Et maintenant ?

Et maintenant… Que faut-il faire ?

Pleurer, être solidaire, rester clame, ne pas faire courir les rumeurs les plus folles – la réalité l’est assez n’en rajoutons pas ! – et ne pas vouloir remplacer ni la justice ! Le temps de la justice n’est pas le même et il est important que la justice puisse suivre son cheminement même si on souhaiterait le voir plus court…

Donc, oui, ma première pensée est bien pour les victimes, leurs familles et proches… C’est quand même le strict minimum que d’avoir cette pensée… Oui, il y a ce matin un bouleversement, une émotion, une révolte humaine, une envie de crier et de serrer dans nos bras tous ceux qui ont été touchés…

On nous avait prévenu que ce serait long, qu’il y aurait d’autres attentats, que les formes varieraient, que les victimes seraient nombreuses, très nombreuses, trop nombreuses… C’est bien ce qui se passe avec des localisations différentes, des attentats en France mais aussi en Turquie, en Irak, et aucun pays ne peut garantir d’y échapper complètement…

Faut-il se parquer et rester chez soi ? Faut-il annuler tous les rassemblements sportifs, culturels, traditionnels, populaires ? Faut-il se mettre à considérer un feu d’artifices comme un fait potentiellement dangereux ?

Dire à la population de rester définitivement chez elle, de regarder la télévision dans le calme, de ne plus se déplacer sans autorisation, de ne pas se défaire de ses papiers et de ses laissez-passer… cela signifierait que nous serions en train de nous installer définitivement dans un régime proche de la dictature permanente, une dictature de la sécurité…

Mais en même temps, je ne fais aucun procès à ceux qui ont en charge la sécurité des personnes et des lieux car comment réagir ? Même si je ne suis pas un adepte de l’état d’urgence, est-il possible de ne pas reconduire l’état d’urgence après ce qui vient de se passer à Nice ? Qui oserait le prétendre ? Et je pense aux responsables du Tour de France, du festival d’Avignon, des grands rassemblements des arts de la rue de Chalon-sur-Saône et Aurillac…

A mon modeste niveau, j’ai décidé de ne pas parler de livres, culture et spectacle jusqu’à dimanche soir, par solidarité et parce que je mesure bien le futile de la culture devant autant de morts et de tragédie…

Par contre, dès lundi, je reprendrai mon travail pour faire écho à toutes les formes de culture car la culture doit nous permettre de nous unir et de franchir cet obstacle. Aucun obstacle n’est trop gros pour un peuple uni qui a des valeurs à défendre et ses valeurs sont bien portées par une culture, cette culture de notre République dont les trois piliers sont la Liberté, l’Egalité et la Fraternité… et comme trois pieds c’est souvent un peu bancal, je rappelle que nous en avons un quatrième de secours, la Laïcité !

Continuons donc à vivre ensemble, à sortir, à aller au spectacle et à lire !!!

Estivales de Brou, un final avec Choeur russe !!!

Les Estivales de Brou 2016 se sont refermées par un concert magistral du groupe d’hommes de Saint-Pétersbourg, le Chœur du Monastère de la Trinité Saint-Alexandre Nevsky…  avec ses deux vedettes majeures, le ténor et maitre de chœur Boris Satsenko et le baryton Oleg Palkin…Ceux qui ne sont pas habitués au chant russe peuvent être surpris d’un tel spectacle car la première partie fut entièrement consacrée au chant liturgique orthodoxe. Les chanteurs portent à ce moment-là la tenue des moines orthodoxe et ils demandent au public de ne pas applaudir entre ces chants qui sont de véritables prières. Surprenant mais pas tant que cela si on connait ces pays slaves où prière, art et foi sont intimement mêlés.  D’une façon traditionnelle les chœurs d’hommes (Russie et Grèce) et les chœurs mixtes (Bulgarie), consacrent les premières parties au sacré et la deuxième au chant traditionnel… et c’est bien ce qui s’est passé à Brou.A Brou ? Oui, c’est bien dans l’église Saint-Nicolas du Tolentin du monastère de Brou qu’eut lieu le concert et ce fut magique d’entendre la voix de ces neuf hommes dans ce cadre magnifique… Il y en avait presque autant pour les yeux que pour les oreilles !La première partie, la religieuse donc, fut marquée par un chant anonyme, Quel Dieu est grand comme notre Dieu, qui a mis en valeur la voix d’Oleg Palkin qui a fait trembler les murs de l’église et vibrer les âmes des spectateurs. Je crois que tous garderont de ce morceau un sentiment de beau, d’absolu, de magie… Un très grand moment…La deuxième partie fut beaucoup plus légère, tout en restant très slave, donc pétrie de mélancolie, de profondeur, de mystique… Les chanteurs étaient en tenue de ville, comme on dit et le public eut le droit d’applaudir après chaque morceau…Tout a commencé par un hymne consacré à la Grande Russie, composé par Tchaïkovski lui-même, Dieu garde la Sainte Russie. Ce chant montre que ces chanteurs se sentent investis de la défense de la mémoire de la Russie d’autrefois. Nous avions ressenti ce même sentiment en voyageant à Saint-Pétersbourg. Cela laisse parfois le spectateur mal à l’aise, on hésite à traiter ces artistes de nationalistes forcenés, de croyants acharnés ou d’extrémistes. En fait, si on replace cela dans la construction slave, c’est normal même si cela peut être utilisé parfois par un dicteur, un tsar ou un illuminé… Quand c’est dans les mains d’un artiste comme Boris Satsenko c’est juste à vous couper le souffle !!!Puis les chants s’enchainent, on passe de la Russie à l’Ukraine et réciproquement, d’un compositeur anonyme, d’un texte de Tourgueniev à un de Pouchkine en passant par des chansons populaires léguées par une histoire lointaine… et tout se termine par le fameux chant des adieux que tous les voyageurs ont entendu au moins une fois lors de leur périple en Russie…

Le spectateur des Estivales 2016, sonné par une si belle soirée n’a plus qu’à se replonger dans ses souvenirs de festival, il a bien voyagé dans le temps et l’espace, dégusté des arts différents, des genres complémentaires… Il a gouté au religieux français du vingtième siècle ; il a découvert un talent futur de l’opéra, que dis-je, écouté une grande soprano qui malgré son jeune âge est déjà un talent confirmé ; s’est détendu avec une opérette merveilleusement interprétée ; a mesuré la profondeur du chant russe… Bref, il est tout simplement heureux et se dit qu’il n’a plus qu’un an à attendre pour aller participer aux 27èmes Estivales de Brou !!!

Estivales de Brou : Les brigands

Jacques Offenbach est un grand homme de la musique. Bien sûr, on le cantonne trop souvent à la Vie parisienne, aux Contes d’Hoffmann ou à Orphée aux enfers… Cette liste est d’ailleurs complètement subjective puisque certains auraient dit La Belle Hélène, La Périchole ou Barbe Bleue. Dans tous les cas on aurait fait d’Offenbach un musicien compositeur de seconde zone n’ayant que produit quelques opérettes richement dotées de French Cancan !Mais ce serait oublier que Jacques Offenbach a d’abord été un musicien, un violoncelliste. C’est d’abord en virtuose qu’il se fait remarquer et que ses compétences musicales le conduisent rapidement au poste de directeur musical de la Comédie Française. Il va ainsi comprendre le théâtre et continuer la musique ce qui l’amènera progressivement vers l’opérette !Il décide de créer les Bouffes-Parisiens pour y produire ses propres œuvres. Nous sommes en 1855 et il va produire durant les vingt-cinq années qui suivent. Il va mettre au point l’opéra bouffe parisien et français en s’inspirant de ses idoles, Mozart et Verdi. C’est que l’on nommera par la suite opérette, un peu à tort.C’est juste avant la guerre de 1870 que Jacques Offenbach va se lancer dans l’écriture de l’opérette Les brigands. La création rencontrera quelques difficultés mais dès la première de la première version le succès populaire est là. A la fin de la première les musiciens et chanteurs font une ovation au compositeur et le public bisse la fameuse marche des carabiniers : Nous sommes les carabiniers, la sécurité des foyers, mais par un curieux hasard, au secours des particuliers, nous arrivons toujours en retard… Tout un programme, il n’y a donc pas que la cavalerie des Etats-Unis qui arrive après le combat…Les Estivales de Brou ont proposé cette année d’offrir Les brigands au public et ce fut une grande réussite. Précisons bien que ce n’est pas un spectacle qui tourne, ce fut une véritable création avec des artistes qui ont été choisis sur audition, des musiciens qui ont travaillé cette année comme les chœurs qui furent remarquables et une artiste plastique qui est venue spécialement pour construire décor, costumes et scénographie…Nous avons tous passé une soirée magnifique avec un spectacle de très haut niveau. J’ose dire que c’était digne de tous les Offenbach montés à Paris, Nancy et Lyon que j’avais déjà vus. Un grand travail de musique, de chant, d’ensemble, de mise en scène, de costumes, de direction… Tout était très professionnel et on ne peut que dire bravo à tous les acteurs de cette soirée !!!A titre personnel, j’ai envie de saluer tout particulièrement Nathalie Perez, soprano dans le rôle de Fiorella, la fille du chef des brigands ; Inès Berlet, mezzo-soprano, dans le rôle de l’amoureux de Fiorella ; Kevin Leroy, brillantissime ténor dans le rôle du caissier de la cour de Mantoue… Un coup de chapeau appuyé au Chœur Départemental de l’Ain et à l’Orchestre des Musiciens d’Europe sans oublier le génialissime Jean-Marie Curti qui met en scène et dirige la musique…Une très grande soirée qui restera dans toutes les mémoires, n’en doutons absolument pas !!!

 

Estivales de Brou : un grand concert lyrique !!!

Les Estivales de Brou en sont à leur vingt-sixième édition et je dois avouer que d’année en année je vois le niveau qualitatif augmenter. De plus, ce festival ne se contente pas de proposer des artistes et des spectacles lyriques, il participe à la création et à la promotion des artistes lyriques. C’est certainement pour cela que de festival en festival je m’y sens de mieux en mieux…

Pour nous l’aventure avait commencé en 2012 avec la Tosca de Puccini dans l’église du monastère de Brou. En 2013, la Misa Criolla qui m’avait fasciné et séduit, en 2013, La Chauve-Souris de Strauss, et en 2014 la grandiose huitième symphonie de Gustav Mahler, celle que l’on dit des mille… Ce jour-là à Bourg-en-Bresse, il n’y avait pas 1000 musiciens et chanteurs, mais suffisamment pour que l’on parle encore de cette soirée mémorable !

Samedi 9 juillet au soir, ce fut l’un des moments forts pour ceux qui sont passionnés d’art lyrique. En effet, chaque année, il y a une soirée découverte. Cette année, ce fut avec Elena Galitskaya, la soprano russe. Elle était accompagnée par le pianiste – mais aussi musicologue averti, chef d’orchestre et chef de chœur – Laurent Touche. Une magnifique soirée dans le troisième cloître du monastère de Brou… donc en plein air et accompagnée par des oiseaux, certains disaient des martinets…Au programme de cette artiste russe, un certain nombre d’incontournables de l’opéra, de Rossini à Massenet, de Bizet à Gounod, de Puccini à Verdi… Tout était beau, propre, plein d’émotion… Un grand talent se montrait devant nous et le public appréciait sans cacher son plaisir…Puis, nous sommes passés du bon et excellent à l’exceptionnel ! Elena s’est lancée dans une phase slave et j’avoue avoir adoré cette partie où elle a chanté Tchaïkovski, Rimski-Korsakov et Rachmaninov… On a senti qu’elle ne s’économisait pas, elle donnait tout pour ce public d’un soir et elle démontrait qu’elle n’était plus un espoir de l’opéra mais bien une grande de l’art lyrique, une artiste que l’on va prendre plaisir à revoir dans les plus grands rôles du répertoire…

Le pianiste d’un soir, Laurent Touche, a montré lui-aussi son talent et sa façon de transmettre la musique au mélomanes avec deux pièces qui ont permis à la cantatrice de récupérer un peu en plusieurs morceaux de débauche vocal… Il nous a joué Méditation de Thaïs de Massenet et le Prélude du 3ème acte de la Traviata de Verdi.

Au bilan une magnifique soirée des Estivales de Brou et je terminerai en disant qu’un grand nombre de jeunes étaient là, de jeunes adultes qui aiment de toute évidence l’art lyrique. Oui, le bon goût ne se perd pas si facilement… Cela donne de l’espoir !!!

Estivales de brou 2016 : ouverture avec orgue…

Dimanche soir, place aux Estivales de Brou, vingt-sixième édition. Tout commençait cette année par un concert de musique sacrée dans la cathédrale de Bourg-en Bresse…

Il s’agissait de plusieurs œuvres françaises dont le Requiem de Maurice Duruflé. Ce compositeur du vingtième siècle s’est beaucoup consacré à la liturgie et contrairement à ce que nous pouvons souvent penser avec notre distance prise avec la religion, la musique sacrée est souvent porteuse de toutes les richesses de la musique… Et on a pu le constater dimanche soir avec ce Requiem !

Cette pièce, Requiem opus 9, a été écrite en 1947 et elle est merveilleuse, tout simplement. Elle ne s’est ni enfermée sur la modernité – bien qu’ayant des points commun avec la musique contemporaine et le requiem de Fauré en particulier – tout en allant puiser des influences dans le chant grégorien et la polyphonie de la Renaissance sans jamais être vieillotte !

Le public s’est laissé prendre, tirer vers le haut, plonger dans la méditation… Oui, il y avait bien une profondeur spirituelle dans ce concert, une fois encore la musique a démontré qu’elle n’adoucissait pas seulement les mœurs, elle rend plus humain, totalement humain, intégralement humain !

J’ai passé une merveilleuse soirée avec quelques autres compositeurs aussi comme Poulenc et Fauré. les orgues de la cathédrale étaient tenues par Nicolas Bucher, il y avait le Chœur départemental de l’Ain et deux artistes de qualité qui nous ont fait vibrer, Valérie Dellong, la mezzo-soprano, et Aurélien Pernay, le baryton.

Bravo à tous ces artistes, à l’association qui porte ce festival… Que du bonheur !

Peter Patfawl, aujourd’hui à Chalon-sur-Saône…

Ce week-end, à Chalon, il y a un festival « L’humour de résistance ». Pourquoi pas rire un peu, après tout dans ces temps délicats ce n’est pas si habituel ! Films, conférence, rencontres, séances de dédicaces, exposition, plusieurs propositions pour toucher plusieurs publics, plusieurs formes d’humour… Toutes les formes, tous les genres ? Non ! Et on sait bien que chacun rit en fonction de sa culture, de son éducation, de ses idées… Impossible de faire rire tout le monde avec les mêmes choses, c’est bien une certitude !Dans ce programme varié, j’ai choisi de mettre en avant – et personne sera surpris, je pense – l’auteur de bandes dessinées Peter Patfawl ! Ce n’est pas nécessairement celui auquel j’aurais pensé en tout premier lieu, mais j’avoue qu’il arrive à me faire sourire et rire avec un sujet délicat, la maladie, le handicap, la souffrance…Peut-on rire de tout, y compris de ce que fait souffrir ? Oui, c’est une évidence et nous le savons tous car il suffit d’une pauvre personne qui glisse sur une peau de banane pour déclencher des fous rires, parfois un peu maitrisés car cela n’empêche pas le respect pour cette personne en train de choir…Patfawl, dans son Carnet de santé, raconte ses malheurs au quotidien et question souffrance, il y a ce qu’il faut. Mais, il y a aussi autodérision, regard acide sur le mode médical mais aussi tendresse évidente pour certains personnels soignants, humour noir, jaune, et multicolore, enfin, c’est ce qui fait de ce livre un objet salutaire, toujours une petite pointe d’espérance…

Peter Patfawl sera à la librairie spécialisée BD de Chalon-sur-Saône, L’Antre des bulles, samedi de 17h à 19h et je vous invite à découvrir ce dessinateur qui ose rire de tout, même de lui et de ses « petits » malheurs…

Tout simplement…

Il y a quelques jours je rencontrais Plantu dans la présentation d’un livre sur le Vivre ensemble…

Quelques jours après, un drame touche la Belgique et le voilà qui reprend ses crayons pour parler du Vivre ensemble…

Un combat sans fin…

Histoire de l’humanité : où sont passées les femmes ?

[Texte de l'intervention de Michel Bonnet lors du colloque du 8 mars 2016 à Chalon-sur-Saône, Femmes, hommes, mieux vivre ensemble ?!]Où sont passées les femmes dans notre histoire ? Je vais bien dire notre histoire, celle de la France, celle de l’Europe, celle de l’humanité. A quelques exceptions près, on a le sentiment en lisant cette histoire, pour ceux qui ont encore le courage de lire, qu’il est beaucoup plus question d’hommes que de femmes… Si je faisais un petit test, on s’apercevrait que tout le monde connait César, Clovis, Charlemagne, Bayard, François 1er et Louis-Philippe mais que ce serait plus laborieux, en restant dans le même domaine, de citer, encore plus difficilement de parler, de Berthe dont les pieds n’étaient pas si grands que cela, d’Aliénor d’Aquitaine, de Marguerite de Provence ou de Marie-Thérèse d’Autriche…

Prenons Marguerite de Provence. Elle n’est pas dans nos manuels d’histoire, oubliée, abandonnée, une ombre à la merci des vents… Et pourtant ! Jeune femme pétillante, cultivée, lettrée, elle est donnée – on pourrait dire vendue car le mot ne serait pas si inexact que cela – à la France. Elle sera reine ! Reine, en France à cause de la loi salique, c’est-à-dire à cette loi qui empêche les femmes de devenir reines en titre et qui empêche la transmission du sang royal par les femmes, n’est pas un titre honorifique, n’est pas une marque de pouvoir, c’est simplement le devoir de se transformer en ventre productif. La reine est là pour enfanter et pas n’importe quoi, un garçon, un mâle. D’ailleurs, comme la mortalité infantile est forte, il vaut mieux en faire plusieurs. Quand la succession est assurée, alors, elle est simplement oubliée et remplacée par une ou plusieurs maitresses. Quand elle n’arrive pas à produire le male attendu, elle est répudiée car l’avenir du royaume est plus important que la destinée d’une femme… Quand même !

Même si on peut sourire un peu, vous savez bien que c’est cela l’histoire officielle de ce beau royaume de France… mais revenons un instant à cette chère Marguerite élevée à la cour de Provence, dans la musique, les couleurs et la chaleur de sa culture méditerranéenne. Après un long voyage, le TGV n’existait pas encore au début du treizième siècle, elle se retrouve à 13 ans dans la cathédrale de Sens pour épouser Louis, le roi de France. Elle découvre une belle-mère austère et autoritaire, un mari et des beaux-frères assez rustres, pour ne pas dire barbares et incultes. Elle se retrouve alors reine de France, épouse de louis IX, celui qui restera dans l’histoire sous le nom de Saint Louis.

Avoir Blanche de Castille comme belle-mère ce n’est pas rien. Catholique intègre – aujourd’hui on dirait certainement avec nos mots intégriste – cela signifie qu’elle n’aura droit à aucune intimité avec son mari avant le moment où Blanche décidera qu’il est temps d’enfanter. Etre mère, voilà son devoir et pour cela, elle va veiller au grain. Cette interférence dans la vie privée de son fils est étonnante, incroyable, époustouflante. Les chroniques de Joinville narreront certains aspects comme les rendez-vous secrets entre le roi et la reine qui vont finir par s’aimer, comme quoi il ne faut jamais désespérer de la nature humaine…

Elle fera des enfants à la France, elle suivra son mari en croisade pour échapper à sa belle-mère, elle survivra à son époux dans une certaine solitude car une reine qui a procréé ne sert à plus rien, bref un destin qui en dit long sur la condition de la femme… Mais l’histoire, elle, a retenu que Blanche de Castille était une des plus grandes reines de France… Autoritaire, elle a su gérer le royaume à la mort de son mari Louis VIII, le transmettre à son fils Louis IX et même encore gérer le tout durant une croisade avant de s’éteindre paisiblement…

Alors, dans notre histoire, il n’y aurait que ce modèle de femmes ? Non, les femmes existent dans l’histoire… Regardez, il y a des maîtresses, des empoisonneuses, des sorcières, des tigresses et des monstres… Oui, j’exagère un peu le trait, mais quand même ! Que savons-nous de Cléopâtre en dehors du fait qu’elle fut la maitresse de César et de Marc-Antoine ? D’ailleurs, si les auteurs ne s’étaient pas emparés de son destin on ne saurait rien d’elle. Heureusement, Uderzo et Goscinny nous ont parlé de son nez et de son caractère… et, reconnaissons que sa mort tragique fut digne… enfin, si cela s’est passé comme on le raconte… suicide avec morsure de serpent… mais, aujourd’hui les historiens pensent que tout cela fut une propagande d’un certain Auguste, car il arrivait, aussi, aux hommes de voler la mort des femmes…

Alors revenons aux femmes dans l’histoire. Car, ce n’est pas un scoop, mais depuis la fin des temps il y a environ 50% de femmes sur terre. Et, à priori, rien ne laisse supposer qu’elles n’aient rien fait en attendant simplement de mourir l’heure venue. Elles n’ont pas non plus que fait l’amour pour enfanter et faire plaisir aux royaumes, ou fait l’amour pour faire plaisir aux hommes, ou, dernière version, fait l’amour car elles étaient dévergondées…

La femme appartenait à l’humanité depuis la nuit des temps, elle a même sauvé l’humanité plus d’une fois, sans aucun doute. Quand l’homme habitait les grottes, quand la vie était très difficile, quand la chasse était hasardeuse voir dangereuse, c’est elle qui a découvert et transmis la récolte des fruits et des légumes de la nature. Ce n’est pas rien car quand Rahan rentrait bredouille de la chasse, ce qui arrivait souvent, il y avait au moins quelque chose à manger. De plus, elle s’affirmait là comme un rouage essentiel de la transmission.

Ce n’est pas juste la vie qu’elle donnait – et je ne minimise pas la maternité, rassurez-vous – mais elle devenait une pièce maitresse de l’éducation, de la transmission, du savoir. On dit souvent que dans les sociétés anciennes le vieux sage sous un arbre racontait tout aux jeunes du village, que c’était un homme, bien sûr, et un vieux de surcroit… mais bien souvent c’était une jeune femme qui apprenait tout à son enfant… Petite nuance !

Mais, là encore, ne limitons pas la femme à cela. Certaines sociétés, d’ailleurs, étaient bien plus égalitaires que le royaume de France. Je pense en particulier à la civilisation celte où les femmes avaient accès à tous les postes et métiers ou presque. On pouvait trouver une femme à la tête de la justice, d’une administration – le mot n’est pas si excessif que cela car les Celtes étaient très bien organisés – et, même pour les questions religieuses, elles étaient là ! Pas étonnant qu’il y ait eu quelques frictions entre l’Eglise de Rome et celle d’Irlande durant tout le bas Moyen-âge ! Rome ne voyait que par les hommes, et entre l’Empire romain et les Chrétiens, il y avait ce patriarcat en commun, on dirait aujourd’hui machisme. Et on peut avouer, toutes questions religieuses mises à part, que les églises chrétiennes, les catholiques en particulier, n’ont toujours pas compris que femmes et hommes se devaient de mieux vivre ensemble… Mais ce serait un sujet trop long à développer…

Alors, venons-en pour terminer, à des époques plus contemporaines car chacun sait bien qu’aujourd’hui rien n’est plus comme avant. D’ailleurs, les femmes sont actrices reconnues de la vie, et notre histoire est beaucoup mieux écrite. Oui, peut-être…

J’ai toujours été, certains le savent, passionné d’histoire, bien avant d’enseigner l’histoire des médias. J’ai étudié l’histoire à l’école avec attention, encore plus au collège et comme un fou passionné au lycée… Je me souviens de la Révolution Française… Où étaient les femmes ? Une reine de France dont on clamait l’insouciance, la bêtise, la légèreté… Je m’en souviens. Charlotte Corday, la réactionnaire manipulée qui a osé assassiner Marat le journaliste et révolutionnaire… et, pour finir cette époque, les deux épouses de Napoléon Bonaparte… Même Olympe de Gouges était oubliée ! Il faudra un livre de Benoîte Groult et une bande dessinée de Catel pour que je découvre cette femme assez étonnante, féministe avant l’heure, cohérente dans sa réflexion et courageuse… Pourtant, tous les documents l’attestent, il y avait bien des femmes en France pendant la Révolution et elles ne se contentaient pas de faire réchauffer la soupe le soir pour ceux qui avaient échappé à la guillotine…

Heureusement, après tout s’est bien arrangé et les femmes sont entrés dans l’histoire officielle avec des personnalités comme Elisa Lemonnier – celle qui fondé l’enseignement professionnel pour les femmes. Avec Julie-Victoire Daubié – celle qui a obtenu le droit de se présenter au bac, qui fut la première à réussir puis la première à avoir une licence. Jeanne Chauvin – la première femme à plaider en France (1907). Madeleine Brès – première à obtenir le diplôme de docteur en médecine. Enfin, Hubertine Auclert – féministe réputée en France qui a passé sa vie à lutter pour le droit de vote des femmes et le droit à l’éligibilité…

Qui en connaissait une ? Deux ? Plus… Oui, je sais, ces femmes sont toutes des pionnières de la marche vers l’égalité homme-femme. Elles n’agissaient que pour obtenir ce qui aurait dû être normal, banal, évident…

Quelle place y a-t-il dans notre histoire pour Georges Sand, Marguerite Boucicaut, Louise Michel, Camille Claudel, Louise Weiss, Simone Weil la philosophe, Simone Veil la femme politique… Edith cresson, première femme premier ministre en France…  c’est parce que tout cela est bien lamentable, parce que notre histoire n’est pas le reflet de ce qu’a vécu l’humanité, que nous avons voulu que cette question de la place des femmes dans l’histoire soit abordé aujourd’hui…

Nous avions voulu le faire de deux façons mais nous avons rencontré quelques difficultés. Au départ, nous avons invité Catel, auteure de biographiques réputées : Kiki de Montparnasse, Olympe de Gouges, Ainsi soit Benoîte Groult. Elle n’était pas libre car elle termine son opus sur Joséphine Baker en ce moment… Mais elle nous a reçus, Clémentine, Romane et moi durant un bel après-midi à Paris. Elle a, par ailleurs, dit qu’elle viendrait l’année prochaine si nous refaisions un évènement de ce genre… Comme Frédérique Agnès nous doit moralement la même chose, qui sait on va peut-être se laisser tenter, qui sait… dans un deuxième temps, j’ai été séduit par la collection Grands Destins de Femmes des éditions Naïve. J’ai rencontré Françoise Cruz, l’éditrice, et nous nous sommes rapidement mis d’accord : une exposition réalisée par les étudiants et la venue d’un des auteurs… L’exposition est là, profitez-en, elle sera encore à la bibliothèque de l’IUT durant une semaine puis elle ira encore dans deux ou trois lieux du Chalonnais, on vous tiendra au courant. 9 grands destins de femmes en bande dessinée pour pallier aux lacunes de notre histoire… Coco Chanel, Isadora Duncan, Françoise Dolto, Virginia Woolf, Hannah Arendt, Maria Sibylla Merian, la Pasionaria, Marie Curie, Dian Fossey… La collection n’est pas terminée et vous comprendrez bien que j’ai proposé à Françoise Cruz de participer avec Marguerite de Provence et Simone Weil la philosophe… mais c’est une autre affaire…

https://www.facebook.com/mieuxvivreensemble2016

Forum du 8 mars à Chalon-sur-Saône : enfin le programme !

10h00

Ouverture par le directeur de l’IUT et mots d’accueil des organisateurs.
Prise de paroles des personnalités politiques présentes

 

10h30
Frédérique Agnès – Laboratoire de l’égalité

Où en sommes-nous après 100 ans de combat pour les libertés des femmes ?

Focus de 1960 à 2016

Présentation complétées par deux témoignages

 

 

11h00
Table ronde : « Dans l’entreprise et à la cuisine»
Frédérique Agnès, Mademoiselle Caroline (dessinatrice), Hanaé Bisquert (UDA)

 

12h00
Femmes en politique, milieu particulièrement difficile ?

 

 

Deux témoignages : Muguette Dini, ancienne sénatrice du Rhône, auteure d’un rapport sur les violences faites aux femmes et auteure d’une proposition de loi relative à la protection de l’Enfant

 

 

 

 

 

 

et Francine Bonnardin, conseillère régionale de Bourgogne-Franche Comté, déléguée à la lutte contre les discriminations et pour l’égalité femmes-hommes.

14h15

Mademoiselle Caroline : Dessiner la vie…pour mieux vivre ? … pour être plus libre ? … être femme ?

 

 

 

 

 

 

15h00
Apprendre la vie par les grands-parents ou l’importance de l’intergénérationnel – Anne-Marie et Jean-Marie Blanc, éducateurs et acteurs associatifs, parents et grands-parents.

16h15

Femmes célèbres, comment regarder l’histoire sous un autre œil…

Où sont les femmes dans notre histoire de France et de l’Humanité ? Et si la bande dessinée leur redonnait une place ?

Une exposition complètera ces interventions…

 

 

 

 

16h45
Illustration par le travail de Catel sur Olympe de Gouges, Kiki de Montparnasse, Benoîte Groult et Joséphine Baker…

17h00
Jean-François Fioux, éducateur sportif et entraineur de boxe française et Célia Ratte, étudiante et licenciée de boxe française, témoignent sur le sport, la mixité dans la boxe, le vivre ensemble du vestiaire au ring…

18h00

Violaine Guérin, présidente de Stop aux violences sexuelles : Vivre ensemble c’est éradiquer la violence sexuelle de notre société, avoir une tolérance zéro vis à vis de ce fléau… De la prévention à la reconstruction…