Une attention toute particulière…

J’entends souvent des gens dire – phrase bien générale pour éviter de faire preuve de méchanceté envers certaines personnes que je peux croiser quotidiennement sur mes différents lieux de travail – que les auteurs, les dessinateurs, les compositeurs, les interprètes, les acteurs ne sont pas des êtres humains comme les autres, qu’ils vivent sur une autre planète et j’en passe et des meilleures ! Or, je veux vous donner un peu plus de détails sur ce que nous avons vécu avec une classe Ulis lors du festival d’Angoulême…

La classe se prépare au concours de bédés d'Angoulême 2012

La classe se prépare au concours de bédés d'Angoulême 2012

Une classe Ulis – je préfèrerais qu’on la nomme Ulysse et qu’on l’invite au grand voyage de la vie – est une classe avec des collégiens qui ont quelques difficultés et que l’on cherche à aider, à accompagner dans une démarche d’insertion. C’est une classe avec des enfants qui ont des aménagements d’emploi du temps, des aides particulières pour leur permettre d’avancer dans la vie et ne pas rester « à part » sur le bord du chemin. C’est parce que nous avons trouvé qu’un tel projet était positif pour ces jeunes que nous avons décidé de les aider avec quatre étudiants de l’IUT de Chalon-sur-Saône. Pas une aide démesurée et inaccessible, juste les accompagner à Angoulême pour le festival de la bande dessinée, leur faire visiter une exposition, leur faire rencontrer un auteur, les filmer, les photographier et les aider à présenter tout cela à l’ensemble des collégiens de leur établissement à Louhans. Un peu comme si pour une fois le cours était assuré par les plus en difficulté du collège et que les plus doués ou avancés allaient apprendre d’eux. Beau programme !

jarbi10Je passe sur les rencontres préalables, sur la bonne entente entre l’IUT et le collège, car c’était certain qu’entre gens de bonne volonté tout cela fonctionnerait bien. J’en viens à l’essentiel, la rencontre avec un auteur. Vouloir créer à Angoulême un espace – lieu et temps – entièrement réservé à nos jeunes pour qu’ils puissent écouter, apprendre, comprendre et dialoguer avec un auteur pouvait paraître une folie tout simplement. Comment trouver une pièce sans débourser des milliers d’euros, comment motiver un auteur dans une telle démarche, comment réaliser une telle rencontre dans la bonne humeur ?

La première chose à signaler c’est que tout cela a pu avoir lieu d’abord grâce à une personne, une femme qui travaille depuis longtemps chez Casterman, Marie-Thérèse Vierra, qui a tout de suite compris que ce projet n’était pas un gag et qu’il fallait l’aider. Rapidement, elle a proposé un nom d’auteur mais qui s’est révélé ne pas pouvoir fonctionner car il arrivait trop tard à Angoulême, puis un autre nom qui fut le bon car l’auteur était bien là et qu’il acceptait de jouer le jeu. C’est donc avec Philippe Jarbinet que la rencontre aurait lieu, sur le stand de Casterman, le vendredi matin. On peut noter ici, dès maintenant, la grande aide des éditions Casterman car recevoir d’un seul coup un auteur, quelques journalistes, dix collégiens, leurs éducateurs accompagnateurs et trois étudiants qui filment le tout, ce n’était pas rien !

Mais revenons en arrière… Dès que nous avons su le nom de l’auteur que nous allions rencontrer nous sommes allés dans la classe pour présenter son travail sur la seconde guerre mondiale car c’est bien de cela qu’il s’agit dans cette série Airborne 44. J’avais préparé une série de diapositive pour faire découvrir le contexte de la série, les évènements historiques support de l’histoire, les personnages. Dès le départ, les jeunes ont adhéré et ont plongé dans cette histoire, plus exactement dans les deux récits, car il y en a un dans les Ardennes, un en Normandie. Certains jeunes n’ont pas hésité à lire un des albums ce qui n’était pas gagné à l’origine car il ne s’agit quand même pas de livres faciles et accessibles à tous. On était donc partis sur de bonnes bases.

Avant la classe, les lecteurs en dédicace

Avant la classe, les lecteurs en dédicace

Dès le premier jour du festival, je suis allé voir Philippe Jarbinet pour évoquer avec lui la séquence à venir avec la classe. Ce fut le second soulagement car je suis tombé sur un auteur qui se réjouissait par avance de ce temps fort avec les jeunes. Il avait envie de transmettre, d’expliquer son métier, de parler du dessin, des histoires, des personnages, du fond historique et le fait que ces jeunes soient ou pas en difficulté n’était pour lui qu’une source de motivation supplémentaire pour être avec eux. Je pouvais donc attendre sereinement la suite des évènements…

Leçon de dessin

Leçon de dessin

Puis ce fut paradisiaque, enfin pour la classe et ceux qui l’accompagnaient. En effet, Philippe leur a tout d’abord expliqué ce qu’était une bande dessinée, comment il travaillait, il a même fait une démonstration en montrant la technique pour  dessiner un cheval, un personnage, un décor… Il a parlé de sa série, des recherches historiques et à concrétiser cela avec des membres d’une association qui l’accompagnaient durant le festival et qui étaient habillés comme les soldats américains de la série, c’est à dire avec des costumes datant du débarquement en Normandie des forces américaines et alliées.

L'aide de l'armée indispensable

L'aide de l'armée indispensable

Je crois que cette rencontre fut un temps fort, peut-être pas le seul car finalement ces jeunes ont pu comprendre que d’un seul coup ils étaient bien comme les autres, dans l’insertion complète au cœur d’un festival international, que ce soit dans le pavillon de Taïwan avec des auteurs chinois, avec Philippe Jarbinet ou lors d’un concert bédé au théâtre d’Angoulême. J’espère donc que ce sera pour eux un souvenir dans le temps qui les confortera dans l’idée que chacun peut vivre pleinement de tels évènements qui sont ouverts à tous car la bande dessinée est faite pour tous !

Pas de problème d'attention

Pas de problème d'attention

Merci aux auteurs et éditeurs qui travaillent dans cet esprit et merci du fond du cœur à Philippe Jarbinet et Marie-Thérèse Vierra qui ont permis une telle rencontre, un tel événement, un tel moment de bonheur !

Et hop, une petite photo souvenir !

Et hop, une petite photo souvenir !

Occasion aussi de remercier ceux qui ont participé au financement d’un tel déplacement qu’ils soient institutionnels ou privés, rien sans vous n’aurait pu se faire…

Et le dimanche pour finir en beauté !!!

Et nous voilà donc pour une dernière journée à Angoulême. Deux états d’esprit nous assaillent. Il faut d’une part en profiter au maximum, car c’est bien la fin de cette grande fête qui approche à grands pas… Et, aussi, une grande fatigue qui commence à nous assaillir et la ferme intention de tenir le coup jusqu’à la fin…

Francis Groux, une mémoire vive

Francis Groux, une mémoire vive

Nous commençons par une rencontre mémorable car elle touche à la mémoire même de ce grand festival. Francis Groux, un des cofondateurs du festival international de la bande dessinée d’Angoulême accepte de nous rencontrer dans la salle de presse… Nous le retrouvons là avec deux étudiants. Nous comptons sur cette rencontre pour connaître mieux les dessous de la création de cette manifestation, pour tourner quelques images qui feront du lien et donneront du sens à notre reportage final, enfin nous espérons faire un beau voyage dans le passé…

9782917837092Francis Groux qui vient de signer un livre de souvenirs, Au coin de ma mémoire, est souriant et, disons-le, fier de parler de cette histoire, de son histoire, à des jeunes étudiants. Il est impossible à arrêter, intarissable, inépuisable… Une question et il parle vingt minutes, un mot et il enchaîne de nouveau pour un quart d’heure. Le seul inconvénient, du moins à mes yeux, vient de la salle de presse elle-même dans laquelle est diffusée une musique qui gêne parfois, qui nuit à la qualité de l’enregistrement…
Trente-neuf ans d’histoire de la bande dessinée, du festival et d’Angoulême en moins d’une heure c’est ce que nous avons vécu ce matin et nous en garderons, de toute façon, un excellent souvenir.

Pascal Croci profite du calme pour faire de belles dédicaces

Pascal Croci profite du calme pour faire de belles dédicaces

En revenant sous la bulle des éditeurs, j’apprends la mauvaise nouvelle du jour. En effet, la Belgique devant connaître en fin de journée un blocage total de ses chemins de fer, la SNCF organise un TGV spécial pour ramener chez eux un grand nombre d’auteurs belges. Ainsi, certains noms de mon carnet de rendez-vous disparaissent : Olivier Grenson, Kas, Clarke pour ne pas les nommer ! C’est un coup dur pour nous qui attendions avec une certaine impatience et joie ces trois auteurs. Leurs derniers livres étaient de grande qualité et ce sera donc pour une prochaine fois. Heureusement certains rendez-vous se mettent en place pour remplacer ou sont bien confirmés. Mais tout commencera après le repas.

Ce sera donc un petit casse-croute dévoré dans la salle de presse où une dégustation à lieu d’un cocktail à base de cognac et limonade mais j’avoue, je n’ai pas gouté pour rester bien frais pour les entretiens de l’après-midi et, surtout, la conduite du retour, six heures de voiture !

Pierre Wachs

Pierre Wachs

La première rencontre de cet après-midi final, est consacrée à Pierre Wachs aux éditions Casterman. Il est là pour présenter son dernier album « Libre de choisir » consacré à la conquête pour les femmes du droit à l’avortement. Mais en fait, plus qu’un livre militant, c’est le destin d’une jeune femme dans les années soixante-dix qui cherche à devenir adulte, libre et responsable. Elle va croiser sur son chemin un homme pas très respectueux des autres, d’elle en particulier, de son corps pour être précis puisqu’il va la violer… Pierre Wachs est le dessinateur de cet album scénarisé par Philippe Richelle. Pierre a été l’un des dessinateurs des séries Triangle secret, INRI, Secrets bancaires… Avec Philippe Richelle il a aussi réalisé le très bon et beau diptyque « Vent printanier ». Belle interview, classique d’une certaine façon pour un dessinateur qui fait de ce classicisme un gage de garantie graphique.

Couverture_bd_9782203027589Puis les choses vont s’accélérer avec plusieurs rencontres aux éditions du Lombard où nous allons finir le festival. Ce sera tout d’abord Maximilien Le Roy. J’ai lu son dernier album « Dans la nuit la Liberté nous écoute ». Pourtant tout a failli mal se passer. En effet, quand j’arrive sur le stand, on me dit que cela ne va pas être possible d’interviewer Maximilien. Pourtant il est là, libre et disponible. Mais alors pourquoi ? Tout simplement parce que je suis chrétien et qu’il n’a pas envie de passer sur un média chrétien. Il faut dire que je suis connu pour travailler sur des radios chrétiennes aussi. Heureusement, l’homme n’est pas bloqué et sot et nous arrivons à nous mettre d’accord pour un entretien qui ne sera pas diffusé sur des médias chrétiens. En fait, avec un peu de recul, je pense qu’il a dû avoir un jour, lors d’un entretien avec un journaliste chrétien, quelques mots. De plus, il a lu la charte des radios chrétiennes de France et il n’a aucune envie de laisser récupérer et utiliser par une église dont il ne partage aucune valeur… mais, heureusement, nous voilà autour d’un micro avec une seule envie : parler de cet album qui raconte une très belle histoire, celle d’un homme que le destin a poussé en Indochine, qui va découvrir le véritable visage de la colonisation et de la guerre d’indépendance et qui ne pourra pas rester dans cette armée, dans ce camp français. Il va donc rejoindre le camp de la rébellion, de l’armée de libération, sans jamais porter les armes contre la France car il ne veut pas trahir. Juste un homme qui ne veut pas renier les valeurs de la France, celles qui ont animé la résistance française… cet homme a réellement existé et ce « roman graphique » de Maximilien est aussi un travail de mémoire. C’est de toute beauté et je crois qu’il faut le lire pour comprendre aussi une époque, une tranche de vie française…

Belle dédicace de Maximilien Le Roy

Belle dédicace de Maximilien Le Roy

Très bel entretien qui se termine dans la bonne humeur et qui permet d’oublier ce qui n’a été finalement qu’un risque de malentendu…

Gregor Rosinski

Gregor Rosinski

L’auteur suivant ne sera pas le plus inconnu du festival car c’est avec Gregor Rosinski que nous nous retrouvons. Il est d’une parfaite humeur, souriant et détendu ce qui va me donner l’occasion de réaliser ma meilleure interview avec lui. Nous en sommes je crois à la quatrième rencontre ou cinquième, mais jamais les conditions n’ont été aussi bonnes. Certes, pour ce qui est du son ce n’est pas toujours parfait car son accent polonais reste fort et certains mots sont difficilement compréhensibles… Mais quel plaisir d’être avec un tel auteur et d’évoquer ainsi ce Thorgal qui continue de m’enchanter. Je relis certains albums avec plaisir comme « Les archers » qui je crois restera pour moi un chef d’œuvre !

Thorgal en personne !

Thorgal en personne !

Enfin, pour terminer, c’est la Résistance qui se retrouve évoquée dans un dernier entretien avec Claude Plumail et Jean-Christophe Derrien. C’est toujours un plaisir quand nous sommes en compagnie du scénariste et du dessinateur car cela donne l’éclairage complet sur une bande dessinée. Nous allons donc en profiter sans aucun scrupule.

Le dessinateur Claude Plumail

Le dessinateur Claude Plumail

Jean-Christophe Derrien explique bien comment il a construit son histoire, comment il a tenu compte des remarques qui lui ont été faites par Xavier Aumage, archiviste au Musée de la résistance nationale à Champigny-sur-Marne. Ainsi nous avons une bonne histoire avec trois personnages, Louis, Sonia et André. Nous sommes au début de l’occupation de la France par l’Allemagne nazie. Nous allons traverser ces années sombres et bouleversantes avec des craintes fortes pour nos trois jeunes car on se doute assez vite que tout ne finira pas bien…

Claude Plumail nous explique avec beaucoup de précision comment il a travaillé, dessiné, trouvé les détails précis pour arriver à une narration graphique presque parfaite et un dessin crédible qui ne peut que réjouir les amateurs de bandes dessinées historiques… et j’en fais partie !

Jean-Christophe Derrien

Jean-Christophe Derrien

Voilà, un récit qui prend fin. Cet Angoulême fut très positif, mes étudiants furent très agréables à vivre, très professionnels dans leur travail, très ouverts aux différents genres de bandes dessinées et d’auteurs que nous avons croisés. Je pense que nous repartons d’ici avec une grande satisfaction, des souvenirs plein la tête et que chacun y a trouvé de quoi remplir sa bibliothèque, sa liste de livres à lire, d’auteurs à ne plus rater…

Samedi encore…

J’avais clos, un peu rapidement, le récit de notre journée du samedi. En effet, après avoir rencontré tous ces auteurs dans l’ambiance chaude et populaire du salon, j’avais rendez-vous avec Jean-Charles Kraehn. C’était assez important pour moi car d’une part je n’avais jamais rencontré cet auteur et d’autre part je suivais depuis longtemps son travail ayant déjà dit tout le bien que je pensais de série comme Tremp (scénariste de la série avec Patrick Jusseaume au dessin) ou Gil St André (série qu’il crée seul avant d’être accompagné au dessin par Sylvain Vallée du tome 3 au tome 8). On se souviendra aussi de sa série Bout d’homme et de ses participation remarquées aux séries Quintett et Le triangle secret… Bref, l’occasion m’était offerte de l’interviewer, il fallait le faire !

Jean-Charles Kraehn sur Armor TV

Jean-Charles Kraehn sur Armor TV

C’est dans un café à proximité de la bulle des éditeurs que nous nous sommes retrouvés. De l’extérieur l’établissement ne payait pas de mine, mais dès que l’on retrait on découvrait une arrière salle de grande taille où nous avons pu nous installer et enregistrer quelques belles phrases autour de ces albums qui m’avaient bien fait rêver.

BR9782723483612Il était spécialement à Angoulême pour présenter le tome 10 de la série Gil St André, une série qui est maintenant dans son troisième cycle. C’est vrai que c’est une série particulière car Gil est un chef d’entreprise qui dans le premier cycle est à la recherche de sa femme, tandis que dans le second il donne un coup de main, si on peut parler ainsi, à une amie policière lyonnaise qu’il a rencontré dans le premier cycle. Dans ce troisième volet de ses aventures tumultueuses, il est confronté à une machination d’envergure qui le transforme en grand responsable d’entreprise, lui le petit chef de PME de province…

bd bdtresor tramp T9 le tresor du tonkinJean-Charles Kraehn est un homme posé, agréable dans la discussion et porteur de véritables valeurs humanistes que l’on a vu poindre dans sa série Bout d’homme. J’aime cet auteur qui ne se prend pas la tête, qui garde le plaisir de raconter des histoires, qui prend le temps de recevoir ses lecteurs et les journalistes en restant de bonne humeur même en fin de journée quand la fatigue pointe…

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Une très belle rencontre qui j’espère sera suivie de quelques autres pour les prochains albums, prochaines séries… Car j’ai encore beaucoup de questions sur des séries comme Les aigles décapités ou Myrcos…

Et le samedi alors ? Un véritable marathon !!!

Nous savions que le samedi allait être chargé car, non seulement, le carnet de rendez-vous était plein, mais, en plus, nous savions bien que le public allait être très nombreux rendant chaque déplacement beaucoup plus long. Ce que nous ne savions pas encore c’est que certains auteurs allaient être en retard et qu’après ils seraient tous disponibles ensemble ce qui ne nous faciliterait pas la tâche. Heureusement, les étudiants forts de leur expérience des deux premiers jours allaient pouvoir fonctionner en grande autonomie et ce fut la preuve d’un professionnalisme certain qui se mettait bien en place…

La grande course aux dédicaces

La grande course aux dédicaces

Tout commença donc avec un problème d’auteur. Je devais retrouver Jacques de Loustal au stand Casterman et il n’était point là. Heureusement, auparavant, j’avais eu la possibilité de voir le rush des collectionneurs. Imaginez quelques centaines de personnes devant une porte fermée. Ils attendent l’ouverture depuis parfois plusieurs heures. Ils savent que dès le signal des responsables du salon ils vont devoir courir pour arriver au stand tant convoité, se retrouver dans les premiers dans la file d’attente car ce qu’ils viennent chercher-là ce sont les fameuses sacro-saintes dédicaces…

Nous n'étions pas seuls !

Nous n'étions pas seuls !

Ce jour-là, avant qu’ils arrivent, une partie des professionnels s’installent de chaque côté du couloir. Dès le passage de la « meute », ils vont filmer, photographier et applaudir ! Un grand moment qui va me permettre d’oublier un peu mon rendez-vous absent. Au moins, je me serai amusé un peu !

Quelle admiration pour Bastien Vivès... et son dessin !

Quelle admiration pour Bastien Vivès... et son dessin !

J’en profite pour photographier quelques auteurs au travail comme Bastien Vivès qui dédicace l’ensemble de son œuvre, à commencer par son étonnant Polina. Il y a aussi Beuriot, Mattotti, François Schuiten, Pierre Wachs… Nous en croiserons certains, mais d’autres non car on ne peut pas voir tout le monde tous les ans. Il faut faire des choix, donc renoncer à certains plaisirs…

Cécile Chicault s'applique...

Cécile Chicault s'applique...

En fin de matinée, j’ai le plaisir d’interviewer Cécile Chicault l’illustratrice de la série La saga de Wotila aux éditions Delcourt avec Hervé Pauvert au scénario. C’est une histoire qui s’incarne au moment des grandes invasions, une période que peu connaissent et dont généralement on ne parle jamais. Voilà donc une occasion de plonger dans une certaine barbarie – on ne faisait pas dans la dentelle à cette époque – mais aussi de passer un bon moment avec des personnages parfois surprenants, sympathiques et même un peu poètes… Interview sympathique avec une femme qui fait visiblement son travail avec une belle énergie. La série en est à son début et donc il lui faudra maitriser encore un peu mieux ses personnages mais tout semble augurer d’une belle réalisation…

La main de Cécile au travail

La main de Cécile au travail

A midi, je suis invité à manger avec certains auteurs de chez Casterman. Chance ou hasard pur, je me retrouve avec un véritable ami, Tito. Il faut dire que nous voyons très souvent autour des albums de sa série Tendre Banlieue, une série que j’apprécie beaucoup et qui rencontre un véritable succès auprès des jeunes en collège. Cette fois-ci il s’agit d’un album à part. Il est présenté en avant-première au festival. C’est « Le choix d’Ivana », une bande dessinée qui a pour cadre l’ex-Yougoslavie mais qui comme chaque fois avec Tito est avant tout une histoire de la vie quotidienne avec au cœur la guerre, l’amour maternelle et la fidélité au sein d’une famille. Comme je ne l’ai pas encore lu, je n’avais pas demandé d’interview mais, du coup, nous pouvons discuter très paisiblement en mangeant car il faut toujours allier l’utile et l’agréable… ou l’agréable au plaisir !

imagesEn sortant de table, je vois mon fameux Jacques de Loustal qui m’a fait défaut ce matin. Il accepte tout de suite de répondre à mes questions, ici même sur place dans ce fameux Mercure d’Angoulême dont presque tous les auteurs parlent… Nous voici donc partis dans notre interview autour des livres qu’il a signés, en particulier « Coronado », une adaptation en bédé du roman de Dennis Lehane et « Les frères de Rico », une illustration du texte de Georges Simenon. Le moment est agréable, on a l’impression d’être avec un véritable auteur, un artiste complet, un homme qui se fait plaisir en nous offrant son graphisme spécifique et ses couleurs enchanteresses…

Jacques de Loustal par Cindy

Jacques de Loustal par Cindy

Mes étudiants qui m’avaient rejoint au Mercure découvrent ainsi un des grands de la bande dessinée qu’ils ne connaissaient pas du tout. Ce beau moment nous met définitivement en retard et la course va commencer… Les interviews vont se succéder, les auteurs laissant leur siège chaud au suivant. Une sorte de travail à la chaine, mais avec beaucoup de satisfaction et de bonheur car chaque moment est avant toute chose une rencontre !

Et s'il s'agissait d'un tueur ?

Et s'il s'agissait d'un tueur ?

Nous allons donc rencontrer tout d’abord Alexis Matz, le scénariste de la série « Le tueur » dessinée par Luc Jacamon qui devait venir aussi mais qui a du se perdre… Cela ne nous empêche pas de comprendre comment est née cette série particulière qui prend comme héros le tueur professionnel, celui qui tue sans jamais se poser de question. Alexis parle de ce personnage comme s’il le connaissait bien ce qui n’est pas étonnant car il est né il y a déjà plus de dix ans ! On sent que le personnage s’est construit sa propre vie sans toutefois lui échapper complètement. Il est toujours fascinant de voir les relations qu’il y a entre un personnage de fiction et son créateur…

Benoît Sokal ou Canardo ?

Benoît Sokal ou Canardo ?

Ce sera ensuite la rencontre avec Benoît Sokal. Les étudiants sont assez curieux de le croiser car il n’est pas qu’auteur de bandes dessinées, il est aussi créateur de jeux vidéo… tout un programme ! Mais nous resterons surtout en compagnie de Canardo, une bande dessinée que j’aime beaucoup et de Kraa, une magnifique histoire qui met en valeur le graphisme de cet auteur qui pour moi est aussi un des grands de la bédé…

L'auteur à découvrir, of course !

L'auteur à découvrir, of course !

Après, c’est au tour de Will Argunas d’entrer en scène. J’ai déjà dit tout le bien que je pensais de sa dernière production « In the name of… », mais il ne faudrait surtout pas oublier des albums comme « Missing », une affaire glauque et tragique de disparition, « Bloody September », la vie au cœur de la police de New York juste avant et pendant une période assez pénible, et « L’homme squelette » histoire à la fois policière et chamanique après un accident d’avion… Non, cet auteur est vraiment surprenant à chaque album, sa narration graphique se perfectionne au fur et à mesure et même s’il aime le tragique et le noir, le lecteur n’y reste pas prisonnier… Le personnage est agréable et l’entretien plaisant à mener, j’espère qu’il sera aussi captivant pour le lecteur ou l’auditeur…

Le travail de Jean-Michel Beuriot

Le travail de Jean-Michel Beuriot

C’est alors au tour de Jean-Michel Beuriot le dessinateur de la série « Amours fragiles ». Nous plongeons directement au cœur de la période noire de notre Europe avec une série qui s’écoule lentement et douloureusement entre les années trente et les années quarante. Ici tout est paisible car cet auteur est adorable. Il accepte même de parler un peu du scénario puisque le scénariste est retenu ailleurs. C’est d’ailleurs de constater que souvent on met ici les dessinateurs en évidence. Cela paraît normal au regard du travail fait, surtout des dédicaces aux lecteurs, mais pour ce qui est de parler de la bande dessinée, d’en expliquer la genèse, de présenter les personnages, les évènements majeurs, de redonner du sens à tout le travail souvent effectué dans la solitude d’un atelier… reconnaissons que souvent le scénariste est plus explicite, facile à suivre ! Ceci étant dit, reconnaissons qu’avec Jean-Michel Beuriot nous avons plutôt un homme presque bavard et heureux de parler de son travail. Cindy, étudiante, se lance dans quelques questions sur le dessin, la façon de travailler ? C’est sa première – même partielle – interview. Elle est un peu timide, mais ça passe. C’est aussi une épreuve assez délicate de passer de derrière la caméra ou micro à devant. Je ne m’en rends pas toujours compte car voilà presque vingt-cinq ans que je pose des questions à des écrivains, des acteurs, des dessinateurs, des hommes et femmes politiques. La technique, l’habitude, le plaisir et je ne vois plus la difficulté. Merci Cindy de me rappeler que tout ne vient pas si vite et facilement. Ce fut plutôt un bon début !

Ozanam en vedette !

Ozanam en vedette !

Et voilà une rencontre pas programmée qui devait avoir lieu jeudi soir puis vendredi soir et qui finalement va pouvoir avoir lieu samedi après-midi. Il s’agit du scénariste Ozanam, un local de l’étape comme on dit puisqu’il habite Angoulême. Peut-être que c’est cette proximité qui le rend inaccessible ? Oui, car les autres auteurs ne sont pas pressés de rejoindre leur chambre d’hôtel tandis que lui est « pressé » d’aller faire la vaisselle, récupérer les enfants, faire le ménage, préparer le repas… J’en rajoute un peu mais jeudi soir, quand je l’attendais, il faisait la vaisselle ! Alors, qui continue de dire que les hommes ne participent pas aux tâches ménagères ?

3couvasL’entretien avec Ozanam est riche car il est l’auteur d’un grand nombre d’histoires dont cette dernière aux éditions Casterman sous le label KSTR, « Les âmes sèches » qui est remarquable. Trois tomes, un même scénariste mais trois dessinateurs différents, une parution très resserrée et donc des lecteurs satisfaits de pouvoir tout lire sans être obligés d’attendre une année minimum entre chaque volume… Mais c’est aussi un scénariste qui travaille avec de nombreux autres dessinateurs et tente de trouver pour chaque histoire le graphisme idéal. C’est une recherche dont il parle très bien et qui est passionnante car on n’en parle pas souvent. Chaque genre, chaque thème, chaque univers mérite un graphisme adapté…

1736Nous voici maintenant en compagnie de Martin Viot, dessinateur, qui signe au côté du scénariste Roger Seiter, l’adaptation du roman policier de Sjöwall et Wahlöö, « Le policier qui rit ». Cette fois nous allons faire avec seulement le dessinateur et, en plus, c’est une première interview seule. Jusqu’à maintenant il était en compagnie de son scénariste Seiter que je connais bien et qui a la particularité de parler beaucoup, énormément. Une question et le voilà parti pour un quart d’heure. Pour un journaliste radio c’est du pain béni, mais ce n’est pas très formateur pour notre jeune dessinateur… Enfin, il s’en sort plutôt bien et reconnaissons que nous avons pris beaucoup de plaisir à la lecture de cet ouvrage et que la couverture est à elle-seule une réussite…

La vedette absolue !!!

La vedette absolue !!!

La pression monte, l’ambiance est à son maximum, la fatigue aussi. Les interviews se succèdent et soudain on n’arrive plus à tenir les étudiants. En effet, dans le même salon d’interviews, vient de s’installer un certain Alexandre Astier. J’avoue ne pas être fan ni de la série télévisée Kaamelott ni de son adaptation en bédé. Par contre, cela me fait sourire de les voir en admiration devant lui et je respecte d’autant plus cette attitude que le jour même j’étais fasciné par Jacques de Loustal. A chacun ses vedettes préférées !

Craig in English in the text !

Craig in English in the text !

Le « client » suivant fait plus notre unanimité car nous l’avons presque tous lu et aimé, il s’agit de Craig Thompson. Je me souviens de son arrivée en France lors de la parution de Blankets, de sa timidité, de sa souffrance – il ne pouvait presque plus dessiner tant il avait mal – et je le retrouve aussi sympathique et disponible, toujours aussi modeste alors qu’il rencontre un succès certain avec Habibi ! Il suffit de voir la file des lecteurs en attente de dédicace… le seul problème avec Craig, si on peut dire, c’est qu’il faut l’interviewer en anglais. Qui va s’y coller ? Ce sera Jeffrey qui va parler la langue de Shakespeare et qui va oser interroger notre auteur. Apparemment les questions doivent être claires car les réponses le sont et Craig semble à fond dans l’entretien. Tous les autres, étudiants ou pas, sont tous fascinés et à l’écoute. Un grand moment de bande dessinée !

Plus besoin de traduction !

Plus besoin de traduction !

Il ne restait plus qu’à clore la journée avec la rencontre avec Christian De Metter, un auteur charmant et beaucoup plus avenant que ses histoires souvent noires, sombres et mélancoliques… Nous le recevons surtout pour ses deux adaptations en bandes dessinées des romans noirs Shutter Island et Scarface. Cela ne nous empêche pas d’aborder d’autres titres comme Marilyn. Nous finissons cette journée en compagnie d’un auteur que le succès, pourtant bien réel, de Shutter Island n’a pas perturbé plus que cela…

Christian De Metter

Christian De Metter

Et nous voilà en fin de journée, un peu fatigués, mais assez heureux des rencontres même si certaines n’ont pas eu lieu ou ont été décalées. C’est le soir que nous avions choisi pour diner ensemble au restaurant et donc sans plus tarder, sans passer par la case chambre dont nous ne serions pas ressortis, nous partons ensemble pleins de nos souvenirs encore frais en nous disant qu’il faudra vite monter tout cela, prendre le temps de présenter tous ces auteurs avant que le temps fasse son œuvre d’oubli !

Et le vendredi après-midi au coeur des bulles…

Une yourte dans la ville

Une yourte dans la ville

Après avoir pris le temps de manger un sandwich assis sur les marches de l’église Saint Martial, en plein soleil, juste à côté d’une yourte consacrée à un personnage de bande dessinée, YaYa, nous décidons d’aller faire un tour au bâtiment Franquin qui accueille plusieurs expositions dont une spéciale en hommage à la collection « Ecriture » qui fête ses dix ans.

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Une collection est un objet particulier. Certains lecteurs n’y font pas du tout attention tandis que d’autres sont aux limites du pathologique en cherchant à tous prix à pouvoir l’aligner entière et complète dans leur bibliothèque. Je suis plutôt entre les deux et j’avoue que dès le départ cette collection m’a touché en proposant des auteurs et des titres qui comptent encore pour moi. En dix ans je retiendrai Jiro Taniguchi, ce grand auteur japonais que je ne connaissais pas du tout, Craig Thompson et son fameux « Blanquets, manteau de neige », Catel et son « Kiki de Montparnasse, Charles Masson et « Le droit du sol » sans oublier Kim Dong-Hwa et tous ses ouvrages… oui, cette collection a compté dans ma vie de lecteur et même si l’exposition n’apporte rien de nouveau elle permet de revoir ces titres. Nous sommes trois à la visiter, à l’avoir lu et nous sommes très perplexes quant au choix du titre qui nous a le plus marqués… Voilà au moins une collection qui ne demande qu’à surprendre les lecteurs et les titres annoncés pour cette année devraient être à la hauteur…

Belle exposition pour une magnifique collection

Belle exposition pour une magnifique collection

Après cette accalmie, nous voici repartis à l’assaut des auteurs pour le grand marathon des interviews.
Tout va commencer avec Aude Soleilhac, une dessinatrice de chez Delcourt qui s’est mise en valeur avec le dessin des trois tomes du « Tour du monde en 80 jours » scénarisé par Loïc Dauvillier à partir du roman de Jules Verne.

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J’avoue que j’ai beaucoup apprécié cette adaptation et que je suis très heureux de la rencontrer. Elle a aussi fait une « Guerre des boutons » mais j’avoue avoir eu un peu plus de mal d’autant plus que l’album est sorti dans une avalanche de « Guerre des boutons » au cinéma comme en librairie et abondance de biens peu nuire…

Aude Soleilhac  concentrée

Aude Soleilhac concentrée

Comme souvent les dessinateurs, Aude n’est pas très bavarde. C’est par le crayon qu’elle s’exprime le mieux, alors on lui donne cette possibilité après les questions…

Un beau dessin au crayon d'Aude Soleilhac

Un beau dessin au crayon d'Aude Soleilhac

Après Aude, c’est au tour de Patrick Sobral, le créateur des « Légendaires ».

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J’avoue bien humblement que je ne suis pas un lecteur convaincu, assidu et enthousiaste de cette série. Mais alors, pourquoi prendre le temps d’en interviewer l’auteur. Je comprends que vous puissiez vous poser cette question. Tout d’abord, je reconnais que la série fonctionne, qu’elle a une bonne assise scénaristique et que le dessin ne peut que plaire à ceux qui aiment le genre « manga ». Comme les héros sont redevenus en enfance, ça plait aux jeunes lecteurs ! Quant à l’auteur, je le connais depuis la parution du premier album et il est très sympathique, donc c’était bien normal de prendre le temps d’une rencontre…

Patrick Sobral

Patrick Sobral

Puis ce fut au tour d’Isabelle Dethan de se retrouver devant nos micros et caméras. Comme la pression et la température montaient considérablement à l’intérieur des « bulles » du festival, nous avons choisi un banc public pour une interview en plein air. Isabelle Dethan est une auteure d’Angoulême et je crois qu’elle fait partie des auteurs heureux de se retrouver au milieu des lecteurs, des professionnels mais chez elle.

Petite lecture avant l'interview

Petite lecture avant l'interview

Elle nous présente essentiellement le troisième et dernier tome du « Tombeau d’Alexandre » en l’absence du dessinateur Julien Maffre dont elle parle avec une réelle sympathie. Elle nous présente, aussi, sa nouvelle série « égyptienne », Les ombres du Styx, une histoire policière comme elle aime bien qui se déroule en Tripolitaine au début du troisième siècle de notre ère…

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Comme nous nous plaisons bien à l’extérieur, c’est là que nous recevons, aussi, Richard Guérineau. C’est lui le dessinateur de cette série que j’aime tant, Le chant des stryges. Richard est en pleine forme et nous passons un excellent moment autour de ces êtres surprenants qui marquent sa vie depuis longtemps. Il faut dire que dès le départ, lui et son scénariste Eric Corbeyran avaient décidé de réaliser trois cycles de six albums. Dix-huit ouvrages, cela compte dans la vie d’un dessinateur qui passe un peu plus d’un an par album ! Alors qu’ils ont maintenant commencé le troisième cycle, ils voient l’issue arriver… Heureusement, Richard Guérineau n’a pas le sentiment d’être seulement le dessinateur des stryges et il a encore de nombreux projets à mener…

Richard Guérineau en plein entretien

Richard Guérineau en plein entretien

Pour clore cette belle journée, riche en rencontres avec des auteurs charmants et disponibles, je vais écouter François Schuiten nous présenter une expérience de réalité augmentée. Grâce à un travail commun avec Dassault Systèmes, en présentant une bande dessinée de Schuiten devant une webcam, on voit sur un écran une locomotive se mettre en marche, celle qui est dans l’album de bande dessinée. Cette machine non seulement va se déplacer, mais elle va obéir en quelque sorte au lecteur qui va la diriger, réguler sa vitesse…

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Ce n’est qu’un début car pour le moment la bédé n’existe pas et le système n’est pas encore disponible sur Internet, mais on sent que de nouvelles voies s’ouvrent pour la bande dessinée avec interaction, immersion, et intensité des plaisirs… une belle démonstration qui permet surtout d’écouter ce raconteur d’histoire et dessinateur hors normes qu’est François Schuiten, coauteur des Cités obscures avec Benoît Peeters…

François Schuiten en pleines explications

François Schuiten en pleines explications

Voilà comment on s’occupe au festival d’Angoulême et surtout comment on se prépare à passer une bonne nuit…

Méditation profonde

Un vendredi matin du côté d’Angoulême…

On savait bien que la seconde journée allait être beaucoup plus fatigante d’autant plus que nous allions avoir quelques temps forts dont celui de la rencontre de la classe Ulysse (je préfère la nommer ainsi car elle est en train de faire un grand voyage…) avec Philippe Jarbinet…

Philippe Jarbinet souriant et disponible

Philippe Jarbinet souriant et disponible

Mais tout a d’abord commencé avec une superbe rencontre avec Bézian. Bézian n’est pas le plus connu des auteurs de bandes dessinées, mais c’est un esthète, un aventurier du récit, un adepte de la perfection… et, ne l’oublions pas, un adorable personnage avec qui nous avons passé de longues minutes chaleureuses. Oui, c’est avant tout un homme sympathique et simple qui nous a reçu avec son accent du sud – il a du mal à le cacher – autour de son dernier album, Aller-Retour.

Aller-Retour, un livre à vivre...

Aller-Retour, un livre à vivre...

Certes, cet album n’est pas léger car c’est le parcours d’un homme qui part à la recherche de son passé, de lui-même, au cœur d’un village, celui de son enfance où un événement a eu lieu. Il est comme un enquêteur qui déambule pour savoir et comprendre. Peu de dialogue, peu d’action, beaucoup de contemplation, un album fort, une interview passionnante… L’espace d’un instant, le salon privé des éditions Delcourt, nous donne le sentiment d’avoir approché un grand de la bande dessinée. On pourra toujours nous dire qu’ici il n’y a que des grands, qu’il n’a pas beaucoup écrit d’albums, nous pensons qu’il y a en lui une grandeur réelle, une force humaine et artistique indiscutable qui un jour sera reconnue par tous… enfin, nous lui souhaitons !

Il était là, prêt à être dédicacé !

Il était là, prêt à être dédicacé !

L’entretien suivant va nous permettre d’approcher une des « idoles » de mes étudiants, un certain Boulet, l’homme que les jeunes suivent sur son blog depuis quelques années… Vous pouvez le retrouver sur http://www.bouletcorp.com/blog  si vous ne le connaissez pas encore. Pour nous la surprise va être importante. Certains nous l’avaient présenté comme un peu imbu de lui, refusant d’être filmé et somme toute peu sympathique à enregistrer, et ce fut tout le contraire ! Tout d’abord, il fut adorable avec l’équipe d’étudiants, acceptant d’être filmé, jouant le jeu à fond et encourageant même les jeunes intervieweurs à se lancer quand la timidité les bloquait un peu… Sur le fond, il fut passionnant parlant avec enthousiasme de son dernier ouvrage, La page blanche, dessiné par Pénélope Bagieu. Eh, oui, il n’est que scénariste sur cet ouvrage et c’est l’un des point qu’il a bien développé car ce n’est pas si simple pour un dessinateur de laisser « l’autre » faire selon son talent et elle n’en manque pas !

Une dédicace pour remercier l'intervieweuse...

Une dédicace pour remercier l'intervieweuse...

C’est à partir de ce moment-là que la course a commencé car c’est à peu près au même moment que nous avions deux évènements qui allaient se dérouler de façon concomitante. En effet, chez Casterman notre classe Ulysse posait ses bagages pour rencontre « son » auteur et chez Delcourt Eric Corbeyran acceptait de répondre à nos questions et présentait sa nouvelle série « Zodiaque ». Beaucoup de choses à gérer et, heureusement, tout s’est bien passé. Tout d’abord, de chaque côté des auteurs professionnels qui ont fait preuve de patience et gentillesse. D’autre part, des étudiants qui furent très autonomes pour filmer la rencontre de la classe avec Philippe Jarbinet.

Êtes-vous Taureau ?

Êtes-vous Taureau ?

J’ai donc pu dans un premier temps interroger Corbeyran, rencontre filmée par Jessica et enregistrée par Jeffrey. Il faut citer ces jeunes motivés qui n’ont pas chômé durant quatre jour puisque nous avons rencontré une quarantaine d’auteurs au total… Eric Corbeyran a pris le temps de parler de son « œuvre » en général, lui qui a écrit plus de deux cent scénarios de bandes dessinées ! Ensuite, il nous a parlé de cette nouvelle série qui va marquer cette année, Zodiaque, un concept avec une bédé par signe, un héros à chaque fois nouveau avec un dessinateur spécifique. Chaque héros est habité par un pouvoir spécifique qui n’est pas si simple à porter mais qui caractérise bien le signe concerné. On peut entrer dans cette série librement, par son signe par exemple. On peut aussi tous les lire et on entre dans un panorama humain plus général. On peut, enfin, les lire tous et clore sa lecture par le tome 13 qui clôturera la série par une méga « surprise » et comme c’est une surprise, on n’en parlera pas !

Une salle de classe en plein festival...

Une salle de classe en plein festival...

Côté Casterman, je retrouve alors dix jeunes collégiens fascinés par Philippe Jarbinet qui est la vraie vedette. Il va rester presque une heure face à cette classe jouant le prof de dessin, l’auteur de bande dessinée, le conteur, le héros… Si ! Il est tout cela à la fois mais il est, surtout, plein d’écoute et d’accueil pour ces jeunes qui passent un moment étonnant avec lui autour de cette série Airborne 44. Les voilà plongés dans la seconde guerre mondiale et ce qui aurait pu paraître comme un cours d’histoire vu de l’extérieur, devient une rencontre humaine, tout simplement. Après la phase au sein du salon, les jeunes vont avoir la chance d’être en contact avec une association qui reconstitue des scènes de bataille de la seconde guerre mondiale et qui est venue à Angoulême avec une jeep du débarquement et cinq hommes habillés en GI. Ce sera alors une grande séance de photos et de nombreuses explications concrètes sur ces équipements que l’on retrouve dans la série de Jarbinet…

Du Jarbinet en texte et en images...

Du Jarbinet en texte et en images...

Mais pas le temps de profiter d’un temps libre bien mérité car un duo d’auteurs nous attend autour de son héros masqué. En effet, Serge Lehman et Stéphane Créty sont au stand Delcourt pour leur série qui démarre, Masqué. C’est l’histoire d’un super héros français respectant à la fois les canons du super héros américain popularisé dans les fameux comics, mais aussi incarné dans une bande dessinée française suivant elle aussi ses règles. Serge Lehman est un romancier et il donne ici l’impression de s’amuser. Il avait déjà fait une incursion au pays des bulles avec, entre autres, La brigade chimérique, et je crois qu’il prend un énorme plaisir à venir jouer dans cet univers. Quant au dessinateur que je connaissais avec la série Salem la noire, on le retrouve ici à son aise dans un premier album qui pose les bases de ce qui va devenir une référence dans le genre : un super héros bien de chez nous sans être franchouillard pour autant !

Serge Lehman

Serge Lehman

Stéphane Créty

Stéphane Créty

Après une telle matinée, il ne restait plus qu’à aller prendre un petit casse-croûte pour reprendre des forces car la journée n’en n’était qu’à la moitié…

Un bilan plus complet de la première journée à Angoulême…

Un rapide voyage à Angoulême, ou, plus exactement, un bilan des rencontres avec quelques éléments pour vous faire patienter jusqu’aux articles entiers et interviews d’auteurs.

Le jeudi, tout a commencé par la conférence de presse traditionnelle de Guy Delcourt sur l’état de sa maison d’édition. Des chiffres, des résultats, des sourires… apparence, façade ou réalité, pas toujours facile d’y voir clair mais on retient que certains titres, certaines séries fonctionnent bien ce qui donne le moral !
Retenons surtout Les blagues de Toto, Les Légendaires, La Rose écarlate…

Les légendaires cartonnent

Les légendaires cartonnent

Après avoir absorbé un frugal déjeuner, nous accueillons quatre de mes étudiants et la classe Ulis (Ulysse serait tellement plus joli !) qui viennent d’arriver à Angoulême. Nous les retrouvons au moment où les collégiens sortent de leur concert de dessin mais les étudiants ont beaucoup de mal à les faire parler. Ils sont encore sous le coup de l’émotion du spectacle.

Les étudiants vont devoir pendant deux jours filmer et photographier ces dix collégiens pour réaliser un reportage qui sera diffusé lors d’une fête de la bande dessinée du collège, à Louhans, probablement en mai 2012. Mais l’équipe va aussi participer à une grande partie des interviews d’auteurs que nous allons avoir à faire durant les quatre jours du festival.

Pavillon Taïwan

Pavillon Taïwan

Nous prenons alors la direction du pavillon de Taïwan, invité officiel de cette trente-neuvième édition du festival international de la bande dessinée d’Angoulême. Nous sommes bien sûr dans la bédé asiatique mais chacun d’entre nous, des plus grands aux plus jeunes, trouve de quoi satisfaire son regard. Personnellement, c’est Sean Chuand qui retient toute mon attention avec un album, The window. Certes, il n’est pas traduit en français, mais il ne contient qu’une bande dessinée sans parole, une merveilleuse histoire dont je reviendrai vous parler. Promis !

Chaque collégien aura un dessin d'un auteur de Taïwan

Chaque collégien aura un dessin d'un auteur de Taïwan

L’après-midi, ce sera, tout d’abord, la rencontre avec Hélène Georges, jeune dessinatrice d’une bande dessinée publiée chez KSTR, Vertige. Elle ne maitrise pas l’interview car elle en est à ses premières, mais elle est bien sympathique et présente un travail intéressant dans son graphisme, dans l’utilisation des couleurs, des formes… L’histoire, bien construite, offre le destin d’une femme qui ne connut pas le bonheur dès son plus jeune âge mais qui garde l’espoir de s’en sortir un jour…

Hélène en dédicace avant l'interview

Hélène en dédicace avant l'interview

La seconde rencontre a lieu dans une autre maison d’édition, au Lombard. Nous allons rencontrer Guy Raives et Eric Warnauts. Nous finirons bien par rencontrer les deux artistes mais de façon séparée. Guy Raives va se plier au jeu des questions, avec bonne humeur et sympathie tandis qu’Eric Warnauts, lui, viendra dessiner mais le fera sans retenue en nous offrant un magnifique dessin du curé de l’histoire. Quelle histoire ? Mais « Les temps nouveaux », un magnifique diptyque dans la fameuse collection Signé.

Eric Warnauts concentré

Eric Warnauts concentré

Enfin, une rencontre qui n’avait pas été planifiée avec Amir, co-auteur avec Khalil de Zahra’s paradise, dans la collection « Ecriture » de chez Casterman qui fête ses dix ans d’existence. A cette occasion, une exposition présente les principaux auteurs de ce label qui surprend les lecteurs de mois en mois avec Baru, Masson, Catel, Taniguchi, Kim Dong-Hwa, Park Kun-Woong… et ce serait beaucoup trop long de tous les citer.
9782203035416
Ainsi prenait fin cette première journée d’Angoulême !

Une journée chez Casterman

Aujourd’hui, nous avons pu rencontrer de nombreux auteurs / dessinateurs.

Jean-Michel Beuriot

Dédicace de JM Beuriot

Dédicace de Jean-Michel Beuriot

Nous avons pu poser nos questions, que ce soit en français ou en anglais comme pour Craig Thompson.

Dédicace de Craig Thompson

Dédicace de Craig Thompson

Nous avons également fait la rencontre d’un des plus grands dessinateurs du monde de la Bande-dessiné.

Interviex d'Alain Loustral

Interview d'Alain Loustral

Les étudiants de la Licence TAIS

La journée des collectionneurs…

Attention au départ !

Attention au départ

Et c’est parti, des centaines de collectionneurs se précipitent sur les auteurs présents pour obtenir une dédicace…

C'est parti

Et on parle beaucoup de ceux qui les récoltent et les revendent sur Internet. On annonce d’ailleurs des mesures pour le prochain salon du livre de Paris pour limiter ce que beaucoup, ici, considèrent comme du détournement de dédicace, du vol du travail des autres…

Will Argunas

Will Argunas

Mais ce festival est aussi l’occasion de belles rencontres…

Face à Vivès

Face à Vivès

La fête continue avec, en plus, du beau temps…

Charles Masson

Charles Masson

Juste quelques rencontres pour vous faire attendre les reportages plus complets…

Etudiants au taff

Etudiants au taff

Richard Guérineau, le dessinateur de la série culte « Le chant des Stryges »…

Richard Guérineau

Richard Guérineau

Philippe Jarbinet donne de son temps à des collégiens de Louhans que nous avons accompagnés à cette grande fête de la bande dessinée…

Philippe Jarbinet

Philippe Jarbinet

Enfin, François Schuiten fait une démonstration entre technologie et bande dessinée… La réalité renforcée !

François Schuiten

François Schuiten