Festival de Brou : Les estivales, juillet 2016… Il est encore temps d’y aller !

Depuis plusieurs années je prends beaucoup de plaisir à aller à une soirée des Estivales de Brou. Cette année, pour la vingt-sixième édition, j’avoue que je vais avoir du mal à choisir… A moins de faire le festival entier !

En effet, comment choisir entre Les brigands d’Offenbach, le chœur d’hommes de Saint-Pétersbourg, Alexandre Nevsky, qui chantera de la musique sacrée orthodoxe ou Aeternam, mixte de musique sacrée aussi de Poulenc, Duruflé et Fauré ? Tout semble si beau… Je m’en réjouis d’avance ! Sans oublier la soirée spéciale pour découvrir de jeunes talents lyriques !

Le festival dure du 1er au 12 juillet et tous les renseignements sont sur le site :

 

http://www.estivalesdebrou.net/

Mademoiselle Caroline sera à Chalon le 8 mars !

Mademoiselle Caroline sera à Chalon-sur-Saône toute la journée du 8 mars à l’occasion du forum « Femmes, hommes, mieux vivre ensemble ?! », évènement dont elle sera le fil conducteur !!!

 

Mademoiselle Caroline est une auteure de bande dessinées, une illustratrice, une graphiste, une bloggeuse dont certains albums sont, tout simplement, hilarants ! Le dernier réédité chez Delcourt est Mamaaaaan ?! et c’est irrésistible pour tous ceux qui ont, ont eu et, même, auront des enfants !

N’hésitez pas à venir la rencontrer, c’est gratuit !

 

 

 

 

 

 

 

Le lieu du forum est l’amphi GLT de l’IUT de Chalon (ce sera fléché !!!), de 10h à19h… Qu’on se le dise !!!

Conservatoire de Chalon : Concert de Noël avec le Brass Band du Grand Chalon !!!

« La musique est libératrice, elle libère de la solitude et de l’enfermement, elle ouvre dans le corps des portes par où l’âme peut sortir pour fraterniser. »

Milan Kundera avait entièrement raison quand il a écrit ces quelques mots qui devraient être inscrits dans toutes les écoles, universités, entreprises et familles. Oui, la musique ne fait pas qu’adoucir les mœurs elle transforme l’être humain en profondeur et le rend meilleur, apte aux contacts avec les autres. Oui, la musique crée des liens solides et c’est pour cela que la musique est une véritable solution pour contrer dans notre société toutes ces forces obscures qui nous rendent malheureux et nous installent dans une sinistrose dont nous ne voyons pas le bout…

Tout cela peut sembler un peu pessimiste mais je dois vous avouer que le samedi 19 décembre 2015 j’ai connu un éclair de bonheur en assistant au concert de Noël du Brass Band du Grand Chalon… Un éclair de joie grâce à des musiciens, un projet et une musique de qualité…Il y a tout d’abord un musicien plein d’enthousiasme, Eric Planté, qui tout au long du concert a su faire preuve de pédagogie pour accompagner le public au cœur de la musique. En quelques mots, il a su pour chaque morceau nous tenir la main jusqu’à ce que les notes nous entrainent dans la fête, dans la profondeur, dans le bonheur…

Mais ce n’était pas, ce soir-là, une simple suite de morceaux plus ou moins bien interprétés. Il y avait du sens. Oui, tout simplement ! Il y avait le souvenir des évènements tragiques de 2015, en particulier ceux de novembre qui avaient pris pour cible, entre autres, la musique et ceux qui l’aiment… Il y avait aussi l’envie de provoquer la rencontre et le lien avec un autre Brass Band invité, Le Brassaventure de Meyzieu. Il n’y eut pas seulement deux formations assurant la moitié d’un programme mais bien des interactions avec des musiciens de Chalon renforçant la formation de Meyzieu puis un final avec l’ensemble des musiciens des deux groupes… Que du bonheur !!!On peut aussi signaler que le Brass Band du Grand Chalon a mis en évidence la capacité de la musique d’unir les générations. Bien sûr nous tairons l’âge de ce papy jouant à côté d’une ado… mais que cela fait du bien dans un monde où soit disant la guerre des anciens et des modernes fait rage… Oui, la musique unit, elle ne divise pas !

Pour ceux qui ne sauraient pas encore ce qu’est un Brass Band, précisons qu’il s’agit d’une formation avec des musiciens jouant avec des instruments de la famille des cuivres et un groupe de percussionnistes. Ils interprètent des morceaux classiques soit réécrits pour ce type de formation, soit directement écrits pour Brass Band. Ce type de formation est très à la mode dans les pays anglo-saxons et il existe même en Europe des championnats de Brass Band. Eric Planté m’a même confié – pas sous le sceau du secret – qu’il voudrait bientôt que ce Brass Band puisse aller se frotter, se confronter aux meilleures formations européennes même s’il sait qu’il y a encore beaucoup de travail à fournir pour se lancer dans cette nouvelle aventure…Ce concert m’a donné une énergie incroyable pour finir l’année 2015 et commencer 2016 sur les chapeaux de roues !!! Vive la musique, merci au Brass Band du grand Chalon !!!

« Nous ne vivons que pour découvrir la beauté. Tout le reste n’est qu’attente ! »

Khalil Gibran

Avril et le monde truqué… J’ai adoré !!!

Jacques Tardi est un auteur de bandes dessinées qui n’a plus grand-chose à prouver. Il nous a raconté de très nombreuses histoires, il a créé des univers incroyables et je dois avouer que je serais bien en difficulté s’il fallait que je ne cite qu’un seul album pour le résumer. En effet, j’ai immédiatement en tête les aventures d’Adèle Blanc Sec – un pan entier de mes lectures entre polar et fantastique – mais j’ai aussi en mémoire sa fresque étonnante sur la Commune de Paris, Le cri du peuple, ses adaptations remarquables des romans mettant en scène Nestor Burma et les ouvrages consacrés à son père, Moi, René Tardi, prisonnier au Stalag II B. Que ce soit seul ou bien accompagné par Vautrin, Manchette, Forest, Daeninckx, Malet ou Pennac, à chaque fois Tardi nous emmène vers l’inconnu avec une sorte de magie graphique et narrative inégalable… Aussi, après avoir rêvé avec ses bandes dessinées, j’ai voulu le faire avec un dessin animé, Avril et le monde truqué, et grand bien m’a pris !Pour ce dessin animé issu d’une collaboration entre trois pays, France, Belgique et Canada, il faut préciser que Tardi n’est pas le seul acteur. Il a travaillé avec plusieurs autres génies et il est, lui, à l’origine des personnages et de l’univers. Après avoir travaillé graphiquement sur papier, après avoir réalisé le story-board de plusieurs scènes, il a laissé l’équipe s’emparer de ses personnages et mettre tout cela en mouvement ce qui lui a permis de dire après avoir vu le résultat comme un simple spectateur ou presque, je le cite :

« J’avoue que j’ai été assez surpris et content. Je n’avais vu auparavant qu’un bout à bout avec des scènes en cours d’animation ou manquantes, mais j’ai trouvé que le film achevé était réussi, et j’ai découvert avec plaisir beaucoup de choses qui avaient été conçues directement par l’équipe. J’ai retrouvé mon dessin, réinterprété par Christian Desmares, qui a été coréalisateur et chef animateur, et j’ai regardé cela avec attention, en étant ravi de constater que cela marchait bien. Cela a vraiment été une agréable surprise. »

Surprise pour lui, véritable plaisir pour moi qui ai tout simplement adoré cet univers et cette histoire. C’est à la fois du Jules Verne et du Tardi mais ce dernier n’est peut-être que la réincarnation du premier, c’est de la science-fiction et de l’Uchronie, de l’aventure et de la réflexion, de la philosophie et de l’écologie, une grand dessin animé mais pas du tout un film pour les enfants qui risqueraient là de s’embêter un peu en attendant la fin…Oui, j’ai été séduit par le travail de cette équipe et il me faudrait citer tous les noms tant l’apport de chacun est grand. Nous nous limiterons aux réalisateurs, Christian Desmares et Franck Ekinci, aux scénaristes, Franck Ekinci et Benjamin Legrand, sans oublier le créateur de cet univers graphique, Jacques Tardi… on pourrait aussi parler de celles et ceux qui ont donné, enfin disons plutôt prêté, leurs voix aux personnages dessinés… Marion Cotillard, Jean Rochefort ou Philippe Katerine. Oui, on l’oublie souvent les équipes sont beaucoup plus volumineuses en dessin animé qu’en bande dessinée…

Alors, il est encore temps d’aller voir Avril et le monde truqué qui est encore diffusé dans quelques salles, il est capital de vous rendre compte que l’animation ne se limite pas à quelques grosses productions américaines et si vous n’avez pas la chance d’aller voir cette petite merveille, consolez-vous avec l’album illustré – je n’ai pas dit bande dessinée mais illustré – qui vous donnera le regret d’avoir manqué un bon film mais vous permettra d’attendre la sortie en DVD…

Instances 2015 : Mon élue noire par Paulin, étudiant

Un spectacle étonnant et captivant, avec comme final une ouverture de l’esprit sur le monde de la danse contemporaine.

Plus que de la danse, plus que du spectacle, pour moi ce fut une rencontre entre l’histoire, l’humanité et le spectateur que j’étais.

Champ, contre-champ, fondu, confondu, colon esclave, oppresseur et oppressé, Germaine Acogny, avec sagesse, grâce, beauté et détermination, exprime à pas chorégraphique et pictural, ce parcours de l’humain.

Comme un rite en cercle, le j’ai vu danser dans un cube étroit et si haut que seul ne peut s’échapper la fumée, comme une invocation, avec toute sa symbolique sur notre esprit aujourd’hui.

Je l’ai vu danser, la souffrance, l’espérance, l’espoir de voir un jour, l’issue pour l’humain de se sortir de l’exploitation de son prochain.

Intrigue, suspens, bien amplifié par la grandiose musique du sacre du printemps d’Igor Stravinsky, et du jeu de lumière d’Emmanuel Gary ; je me suis laissé emporter, volontiers par cette création, trans histoire citoyenne, du chorégraphe Olivier Dubois assisté de Cyril Accorsi, sous la direction de Robert Peraira avec les costumes, bien à propos, de Chrystel Zingiro.

Avec Germaine Acogny, chorégraphe elle-même, Mon élu noire prend une interprétation singulière, maîtrise d’une septuagénaire noire ayant rencontré, connu et travaillé avec tant de talents entre autre, Maurice Béjart, Léopold Sedar Senghor, Aimé Césaire, dont elle cite un morceau du discours sur le colonialisme, et arrivant « au moment où les choses doivent se faire » pour le faire. Tant d’expérience et de savoir-faire, transmis et à transmettre, ici et maintenant.

Comme assis au pied d’une montagne qui t’évoque la grandeur et le respect de la nature, tu vois dans  l’immensité de la tâche, que la solution arrive de l’éducation.

L’âme de notre nation et la culture doivent s’unir pour l’évolution de notre génération !

J’étais dans un grand théâtre de New York ! Mais ça se passait au conservatoire du Grand Chalon !

Respect !

Le voyage fut total !

C’est à voir, ou à devoir !

Instances 2015 : Softer Swells par Justine et Clémentine (étudiantes)

Un chant. Qui s’élève seul dans les airs, rayonne, emplit la salle, s’impose. Une histoire de forces : l’intensité de la voix et l’intensité de l’émotion qu’elle véhicule.

Puis il insuffle le mouvement.

Dans une lumière chaude, vagues après vagues. Les bras s’élèvent, se déploient. Le dos s’arque boute puis se redresse tour à tour. Les pieds pointent, tirent, glissent, tournent. Le silence se fait. Clairs reflets des mouvements sur la baie vitrée sombre. Arcs de de bas en haut. Puis de haut en bas. Ondulation des bras, des jambes. Place à la musique du corps. Aux craquements de ses articulations, aux frottements du tissu, à l’essoufflement de l’effort.

Dans un dernier corps à corps au sol, Aoife chantera encore, parlant d’amour, de rencontre. Le tout dans la plus grande simplicité…et intimité aussi. Vingt minutes à partager avec elle, sans costumes, ni décors, ni musique. Juste elle et nous.Aoife McAtamney, une voix qui nous amène l’Irlande et rappelle Sinéad O’Connor. Des mouvements qui dévoilent un corps qui ose. Une féminité simple et sans complexe.

t le spectacle se finit, en un claquement de doigt. 

Et Clémentine qui a eu la chance d’écouter la chorégraphe/interprète vendredi soir lors de cette conférence dans la rotonde ajoute que c’est une femme qui a grandi en dehors de l’Irlande et qui est revenue dans son pays. Il y eut alors un véritable choc entre la culture irlandaise et ce qu’elle était devenue. C’est ce qui lui a inspiré ces mouvements, cette danse, ce qu’elle a eu envie de faire partager à ce peuple, cette communauté et tout le public qu’elle rencontre…Elle a voulu nous amener en Irlande avec des chants traditionnels sans se laisser enfermer dans la tradition. Elle a donc revu les chants à sa manière en y introduisant des paroles de rap qui évoquent la libération de la femme entre autre.

Nous trouvons cette artiste pétillante et pleine de vie, elle donne envie de s’intéresser à cet art, la danse contemporaine.

Instances 2015 : Mon élue noire par Bastien (étudiant)

Mon élue noire, où comment une œuvre de danse contemporaine oppresse le public dans un espace de 1.5m².

C’est ainsi que je pourrais décrire une pièce d’une force extraordinaire, perforatrice, où la violence de l’histoire du colonialisme est racontée dans une forme de poésie oppressante. Une œuvre forte, le Sacre du printemps d’Igor Stravinsky, à la fois puissante, et dérangeante même dans les moments de calme… Mêlé à cela Germaine Acogny, 70 ans, un charisme et une expression captivante, un jeu de lumière  parfaitement travaillé, et cette scène, cette minuscule scène de 1m50², entourée de filets, où la danseuse est enfermée et n’en sortira pas… Une combinaison forte en émotions qui nous tient du début à la fin dans un état à la limite de l’angoisse.

Il n’y a guère de pause, de moment paisible, si ce n’est que le début, où la danseuse fume tranquillement sa pipe, dans le noir, ou seule la lueur du briquet laisse apparaitre une silhouette, qui, dans une fine lumière, devient une personne, marchant, sur place, d’un pas puissant, déterminé. De la nous savons que ce que nous allons voir sera fort, et cette force, même dans les moments où la musique devient plus calme, ne lâche jamais le public. Quand ce n’est pas la force de la musique, c’est la force de la performance de la danseuse, qui, dans un regard noir, un rire glaçant, transperce la pièce sombre, qui cause l’angoisse. « Par son mépris de l’indigène, l’homme se transforme en bête. » Cette violence est oppressante et omniprésente tout le long des 40 minutes de l’œuvre. L’utilisation de peinture blanche, qu’on peut comprendre dans son utilisation comme du sang, de fumée épaisse qui font disparaitre Germaine, ne laissant réapparaitre qu’une silhouette qui à l’air lointaine, hors du temps, de l’espace, comme un fantôme…  Toutes ces images sont fortes, intenses, et du début à la fin maintiennent une tension forte, jusqu’à l’échéance finale où l’image la plus forte marque la fin de cette magnifique œuvre d’Olivier Dubois. Le public, très touché par cette pièce forte en émotions, a applaudi très longuement cette artiste et cette création, qui bouscule la discipline de la danse contemporaine.

Nous avons eu la chance d’échanger quelques mots au téléphone avec Madame Germaine Acogny. Elle nous a confié, quand nous lui avons demandé d’où lui venait cette force pour transmettre une telle émotion : « Quand c’est le moment ça devient facile, les choses se font quand elles doivent se faire. »On lui avait déjà proposé d’interpréter l’Elue, lorsqu’elle avait 35 ans, avec Maurice Béjart, mais cela ne s’est jamais fait. C’est finalement à 70 ans qu’elle est devenue l’Elue noire.

Interpréter l’Elue noire était un défi pour Germaine Acogny car elle a une très forte personnalité, tout comme Olivier Dubois, auteur et metteur en scène. Beaucoup de gens ont pensé que ces deux là ne pourraient pas travailler ensemble, mais non, ça a été un élan de créativité, avec beaucoup de respect entre les deux. G.A nous aussi confié que cette pièce est difficile, car la force de cette musique de Stravinsky, il faut apprendre à danser avec. C’est un travail long et difficile, il faut la comprendre, rentrer dedans, et se sentir soi même avec, pour finir par la dompter. Au fur et à mesure les représentations ont été de plus en plus fortes. Le thème de l’esclavage et de la colonisation  représente beaucoup pour Germaine Acogny, et elle ajoute qu’il est concordant avec cette musique de Stravinsky, qui en soi est un rituel. Germaine Acogny s’inspire des ancêtres, de  Béjart,  d’Aimé Césaire, de ses grands-mères qui étaient vaudouistes et qu’elle  appelle lors du rituel qu’est la pièce. C’est ce qui lui donne cette force, on retrouve d’ailleurs cette spiritualité vaudoue lorsqu’elle dessine des visages en peinture blanche sur les murs.

Germaine Acogny est une personne très simple, mais aussi très forte. Quand on l’écoute, quand on la voit danser, on peut songer qu’elle est une montagne qui se dresse devant nous de part son expérience, sa sagesse, sa simplicité…

Festival Instances, ressenti d’un spectateur…

La danse contemporaine ? C’est incompréhensible, c’est élitiste, ce n’est pas pour moi, c’est ridicule, c’est soporifique, c’est toujours la même chose… Oui, j’ai entendu cela plus d’une fois et ma liste ne dit pas par tout pour rester culturellement correct et éviter quelques grossièretés que, vous aussi, vous avez entendu, ici ou là, dès que l’on aborde la danse contemporaine !

Pourtant, j’ai entendu aussi – et je ne dois pas être le seul – que certains ballets contemporains faisaient du beau travail, que Béjart au moins ça tenait la route, que tout le monde n’exagérait pas et heureusement, qu’à Chalon dans la rue certains spectacles de danses contemporaine étaient de qualité… Bref, un peu comme s’il y avait danse contemporaine et danse contemporaine…

Hier soir, après deux spectacles de qualité, un de mes étudiants me disait que globalement c’était plutôt sympa mais qu’il avait l’impression de n’avoir rien compris. Je cherchais à savoir si pour lui le plus important était de comprendre ou d’avoir ressenti quelque chose de positif… Question déstabilisante car effectivement le ressenti était bien positif mais il voulait comprendre… Comprendre !

Je dois vous avouer que de très nombreuses œuvres d’art m’ont touché, voire dans certaines situations bouleversé, sans pour autant que je puisse affirmer avoir tout compris. J’ai même en tête des tableaux de Picasso, Dali, Soulage ou autre Chagall que je ne me lasse pas de contempler, qui enrichisse ma vie, me permettent d’affronter certaines situations sans que je puisse vous donner des éléments de compréhension rationnelle… Mais, c’est bien cela l’art – et la danse contemporaine en fait partie –, certains sont touchés, d’autres non, et cela ne s’explique pas vraiment.

J’ai été trois fois à des spectacles du festival Instances 2015. J’ai vu Guerrieri Amorosi, Fulcrum et Bastard Amber. Trois sentiments différents pour trois beaux spectacles. J’étais avec mon épouse et nous n’avons pas vu la même chose ni ressenti les mêmes émotions… Grandeur de l’art qui nous pose différents, tout simplement…Hier soir, les échanges à la sortie de Bastard Amber sont venus aussi me confirmer que l’art, la danse, les spectacles, les festivals, sont des créateurs de liens, des sources de mise au clair des valeurs qui nous portent. Au moment où notre nation, notre civilisation, notre société, ont besoin de se rassurer, de se consolider et de permettre de construire l’avenir, il est grand temps de pousser tous nos concitoyens à fréquenter encore plus les spectacles vivants, les musées, les livres…

Avant d’être en guerre contre quiconque, on est en guerre contre soi, contre nos visions étroites et renfermées, contre nos aprioris, contre nos bêtises… Les spectacles de cette semaine nous ont aidé à voir plus loin, aller vers l’autre, nous ont transformés et rendu plus humains… Merci !

Je reviendrai vous entretenir de certains spectacles, mes étudiants d’autres, mais je voulais déjà tirer les grands bénéfices de festival Instances qui s’est déroulé dans des conditions très particulières…

La culture contre la barbarie !!!     

Quand la Colombie est invitée à Chalon-sur-Saône par le Conservatoire… article d’Emilie, étudiante

Une plongée dans une partie méconnue et étrange de la planète, la forêt colombienne. Ce film fait résonner des questions cruciales comme la préservation de la diversité culturelle, la colonisation, les exploiteurs de caoutchouc ainsi que les coutumes et modes de vie de ces habitants de la forêt, le rapport à l’identité et le rapport à la nature.  Elle semble être le cadre idéal pour un périple spirituel.

Un film dont la réflexion porte sur la place de l’homme sur la planète et sa responsabilité quant à son avenir, notamment l’homme blanc, effrayant, destructeur dans l’apprentissage, cruel de recherche.

Conférence-débat autour du film

«L’étreinte du serpent», est l’un de ces films dont l’empreinte vous poursuit pendant les heures qui en suivent la projection. L’intrigue est frappante, terrifiante et réelle. POURQUOI?

Voir l’Amazonie en noir et blanc sans jamais apercevoir la couleur verte ! Un vrai défi et à la fois un choix du réalisateur. Cela peut nous paraître étrange au début mais la manière de filmer est sublime et fait ressortir les textures de la forêt, l’esthétique de la culture indienne. Cependant, le manque de couleurs peut nous embrouiller et nous perdre, peut-être est-ce prévu?Le film brode un voyage sensoriel et visuel prenant,  deux voyages, deux visions de la foret, au début du XXe siècle puis pendant la deuxième guerre mondiale, épousent ces paysages à couper le souffle, même en noir et blanc permettant au réalisateur de nous emporter encore plus loin dans l’hallucination, jusqu’à un final coloré magnifique. Dans un concert polyglotte rythmé par les bruits et sons de la jungle et ses rivières, le film est à la fois d’aventure et de philosophie, El abrazo de la serpiente évoque ces cultures amazoniennes disparues ou assimilées par les effets multiples de la colonisation aux connaissances dont on ne sait rien.Suivant la quête d’une plante à deux âges différents, le film suit Karamakate à deux périodes de sa vie, et les aventuriers qui l’accompagnent. Inspiré des carnets de voyage d’un ethnologue allemand, et d’un botaniste américain.

Ce fut également une rencontre émouvante, Jaime Andres Salazar, anthropologue, musicologue et professeur de musique du monde au Conservatoire du Grand Chalon, est venu à la rencontre du public après la projection, réaffirmant le message du film, à la fois humaniste et écologiste.

À l’heure d’aujourd’hui où la mondialisation continue d’uniformiser les peuples ou de les détruire, le film constitue un puissant écho poétique qui interroge les folies colonisatrices à savoir s’accaparer les territoires, les matières premières, imposer des croyances et des modes de vie).

Un film que je conseille (prix art cinéma à Cannes 2015), car décidément le cinéma colombien est en force depuis quelque temps.

Film fascinant qui donne à connaitre le méconnu et qui permet de vivre une expérience sensorielle et spirituelle de haut vol. Surprenant le spectateur à la fin de la séance quand celui-ci réalise que cet univers est, en fait, un monde, un monde qui est le nôtre. Terrifiant.

Le film, El abrazo de la serpiente, ne sortira que le 23 décembre prochain.

Découverte de Toumani et Sidiki Diabaté avec Zita, étudiante en TAIS à Chalon-sur-Saône…

Ils étaient venus nombreux, vendredi dernier, à l’Espace des Arts, pour assister à un grand moment musical ! Ils étaient là pour accepter l’invitation au voyage de Toumani et Sidiki Diabaté, originaires du Mali. Ce père et son fils étaient venus faire découvrir au public bourguignon un instrument traditionnel africain : la Kora, un instrument de 21 cordes qui ne se joue, pourtant, qu’à deux doigts !

Entre deux morceaux, Toumani et Sidiki Diabaté n’hésitaient pas à dialoguer et échanger avec le public. D’abord, pour nous expliquer que la Kora se transmet oralement, de père en fils. A ce titre, Sidiki est la 72ème génération de sa famille à poursuivre la pratique ancestrale de cet instrument ! Ce n’est pas rien !

Plus tard, il la fera découvrir à son fils, tel le gardien d’un savoir mythique. Son jeu est influencé par les musiques de son époque, le hip-hop, le rap. En effet, chaque génération apporte quelque chose à la précédente et la renforce.

Si la pratique de cet instrument se transmet principalement de génération en génération, Toumani ajoute, quand même, que tout le monde peut se lancer et que lui-même propose des stages d’apprentissages à Paris, autre forme de transmission musicale. Il a d’ailleurs offert au public une première leçon de Kora, en expliquant le rôle de chaque corde, de chaque doigt…

La musique se poursuit et s’entremêle au dialogue, le public en redemande, les deux musiciens se remettent à jouer…et c’est parti pour la poursuite d’un voyage musical et spirituel. Le répertoire joué est un ensemble de morceaux composés pour les rois et les dieux, aujourd’hui certaines compositions comme Lampedusa sont adressées, dédiées, aux milliers de personnes qui chaque jours sont obligés de partir de leurs pays, à cause de la guerre, à cause de la misère, en espérant de l’Europe un avenir meilleur, serein et paisible.

Lorsque le concert est fini, les deux virtuoses Diabaté saluent le public et s’en vont. Tout le monde se lève et applaudit pour faire revenir les artistes. Et pour notre plus grand plaisir ils reviennent et se remettent à nouveau à jouer…

Si la musique adoucit les mœurs, il en faudrait peut-être encore plus de nos jours… mais puisque les terroristes attaquent même au cœur des concerts aujourd’hui, il faut être fort pour résister à la peur… Merci à ces deux artistes de nous donner de tels moments de paix et de venir par leur art consolider notre espérance dans le futur…