Pierre Bottero, Le pacte des Marchombres, avec Ellana… Je pense que Lylian va rester longtemps encore en compagnie des personnages de Bottero et je ne vais pas m’en plaindre car je trouve que l’adaptation est de qualité…
Heureusement, Lylian trouve encore le temps de lancer quelques autres projet et c’est avec beaucoup de plaisir que j’ai découvert quelques jours avant le salon de Montreuil son adaptation de Blanche-Neige dessinée par Nathalie Vessillier. Un travail basé sur l’histoire des Frères Grimm et pas celle de Walt Disney, une reine mère cruelle à souhait, des nains égaux à eux-mêmes et un tout fascinant qui fait redécouvrir Blanche-Neige… Un dessin qui ne laissera personne indifférent !
Donc, pendant ce salon, j’ai interviewé dans un premier temps Nathalie Vessillier pour son dessin de Blanche-Neige, puis Lylian pour toutes ses bandes dessinées d’adaptation… Et, il se souvenait de notre rencontre autour de sa première BD, L’éveil du Kurran. C’était sa première interview, en fait… et pour Nathalie Vessillier, ce fut cette année, à Montreuil, sa première interview… S’en souviendra-t-elle dans 12 ans ? Allez savoir !
Mais pour moi, deux belles rencontres en 2016 !!!
Certains me disent parfois : « Pourquoi aller dans un salon comme Montreuil ? Une bonne librairie ne suffit-elle pas pour trouver de bons livres ? »
Il y en a pour tous les âges – même pour les grands-parents – et pour tous les goûts – sans aucune exception – de la bande dessinée au livre illustré, du cartonné au livre d’art, du roman policier au recueil de poésie… Les auteurs, les dessinateurs, les coloristes, les traducteurs, les éditeurs, ils sont tous là ! Ce n’est pas pour faire la publicité de leur produit, c’est pour expliquer leur démarche, partager leurs émotions, écouter vos retours, aider un enfant à choisir ce qui lui correspond… Que du bonheur !
Un exemple ? Une maison d’éditions dirigée par une jeune femme franco-bulgare qui propose des ouvrages jeunesse en français mais tous écrits par des auteurs jeunesse bulgares, les illustrations, elles, sont par des artistes français, la maison est installée en Alsace et les livres sont de toute beauté… Improbable, non ? Et pourtant, Elitchka existe bien depuis trois ans et les ouvrages sont déjà là en librairie. L’éditrice, Elitza Dmitrova m’explique tout cela avec passion et une des illustratrices, Elisabeth Hamon me parle de ses ouvrages, Marichka et Marie d’une part et d’autre part du petit dernier, un recueil de trois contes consacré à Noël… En, même temps, n’oublions pas que le mot Elitchka en bulgare signifie petit arbre vert… presqu’un sapin de Noël !
Se promener une journée entière dans le salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, y travailler, y rencontrer des auteurs et faire partager tout cela à une équipe d’étudiants – que dis-je, une très bonne équipe d’étudiants – c’est accepter de retourner un peu dans sa jeunesse, c’est rêver encore plus fort, c’est en prendre plein la tête et faire des réserves pour l’hiver…


Lors du festival Quai des bulles 2016 de Saint Malo, nous avons eu la chance de rencontrer Emmanuel Despujol, dessinateur, entre autres, de la série Aspic, détectives de l’étrange, série dont le dessin avait été la création, au départ de Jacques Lamontagne. Le scénariste, par contre, est bien Thierry Gloris depuis le départ…



Lorsque je découvre la bande dessinée de Fabien VEHLMANN, je suis à mille lieues d’entrevoir le voyage fabuleux qui m’attend car Fabien a décidé de m’emmener en Satanie. Alors, page après page, je m’engage dans les profondeurs de la terre et je suis la petite équipe partie au secours de proches perdus dans des souterrains. Mais, plus je m’enfonce et plus je découvre un monde tout droit sorti de l’imagination de Fabien.
