Condor de Caryl Férey

Condor de Caryl Férey

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Killing79, le 10 avril 2016 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 45 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (23 363ème position).
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Du Caryl Ferey

Condor, c'est l'histoire d'une enquête menée à tombeau ouvert dans les vastes étendues chiliennes. Une investigation qui commence dans les bas-fonds de Santiago submergés par la pauvreté et la drogue pour s'achever dans le désert minéral d'Atacama, avec comme arrière-plan l'exploitation illégale de sites protégés... Condor, c'est une plongée dans l'histoire du Chili. De la dictature répressive des années 1970 au retour d'une démocratie plombée par l'héritage politique et économique de Pinochet. Les démons chiliens ne semblent pas près de quitter la scène... Condor, c'est surtout une histoire d'amour entre Gabriela, jeune vidéaste mapuche habitée par la mystique de son peuple, et Esteban, avocat spécialisé dans les causes perdues, qui porte comme une croix d'être le fils d'une grande famille à la fortune controversée...

Cela faisait quatre ans que j’attendais le nouveau Caryl Ferey… et quatre ans c’est long !
Dans les premiers opus, il avait emmené le lecteur en Nouvelle Zélande et en Afrique du Sud. Cette fois, il semble avoir trouvé une terre d’inspiration en Amérique du sud car il nous emmène au Chili, à quelques kilomètres de l’Argentine, où se déroulait son précédent livre « Mapuche ». On y découvre un pays partagé entre la grande richesse et l’extrême pauvreté, un pays gangrené par la drogue et surtout un pays qui subit l’héritage laissé par son histoire récente. En effet, vous le savez si vous avez déjà lu un de ses romans, Caryl Ferey construit à chaque fois son aventure sur les cendres du passé. On apprend donc beaucoup de renseignements sur le plan Condor, plan mis en place par le dictateur Pinochet dans les années 70 pour traquer les dissidents du régime. Mais c’est surtout les séquelles de ces drames que l’auteur veut dénoncer. Il veut nous montrer que la situation actuelle du pays découle d’une origine et surtout qu’il y a des coupables à tout ça.
Et pour donner la chasse à ces enfoirés, rien de plus efficace que des personnages torturés qui n’ont pas grand-chose à perdre. Cette fois, les deux protagonistes viennent de deux milieux opposés mais sont tous les deux gravement traumatisés par la vie. Ils vont être réunis par leur altruisme commun et leur besoin de justice. Ils sont traités en profondeur et avec une certaine bienveillance et j’ai éprouvé une grande empathie pour ces écorchés. Je les ai donc suivis des ruelles sombres des quartiers malfamés de Santiago jusque dans les grandes étendues du désert d’Atacama à la poursuite des démons du passé.
Vous pouvez vous lancez les yeux fermés car comme à son habitude, Caryl Ferey a su faire cohabiter une atmosphère suffocante, un scénario entraînant, des scènes d’action renversantes et des personnages travaillés. Avec une écriture toujours aussi exigeante et un gros travail de recherches, il a surtout fait passer son message politique et continué son combat contre les oppressions.
Caryl Ferey est un défenseur des plus faibles qui utilise sa plume acérée pour rouvrir les vieux dossiers et juger les ordures de ce monde. C’est la raison pour laquelle ses romans sont si forts et si marquants. Ils sont captivants et ils laissent une trace dans la mémoire du lecteur grâce à leur part de réalité dévoilée.

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Chili, maintenant et après la dictature

7 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 5 avril 2025

Condor fait partie d’une trilogie, avec Mapuche et Paz. Pour ma part je n’ai pas lu le premier, Mapuche mais ça ne pose pas de problème.
Par contre j’ai lu le carnet de route de la préparation de ce Condor : Chili, la diagonale du condor. Et si j’ai pu regretter en lisant d’abord le carnet de route de n’avoir pas lu le roman, là c’est bien sûr l’inverse. Je connaissais donc les sentiments de Caryl Ferey vis à vis des situations politique et sociale au Chili. Je me cite (in Chili, la diagonale du condor) :

» Caryl Ferey s’est beaucoup intéressé aux gens rencontrés sur place – comme tout bon voyageur en fait ! – et nous décrit une population largement soumise au régime de l’ultralibéralisme, pas totalement remise des années d’exaction du régime Pinochet. Beaucoup de misère, peu d’espoir. »

Le peu d’espoir et beaucoup de misère est parfaitement illustré dans ce roman, démarré dans les quartiers pauvres de Santiago et qui ira traîner ses guêtres jusque dans le désert de l’Atacama.
De jeunes adolescents qui meurent de manière suspecte à Santiago mais dont la mort ne déclenche pas d’action auprès des autorités. Il faut l’action d’une jeune Mapuche, vivant dans ces bas-fonds et tentant d’exister en tant que vidéaste pour faire bouger les lignes. Pour ce faire il va y avoir une alliance du type « la carpe et le lapin » entre Gabriela, la vidéaste en question et Esteban, avocat un peu déchu mais issu de la caste des privilégiés, ceux qui gouvernent.
Le reste … c’est le roman, une enquête, une histoire d’amour et la belle sensation de sentir battre le cœur du Chili à travers l’imagination de Caryl Ferey !

- Reculez ! Reculez !
Alessandro Popper tentait de repousser la foule mais ce matin le chef des carabiniers ne faisait peur à personne : on serrait les rangs, penché vers le sol où gisait la nouvelle victime. L’info s’était répandue comme une traînée de poudre dans le « poblacion », des gens affluaient encore. Le capitaine Popper jaugea les forces en présence – Sanchez et deux auxiliaires, face à une vague humaine qui allait grossissant. Le carabinier glissa un mot à son second, qui fila vers la voiture garée en bordure du terrain vague pour demander du renfort. Ses hommes avaient toutes les peines du monde à contenir la foule ; Popper fit rempart de ses cent kilos pour protéger le corps à terre. »

Chili bien carné

7 étoiles

Critique de Bookivore (MENUCOURT, Inscrit le 25 juin 2006, 42 ans) - 15 juillet 2023

Je découvre Caryl Férey avec ce "Condor" que j'ai choisi au pif (le titre me plaisait bien). Vu que Férey, spécialiste du thriller ethnique, a fait trois romans se passant en Amérique latine ("Mapuche", celui-ci et "Paz"), je ne savais pas, à la base, s'il s'agissait d'une trilogie et s'il fallait les lire dans l'ordre ("Condor" est le second des trois), mais en fait, même si apparemment un personnage de "Mapuche" est la soeur de l'héroïne de "Condor", il n'y a pas de lien entre les intrigues.

Ouf.

Sinon, c'est un thriller bien troussé, que j'ai eu beaucoup de mal à lâcher avant de l'avoir fini (en une journée environ), mais qui ne révolutionnera pas le genre non plus. J'essaierai sans aucun doute de lire d'autres romans de Férey, "Zulu" notamment, même si j'ai vu le film pour celui-ci et j'aurai donc peu de surprises en le lisant, j'imagine.
L'histoire de ce "Condor", qui se passe au Chili à notre époque (mais le passé dictatorial y a beaucoup d'importance), démarre par une série de morts suspectes parmi des adolescents d'un quartier pauvre de Santiago. Une jeune photographe vidéaste chilienne d'origine mapuche (une ethnie indienne), Gabriela, aidée d'un avocat richissime et alcoolo, Esteban, et d'un ancien exilé chilien ayant fui le pays à l'arrivée de Pinochet, Stefano, va essayer d'en savoir plus, alors que la police semble totalement se foutre de ces morts par overdose...

Un roman bien foutu, un peu inégal.

Action, drogue et violence

7 étoiles

Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 24 octobre 2016

Sur fond historique (l'opération Condor), nous entrons de plain pied dans ce monde louche, glauque, où chaque vie est à portée d'un canon de revolver. Le régime de Pinochet a laissé des traces, et quand on est « avocat des causes perdues », il va falloir beaucoup de courage et beaucoup de chance pour tenter de faire la lumière et de s'en sortir.
Ce roman est un tourbillon où à chaque page on retient son souffle. Heureusement il y a une histoire d'amour au milieu, une fleur au milieu de la boue...
Killing79 ayant fort bien résumé le scénario, je me contenterai d'ajouter ma recommandation : lisez ce livre, vous ne le regretterez pas.

Condor

8 étoiles

Critique de Tarasse (, Inscrite le 8 mai 2016, 60 ans) - 8 mai 2016

Tu apprends en lisant condor que Gabriela est la petite sœur de Jana, la sculptrice de Mapuche et leurs histoires sont très similaires, c'est pourquoi j'avais l'impression de relire Mapuche. Les personnages même secondaires comme la mère d'Esteban ressemblent à ceux de Mapuche. Esteban de Condor est le Ruben de Mapuche ...même charme, même caractère désabusé avant de tomber raide dingue de la jeune indienne.
Mais il n'empêche que je lis depuis hier non stop car on se laisse emporter par l'histoire et les personnages sont hyper attachants.

angry bird

6 étoiles

Critique de Pytheas (Pontoise - Marseille, Inscrit le 5 avril 2012, 60 ans) - 11 avril 2016

L'opération Condor est le nom donné à des opérations conjointes, menées par les dictatures Sud-Américaines d'Argentine, d'Uruguay, de Paraguay, de Bolivie, du Brésil et du Chili, qui avaient pour but d'éliminer les opposants et la guérilla. Une opération menée avec la bénédiction et l’aide logistique Américaine. C'est au Chili que Caryl Ferey a décidé de nous amener cette fois-ci. Esteban est un jeune avocat issu d’une grande famille, spécialiste, comme il l'a indiqué sur sa plaque, des causes perdues, Gabriela, elle, est une étudiante Vidéaste d'origine Mapuche, qui a fui son désert d'Atacama pour vivre sa vie à Santiago et qui se retrouve à la Victoria, quartier misérable des faubourgs de la capitale Chilienne. Tous deux vont partir sur les traces du passé du Chili. Un passé sur lequel la junte militaire de Pinochet a laissé une marque quasi indélébile sur la population locale et les minorités indiennes.
Condor c’est l’histoire d’un titan aux mains cassées et de sa belle, qui écrase tout sur son passage mais qui ne trouve pas d’avenir dans son histoire.
Comme Killing79 j’attendais ce nouveau Caryl Ferey depuis un certain temps. Et j’avoue ma déception, nous restons dans le même univers que Mapuche, finalement je suis arrivé à me dire qu’il avait écrit Condor avec les restes inutilisés de son précédent roman, jusqu’à la construction où l’on retrouve les mêmes ingrédients. Toutefois l’histoire est bien écrite et si vous n’avez pas lu Mapuche ou s’il n’est plus frais à votre mémoire, alors lisez Condor ça prend tout de même aux tripes

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