Après avoir si bien commencé mon vendredi au festival d’Angoulême, j’ai continué mes rencontres avec enthousiasme et un moral remonté à fond. Seule ombre au tableau, avouons-le, je savais qu’après la dernière interview, il me faudrait prendre la route pour Chalon-sur-Saône soit environ six heures de route ce qui n’est pas rien après une journée complète de travail… Mais avant tout cela, il fallait déjà rencontrer Boulet et Aseyn et partir pour cet univers particulier de Bolchoï Arena… Cette série, déjà trois albums de parus, est très difficile à classer, cerner, présenter… Ce qui est certain c’est que la toile de fond est un tableau de ce que pourrait devenir Internet, une illustration de ce Metavers dont on parle souvent mais que peu cherchent à définir précisément. De quoi parle-t-on ? D’un Internet qui serait complété et renforcé par un mélange de réalité augmentée, de réalité virtuelle, de persistance, d’interactions possibles sans limites ou presque… Un peu comme si d’autres vies étaient possibles dans Internet (ou dans le Bolchoï Arena si vous préférez…)… Un peu, aussi, comme si les sciences pouvaient avancer plus vite ou différemment que dans la réalité, comme si les enjeux de pouvoir et d’argent trouvaient dans le Bolchoï leur aboutissement ultime… Bref, comme si la vie dans cet univers y était plus importante que dans la vie réelle !
Maintenant, ce n’est là que la toile de fond car dès que l’on rentre dans l’histoire, on est dans une histoire profondément humaine avec des personnages qui tentent de vivre leur vie avec des relations « normales », vous savez amitié, amour, confiance, trahison, solitude, pouvoir, tension, compétition… Rien de bien nouveau sur cette Terre… Enfin, à part que l’on n’est pas non plus réellement sur Terre et que l’univers du Bolchoï change un grand nombre de rapports humains…
C’est passionnant, très bien construit par le scénariste Boulet qui s’est très bien documenté sur le sujet et qui offre au lecteur des perspectives, des réflexions, des informations… Le dessin et surtout le jeu des couleurs mis en place par Aseyn sont totalement adaptés à l’histoire et le lecteur est plongé dans le Bolchoï de façon si efficace que dès la quatrième ou cinquième page du premier album on devient, nous aussi, une sorte d’acteur de cet univers !
Anecdote en passant, Boulet était assez dubitatif devant le grand nombre de professionnels et festivaliers qui avaient abandonné le masque (comme le gouvernement l’avait autorisé) et il s’avère que finalement il avait bien raison puisque le festival d’Angoulême fut une sorte de cluster avec un coronavirus qui fut bien partagé… Mais c’est une autre histoire !
Dès cette interview terminée, je quitte le stand Delcourt pour rejoindre l’hôtel Mercure ou m’attend un collègue, Cédric, qui va réaliser ses premières interviews d’auteurs durant ce festival. Ensemble, nous retrouvons Georges Bess et son épouse… Nous allons pouvoir aborder le travail admirable qu’il a réalisé sur deux romans gothiques anglais du XIX° siècle, Dracula et Frankenstein !
Georges Bess, qui a déjà 75 ans, est pour beaucoup d’entre nous un grand de la bande dessinée et nous avons chacun, dans sa production, notre petit préféré. Moi, c’est indiscutablement la série Juan Solo tandis que Cédric reste attaché à la série Le lama blanc. Mais je l’avoue, depuis que j’ai ouvert Dracula, ces deux derniers albums, adaptation très fidèles, sincères, personnelles, graphiques et réussies, ont un peu pris la première place…
L’échange est comme un moment hors du temps qui se déroule sur un rythme paisible, profond… Je ne sais pas si j’aurai encore l’occasion d’interviewer Georges Bess mais j’en profite pleinement près de 25 ans après notre première rencontre… Ce sera l’un des temps forts plein d’émotion de ce festival et ce sera à revivre dans le kiosque à BD sur RCF en Bourgogne très bientôt…
Après ce moment collector, si je puis me permettre, nous prenons le temps avec Cédric de nous sustenter quelque peu car l’après-midi sera encore bien rempli…