Direction Quai des bulles en compagnie d’Emile Bravo…

Dans quelques jours, à Quai des bulles, je vais avoir le plaisir de rencontrer Emile Bravo…

Avec « Le journal d’un ingénu », Emile Bravo avait secoué les lecteurs à plus d’un titre. D’une part, il créait un Spirou un peu à l’ancienne, un personnage porteur de nostalgie et à la tenue vintage, tout en ayant le dynamisme de la jeunesse sûre d’elle-même… On était dans la période initiale de la seconde Guerre mondiale, au moment où tout était possible même si tout le monde refusait d’envisager le pire…

On voyait aussi un Spirou en genèse, en formation, en devenir et chaque lecteur pouvait finir par accepter que le Spirou qu’il aimait avait bien commencé comme cela, comme Bravo le racontait…

Enfin, pour tous les amateurs respectueux ou pas, de la ligne claire d’Hergé, on renouait avec la « grande » bande dessinée franco-belge. Elle n’était pas morte encore, elle vivait grâce à Bravo !

Alors, lecteur séduit par « Le journal d’un Ingénu », je ne pouvais que plonger sans appréhension dans le premier tome de « L’espoir malgré tout », deuxième partie de l’histoire qui allait se dérouler en quatre volumes. Depuis, trois tomes parus et toujours un récit d’une grande qualité…

Tout d’abord, car il faut être précis dans notre propos, il s’agit bien d’une histoire de Spirou et même de Spirou et Fantasio. Donc, on ne sera jamais surpris de la pointe d’humour dans le récit, du côté enfantin parfois de Spirou (certains diront naïf) ou déjanté de Fantasio. Donc, oui, même en pleine guerre des enfants continuent de jouer au football et cela est bien normal !

Deuxième point important, si la toile de fond est bien historique, sans aucun doute, il ne s’agit pas d’une bande dessinée d’histoire. Ici, c’est bien la drôle de guerre, la débâcle et l’occupation de la Belgique vécues par Spirou et Fantasio. Certes, Emile Bravo s’est excessivement bien documenté, est très précis dans sa narration pour ne pas être pris en défaut, mais il ne raconte pas l’histoire militaire ou politique de la période même si tout est évoqué ou presque…

Ce qui est totalement réussi dans cette fresque de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, c’est la dose de subtilité dans les personnages, la diversité des regards et la mosaïque qui se met en place devant le lecteur. Car il n’y a pas chez Bravo les noirs et les blancs, il y a les noirs (les méchants, les nazis) et toutes les teintes de couleurs qui vont jusqu’au blanc. Du coup, on sent tout cela très crédible et chaque lecteur peut trouver un personnage qui lui ressemble…

Emile Bravo n’est pas non plus angélique ou bienveillant envers une catégorie ou une autre car dans chaque groupe un personnage peut être plus ou moins sympathique… Quelques exemples pour illustrer le propos…

Du côté du clergé, on a deux prêtres, un que l’on dirait aujourd’hui réactionnaire, intégriste, de droite… et celui-là est touché par la vision allemande même s’il trouve parfois que les nazis vont trop loin… sauf quand il s’agit des Juifs étrangers où là tout est normal ! Le deuxième est plus humain, probablement touché par la philosophie des lumières et l’humanisme du siècle. Lui, bien sûr, veut sauver les Juifs, les Communistes, écoute les enfants, est touché par les petites misères quotidiennes du peuple belge…

Fantasio illustre bien des situations rencontrées par les Belges et il ne comprend pas tout très vite. Il se fait piéger mais le bon sens ou Spirou le ramène rapidement aux réalités. Il veut aider mais parfois son aide peut gêner, il veut être responsable mais il n’a pas toujours la raison assez solide, il veut résister mais peut mettre en danger les résistants… Bref, la vie n’est pas toujours simple !

De page en page, d’album en album, on suit Spirou et Fantasio dans cette période sans voir le temps passer et, pourtant, le temps il en faut pour lire ces gros albums ! C’est passionnant, réussi, humain, fin, tendre, parfois cruel (mais cette période le fut bien) et très souvent juste ! Je ne suis pas belge et donc je ne porterai pas de jugement sur ce pays et son peuple… mais cela ressemble tant à la France que les lecteurs des deux pays s’y retrouveront sans problème !!!

Alors, bien sûr, on attend avec impatience le quatrième volet de ce récit. On sait que la Belgique sera libérée, on sait que Spirou et Fantasio vont survivre pour vivre tous les aventures que nous avons déjà lues… Mais, pourtant, on est là, tenu en haleine par un récit majestueusement construit par Emile Bravo, remarquablement mis en images et avec des personnages plein d’humanité que l’on est heureux de retrouver !!!

A lire et faire lire !!!

Direction Quai des bulles en compagnie de Luc Brahy…

Toujours dans ma préparation du festival de Saint-Malo, Quai des bulles, il est temps aujourd’hui de parler de Luc Brahy… Un dessinateur de bandes dessinées que certains ont apprécié avec Cognac, Imago mundi ou Alto plano… On va donc le retrouver, encore dans l’univers du polar, avec une mise en dessin de romans de Franck Thilliez…

Franck Thilliez est un écrivain de romans policiers et thrillers, scientifique de formation, qui a rencontré le succès auprès des lecteurs ce qui lui a permis de vivre entièrement de sa plume. Il a une écriture vive, dynamique, et ses romans comportent une certaine dose de violence y compris vis-à-vis de ses héros qu’il maltraite de façon récurrente… On n’est pas chez les Bisounours, on est chez Thilliez !

L’éditeur Steinkis, avec son label Philéas, propose des adaptations de romans en bédés et c’est donc tout naturellement qu’une place a été ouverte aux romans de Franck Thilliez avec un triptyque dont les deux premiers tomes sont sortis. Dans cet ensemble de trois récits, on trouve deux policiers atypiques, deux personnages hauts en couleurs, Franck Sharko et Lucie Henebelle…

Dans le premier volume, « Le syndrome [E] », tout commence avec un amateur de cinéma gore qui visionne une bobine… Mais, il se retrouve aveugle sans que l’on comprenne ce qui lui est réellement arrivé… probablement un film maudit… Ludo, l’homme victime de ce film, téléphone à Lucie pour lui demander de l’aide…

Dans « Gataca », il est encore question de violence mais cette fois avec un lien avec des gauchers, des hommes préhistoriques… Serait-il même possible d’expliquer la violence humaine, de remonter à ses sources, la comprendre, la maitriser, la faire disparaitre… Du lourd, quoi !

Pour adapter ces deux romans en bédé, c’est le scénariste réputé Sylvain Runberg qui s’y est collé et ce n’est pas une mince affaire. En effet, dans un album on ne peut pas tout mettre, tout raconter avec tous les détails et il a fallu qu’il réussisse pour autant à garder sa cohérence au récit… Heureusement, il y avait là un talent et de l’expérience (rappelons, entre autres, que c’est Runberg qui a adapté Millénium en BD).

Quant à Luc Brahy, le dessinateur, il a une expérience dans le polar en BD et cela ne lui faisait probablement pas trop peur de s’attaquer à un auteur populaire de thrillers… Sa narration graphique s’est parfaitement adaptée à l’histoire et au style de Runberg pour finalement proposer au lecteur deux excellentes bandes dessinées très agréable à lire !

Alors, du coup, je suis pressé de rencontrer Luc Brahy à Saint-Malo, pour qu’il nous explique comment il a travaillé avec Runberg sur ces romans de Thilliez, qu’il nous confirme sa passion des ambiances polars, qu’il nous confie, qui sait, quelques secrets du prochain volume à venir pour clore cette trilogie !

Et on se retrouvera très vite sur RCF en Bourgogne dans le Kiosque à BD !

Direction Quai des bulles en compagnie de Romain Ronzeau…

Cette nuit, je suis tombé, de façon presque inattendue, dans un ouvrage qu’il est fort difficile de classer… Bande dessinée, roman graphique, documentaire, musicologie, histoire, fait divers, biographie, archives… Bref, il y a de tout ça et d’autres choses encore dans ce livre, « Les amants d’Hérouville, une histoire vraie ».

Je dis bien « tombé » car dès que l’on entre dans l’histoire de Michel et Marie-Claude, il est bien difficile de faire une pause. Tout s’enchaine, tout est lié, tout devient dramatique et fascinant et on ne peut qu’aller jusqu’à la fin, au moins celle de Michel Magne, le 19 décembre 1984…

Mais le mot « drame » cache d’autres aspects de cette histoire : la créativité, la musique, la fête, la recherche, le cinéma, la notoriété, les années soixante-dix, la pop-rock de notre adolescence, la magie d’un lieu et la grande histoire d’amour entre Michel et Marie-Claude… Mais comme il n’y a pas d’amour heureux, du moins c’est le poète qui l’affirme, c’est bien aussi un drame humain…

Ce livre, 250 pages (et pas en petit format écrit en gros), est à lui seul une performance. Yann Le Quellec et Romain Ronzeau réalisent un véritable travail de fourmi, une présentation d’archives et de témoignages pour faire revivre ce musicien de talent et génie, cet homme incroyable, son château d’Hérouville et ses studios. Il y a du texte, du dessin, de la photo, des tableaux, des articles de journaux… Bref, c’est un rendez-vous multimédias sur papier et c’est ahurissant de voir tout cela… L’avantage du dessin et de la bande dessinée étant de pouvoir redonner de la vie à tout ce que l’on ne peut pas voir en photos…

Alors, je sais, vous allez me dire que pour évoquer un compositeur de génie, il faudrait quand même un peu de son… Il y en a avec une possibilité d’écouter la playlist « Les amants d’Hérouville » sur Spotify, Apple music ou Deezer… Les auteurs et l’éditeur ont pensé à tout, il ne vous reste plus qu’à vous laisser porter !

Pour ceux qui ne connaissent pas (encore) Michel Magne, précisons qu’il fut un compositeur avant-gardiste à sa façon mais surtout le créateur de la musique de très nombreux films de son époque comme Compartiment tueurs, Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, Un singe en hiver, Le repos du guerrier, Fantômas se déchaîne, La route de Salina, Merveilleuse Angélique…

Quant aux groupes et musiciens qui sont venus travailler au château d’Hérouville, leurs noms racontent une grande histoire de la musique des années soixante-dix : Pink Floyd, Elton John, Iggy Pop, Bill Wyman, Gene Kelly, David Bowie, Bee Gees…

Mais cette histoire est aussi le récit de la démesure, de la déchéance, de la violence et de la souffrance, du travail forcé pour survivre… C’est aussi la rencontre avec une femme libre, moderne, douce et aimante qui n’arrivera pas à sauver Michel quand il tombera dans le gouffre…

Je ne peux pas tout évoquer, du dessin parfait de Romain Ronzeau jusqu’aux pages de la fin qui permettent à quelques personnalités de rendre hommage à Michel Magne, il faut sans aucun doute lire ce livre et on comprendra tout sur cette époque grandiose et aussi dramatique qui a bouleversé au moins une génération… la mienne !

Durant le festival Quai des bulles de Saint-Malo, je vais avoir le plaisir d’évoquer cet ouvrage et cette période avec le dessinateur Roman Ronzeau et je m’en réjouis d’avance !

Direction Quai des bulles en compagnie de Jérôme Lereculey…

Toujours dans la préparation du festival Quai des bulles de Saint-Malo (après y en aura-t-il encore qui diront que les journalistes ne travaillent pas ?), je voudrais, aujourd’hui, vous parler du dessinateur Jérôme Lereculey…

C’est au tout début des années 2000 que j’ai découvert ce dessinateur avec la série Arthur. Le scénario de David Chauvel était de qualité mais le dessin de Jérôme Lereculey était exceptionnel, tout simplement ! J’ai eu l’occasion de l’interviewer plusieurs fois et je dois vous avouer qu’il était même un des chouchous de mes étudiants. Ils n’allaient pas jusqu’à se frapper pour avoir le plaisir et l’honneur de le rencontrer lors de nos reportages à Angoulême ou Saint-Malo, mais une partie de « Pierre, feuille, ciseau » pour désigner l’heureux lauréat… Oui !

Après, Arthur, ce fut cette série de qualité Wollodrïn dont j’ai attendu avec impatience chaque volume, chaque rencontre aussi, bien sûr, Jérôme devenant un repère dans la vie d’intervieweur…

Juste avant la période de pandémie, j’ai eu le plaisir de rencontrer Jérôme pour le premier volume de sa nouvelle série, Les 5 Terres. Certes, tout commençait fort mais je n’avais encore aucune idée de l’évolution de cet univers créé avec trois scénaristes de talent : Andoryss, David Chauvel et Patrick Wong. Maintenant, six albums sont sortis, un premier cycle achevé et il est temps de se faire une idée beaucoup plus précise… Fortissimo, génial, époustouflant… Oui, difficile de dire moins… en tous cas, à mon humble avis !

C’est tout d’abord une performance du dessinateur car le défi est simple : chaque cycle de 6 albums doit être réalisé en 2 ans. Six albums en deux ans, avec une telle qualité et une telle précision dans le trait… Certes, Jérôme est aidé mais quand même, il fallait oser !

Pour l’histoire, pour ceux qui ne connaissent pas encore, je vais essayer de vous donner quelques indications générales, sans casser le suspense, sans me fixer trop sur des détails qui ne durent jamais trop longtemps bousculés rapidement par des retournements de situations incroyables…

Certains comparent cette série à ces grandes sagas historiques, familiales, moyenâgeuses… Un peu comme Trône de fer, Les rois maudits… Et il y a bien quelque chose de cela mais avec une touche de Shakespeare pour le drame, le langage accompagnant ce drame, le caractère de certains personnages… Je ne vais certainement pas essayer de vous citer les personnages importants car ils sont trop nombreux et comme dans le feuilleton du XIX° siècle vous avez le droit d’en oublier, de revenir en arrière pour retrouver un détail qui vous a échappé ou même de ne pas être touché par un tel ou tel autre… Quand au tome 6, les auteurs souhaitent nous offrir une sorte de trombinoscope des personnages, ils sont quand même obligés d’en présenter 31 ! Ce qui n’est pas rien !

Heureusement, certains meurent assez vite !

Pour être complet, ou presque, il faut préciser que cette série est anthropomorphique et que nous voyons, à la cour royale, des lions, des tigres, des animaux d’espèces différentes… Et vous allez certainement être séduit par la qualité graphique de tous ces personnages…

Le cycle commence presque par « Le roi est mort, vive le roi ! » et il se termine par « Le roi est mort, vive la reine ! » et vous verrez qu’entre les deux, la vie à Angleon, la terre des félins, n’est pas un long fleuve tranquille…

Voici donc pourquoi je me réjouis de rencontrer à Saint-Malo ce dessinateur Jérôme Lereculey. Il faut dire qu’il est presque un local de l’étape car il réside en Bretagne du Nord… Bon, ben, on va encore manger des huitres !

Direction Quai des bulles en compagnie de Fabien Toulmé…

Comme je vais réaliser à Saint-Malo, durant le festival Quai des bulles, une trentaine d’interviews d’auteurs de bandes dessinées, il ne sera pas surprenant que je continue à vous présenter encore durant quelques jours ces auteurs et autrices…

Aujourd’hui, voici le tour venu de parler de Fabien Toulmé… Alors, même sans remonter à sa première bédé, il est incontournable de commencer par évoquer « L’odyssée d’Hakim » tant elle reste d’actualité…

Tout commença le jour où Fabien s’est retrouvé devant une énigme et sa fille qui lui demandait des explications : Dis Papa, pourquoi il y a des gens qui meurent dans la mer Méditerranée ? Auriez-vous su répondre chers amis ? Pas sûr, en tous cas nous aurions tous eu des doutes, des interrogations sans réponses, des blancs… Fabien était comme nous et il a décidé d’en savoir plus et d’en faire une bande dessinée avec enquête, c’est-à-dire surtout en rencontrant un de ces migrants…

Bon, c’est sûr, cette bande dessinée est militante d’une certaine façon, pédagogique et pas exhaustive. En effet, Fabien Toulmé a bien rencontré Hakim, un Syrien, il a pris le temps de l’interviewer et il raconte son « grand voyage » de la Syrie à la France. Mais ce n’est qu’un témoignage, cela n’a pas vocation à donner toutes les clefs de ces migrations de notre temps…

Un témoignage fort, profond, raconté avec empathie et bienveillance, décrit avec précisions et détails, et, à ce titre, ce livre est indispensable pour comprendre un peu mieux qui sont ces femmes et ces hommes qui arrivent chez nous ! J’oubliais les enfants aussi et, pourtant, ils sont bien présent dans cet ouvrage qui est composé de trois volumes…

Mais Fabien continue son travail d’auteur de bédés et récemment, il s’est intéressé à l’histoire d’une certaine Suzette… Nous sommes là dans une fiction (inspirée ou pas par ses proches, je ne peux le dire) et cela change bien sûr de la série L’odyssée d’Hakim basée sur une très longue série d’interviews d’un véritable migrant venant de Syrie… Là, on découvre Suzette, octogénaire qui vient de perdre son mari, et Noémie, sa petite fille, pleine d’amour pour sa grand-mère…

Or, une petite-fille aimante ne cherche que le bien de sa grand-mère. Elle se met donc en tête de ramener Suzette en Italie pour retrouver le jeune homme qu’elle avait aimé quand elle était jeune fille au pair… La grand-mère, au départ pas très chaude pour une telle expérience, finit par accepter au moins pour passer quelques jours de vacances, pour oublier les mauvais jours, pour profiter d’un peu de bon temps avec Noémie…

Noémie, fleuriste, obtient de son patron quelques jours de vacances et peut utiliser le véhicule de l’entreprise… Bon, je ne vous ai pas beaucoup donné de détails sur la vie mouvementée de Noémie qui vit quelques tensions dans son couple… Mais il faut bien que vous ayez quelques surprises quand même, si non à quoi bon lire ?

Donc je ne vous dirai rien de plus sur ce voyage en Italie, sur les aventures de Suzette ni l’évolution des amours de Noémie… Mais Fabien Toulmé en plus de 300 planches nous balade, nous émerveille, nous apprivoise pour nous offrir une issue dont je ne vous dirai rien !

Voici donc pourquoi j’ai hâte de reparler avec Fabien Toulmé que je n’ai pas rencontré depuis… Oui, c’était avant la crise sanitaire… Vivement Saint-Malo !

Direction Quai des bulles en compagnie d’Etienne Le Roux…

Nous continuons à présenter rapidement et succinctement les auteurs que nous allons avoir le plaisir de rencontrer lors du prochain festival Quai des bulles de Saint-Malo. Je rappelle que nous allons avoir trente rendez-vous et que je serai accompagné de temps en temps par une ancienne étudiante de la licence professionnelle TAIS (image et son) de l’IUT de Chalon-sur-Saône… Comme quoi les anciens élèves et les professeurs peuvent rester en contact voire même travailler ensemble sur certains projets…

Cette dernière remarque n’est pas complètement tombée du ciel par hasard car le dessinateur dont je voudrais vous parler est Etienne Le Roux et cela lui est déjà arrivé de travailler avec un ancien étudiant…

Etienne est avant tout un dessinateur dont les personnages sont forts, au caractère bien trempé et dont le dessin porte très vite les éléments essentiels de la psychologie. On a eu plaisir à le suivre dans la série « 14-18 » où avec Eric Corbeyran ils s’étaient proposés de suivre des personnages de la déclaration de la guerre jusqu’au lendemain des combats. Etienne avait réussi à montrer graphiquement comment la guerre peut fracasser un individu (et pas seulement physiquement !).

Après cette longue narration de la Première Guerre mondiale, il s’attaque, cette fois-ci avec un scénario de Luc Brunchswig, à la période de la Seconde Guerre mondiale. On va suivre deux frères, « Les frères Rubinstein », en gros à partir de 1934… Trois tomes sont déjà sortis et force est de constater que le résultat est très bon. Ici, la narration n’est pas continue et on fera des sauts dans le passé, dans le futur… Mais c’est très efficace et le lecteur ne se perd pas du tout.

Il faut dire que pour aider le lecteur, dès le départ, le graphisme d’Etienne est bien là au service de la narration. Les personnages sont crédibles, spécifiques, marqués, agréables à suivre même quand ils sombrent dans leurs défauts… Bref, Etienne nous confirme, si besoin était, qu’il maitrise parfaitement son art de dessinateur de bédés, surtout d’animateur de personnages, d’où l’aide présente pour les décors de la série…

Ce sera donc avec beaucoup de plaisir que nous recevrons Etienne Le Roux à notre micro et que nous pourrons partager cette rencontre plus tard sur RCF en Bourgogne dan le Kiosque à BD !

Direction Quai des bulles en compagnie de Richard Guérineau…

Il y a quelques années, j’ai découvert une superbe série, Le chant des Stryges, d’Eric Corbeyran et Richard Guérineau. Il s’agissait d’une sorte de grand feuilleton navigant entre polar, thriller, espionnage, fantastique et le tout avec réalisme, histoire, philosophie… Mais ces fameux « stryges » ne sont peut-être pas encore arrivés jusqu’à vous ? De quoi s’agit-il ? Peuvent-ils surgir dans votre salle à manger ?

Tout a commencé avec la lecture de ce vieux bouquin « Contact & Inducement »… Eric Corbeyran serait tombé dessus par hasard et la série serait née, comme ça… Enfin, il faut, parfois, croire aux légendes… En tous cas, cet ouvrage parle de ces êtres ailés qui jouent partout, dans toutes les religions, aux quatre coins du monde, un rôle prépondérant. On les appelle les « stryges » mais personne ne les connaît, ne les a vus… Il faut dire que lorsque la rencontre arrive, malencontreusement, la femme ou l’homme concerné termine dans un état terrible car personne ne peut revenir indemne d’un baiser de l’oubli…

Je sais qu’une telle présentation aura du mal à vous toucher car cela semble mystérieux, trop fantastique. Et pourtant… En tous cas, pour moi, ce fut aussi un grand nombre de rencontres avec Richard Guérineau le dessinateur de la série, souvent durant le festival d’Angoulême… Puis, un jour, la série se termina après 18 albums et on allait bien voir ce que le dessinateur ferait après autant de temps passé dans ce monde somme toute imaginaire…

Je ne vais certainement pas vous parler de tous ces albums, j’en ai retenu trois car je les trouve excellents. Il y a tout d’abord, Henriquet, l’homme reine. Il avait dans un premier temps adapté Charly 9 de Jean Teulé, la biographie de Charles IX, fils de Catherine de Médicis. A la fois critiques et lecteurs avaient apprécié mais probablement que les personnages l’avaient d’une certaine façon séduit, fasciné… Alors, seul, sans roman pour s’appuyer, il s’est lancé pour raconter Henri III qui n’avait rien à envier à Charles IX et cela a donné ce très bel album Henriquet. Avec ces deux livres, Guérineau faisait de l’histoire, du récit en costumes même s’il ne s’agit pas à proprement parler de véritables biographies, ce sont plus des portraits libres de rois fous…

Mais, il n’allait pas pouvoir raconter tous les rois de France ? Alors, il a complètement changé de registre et cela a donné le magnifique livre « Croke Park ». Là le dessinateur, avec un scénariste, Sylvain Gâche, se lance dans l’histoire et le sport. Le récit des massacres du dimanche 21 novembre 1920 (Bloody Sunday) est réalisé avec talent, précision et en lien avec deux rencontres sportives, un match de foot gaélique et un match de rugby plus contemporain… Superbe et passionnant surtout pour ceux qui n’avaient aucune idée précise sur ce Bloody Sunday que pourtant ils chantonnaient sur la musique de Bono avec U2…

Enfin, tout récemment, c’est un extraordinaire roman policier de R. J. Ellory qu’il met en image sur une adaptation de Fabrice Colin. Tout part d’Augusta en Géorgie, en 1939, quand le corps d’une fille est trouvé… Il y aura d’autres fillettes assassinées, toujours de façon inexplicable, violente… et Joseph semble toujours pas très loin… Est-il coupable ? Deviendra-t-il fou à cause de cette proximité ? Ou sera-t-il celui qui trouvera le coupable ? En fait, ce roman graphique, cette bande dessinée, est géniale par son ambiance plus que par la résolution de l’énigme. On est dans un roman noir à l’américaine où l’ambiance est capitale et non dans un Agatha Christie où on doit chercher le coupable… et le dessin de Richard Guérineau est juste magique pour planter le décor et nous immerger dans cette ambiance glauque qui colle à la peau (et pas qu’à celle des personnages !)…

Vous comprendrez bien que ce sera avec beaucoup de plaisir que je vais retrouver Richard avec mon petit micro… Deux ans sans salon de la BD ce fut beaucoup trop long !

 

Direction Quai des bulles en compagnie de Patrick Prugne…

En 1534, Jacques Cartier, navigateur français, explorateur du roi et, surtout, illustre Malouin, part pour une grande traversée de l’Atlantique qui donnera naissance à la Nouvelle-France. Il est commissionné par le roi François 1er qui paye ses frais d’expédition… Et nous serons à Saint-Malo dans quelques jours sans intention d’embarquer pour le Canada !

Par contre, durant ce festival Quai des bulles, il y aura une exposition consacrée à Patrick Prugne. Cet auteur de bédés n’est pas malouin, il n’est pas marin, mais il a consacré beaucoup de temps à la fabrication de magnifiques bandes dessinées ayant pour cadre le Canada initial… d’où un lien certain avec Saint-Malo et Jacques Cartier !

Il y a parfois un véritable paradoxe, un véritable gouffre, entre l’image de l’auteur dans le public et la personne elle-même. Prenez, par exemple, Patrick Prugne. Je ne le connaissais pas avant Quai des bulles 2016, jamais lu, jamais rencontré, jamais croisé ni écouté… Oui, il y a tellement d’auteurs de bandes dessinées que c’est ainsi… Depuis, je n’ai pas tout lu, j’ai juste adoré trois albums : Tomahawk, Iroquois et Vanikoro… quant aux autres, j’espère que ce sera pour bientôt !

Son album Iroquois a toujours fait l’unanimité de tous les étudiants qui ont accepté de le lire (oui, je précise, je n’ai jamais obligé à lire un album, enfin, presque jamais…). Ses dessins en couleurs directes sont d’une beauté incroyable et je crois que tous ses lecteurs rêvent d’avoir une dédicace…

La rencontre a donc eu lieu avec Patrick Prugne en 2016, il s’est avéré un auteur paisible qui est venu nous parler entouré de ses Iroquois… Enfin, presque. On ne les voyait pas réellement, on les devinait, on les sentait, on les entendait se faufiler entre nous… et ce n’est pas rien une tribu d’Amérindiens dans une salle de presse !

N’ayant que des souvenirs merveilleux de cette rencontre, ayant adoré depuis cette rencontre son album Vanikoro qui, cette fois-ci, nous emmène sur les traces de La Pérouse, naufragé dans le Pacifique, ayant appris qu’une exposition allait lui être consacrée, je ne pouvais que tout faire pour le rencontrer dans le cadre de mon Kiosque à BD… Le dernier album paru, Tomahawk, nous ramène sur le continent Nord Américain, donc je suis prêt à m’embarquer pour là-bas en face…

On peut signaler que le travail de Patrick Prugne se prête magnifiquement à une exposition car j’ai toujours pensé, sans exagérer, que presque toutes ses planches pourraient trouver une place dans la décoration de mon appartement…

Il faudra donc pour ceux qui iront à Saint-Malo venir en exploration sur les trois étages de l’exposition Sagas indiennes où nous attendent, nous promet-on, planches et illustrations originales ainsi que nombre de croquis préparatoires qui raviront curieux et initiés !

Pour ceux qui resteront chez eux, on pourra rencontrer Patrick Prugne très prochainement dans le Kiosque à BD sur RCF en Bourgogne !

Direction Quai des bulles en compagnie de Frédéric Pillot…

Frédéric Pillot est un illustrateur jeunesse et auteur de bandes dessinées qui depuis quelques années se concentre spécialement sur l’illustration d’ouvrages pour la jeunesse. Son dernier ouvrage, Balbuzar, sera bien présent dans une exposition à Saint-Malo durant le festival Quai des bulles 2021. Je suis très heureux d’un tel choix car d’une part j’ai beaucoup aimé cet album et d’autre part je suis persuadé du lien étroit qui existe entre la bédé et le livre illustré. Le lien était aux origines et il demeure pour qui sait bien regarder et lire ces histoires racontées avec du texte et du dessin…

C’est en 2020, en pleine période délicate à cause de la pandémie, que les éditions Daniel Maghen, publient Balbuzar, avec le scénariste et conteur Gérard Moncomble. Ils avaient déjà travaillé ensemble mais j’ai le sentiment d’un aboutissement ou, plus exactement, d’un ouvrage réalisé par deux artistes au sommet de leur art, deux créateurs maitrisant totalement techniques, savoir faire et émotions…

L’histoire semble classique au départ, une histoire de pirates, quoi ! Là, cette présence de la mer semble en plein accord avec un festival se déroulant à Saint-Malo… On a un super pirate, le terrible Balbuzar, un homme qui fait peur aux autres et qui est admiré par ses confrères qui ne rechignent pas à venir lui donner un coup de main à l’occasion… Son vaisseau, L’enragé, a fier allure et signifie la mort pour ceux qui tentent de passer non loin de lui avec leurs marchandises…

Mais l’impératrice du royaume veut que la mer soit libérée car le commerce est la source d’enrichissement du royaume… Elle demande à son grand vice-amiral d’aller éliminer le pirate… et je ne vous en dirai pas plus !

Pour ceux qui n’iront pas à Saint-Malo, il y aura la lecture de ce très bel et grand album. Vous pourrez aussi écouter, le moment venu, mon entretien avec Frédéric Pillot sur RCF en Bourgogne, dans le Kiosque à BD… Pour ceux qui iront à Saint-Malo, il y aura la lecture, première étape indispensable, puis la visite de l’exposition et la rencontre avec Frédéric pour une dédicace… Que du bonheur, quoi !

Il est à signaler que Frédéric Pillot voit plusieurs ouvrages sortir dans cette même période dont La Sorcière Crabibi dont je reviendrai certainement vous parler rapidement….

L’exposition retracera une grande partie de la carrière de Frédéric Pillot, occasion de le découvrir pour ceux qui ne connaissent pas ou pas assez !

Direction Quai des bulles en compagnie de Gulliver…

Toujours dans ma préparation des interviews que je vais réaliser lors du prochain festival Quai des bulles à Saint-Malo, escale ce matin en compagnie d’un romancier que j’aime beaucoup, Jonathan Swift. Malheureusement, trop souvent, quand on parle des voyages de Gulliver, on se limite aux escales à Lilliput et Brobdingnag (et je rappelle qu’il s’agit là du pays des tout petits, puis de la terre des très grands). Mais les voyages de Gulliver ne s’arrêtent pas là et les auteurs de cette adaptation (Bertrand Galic pour le scénario et Paul Echegoyen pour le dessin) nous proposent la troisième partie du roman de Swift, celle qui va mener de Laputa au Japon avant de rentrer à Londres et à la maison…

Dès le départ, on comprend que Gulliver ne voyage pas pour le simple plaisir de quitter sa femme et ses enfants. Seulement, voilà,  pour vivre il faut un peu d’argent et une nouvelle expédition va lui apporter les revenus nécessaires et, d’autre part, il est si curieux de ce qu’il y a dans le monde qu’il a bien du mal à s’empêcher de ne pas partir fureter ici ou là à la moindre opportunité… Mary et les enfants l’attendront !

Le roman de Jonathan Swift était considéré à sa sortie en 1726 (il a été terminé en 1721 par l’auteur mais l’éditeur a demandé plusieurs coupes pour la première édition) comme un roman satirique, comme une critique de la société anglaise… Aujourd’hui, beaucoup de critiques n’ont plus beaucoup de sens et Bertrand Galic a su garder ce qui était pertinent pour que l’ouvrage garde des critiques politiques valables aujourd’hui et des éléments philosophiques rappelant le siècle des lumières et l’humanisme du XVIII° siècle !

Alors, oui, on parlera d’art, de démocratie, de vie éternelle, de travail, de répartition des richesses… Les choix sont excellents et l’ensemble est si cohérent que l’on finit par oublier que le texte initial a déjà trois siècles !!!

Dès le premier regard sur la couverture on sent que l’illustration dans l’ouvrage va être un plus indiscutable. La narration graphique est efficace, alerte, poétique et pousse à l’introspection et à la rêverie solitaire (pour imiter Rousseau autre auteur du même siècle). Bien sûr, le dessinateur, Paul Echegoyen excelle quand le vaisseau doit aborder la tempête ou quand il s’agit de décrire les « folies » de l’académie de Lagado. Là, chaque dessin pourrait se retrouver dans mon salon accroché aux murs sans que j’en souffre le moins du monde… Attention, je n’ai pas demandé à mon épouse ce qu’elle en pensait…

De plus, quand vous aurez terminé ce voyage exceptionnel, vous aurez, qui sait, l’envie de vous plonger ou replonger dans « Les voyages de Gulliver », péripéties dont on ne revient pas indemne, c’est une certitude, mais beaucoup plus grand !

J’aime beaucoup, dans la bande dessinée et dans le roman d’origine, les passages sur la réflexion à propos de l’éternité… et c’est vrai que l’éternité c’est quand même assez long, surtout si on a perdu toutes ses dents…

Vous comprenez donc que je sois indiscutablement impatient de rencontrer les auteurs à Saint-Malo pour une édition du Kiosque à BD que vous pourrez suivre prochainement sur RCF en Bourgogne !