Bernanos, pèlerin infatigable de l'espérance de Christian Charrière-Bournazel
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Critiques et histoire littéraire

Visites : 297
Auteur oublié à lire ou relire
Merci à l’auteur et à l’éditrice d’avoir pris le risque d’éditer cet essai sur un grand écrivain figurant parmi les auteurs célèbres et tellement talentueux mais, hélas, presque totalement oubliés. J’ai lu un tout petit texte de lui récemment et j’ai certainement lu au moins l’une de ses grandes œuvres quand j’étais encore adolescent. Aujourd’hui, c’est un vrai bonheur de lire cette littérature élégante, puissante et si juste dans l’expression des sentiments qu’elle évoque. Elle est devenue un classique du patrimoine littéraire français.
Dans cet essai, Christian Charrière-Bournazel évoque les jeunes personnages mis en scène par Bernanos, des enfants parfois mais souvent des adolescents au sort presque toujours funeste. Trois se sont suicidés, deux ont été décollés et un autre est lui aussi mort brutalement. Et pourtant, il aimait la vie comme l’auteur le rapporte : « Mes amis, quand je serai mort, dites aux doux royaume de la terre que je l’aimais plus que je n’ai osé le dire ».
Bernanos s’intéresse à la jeunesse en général, il en fait même le thème central de son œuvre, car il pense que ce qui la caractérise « c’est la capacité de l’âme à s’indigner et à espérer ». La maturité entraine l’acceptation, la résignation, alors que la jeunesse provoque la rébellion, le rejet de l’injustice, le désir d’amour charnel et mystique, l’envie de croire encore en un monde meilleur… ainsi, il forge ses convictions au cours son adolescence : ni sceptique, ni dilettante, profondément religieux plus chrétien que catholique. Il est empreint de spiritualité, d’une foi à toutes épreuves et d’une profonde piété. Pour lui, la religion est une évidence, elle ne souffre pas plus la discussion que le débat. Il n’aimait pas être défini comme un écrivain catholique, il préférait qu’on le définisse comme « un catholique qui écrit des roman ».
Le rêve occupe une place importante dans la réflexion de Bernanos, il distingue le rêve de l’illusion « qui n’est qu’un rêve avorté », le rêve est une fonction de l’imagination qui permet aux hommes de se projeter dans leur conception de l’éternité, de l’absolu, dans le monde qu’ils espèrent découvrir après la vie surtout si elle a été médiocre. Et, cependant, il craint la mort qu’il inflige souvent à ses personnages. Il voudrait la réussir sans s‘attarder aux futilités de la vie.
Il articule son raisonnement sur les tentations qui attirent les adolescents, autour de deux attirances qu’il juge fondamentales : « L’espérance et le désespoir ». L’auteur cite ce passage qu’explique bien la pensée de Bernanos : « Pour rencontrer l’espérance, il faut être allé au-delà du désespoir. Quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore ». L’espérance, c’est la voie qui mène à Dieu, le désespoir c’est la force de Satan qui entraîne la jeunesse vers le tréfond des abîmes. L’espérance se gagne, le désespoir se subit. Aussi, Bernanos recommande de « Faire face » contre l’injustice, l’imposture et la médiocrité, une expression qui est un peu la devise de ses héros et l’expression de son combat.
L’ennui est un autre fléau que Bernanos dénonce, un fléau provoqué par l’abus des plaisirs et de la luxure, un fléau qui conduit à la tristesse. La honte en est encore un autre, « Notre pire ennemi c’est la honte » même si elle peut devenir l’instrument de la grâce pour retrouver l’espérance. L’ennui, la honte, le mensonge sous ses différente facettes sont des armes de Satan qui peuvent détourner les hommes hors des sentiers de la religion.
Le religion chez Bernanos est aussi empreinte de morale, les enfants paient souvent les errements de leurs parents. L’adolescence est, selon lui, un âge pour lequel il a peu de tendresse même s’il a mis souvent des adolescents dans ses romans. L’auteur a ressenti après son étude comme « une grande confusion » chez Bernanos à propos de l’adolescence. Les adolescents occupent la place centrale dans son œuvre, les adultes sont souvent incarnés par des prêtres porteurs de toutes les qualités et vices de leur âge : le péché, le pardon, la punition, la veulerie, la moralité, la perte de la foi, la sainteté. L’auteur, lui, propose sept thèmes auxquels lea saint est confronté : « l’injustice et la pauvreté ; l’enfance déchue et l’enfance révoltée ; l’honneur ; l’imposture et la médiocrité ; le suicide, l’irruption de la grâce dans une âme fermée ; la mort consentie ».
J’ai concentré au maximum les principales idées que j’ai retenues à la lecture de cet essai qui mériterait un beaucoup plus long développement tant il est riche et fouillé. J’ai retenu les éclairages de l’auteur sur la religion telle que Bernanos la concevait, sur sa façon de considérer les hommes à travers leur adolescence et leur espérance, sur la nécessité de se rebeller, de ne pas subir, de refuser l’injustice, l’ordre établi, la médiocrité, … J’ai aussi noté que « Les saints ont le génie de l’amour » ! Alors Bernanos mérite bien d’être lu et même relu comme le suggère l’auteur.
Les éditions
-
BERNANOS, PÈLERIN INFATIGABLE DE L´ESPÉRANCE
de Charrière-Bournazel, Christian
Éditions Marie Romaine
ISBN : 9782494738263 ; 19,90 € ; 14/02/2025 ; 264 p. ; Broché
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Forums: Bernanos, pèlerin infatigable de l'espérance
Il n'y a pas encore de discussion autour de "Bernanos, pèlerin infatigable de l'espérance".