Je me souviens du Journal de Mickey…

Quand je suis né le Journal de Mickey valait 30 francs. On ne disait pas encore « anciens francs » même si le nouveau franc courrait déjà dans la tête de certains… Je ne sais pas comment on pourrait convertir 30 francs en euros, sans exagérer la conversion… Quelques centimes d’euros ? Un euro ? Aujourd’hui, il est à 2 euros en kiosque, si mes informations sont bonnes, et je trouve que les choses ont bien augmenté… Enfin, c’est vrai que le temps passe et que je vous parle de l’année de ma naissance donc il y a plus de soixante ans…

 

Le Journal de Mickey, quand j’avais entre 5 et 8 ans, était l’un des magazines que l’on avait chez le coiffeur. Je retrouvais Mickey, Picsou et les grands classiques du genre mais aussi – et certains jeunes ne connaissent peut-être pas – Mickey à travers les âges, Les nouvelles aventures de la petite Annie, L’infernale poursuite, Davy Crockett, Lancelot, Tim la brousse, Bob et Phil mènent l’enquête, Nic et Mino, Robin des bois et Zorro, mais pour ce dernier je ne sais plus en quelle année il est arrivé dans le Journal…

 

Voilà, une petite séquence nostalgique sur ces lectures de jeunesse qui ont laissé quelques traces chez moi… Mais c’était chez le coiffeur seulement car à la maison c’était Pilote !

Un très beau numéro spécial sur un des aspects des aventures de Tintin !

Je sais bien qu’il n’y a pas eu de nouveautés dans les Aventures de Tintin depuis longtemps et, pourtant, me revoilà à vouloir vous parler de Tintin… Simplement, s’il n’y a pas de nouveauté, il faut quand même dire que l’on n’a pas encore fait le tour de l’œuvre d’Hergé.

Œuvre ? Oui, indiscutablement, il s’agit bien d’une œuvre et pas seulement d’un ensemble d’albums pour la jeunesse. D’ailleurs, pourquoi parler des albums de cette série en disant pour la jeunesse. L’éditeur lui-même parlait plutôt d’un lectorat de 7 à 77 ans, on peut même dire de 5 à 77 ans depuis que les dessins animés ont popularisé Tintin et Milou chez les plus petits… D’ailleurs, pourquoi 77 ans alors que tant que l’on a la capacité de lire, de rêver, de voyager dans les pages, d’imaginer d’autres mondes… on peut bien lire Tintin, non ? Donc, Tintin étant pour tout le monde, il reste encore à savoir ce que cette lecture peut apporter aux lecteurs en ce début de vingt-et-unième siècle…

Le magazine Géo vient de proposer un très bel album illustré – dessins et photographies – pour aller à la rencontre des différents peuples visités par Tintin. On sait que Tintin était reporter, même si peu de ses articles furent publiés dans le Petit Vingtième, et ses nombreux voyages sont au cœur de ses aventures. Il est ainsi allé de la Sibérie à l’Afrique noire, de la Chine à l’Australie, de l’Amérique du Sud aux terres polaires, de la Syldavie à l’Écosse et j’en oublie bien d’autres de ces pays visités…

Reste donc une question fondamentale : Hergé nous raconte-t-il n’importe quoi sur chacun de ces peuples ou s’est-il bien documenté avant ? Le magazine Géo va ainsi nous montrer le point de vue d’Hergé puis nous montrera la réalité aujourd’hui de ces peuples… Et c’est passionnant !

Tout d’abord, de quels peuples parle-t-on ? Les Chinois, les Congolais, les Pygmées, les Berbères, les Bédouins, les Écossais, les Tziganes, les Sioux, les Syldaves, les Indiens, les Incas, les Quechuas, les Tibétains, les Japonais, les Soviétiques, les peuples d’Amazonie, les Arabes… Bref, presque toute la planète y passe et pas toujours avec les mêmes bases documentaires…

Ce que montre cet album d’une très grande richesse iconographique, c’est qu’Hergé a toujours fait un gros travail préparatoire pour dessiner au mieux ces peuples. Mieux, chaque fois qu’on lui a fait des remarques sur le bienfondé de ces dessins ou affirmations, il en a tenu compte lors des versions suivantes des albums. C’est ainsi, par exemple, que l’Écosse est devenue plus réaliste entre la première version de l’Île noire et la troisième (1938, 1943 et 1966).

J’avoue que je suis entré dans cet album sans aucun préjugé, que je l’ai dévoré lors d’un aller-retour sur Paris et que je ne sais même plus ce qui m’a le plus captivé : les dessins d’Hergé, ses croquis, les présentations des peuples, les reportages spécifiques… En fait, c’est un tout : plus je lisais, plus je voyageais et plus j’étais heureux !

C’est probablement là le cœur des aventure de Tintin : nous faire voyager, nous faire oublier le quotidien, nous faire vivre des aventures incroyables entre mythe et réalité, nous faire rencontrer l’humanité entière, nous faire grandir… bref, c’est bien la preuve qu’il s’agit là d’une œuvre littéraire majeure !

Donc, Tintin et les peuples du monde, un album hors-série de la revue Géo ou tout simplement les albums des aventures de Tintin qui sont toujours à lire et relire…

Rencontre avec Didier tarquin à Paris

Il y a quelques années, sous la pression amicale, filiale et bien sympathique d’un de mes enfants, je plongeais dans la série Lanfeust de Troy. Le scénariste Christophe Arleston et le dessinateur Didier Tarquin étaient pour moi de grands inconnus et je n’avais pas beaucoup lu à cette époque d’Heroic fantasy !Comme beaucoup de personnes de ma génération, j’avais lu quelques petites choses (je pense aux bandes dessinées Aria et Thorgal, au roman Le Seigneur des Anneaux…), j’avais joué à certains jeux de rôle (merci à la revue Jeux & stratégie) et je n’avais malgré tout aucune attente spécifique vis-à-vis de cette série dont trois tomes étaient déjà parus…Ainsi donc j’entrais dans l’univers de Lanfeust de Troy ! Une série étonnante qui allait me convaincre, ainsi que toute la famille, probablement un peu comme la série des Aventures d’Astérix le Gaulois avait conquis toute la Gaule… Oui, une série avec de l’aventure, de l’humour, des références et des citations, des grands décors, des personnages extraordinaires, des situations époustouflantes… Et avec tout cela de la fantaisie c’est-à-dire une pointe de magie, des personnages mythiques, de l’imaginaire débridé… Bref tout et son contraire et, surtout, du bonheur pour le lecteur !Comme il existe probablement quelques personnes ignorant tout de cet univers, disons que Troy est un monde, un univers, une planète, où vivent des humains et de nombreuses créatures extraordinaires comme des trolls. Les humains ont des pouvoirs magiques très variés, ce qui fait la particularité de chacun, et les trolls sont des sauvages qui sont persuadés d’être très civilisés. Parmi les humains, il y a un certain Lanfeust, un apprenti forgeron, qui va découvrir qu’il a le don de faire fondre le métal… et je vais cesser de tout vous raconter car c’est à vous de découvrir tout cela si ce n’est pas encore fait !Il se trouve que depuis 1994, date de la parution du premier album du premier cycle, j’ai eu l’occasion d’interviewer plusieurs fois le scénariste Christophe Arleston mais je n’avais jamais rencontré le dessinateur Didier Tarquin ! Après plusieurs échecs – oui les journalistes n’obtiennent pas toujours tout, immédiatement – c’est durant le dernier salon du livre de Paris, Livre Paris 2017, que j’ai pu interviewer Didier Tarquin !Ce fut donc l’occasion de balayer une grande durée, de feuilleter ensemble près de 24 tomes, de tirer les leçons d’un tel succès… Un moment bien sympathique dont vont profiter les auditeurs du Kiosque à BD, mon émission hebdomadaire sur la bande dessinée…

A la fin, alors que je faisais le rapprochement entre Astérix et Lanfeust, Didier m’avouait que cette similitude était très souvent faite par les lecteurs, les fans, les critiques, les journalistes… Oui, probablement les conséquences d’un humour puissant, de personnages forts (Lanfeust = Astérix, Hébus = Obélix), d’aventures plaisantes à lire et qui permettent aux différentes générations de trouver de quoi satisfaire les instincts de lecteurs…

Comme le dit très bien Tarquin, le succès ne s’explique pas et pour les auteurs, il faut juste en profiter sans se prendre la grosse tête ! En tout cas, je ne peux que le remercier de cette rencontre et j’espère n’avoir pas à attendre aussi longtemps pour la prochaine rencontre !!!

Le roman graphique…

Certaines personnes me demandent souvent comment définir les romans graphiques ? C’est un roman ? C’est une bande dessinée ? C’est un livre illustré ? Je peux comprendre l’angoisse de ceux qui sont nés comme moi le siècle dernier et qui ont vu arriver ce terme sans explication particulière… Le roman graphique…

Tout est arrivé en plusieurs temps et il semble que le premier terme entendu soit américain, graphic novel. En fait, le problème est né surtout du fait que le terme de bande dessinée signifie très vite en Occident, livre pour la jeunesse avec plein de dessins… Les premiers arrivés dans cette catégorie – Tintin et Spirou en particulier pour orienter notre regard vers la bédé franco-belge – illustrent totalement cet aspect littérature pour la jeunesse. Du coup, comment classer les livres utilisant le même mode narratif mais destinés aux adultes ? Dans les années soixante-dix, il y eut la BD érotique mais c’est l’adjectif érotique qui la distinguait. Puis cela ne suffit pas car il fallait classer le fruit du travail des auteurs de ces revues pour adultes, L’écho des savanes, Fluide glacial, Métal hurlant… Le libraire mettait ces albums à part sans leur donner de nom…On voit alors un certain nombre d’éditeurs mettre en place des nouvelles collections : Romans (à suivre) chez Casterman, Romans BD chez Dargaud, Encrage chez Delcourt, Tohu Bohu aux Humanoïdes associés, Romans graphiques au Seuil et Denoël Graphique chez Denoël… C’est au cœur de ces collections que certains talents vont éclore, qu’une nouvelle narration graphique se construit et se met en place, que les adultes vont trouver des titres d’une très grande qualité…Un roman graphique est donc, d’une façon générale, une bande dessinée, au format libre, au sujet libre, destiné principalement aux lecteurs adultes. Les récits – pas toujours fictionnels – peuvent être beaucoup plus longs que dans le format traditionnel de la bande dessinée, les thèmes plus ambitieux, plus sérieux sans que ce soit une obligation…Deux éléments peuvent compléter cette tentative de définition du roman graphique. Depuis quelques années, on voit beaucoup de bande dessinée de reportage et des biographiques arriver en librairie et ces deux catégories entrent elles aussi dans les romans graphiques. Les reportages bédés ont transformé certains auteurs en journalistes bédés tandis que les biographiques les ont poussés vers les historiens ! Attention, dans les deux cas, certaines spécificités ont bien été conservées et respectées avec des coauteurs journalistes et historiens.

S’il fallait, maintenant, vous conseiller – je sens que je vais me faire des ennemis – quelques titres pour faire vos premiers pas dans le monde du roman graphique, je vous pousserais vers :

-       en fiction, Thomas ou le retour du tabou d’Hervé Bourhis, éditions Humanoïdes associés

-       en histoire, Kiki de Montparnasse de Bocquet et Catel, éditions Casterman

-       en autobiographie, Pilules bleues de Frederik Peeters, éditions Atrabile

-       en politique, Saison brune de Philippe Squarzoni, éditions Delcourt

-       en surréalisme, L’heure des lames de Rob Davies, éditions Warum

Mais, bien sûr, cette liste n’est qu’une porte d’invitation à la lecture pas une limitation à la découverte !

Vincent Wagner à Dijon ce week-end !

Attendez, vous ne connaissez pas Vincent Wagner ? Sérieusement ? Bon, vous allez pouvoir vous rattraper car il vient à Dijon ce week-end… Il y a quelques années, je découvrais un jeune dessinateur et voici ce que j’écrivais :

« Vincent Wagner est un jeune dessinateur qui a suivi l’atelier d’illustration de Strasbourg. Mais, malgré son talent, il a connu quelques difficultés pour trouver un éditeur qui lui fasse confiance : c’est bien ce que vous faites mais vous êtes inconnu… Il a donc accepté de dessiner pour la pub, puis pour un musée, il a fait le conteur, l’illustrateur pour enfant et, enfin, il est devenu dessinateur pour la bande dessinée, son rêve et son objectif absolu ! Tout a commencé avec une rencontre, celle avec Roger Seiter. Des envies communes, une amitié qui nait, un travail qui prend forme puis une concrétisation avec un album, La sorcière de Bergheim. Puis ce sera une série en deux albums chez Casterman, Mysteries. Il se peut, d’ailleurs, qu’un jour un nouveau dytique vienne prendre sa place derrière le premier… Mais depuis deux ans, c’est un nouveau projet qui est venu occuper les deux amis, Wild River.

Nous sommes au dix-neuvième siècle, dans le Missouri. Robert Frazer, le héros de cette histoire très western dans son esprit, est un ancien soldat de l’armée américaine. Au moment de sa libération à la vie civile, il a touché une somme d’argent qui lui a permis de s’installer. Il a construit une ferme, il s’est marié et il a un fils. Bref, la vie est belle et il va régulièrement à la ville pour y vendre le produit de son travail. L’histoire commence quand il y va pour récupérer son frère qui vient de terminer ses études de médecin. Un médecin dans sa région, voilà qui a de quoi l’exalter et rassurer les pionniers de cette région assez éloignée de la civilisation… »C’est vrai que c’est cette histoire en trois tomes, Wild River que j’ai aimé le plus, sans aucun doute même si ce qu’il fait depuis me touche beaucoup. Si vous allez le rencontrer demain au festival Vini-BD de Dijon, vous pourrez découvrir ses albums sans parole qui sont de toute beauté, je pense en particulier à Cromalin et Cromignonne… Pour les réaliser il utilise une sorte de technique d’ombres chinoises mais je suis certain qu’il vous expliquera cela très bien…

Emmanuel Michalak est à Dijon ce week-end !

Un des dessinateurs de bandes dessinées que l’on va retrouver à Dijon, dans le cadre du festival Vini-BD des 4 et 5 mars 2017, et que j’aime beaucoup est Emmanuel Michalak. Il dessine depuis quelques années la série scénarisée par Hub (celui de la série Okko), Aslak, une belle série de Vikings !Comment donner le ton de cette série ? En disant que le chef d’un clan, qui en a marre d’entendre toujours les mêmes histoires, exécute sauvagement son barde raconteur… Comme cela ne lui redonne pas le sourire, il convoque la famille de ce pauvre artiste et il met le marché suivant en place : il garde la femme en otage, il demande aux deux fils, Skeggy (l’ainé) et Sligand (le cadet) de partir à la recherche d’une nouvelle et belle histoire… Quand ils reviendront, il les écoutera et il exécutera celui qui aura la moins bonne histoire… S’ils ne reviennent pas, il exécutera la famille en otage : la mère et le petit dernier de la tribu…Je ne vais pas vous en dire plus, c’est très bien construit au niveau du scénario, très bien dessiné, il y a une petite pointe d’humour, d’originalité et on se laisse emporter dans cette quête farfelue de littérature ! Oui, voilà un peuple pour qui le récit est essentiel, vital devrais-je dire !J’ai rencontré il y a quelques années Michalak à Angoulême et j’en garde un très bon souvenir et, du coup, je ne peux que vous conseiller cette rencontre et cette série bien sûr, Aslak !!!

Eric Corbeyran est à Dijon ce week-end !!!

Un autre auteur présent à Dijon dans le cadre du festival Vini-BD du week-end prochain, Eric Corbeyran. Eric est un grand scénariste et on lui doit tellement d’albums (plus de 300 si j’ai bien recompté cette nuit – oui, on peut compter les moutons ou les albums de Corbeyran, c’est au choix) qu’il est bien difficile de mettre en avant telle série ou telle autre, tel album ou tel autre…Si on se contente de citer quelques nouveautés, on peut commencer par la série 14-18, d’autant plus que le dessinateur Étienne Le Roux sera là aussi…Eric Corbeyran, le scénariste de la série 14-18, a décidé de poser en quelque sorte son objectif sur un village, sur un groupe de jeunes gens. Ils vivent heureux, jusqu’en 1914, ont des amourettes, voire des amours, boivent un peu, se chahutent gentiment, constituent une bonne bande de jeunes… Ils sont sur le point de devenir de bons adultes, d’honnêtes citoyens, d’entrer dans la vie active… et, malheureusement pour eux, c’est dans la guerre qu’ils vont entrer…Ces huit jeunes hommes vont constituer le panel de Corbeyran et Le Roux, le dessinateur de la série. Ils vont les suivre année après année, dans ce terrible conflit. On suivra aussi, c’est logique, les copines, femmes et familles de ces huit jeunes gens… Et on va les voir évoluer au cours de cette guerre qui va définitivement les transformer, peut-être même leur faire perdre leur humanité…Ce qui est remarquable dans cette série, c’est que le choix de montrer les humains avant toutes choses transforme le récit et nous éloigne de la chronologie stricte. D’ailleurs, les auteurs jouent avec efficacité de petits récits d’après-guerre si bien que l’on voit certains changements profonds chez ces êtres humains…Mais on ne peut pas limiter Eric Corbeyran à la guerre de 14-18, si bonne soit la série. En effet, Eric Corbeyran est aussi un scénariste qui a consacré beaucoup de temps aux vins et alcools. On peut citer la série Châteaux Bordeaux, Cognac ou pour rester bien chez nous Clos de Bourgogne. Je n’irai pas jusqu’à affirmer qu’il s’agit de la meilleure bande dessinée sur le terroir viticole ou d’Eric Corbeyran, mais, toute mauvaise foi de Bourguignon mise à part, c’est quand même un album qui tient très bien la route (sauf si vous abusez du Bourgogne sans modération, bien sûr) ! Il s’agit d’une histoire mettant en scène Géraldine Leroy-Berreyre, journaliste spécialisée en vin, et c’est bien un one-shot. Vous aurez l’histoire complète sans attendre de suite éventuelle…Enfin, pour vous laisser avec Eric Corbeyran en ayant toutes les informations essentielles, rappelons qu’il est le scénariste d’une très grande série de fantastique chez Delcourt, Le chant des Stryges, pour moi un chef-d’œuvre dans le genre…Donc, un grand scénariste de bandes dessinées à rencontrer à Dijon et comme il ne sait pas réellement dessiner allez discuter avec lui !!! Profitez-en !!! Belle rencontre !!!

Olivier Perret dit Péro est à Dijon ce week-end !

Dans les auteurs présents ce week-end à Dijon, dans le cadre du festival Vini-BD, je vous conseille tout particulièrement Olivier Perret. Ce dessinateur vient de sortir Journées rouges et boulettes bleues à La Boîte à bulles.

Je l’ai découvert avec Un jour sans, il y a quelques années, quand je l’avais fait venir à Rully pour Escapade en bulles, un évènement bédé qui mêlait déjà la bande dessinée et le vin, le crémant de Rully pour être exact et ne pas me fâcher avec certains viticulteurs et élaborateurs amis… Avec Un jour sans, j’étais resté sans voix ou presque ce qui ne m’avait pas empêché d’écrire :

« J’ai beaucoup apprécié la narration graphique utilisée dans ce récit. Au départ, parce que le lecteur ne peut que la comparer à d’autres, on la trouve trop statique, trop simple. Puis, parce que les auteurs réussissent à nous entrainer avec eux sur le chemin des croisades, on la trouve épique et efficace. Oui, nous ne sommes pas dans une bédé classique d’aventure ou d’humour, nous sommes dans l’épopée, dans le chant moyenâgeux, dans le destin humain qui s’étale devant nous dans toute sa grandeur, sa médiocrité aussi et son absurde, certainement. Du coup, texte et dessin concourent à nous immerger dans un univers que nous ne connaissons pas du tout et qui, pourtant, par cette humanité ou déshumanité, nous rappelle une réalité que nous côtoyons bien souvent. D’ailleurs, plus je réfléchis, plus je me dis que je connais ce Roland. Oui, il est pleutre, faible, égoïste, menteur, intéressé et vaniteux comme… »

Cette bande dessinée nous parlait de l’être humain, de nous, de tous ceux que nous connaissons. L’emballage historique n’était qu’un leurre ! Ensuite, Olivier Perret dit Pero, a commis un bel album mais seul, D’air pur et d’eau fraiche, à La boîte à bulles. Une histoire d’amour et de nature, une bande dessinée violente et poétique, plus de 125 pages sans aucun texte. Alors, une fois de plus, on est séduit et fasciné par cette narration graphique exceptionnelle que continue de développer Olivier. Un très bel album à lire et relire, oui même s’il n’y a pas de texte, il faut lire ! Et là encore j’écrivais pour pointer l’humanité de cette histoire :

« Il y a dans ce récit comme une philosophie de la vie, assez fataliste d’ailleurs, que l’on avait déjà trouvée dans un ouvrage précédent que Pero avait réalisé avec Rémy Benjamin. C’est un peu comme si l’histoire s’inscrivait dans un cycle sans fin, dans une répétition absolue comme si causes et effets étaient liés pour toujours sans possibilité de sortir, de s’échapper… Pourtant cette histoire de trappeur ne semble avoir aucun point commun avec les croisés d’Un jour sans ! »

Alors, quand on prend en main le dernier né, Journées rouges et boulettes bleues, histoire où Olivier reprend le rôle de « simple » dessinateur, on se demande si nous allons rester dans cette veine d’humanisme d’autant plus que cette fois nous sommes bien à notre époque, dans notre pays… Je vous rassure, il suffit des premières planches pour rassurer le lecteur, oui, nous allons encore avoir une belle histoire, profondément humaine, encore un peu fataliste car le pauvre François va beaucoup plus subir que décider et à ce titre, il va ressembler à beaucoup d’entre nous… Non ?

Je ne peux donc que vous conseiller, vous inviter et vous pousser à rencontrer Olivier Perret dit Pero samedi et dimanche prochain à Dijon !!!

Festival Vini-BD à Dijon les 4 et 5 mars 2017

Quand on aime la Bourgogne et la Bande Dessinée, comment ne pas être sensible à l’appel des sirènes du Festival Vini-BD de Dijon qui tiendra sa deuxième éditions les 4 et 5 mars prochain de 10h à 18h.

Le principe est simple. 36 auteurs de bédés, 5 viticulteurs, 3 expositions et 5 bouquinistes seront là pour vous faire passer de très belles heures dans l’esthétique, le narratif et l’œnologique ! Que du bonheur mais il est rappelé, bien sûr, que pour le vin, c’est toujours avec modération tandis que pour la BD…

Parmi les auteurs, on annonce Eric Corbeyran, Emmanuel Michalak et Olivier Perret… Mais vous pouvez retrouver la liste complète des auteurs présents sur : http://labandeadhoc.fr/

N’hésitez pas à rencontrer les auteurs, à prendre le temps d’échanger avec eux, c’est ainsi que l’on se construit de magnifiques souvenirs !!!

La maison circulaire de Rachel Deville

C’est à Angoulême, lors du festival international de la bande dessinée, que j’ai rencontré, un peu par hasard, Rachel Deville. Elle présentait son travail, La maison circulaire, à la Maison des peuples et de la paix d’Angoulême. Une pièce entière lui était consacrée pour une exposition de qualité. Tout de suite son graphisme m’a attiré avant de plonger dans sa narration graphique que j’ai adorée !La maison circulaire est une bande dessinée atypique, c’est le moins que l’on puisse dire. Rachel y raconte des rêves qu’elle a mis en images sous forme de bédé. Chaque chapitre est un rêve, tout simplement. Il n’y aura donc pas moins ni plus de cohérence scénaristique qu’il n’y en a dans un rêve ! Cela aura donc la connotation parfois d’une histoire fantastique, parfois sentimentale ou sociale…A chaque fois, ces récits sont tournés vers le fort intérieur humain, sur des sensations et des émotions comme la solitude, l’angoisse du futur, l’admiration des lieux, la recherche ou la fuite des autres, l’incompréhension de ce qui se passe… Bref, très vite, on se met à rêver avec Rachel…Du coup, au bout de quelques pages, on ne sait plus si on est dans le rêve de Rachel ou le nôtre. D’autant plus que certaines situations peuvent nous sembler habituelles, rencontrées ou maitrisées… Chacun met du sien dans cette lecture et c’est ce qui la rend intime, personnelle, profondément humaine…Oui, même si je n’ai jamais été à Barcelone, ville visitée par Rachel – dans la réalité et dans ses rêves – j’avoue m’être senti chez moi plus d’une fois et je peux dire que j’ai beaucoup apprécié cette lecture de La maison circulaire ! Lors de la visite de son exposition, j’ai eu le plaisir d’interviewer Rachel Deville. J’ai évoqué son univers, son travail, la difficulté d’être autrice de bandes dessinées aujourd’hui… et l’omni présence de la construction humaine dans cette dernière bande dessinée. Oui, les rêves ne l’entrainent pas dans la nature ou l’érotisme torride, elle se meut presque tout le temps dans des villes, dans des constructions, dans des univers architecturaux… Le titre, La maison circulaire, est d’une grande logique quand on termine la lecture même si tout n’est pas maison ni encore circulaire…Voici, en tous cas, un magnifique roman graphique à découvrir, lire et faire lire ! Cette autrice est à faire connaitre et cela montre aussi la qualité de cette maison d’éditions, Actes Sud BD, qui produit chaque année des albums de grande valeur !!!

Quant à Rachel Deville, je la remercie pour le temps passé, sa gentillesse et sa disponibilité ! A une prochaine fois !!!